Si mes défauts ne vous plaisent pas, j’en ai d’autres. | June & Darcy

30 Mars 2024, 15h36, fin du call numéro 5 de la journée. June quitte le meeting sur son écran et se frotte un peu les yeux. Arrivé depuis 3 jours et sur trois heures de sommeil seulement, peut-être bien qu’il va devoir se forcer à s’allonger à un moment. Pas cet après-midi en tout cas puisqu’il attends de la visite. Darcy Gibbins, fille de l’homme lui ayant vendu ce “coquet” “petit” appartement penthouse qu’il avait investi en arrivant à Seattle. Jones s’était surprit à trouver l’endroit “agréable”, la vue déjà on allait pas se mentir, il appréciait grandement. Ce ciel et cette eau, surtout que la météo était clémente depuis son arrivée, pas de pluie. L’artiste en lui appréciait le calme, appréciait la sécurité de la réception avec concierge, il arrivait donc à oublier que l’endroit  faisait à peu prêt la taille de l’une des ailes du manoir Jones dans lequel il vivait à New York.
Le plus gros souci pour le moment était qu’il n’avait pas encore son staff avec lui. Il avait trouvé un cuisinier qui allait pouvoir commencer la semaine prochaine, et il faisait déménager à Seattle Sofia, qui travaillait au manoir à New York en temps normal. Sofia était généralement à la cuisine, mais elle pourrait aussi prendre en charge le ménage et le linge, important vu que June ne savait absolument rien faire de ces tâches.
Il avait été décidé que, puisqu’il n’aurait jamais besoin de l’apprendre ayant toujours du personnel de maison, son temps serait mieux occupé à apprendre 7 langues, deux instruments et l’équitation. Alors ouais, June était ainsi capable de commander un café en Russe en se déplaçant sur des équidés purs races, en attendant il n’avait pas la moindre idée de comment faire marcher la machine dans sa cuisine. L’endroit avait été meublé entièrement avant son arrivée et ressemblait encore à un catalogue Ikea, parce qu’il ne faisait qu’y travailler dans le salon ou y dormir.
Le soucis dans tout ça ce n’était pas tant le café mais la situation avec l’eau. Elle était froide. Il avait beau tourner les robinets “rouge”, rien à faire. Froid. Et si il n’avait pas de soucis avec des douches froides, June commençait à se dire que pour le prix, c’était tout de même fou qu’il se retrouve à devoir le faire. Ainsi avait-il appelé Mr.Gibbins avant un plombier, il ne lui semblait pas que c’était à lui de payer pour un appartement neuf après tout. L’homme au bout du fil s’était montré compréhensif et avait proposé que sa fille passe dans l’après-midi pour voir le souci avant de passer à la suite. Tant mieux pour June qui n’avait pas tellement le temps d’explorer des tuyaux alors qu’il n’avait pas le temps. Et pas la connaissance d’ailleurs, donc si cette Darcy était capable de trouver le problème pourquoi pas. Le rendez-vous était à 16h, et ce n’est que quelques minutes après qu’on lui indiqua qu’elle était à la réception. Il fit passer au concierge qu’elle était invitée à monter, et ferma son ordinateur en allant vers la porte pour lui ouvrir.
“Bonjour Mlle. Gibbins, entrez.” Il dit simplement lorsqu’elle est devant lui, se poussant pour lui laisser accès. Il n’est pas désagréable, si ce n’est un minimum agacé de payer autant pour un appartement sans eau chaude. Mais s'il y a bien une chose qu’on lui a apprise, c’est de ne pas maltraiter les employés. Sauf qu’elle est la fille, pas l’employé, donc il attend encore avant de savoir sur quel pied danser.  

Les mains de June se croisent dans son dos alors qu’il observe la jeune femme.   “C’est gentil de vous déplacer.” il répond par convenance plus qu’autre chose avant de la regarder alors qu’elle s’avance vers la cuisine. Il allait demander si elle avait des qualifications pour trouver d’où pouvait venir le soucis, mais elle y répond en allumant juste l’eau pour… Pour quoi faire en fait? Vérifier qu’il ne raconte pas n’importe quoi? June se demande comment il est censé prendre ce geste, mais décide de croire qu’elle est peut-être capable de trouver juste comme ça.   “Toutes les pièces.” Il confirme en lui indiquant le chemin de la salle de bain.   “Bien que je ne sois pas contre une douche froide de temps en temps, je dois avouer que pour une prestation de luxe, je suis surpris.”
Il se sent obligé de lâcher sa petite pique, mais voyez-vous, monsieur dirige des Palaces. Les prestations de luxe c’est sa vie, c’est son business, il est reconnu dans le monde entier pour une qualité de service irréprochable. Imaginez louer une chambre à (parfois) 5 chiffres et ne pas avoir accès à de l’eau chaude, hein. Là, il avait carrément acheté l’endroit et il avait été sous l’impression que tout avait été vérifié afin qu’il n'ait rien à y faire.
“Vous travaillez avec votre père?” Légère curiosité qu’il ne peut pas retenir, il lui semble que de plus en plus, les enfants héritiers ont tendances à vouloir suivre leur propre voie, très peu sont comme lui, capable ou volontaire pour suivre les traces familiales et faire tenir l’héritage. Souvent, un partenaire ou un cousin a tendance à récupérer la flamme, les traditions se perdent et c’est bien dommage. Ainsi est-il curieux qu’elle soit là, et pas quelqu’un d’autre. Et la réponse l’aiderait aussi à savoir à quel point il peut être exigeant concernant ce problème qui n’aurait pas du exister, loin de se douter que sa solution soit aussi stupide que : June n’a jamais allumé la chaudière présente dans le placard de l’entrée.

Il regarde l’expression que provoque sa remarque et se dit qu’elle doit en effet, ne pas travailler avec son père. Surtout vu la tirade suivante.   “Je suppose que le mot a différentes définitions selon les lieux.” Il dit donc avant de lui demander, et qu’elle confirme que ce n’est pas habituel pour elle de se déplacer. Encore une fois, aucune surprise, ou expression sur son visage. Parce qu’il a appris à ne pas les montrer et que c’est une habitude. Parce que quand on est vraiment dans le business du luxe, on ne laisse pas sentir au client qu’il vous agace. Il décide donc qu’il ne peut pas en vouloir à Darcy d’être incompétente dans le domaine du service, puisque ce n’est pas vraiment son travail et qu’elle ne fait que rendre un service à son père.   “Je gère des Palaces.” Il répond finalement en la suivant jusqu'à la salle de bain. En soit, ça ne le tuerait pas d’avoir une idée de quoi vérifier si le problème venait à être réparé.
L’eau coule, toujours froide, jusque là rien de nouveau et June a surtout la sensation d’avoir perdu son temps. Mais la demoiselle mentionne… Une chaudière. Hm. Il réfléchit à ce qu’il a lu sur les contrats et plans de l’appartement avant de prendre la route de l’entrée pour y ouvrir le placard avec l’objet flambant neuf et mit “en veille”, pas que June n’est la moindre idée que ce soit le cas, ou de ce que peut signifier le petit symbole de lune sur l’écran.   “C’est ça?” Il demande en se tournant vers elle, se poussant même un peu pour qu’elle observe la situation. Et non, il ne ressent pas particulièrement de gêne face à sa propre incompétence dans les domaines domestiques, il n’a pas été élevé pour savoir gérer ces situations, et on lui a appris qu’il n’avait pas besoin de s’en encombrer, après tout.  

June Jones s’est-il déjà “tapé la honte”? Une grande question, une réponse facile : “non”. Difficile d’avoir honte quand on a appris à avoir confiance en soi en toute situation. Il comprenait bien le sarcasme, par contre, et il savait reconnaître quand il agaçait ou quand on se moquait de lui. Ce qu’il fallait noter c’était qu’il n’en avait absolument rien à faire. Du coup avoir honte quand on n’a pas tellement d’intérêt dans l’avis des autres, c’est un concept étrangé. On pourrait donc se dire être face à l’un de ces moments, où quelqu’un d’autre aurait envie de se planquer sous un lit mais lui ne voit pas où le souci est… Pourtant.
Il remarque d’abord que quelque chose cloche quand elle jette un oeil à l’objet puis à lui, comme pour vérifier s’il s’apprête à lui dire “poisson d’avril”, mais non, il la regarde en retour clairement patient d’entendre son diagnostic. Et il est sans appel. Cette fameuse chaudière était éteinte. Et soudainement l’héritier Jones réalise à quel point il doit avoir l’air ridicule. Il remercie les entités de l’univers de ne pas s’être montré trop insupportable envers Darcy où ça aurait été pire que tout. Une main passe sur son visage alors que la jeune femme appuit un peu plus sur la gêne du moment qui aurait pu lui revenir très cher pour rien du tout, et la laisse aller à la cuisine pour vérifier que l’action était bien la solution au problème.   “La chaudière était éteinte.” Il se répète plus à lui qu’à elle, allant à la cuisine à sa suite.   “Bien, je sais reconnaître quand des excuses sont de mise. J’avoue que je n’ai jamais eu à gérer ce genre de choses, je ne suis même pas capable de faire marcher cette machine.” Il dit en indiquant la machine à café toute neuve à côté de l’évier. Nan, y’avait des gens employés pour s’occuper de ces choses là. La seule chose que June sait étonnement faire c’est un lit d’hôtel et gérer une réception. Le reste, aucune idée.   “Je ne peux donc même pas vous en offrir un pour vous remercier.” Il note donc en soupirant un peu, agacé contre lui plus qu’autre chose.

  “Pas que je ne sache faire fonctionner un percolateur.” Il dit simplement, il n’a pas vraiment honte de son manque de connaissance des choses basiques de la vie… D’habitude. Là, il commence à se dire que cette aventure de Seattle risquait de lui jouer des tours. Ou peut-être bien qu’il était juste fatigué et que le manque de son personnel habituel le mettait en doute. M’enfin, lui.. Douter? Impossible. Au moins, elle est proche de lui arracher un soufflement de nez quand elle parle de sourire.   “Merci.” Il peut bien lui donner cette partie là, mais sourire sur commande il n’y est pas du tout. Déjà que le sourire naturel c’est presque douloureux chez lui…   “Je dois avoir la notice..” Il dit en la laissant s’approcher de la machine pendant qu’il va ouvrir un placard pour en sortir un dossier, où il a rangé les papiers de l’appartement et notices variées… Pour le staff, pas pour lui, m’enfin. Il trouve celle de la cafetière et la sort d’une pochette avant de l’ouvrir en revenant vers Darcy.
Sa question lui fait lever les yeux de la notice qu’il n’aurait jamais pensé regarder.   “Pour mon personnel de maison. Ce n’est pas parce que je ne sais pas le faire que je ne le consomme pas.” Il dit en posant doucement le livret sur le comptoir devant eux. Il n’a vraiment pas tellement envie d’apprendre, mais maintenant qu’il s’est embourbé tout seul dans cette histoire d’en offrir un à Darcy, il ne sait pas tellement comment s’en sortir.   “Alors, est-ce que ça vous parle?” Qui sait, peut-être qu’elle va comprendre hyper vite et s’en occuper sans qu’il n’est autre chose à faire que récupérer des tasses au dessus de l’évier, tasses qui finiraient soit à la poubel, soit dans le dit évier jusqu’à ce que Sofia arrive pour faire le ménage, et donc, la vaisselle.

Jamais trop tard pour apprendre, ah ça, elle avait bien raison mais June décide d’aussi croire qu’elle a bien comprit qu’il n’en a pas l’intention du tout. Un jour, peut-être, si il perd vraiment tout et se retrouve perdu dans une campagne avec des chèvres et un chevalet pour peindre. Et honnêtement, ça n’avait rien de négatif dans son imaginaire. Si il pouvait prendre cette voie, si il avait l’audace de tout plaquer, il serait sans doute bien heureux dans une campagne avec le moins de gens et de bruit possible. En parlant de bruit. La main de June va directement à son oreille avec le mousseur qui lui donne l’impression de lui secouer l'intérieur tout autant que l’extérieur.  C’est automatique, comme chaque fois qu’un bruit est fort et inattendu, ça l’angoisse. Ça pourrait même le mettre en colère. Après tout. Après Darcy, après la machine, après le staff qui n’est pas là pour gérer. Mais encore une autre chose avec laquelle June a dû apprendre à vivre, c'est sa sensibilité aux bruits.
“Autant pour nous deux, je tiens à garder mon ouïe intacte ainsi que le gout, je suppose.” Il est clairement agacé dans sa voix mais il faut aussi se dire que fut un temps où il aurait pu commencer à l’engueuler comme du poisson pourri alors qu’elle n’y était pas pour grand-chose. Voir pour rien, puisque tout ça avait commencé avec son incapacité à allumer une chaudière.   “Il y a un Starbucks au coin de la rue, je peux vous en offrir un avant de vous libérer.” Il lui doit toujours ça, elle est venue jusqu’ici après tout. June baisse finalement la main qu’il a posé sur son oreille et va récupérer sa veste, pas qu’il ne soit particulièrement heureux à l’idée de sortir, mais le jour où il aurait le droit de faire ce qui le rend heureux n’est ni maintenant ni.. Jamais, sans doute.  

June aussi aurait attendu qu’elle refuse, il sait qu’il n’est pas de bonne compagnie, surtout qu’il ne se comporte pas comme le prince charmant qu’on le dépeint dans les articles de magazines. Aucune raison de l’être, déjà, et puis il est fatigué et harassé par la situation. Et oui, il devrait se dire que cette pauvre Darcy n’y est absolument pour rien - mais figurez-vous que c’est ce qu’il se dit. Oui, sinon, il aurait pu se montrer encore plus désagréable, voire méchant. Là, il sait qu’elle n’est qu’une victime, en attendant, il n’en reste pas moins agacé et avec aucune raison de se montrer charmant. Donc, il n’aurait pas mal pris qu’elle refuse le café, au contraire, il en aurait profité pour enfin avoir une douche chaude et se remettre à travailler. Mais elle à dit oui. Alors, Starbucks ce sera, car il ne connaît aucun autre lieux à Seattle et ne va pas commencer à chercher le meilleur café du coin maintenant. Starbucks avait beau être de moindre qualité, ça avait au moins l’avantage d’avoir un goût auquel il s’attendait et qu’il pouvait boire dans des cas comme aujourd’hui. Une journée médiocre, en soit.
Il récupère donc sa veste, ses clés et son téléphone avant de prendre le chemin de la sortie. Comme il doute que son invitée improvisée n’apprécie le silence autant que lui, il réfléchit à un sujet de conversation où il arrivera à ne pas être trop condescendant. Voyez, quand je vous dit que ça, c’est sa manière à lui de faire un effort! Ils sortent du bâtiment et avancent vers le Starbucks, quand il trouve enfin le courage de demander. “Que faites-vous alors, si vous ne travaillez pas avec votre père?” Voilà, le travail, c’est un bon sujet. Quoi qu’elle fasse, il n'a pas de raison de juger, du plombier au réceptionniste en passant par les PDG d’entreprise, tout le monde fait tourner la planète. Donc, à moins qu’elle ne fasse que vivre sur l’argent de ses parents, il y avait peu de chance qu’il ne dise quelque chose de blessant dans une conversation sur ce thème.  

Il n’est même pas étonné quand la réponse de Darcy s’avère être vraiment à l’exacte opposé de tout ce que June pourrais utiliser pour continuer une conversation. Il a vraiment rarement autant peu eu d’atôme crochu avec quelqu’un, de sa vie. Et c’est lui qui dit ça hein, Monsieur je n’aime personne. Là, il ne peut même pas la détester, il est juste dans une platitude qui l’impressionne. En fait, assez pour le choquer, la réponse du cinéma finit vraiment de … souligner la bizarrerie de leur interaction. Du coup, il ne réagit pas tout de suite en continuant sa promenade vers le Starbucks, et elle lui demande du coup s’il est de Seattle. Il hausse les épaules.   “Je suis né à New York, mais je vis à Paris depuis quelques années maintenant.” Son Paris adoré qui lui manque vraiment atrocement et ça ne fait que quelques jours qu’il est de retour en Amérique. L’avantage des Parisiens c’est que la plupart n’aime pas les gens non plus, donc on le laisse tranquille.
“J’ai une aversion particulière pour le Cinéma.” Il ajoute avant de tourner les yeux vers elle, mais pour une fois il n’y a pas de jugement dans sa voix, en fait si on regarde même de très près il a l’air amusé. De très très près, ou alors fallait interpréter, mais vu qu’elle a eu le droit à grognon depuis tout à l’heure elle voit peut-être la légère perturbation dans la force.   “Je n’ai pas le temps pour un film, je n’aime pas les bruits sourds et de toute façon je suis incapable de rester concentré.” Il explique.   “Je pensais vraiment qu’en parlant de travail je trouverai de quoi connecter un minimum, c’est absurde à quel point ce n’est pas le cas.” Il dit finalement en lui ouvrant la porte du Starbucks qu’ils ont enfin atteint. Il n’y peut rien, il est désarçonné sur à quel point ils n’ont rien à se dire. Mais June a aussi été éduqué pour spécifiquement savoir gérer les situations étranges, ça aide quand un contrat est difficile à négocier. Pas qu’il y ait de contrat ici mais si il doit encore passer 20 min avec elle pour un café autant … faire comme il peut.