Minkyu ~ I feel like a speck of dust in the universe

TW : maltraitance, abus de confiance, cœur brisé, harcèlement scolaire, mort d'un parent,

Along with the passing breeze
and the memories piercing my head
I can't feel a thing
Things both living and dead
Are meaningless to me
I feel like a speck of dust in the universe

Mes pieds foulent la moquette rouge de ce couloir, l’odeur de l’huile essentielle me brûlant la gorge. Je ne me sens pas vraiment à ma place dans cet endroit et encore moins habillé dans cette tenue que je ne me suis même pas payé. Mais sinon je n'aurais pas pu passer les portes de cet hôtel 4 étoiles si j’étais arrivé en jean troué. Je finis par arriver devant la porte 255 et toque. Rapidement, elle vient s’ouvrir pour laisser apparaître un homme qui doit avoir dans la cinquantaine.

- C’est le service de nuit

Déclarais-je avec un sourire enjôleur. M’enrôlant dans la peau de la pute que je suis. Mais de luxe, s’il vous plaît. Je ne fais pas les trottoirs. L’homme est un client régulier, qui s’arrête souvent à Seattle et m’appelle pour que je passe à chaque fois. Je finis rapidement nu, échoué sur ce lit king size. La seule chose nous liant étant son sexe en moi et ses dents qui venaient parfois me mordre ma peau diaphane. Je simulais comme d’habitude mon plaisir pour satisfaire les oreilles de mon client. Ça ne me dérangeait pas, il payait bien et il me laissait ensuite profiter de la suite avant que je parte.

- Je reviens dans un mois.

J’hochais la tête tout en expirant la fumée de la cigarette. Assis sur le rebord de la fenêtre dans un peignoir blanc je regardais les lumières de la ville. Il y avait une époque où si j’avais pris un chemin, je serai comme cet homme, habillé d’un costard à 3000 dollars.

Oh I cannot disappear into the ground
Neither can I evaporate into the sky
That's what I am telling her

- Tu n’es qu’un sale raté ! J’aurai dû te jeter dans la mer !

Les dents serrées, j’encaissais les coups qui faisaient vibrer mon dos. Ne pas pleurer, jamais, sinon il frappait encore plus fort. A la place, c’était le sang qui coulait qui versait des larmes pour moi. Une éternité sembleait s’être passée, lorsqu’enfin mon père avait fini son massacre et quitté la pièce sans un mot en claquant la porte derrière lui. La solitude me frappait soudainement en pleine face alors que je me traînait jusqu’à mon lit, grimaçant alors que je grimpais sur le matelas. Trop fatigué pour me diriger vers la salle de bain et panser mes plaies. Je fermais les yeux, espérant que le sommeil me gagnerait. Une petite voix dans ma tête me soufflait comme d’habitude que ce n’était pas grave. Papa avait toujours été ainsi, c’était sa manière de me montrer son affection. Ce petit garçon qui continuait encore de se voiler la face même une fois adolescent.

Why? you can see me, I'm right here
In front of you but you still ignore me
I just want to feel you one more time
I know it's because I am shabby right now

L’adolescence, la période que je détestais le plus au monde. Surtout parce que les autres étaient complètement fous. Je longeais les murs du couloir, espérant ne pas être vu par la bande qui m’avait pris en grippe. Il y a une semaine ces types m'avaient enfermé dans les toilettes et c’était le gardien qui m’avait trouvé en faisant sa ronde de fin de journée. C’était moins pire que ce qui m'attendait parfois à la maison. La journée avait été clémente avec moi, aucun problème ne s’était déroulé et c’était avec le sourire que j’allai à mon cours de piano. Le cœur palpitant en voyant mon professeur se tourner vers moi en entendant la porte s’ouvrir. J’avais 17 ans et lui 25, mais est-ce que l’âge comptait réellement quand on s’aimait ? On s’était juste embrassés plusieurs fois sans aller plus loin. Je crois qu’il attendait que j’ai 18 ans pour franchir le pas. Mon père nous tuerait tous les deux s’il était au courant que je sortais avec un garçon.

- Tiens j’ai trouvé ça pour toi

Il m’avait tendu une barquette remplie de fraises, mon fruit préféré. Les yeux brillants, je le remerciais en l’embrassant. Il était ma lumière dans mon monde obscur. A quel point j’avais été naïf me dégoûte quand j’y repense. Quelques jours après mon anniversaire, je m’étais donné à lui. Une première fois remplis de crainte, la peur de décevoir surtout avec mon corps recouvert de cicatrice. Mais il avait été très doux avec moi, m’enveloppant dans un cocon de plaisir dans lequel je n’aurai jamais voulu sortir. La certitude absolue que je l’aimais et lui aussi. Quel con. Mon père m'avait pourtant prévenu durant des années que personne n’aimerait jamais un monstre comme moi. Mon bonheur s’était effondré comme un vulgaire château de cartes lorsque j’avais vu mon professeur en compagnie d’une jeune femme. J’avais pensé naïvement que c’était peut-être sa sœur, mais on n’embrassait pas sa sœur ainsi. Le cœur brisé, en miettes, j’étais allé gratter à sa porte le lendemain pour avoir des réponses. Il avait ri. Me poignardant encore et encore en m’avouant qu’il ne m’avait jamais aimé, qu’il m’avait juste trouvé mignon et que j’étais un bon coup au final. La sensation que le sol s'ouvrait sous mes pieds. L’impression de ne plus pouvoir respirer. J’avais erré ensuite dans les rues de Los Angeles jusque tard dans la nuit avant de rentrer. J’étais plus sortie de chez moi pendant une semaine, vérifiant combien de temps un corps pouvait-il pleurer.

Why can't I see it?
Thinking I am right next to you. I'm frustrated.
Just feebly breathing in this world that's me
Like this, the sky has turned its back on me
Seem sadder to me, sadder to me.

L’université. On prenait les mêmes et on recommençait. Mon professeur de piano était passé aux oubliettes, me laissant un traumatisme que je tentais de dissimuler. Je ne faisais plus confiance à personne. Je voyais le regard des filles et de certains hommes sur moi. La luxure, c’était tout ce qui les intéressaient. Mais mon coeur était faible, désobéissant alors que mon regard croisait celui d’un quaterback. Cet homme qui m’avait délivré lorsque des abrutis m’avait enfermé dans la réserve. Un sourire de sa part suffisait à me faire vibrer. Et je fuyais. Je ne voulais plus souffrir comme je l’avais été. Je m’isolai de tout le monde, passant ma pause déjeuner derrière le gymnase assis dans l’herbe, de la musique dans les oreilles tout en chantonnant doucement. Je m’étais arrêté en sentant une présence. C’était lui.

- Désolé je voulais pas t’interrompre ! Je peux m'asseoir ?

J’avais hoché la tête après quelques secondes, évitant de le regarder tant que mon visage n’était pas moins chaud.

- Tu peux continuer de chanter ? S’il te plaît ?

Sans répondre, je remettais la musique, me pliant à sa requête. C’était ainsi que notre relation avait évolué. On ne se voyait qu’à l’heure du déjeuner, je chantais tout simplement pour lui. Parfois il m’amenait un truc à manger ou à boire. Mes barrières se baissaient petit à petit. Dans l’espoir futile que peut-être c’était sincère.

The many feelings that shook me
Make my head hurt
I can't feel anything

J’étais chargé de nettoyer les vestiaires lorsque je les entendais, lui et ses amis.

- Et alors t’en est où avec l’androgyne ?
- Ca avance mais il est toujours sur la défensive
- N'oublie pas que tu as jusqu’à la fin de la semaine, sinon tu perds le pari et tu nous devras 1000 dollars
- Mec je ne peux pas juste lui sauter dessus
- Oh oui je suis sûr que tu rêves de l’entendre gémir ton nom
- T’es con !

J’étais resté immobile tout le long, essuyant ensuite les larmes qui coulaient sur mes joues avant de me cacher en les entendant venir dans ma direction. La lumière était encore allumée dans les vestiaires et je m’étais approché à petit pas.

- Cole
- Oh kyu, qu’est ce que tu fais là ?

Je lui montrais le balai que j’avais dans la main.

- Ménage
- Tu veux de l’aide ?
- Non c’est bon j’ai bientôt fini
- D’accord

Il m’avait tourné le dos pour finir de ranger ses affaires. Laissant tomber mon balai dans un fracas volontaire, je venais poser mes lèvres sur les siennes lorsqu’il s’était retourné.

- Qu’est ce que tu…?
- Il paraît que je vaux 1000 dollars
- Tu as tout entendu…?
- Alors tu veux le perdre ou le gagner ce pari ?

Je m’étais déshabillé devant lui sans sourciller. Il avait hésité, regardant à droite et à gauche avant de m’attraper la main et de m’entraîner dans une cabine de douche.

Oh Even as I exist,
Keep existing Is something I can't say
I only tell her

Why? you can see me, I'm right here
In front of you but you still ignore me
I just want to feel you one more time
I know it's because I am shabby right now

Why can't I see it?
Thinking I am right next to you. I'm frustrated.
Just feebly breathing in this world that's me
Like this the sky has turned its back on me seems sadder to me

Why I am getting angry at my past
I feel like a fool no matter what I do
because of my forgotten pointless moments
That was the image of myself that I made back then

Attrapant un sac je mettais le maximum de mes affaires que je pouvais à l’intérieur, ignorant les cris de mon père à l’étage. Me dirigeant vers la commode de l’entrée, je prenais l’enveloppe qui contenait de l’argent avant de m’enfuir rapidement. J’envoyais un message à mon ami virtuel qui vivait à Seattle, ma destination. J’avais abandonné l’université après avoir couché avec le quaterback. Une décision qui n’avait pas plu à mon père et le bleu qui ornait ma joue et mon œil en était la preuve. Je montais dans le bus, caché en dessous ma capuche pour ne pas qu’on me pose des questions. J’étais nerveux, c’était la première fois que je quittais Los Angeles tout seul, mon père avait toujours été là que cela soit à ses soirées ennuyeuses ou les sorties où je servais simplement de plante verte et à sourire bètements aux autres personnes . Mais en même temps j’étais soulagé peut-être de commencer une nouvelle vie.

Why? you can see me, I'm right here
In front of you but you still ignore me
Just one more time only once more
I want to feel you
I agree now I am shabby
I am really sad really sad.

Les dernières notes de piano s'élevaient dans le bar juste avant que des applaudissements retentissent. Je saluais mon public d’une révérence avant de quitter l’estrade, disparaissant ensuite dans la nuit.

Anecdotes : je parle coréen & anglais - J’ai appris à jouer du piano depuis que je suis enfant et j’ai aussi prit des cours de chant  - J’ai de nombreux tatouages sur mon corps afin de camoufler les cicatrices laissées par mon père - il m’arrive de fumer de temps en temps surtout après avoir baisé - J’ai une bonne tolérance à l’alcool, heureusement car certains clients ne sont pas avare sur les bouteilles offertes - J’adore les fraises, il paraît que ma mère en mangeait beaucoup quand elle était enceinte de moi - Je suis allergique aux crevettes - J’aime écouter de la musique pour me calmer - Je me débrouille pas trop mal en cuisine lorsque je me permettre de préparer à manger - Il est difficile pour moi de me regarder dans un miroir - Je suis claustrophobe et j'ai peur du noir total - J'ai essayé d'en finir une fois mais la femme de ménage m'a trouvé trop tôt - Je ne fête jamais mon anniversaire - J’ai eu très peu d’amis dans ma vie avant d'arriver à Seattle, soit parce que mon père leur faisait peur soit parce qu’ils en avaient qu’après mon argent - J’ai un QI au-dessus de la moyenne mais j’ai fait semblant d’être bête pour ne pas être vu encore plus comme un monstre par mon père ou les autres personnes - Je ne crois absolument pas en l’amour, on qu’on puisse m’aimer tout court.