shin kim | star walkin'

A taste of Shin…
Adore regarder des mangas / passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux et sur son téléphone de manière générale, toute sa vie est dessus / sait à peine de servir d’un ordinateur / se prend sans arrêt en photo, il en a plusieurs centaines dans sa galerie qu’il trie et ajuste pendant des heures / accro aux stories sur Instagram et aux vidéos sur TikTok / danse dès qu’il le peut et a une démarche naturellement aérienne / ne sait pas vivre sans musique, ni dormir sans musique / ne fume pas et déteste l’odeur ou le goût du tabac / a essayé plusieurs drogues mais a enchaîné les bad trips, il en a peur / prend grand soin des tenues qu’il choisit de porter et ne sort jamais sans être apprêté / se maquille de manière légère, surtout autour des yeux pour cacher ses cernes / souffre de terreurs nocturnes / a besoin de porter des lunettes pour voir de loin mais les oublie souvent / sa couleur préférée est le noir / déteste avoir chaud et déteste tout autant avoir froid / adore la saveur acidulée / parle l’anglais avec un accent marqué / a des lacunes en orthographe, en coréen comme en anglais, mais aucun problème à l'oral / citadin pure souche, pas du tout branché nature / dénigre les gens qui s’imposent des contraintes (enfants, animaux, etc) / n’aime pas la sensation du velours / adore la cuisine très relevée même s’il a souvent mal au ventre / porte un piercing à la langue, trois anneaux à l’oreille droite, deux à la gauche en acier chirurgical car il est allergique aux autres matières / a peur des oiseaux / est fasciné par le sang / il tient un journal de toutes les façons de se donner la mort, de la plus improbable à la plus violente / and more…


1997 : naissance, premier enfant.

1997 - 2004 : exaltation de l'innocence, bêtises infantiles, rires éclatants, sauf en présence du père qui chasse la joie où qu'il passe.

2004 : entrée en primaire, début du cauchemar. Pression qui s'exerce sur les résultats, professeur privé qui vient renforcer les acquis. Shin est alors plus avancé que les autres et s'ennuie en classe. Son attention baisse, se délite. Premier avertissement du professeur. Raclée paternelle qui le remet sur le droit chemin car un Kim ne laisse à personne l’opportunité de le menacer. Il apprend à intérioriser, à ravaler son énergie, à se taire.

2007 : naissance de sa petite sœur, joie dans son cœur. Il espère qu’elle détournera l’attention de lui… et il se trompe.

2012 : dernière année de collège, rupture finale du haut de ses quinze ans. Dépression, burn-out scolaire, Shin n'en peut plus de vivre et respirer école. Il commence à sécher les cours, à entretenir de mauvaises fréquentations et ne cache plus sa passion pour les boy's band, cultivée en secret depuis l'enfance. Il danse dans des rassemblements de rue, dans des caves un peu glauques, et se sent libre pour la première fois de son existence.

2013 : diplômé du collège, ses résultats ont baissé, portent l’adjectif d’indignes puisqu’ils sont dans la moyenne. Son père exige qu'il suive des cours de rattrapage et lui enfonce son dégoût, sa déception, au fond de la gorge. Shin lui annonce qu'il ne veut pas étudier et préfère embrasser une carrière artistique. Sa correction est si sévère qu'il termine à l'hôpital. Sa mère ment aux médecins, explique qu'il a été agressé en rentrant du lycée rejoint quelques semaines plus tôt. Shin n'ose pas contredire.
Personne ne lui demande son propre témoignage.
Il sort de l'hôpital et se réfugie chez son meilleur ami d'enfance, Nam-hee.
Fin de cette même année, Shin rejoint le groupe de Nam-hee (DARE) produit par le label SK.
Il cauchemarde chaque nuit en imaginant son père venir le récupérer. Pourtant, cela n’arrive pas…
Pas tout de suite.

2013 - 2019 : Shin part pour Séoul, il embrasse une carrière musicale et se donne à fond dans les entrainements. Il espère ainsi extérioriser ses terreurs, ses cauchemars, les névroses qu’elles induisent. Sa paranoïa prend de plus en plus de place alors qu’il a trouvé sa voie et s'en réjouit. Petit à petit, DARE gagne en popularité dans la capitale. Ils participent à des émissions musicales, commencent à percer à l’étranger sans pour autant y donner des concerts. Les contrats publicitaires arrivent, une grande marque de vêtement, de parfum. Ils reçoivent des cadeaux à ne plus savoir quoi en faire. Revers de la médaille ; leurs moindres gestes sont scrutés, commentés, surtout dans les médias affiliés au groupe Kim. Shin n’a jamais révélé son ascendance, Nam-hee l’a couvert en le présentant comme son cousin. Personne ne comprend cet acharnement, sauf eux deux. La tension grimpe en flèche entre les deux amis, ce que les autres ne comprennent pas. Après trois albums, une quinzaine de MV et six ans passés à tourner dans toute la Corée du Sud, Shin quitte le groupe en se fendant d’un communiqué neutre sur son compte Instagram.
La réalité ?
Nam-hee et lui en sont venus aux mains. Shin lui a cassé le genou. Le craquement sonore et le cri de douleur l’ont presque fait jouir d’un plaisir malsain, alors qu’il ruinait peut-être pour toujours la carrière de son meilleur ami.
Effrayé (après coup) par cette noirceur, Shin retourne chez son père, pensant mériter sa discipline, persuadé de sa nécessité pour son propre salut.

2019 : Chin-du exige qu’il s’inscrive pour faire son service militaire. N’ayant pas terminé le lycée, Shin négocie d’achever ses études d’abord. Il n’a que vingt-trois ans, il lui reste du temps… En vérité, il n’a aucune envie d’y aller, il est terrorisé. Tout le monde le sait mais Chin-du n’a qu’un seul héritier mâle. Même s’il le déçoit, même s’il ne vaut rien, il doit essayer de le rendre digne. Il tire les ficelles pour l’inscrire dans un lycée privé, sous un faux nom. Shin change d’apparence et se fait appeler Nam-hee (par provocation, se dira-t-il, en vérité son meilleur ami lui manque). Hanté par son acte, Shin essaie de rattraper son retard scolaire mais les angoisses reviennent, l’en empêchent. Il abandonne, se dégoûte, se qualifie de faible. Il use de toutes les combines possibles pour ne jamais étudier mais réussir quand même, avec des notes qui lui éviteront les corrections paternelles.

2022 : Shin passe enfin son suneung et réussit à obtenir un résultat suffisant pour rejoindre une des très universités prestigieuses du « SKY ». Non, Shin ne s’est pas découvert une passion pour les études ; il a payé quelqu’un pour endosser son identité, une somme très généreuse qui n’a même pas égratigné la fortune mise de côté après ses années en tant que k-pop star. Pour la première fois de sa vie, Shin voit son père satisfait et ça le rend malade.
Il n’a bien entendu pas le droit de s’inscrire en art, il doit rejoindre la faculté de sciences politiques. Shin a conscience que sa supercherie ne durera plus longtemps… Sans parler de la date fatidique pour son service militaire, qui approche. Trente ans, ça parait loin, mais ça l’est de moins en moins. Coincé, dépassé, Shin décide de vivre à fond ce qu’il appelle sa dernière année. Il se le promet : à la fin de ce semestre, il mettra fin à ses jours.
Morbide, il commence à se renseigner sur toutes les façons de mourir et à les noter dans un carnet, avec ses impressions.  

2023 – fin juin : Shin est convoqué dans le bureau du président après les examens de premier semestre. Dans un moment de panique, il a de nouveau payé quelqu’un pour les passer à sa place. Ses excès des six derniers mois lui ont rendu l’envie d’exister.
Il imagine la supercherie découverte, le doyen furieux. Hélas -pour lui- il s’agit de son grand-père.
« J’avais une fille. Le sais-tu ? Tu me la rappelles. Au contraire de toi, elle a eu la décence de disparaître de son propre chef. »
Le vieil homme pousse dans sa direction une fiole contenant une pastille.
« Je te donne une arme de femme car tu ne vaux pas mieux. Si tu as un peu d’honneur, avale ceci et débarrasse nous de toi. Je parlerai d’une maladie, pour épargner le cœur de ton père. »
Shin reste de marbre. Ses mains tremblent un peu, il tente de contrôler l’involontaire mouvement en les enfonçant dans ses poches. La bouche sèche, il se dit mon père n’a aucun cœur à épargner. Son regard soutient celui de l’ancêtre, qui cille, désapprobateur devant son effronterie. Shin avait envisagé de mourir, oui. Mais mourir pour rendre service ? Par principe, il le refuse. L’aîné soupire.
« Puisque tu es égoïste, va-t’en. Quitte ce pays, ne porte plus notre nom, va étudier à l’étranger et reste-y. Si tu reviens, j’enfonce moi-même cette pastille dans ta gorge. »
L’homme se relève, en appui sur sa canne ouvragée d’un tigre -le symbole de la Corée libre. Il lui sourit de son air tranquille, comme s’il ne venait pas de le menacer, de le renier, de le broyer.
Le monde tangue autour de Shin, qui s’aperçoit que le flacon est resté là.

2023 – suite : Shin quitte la Corée du Sud pour les États-Unis, armé d’un VISA étudiant pour s’inscrire à l’Université de New-York, en art cette fois, et sous son vrai nom -encore une provocation. Il choisit cette ville pour son bouillonnement culturel et artistique. C'est, pour lui, une évidence. Hélas, la danse qu’on y enseigne n’est pas sa danse. Il la trouve trop rigide, trop codifiée, ses talents comme ses qualités sont dénigrés. Au fond du trou, Shin observe de plus en plus ce flacon qui n’a jamais quitté ses bagages. Est-ce vraiment du poison ? Il l’ignore mais commence, découragé, à envisager d’en consommer le contenu. Un jour il s’éveille avec le sourire et la volonté de prendre ce que la vie a à offrir. Le lendemain, se tirer du lit de sa résidence étudiante lui parait tâche impossible. Ses cauchemars s’amplifient. Il reprend la rédaction de son carnet de suicide, y trouve du réconfort.

2024 – début d'année : DARE sort un nouveau clip musical, un come-back sans lui. L’atteinte violente à son ego provoque l’électrochoc donc il a besoin pour prendre sa vie en main. New-York ne veut pas de lui, alors Shin prend l’avion pour Seattle. Il choisit cette ville presque au hasard. Durant un long épisode dépressif de plusieurs semaines, il a à peine quitté son lit parce qu'il regardait Grey's Anatomy. Obsédé par la série médicale, amoureux des drames d'autrui, Shin cherche à expérimenter une autre existence. L'école ne lui convient pas et il ne se sent pas prêt pour Los Angeles, alors... Alors ce sera Seattle, au moins pour un temps.