Mars — Seven.

MONDAY
(( prénom )) ·· Premier-né, premier enfant. Des faux jumeaux. Choyés. Parents heureux, aimants, protecteurs et fiers de leurs progénitures. Et pourtant, ils ne s'attendaient pas à un garçon dans ce duo. « Mauvaise identification » par l'obstétricien en charge. Suha ; prénom coréen féminin, déjà inscrit sur le livret familial. Ton paternel a donc choisi Mars. Doux entre les lèvres, prénom d'un astre rougeoyant, lié au Dieu de la Guerre — du latin martius, signifiant « Guerrier ».

(( enfance )) ·· Encore un voyage. Le cinquième en quelques mois. Partagé entre Seattle et Séoul, ton paternel est abonné absent. Inséparables ; ta douceur vous emmène, ta sœur jumelle et toi, partout avec elle. De séances photo à plateau de tournage, baladés de bras en bras, jusqu'à attendre les appels tardifs de ton père, pour lui souhaiter une bonne journée, alors que tu t'apprêtes à dormir. Tu ne dis rien. Enfant discret, solaire, tu joues dans ton coin, admirant ta mère au loin, occupée par ta sœur. Comme toujours.

TUESDAY
(( cinq ans )) TW : HARCÈLEMENT ·· « Tu parles bizarrement. T'es débile ou tu le fais exprès ? [...] Suha ? C'est ton prénom ? Pourquoi tu t'habilles en garçon si t'es une fille ? » Les enfants peuvent être cruels entre eux. Et gamin, tu ne comprends pas cette fâcheuse tendance à t'exclure de leurs jeux. Tu aimerais participer au jeu du loup, construire des tours avec les briques en plastique, ou même simplement colorier en discutant de ton super-héros favori. Seulement, ta persévérance et ta gentillesse n'y font rien. Tu termines, à chaque fois, les fesses au sol, poussé par l'un de tes camarades. Et tu en as marre. Tu pousses à ton tour ce petit garçon, qui riposte. Tu en fais de même. Ta douceur convoquée. Tu dois t'excuser. Mais tu te mures dans un silence, laissant des perles salées ruisseler sur tes joues potelées. Explication donnée, solution trouvée — tu déménages à Seattle ; où ton paternel t'attend fermement, avec une punition.

WEDNESDAY
(( seize ans )) TW : VIOLENCE PHYSIQUE ET VERBALE ·· « Monsieur Kane ? C'est encore le directeur. Votre fils est convoqué pour agression sur un élève .. » Continuellement inclus dans des bagarres, tu ne fais que défendre les victimes. Tu exploses, gamin, tu es en colère. Tu es perdu. La violence est ta seule issue. Tu ne sais pas ce qui se passe. Pourquoi ressens-tu cette attirance pour ce mec ? L'angoisse occulte ton cœur, depuis plusieurs mois. Depuis cette sensation étrange. Et tu t'accroches, t'écorches, face à tes envies, tes pulsions. Tu fuis cette personne. Tu n'arrives pas à te contrôler. Encore moins ton paternel. « Dans mon bureau. Maintenant. » Ce timbre de voix, tu le reconnais. Depuis le temps. Depuis tes huit ans. Tu sais ce qu'il t'attend derrière cette porte. Lorsque tu fermeras derrière toi, s'abattront des remontrances, des mots crus, des injures et des coups. Brutal. Sauvage. Impitoyable. Ce ceinturon marquera ta peau, jusqu'au sang. Et ton épiderme en portera des traces indélébiles.  

(( first love )) TW : LANGAGE CRU ·· L'angoisse continue. Toujours présente. Tu le fuis, le plus possible, mais difficile quand ton désarroi demeure ton voisin de table. Un cours interminable, où tu peux sentir ce regard sur toi. C'est lui. Il doit se demander pourquoi tu l'évites, alors qu'il a essayé à plusieurs reprises de t'approcher. Tu t'efforces d'en faire abstraction. Ce n'est sans compter sur le professeur, qui en rajoute une couche : « Monsieur Scott, si vous continuez à regarder ainsi monsieur Kane, vous pourriez le faire disparaître. De ce fait, vous serez ensemble pour le prochain devoir, à me rendre après les vacances de noël. Vous aurez l'occasion de le regarder, mais en dehors de mon cours, merci. » Le rouge te monte aux joues, dissimulant ton faciès pivoine entre tes bras, mal à l'aise face à cette situation.
Ton meilleur ami se moque, te charrie ouvertement, alors que tu attends patiemment ton camarade, à la bibliothèque.

« — Dégage Lance, il ne va pas tarder.  ·· Dis-tu, simplement, sans une once d'agressivité.
— N'oublie pas les préservatifs.  ·· Rétorque-t-il, en te taquinant.
— Putain, dégage !  ·· Tu élèves légèrement la voix, sous tension lorsque ça concerne le fameux Scott. Et ça, ton ami l'a bien remarqué.  
— Qu'il est grognon, mon poussin.  ·· Continue-t-il sur sa lancée.
— J't'assure que si tu n'bouges pas d'là dans deux secondes, j'baise ta meuf.  ·· Réponds-tu, avec un air sérieux sur ton faciès.
— Tu m'ferais jamais ça.  ·· Se rassure-t-il, avec un air confiant sur le visage.
— T'es sûr de toi ?  ·· Sourcil arqué, tu le défies, même s'il le sait parfaitement, que cette menace est fausse.
— Ouais, parce que c'est toi et moi, contre le reste du monde, mon poussin. »

Tu soupires, face à ses mots, même si un sourire sincère et franc s'inscrit sur ton faciès. Il a raison, ton meilleur ami. Jamais, tu ne pourrais lui faire une telle chose. Puis il se décide enfin à quitter le lieu, te laissant seul. Le nez dans ton ouvrage, concentré sur le devoir, tu ne remarques pas sa présence. Il t'observe quelques minutes, un petit sourire aux lèvres, victorieux ; jusqu'à ce qu'il s'asseye à tes côtés. Ses iris d'un bleu profond s'ancrent dans les tiens et tu déglutis. « Excuse-moi, j'viens de finir l'entraînement. Je n'ai pas pu te prévenir, je n'ai pas ton numéro. » Tu ne réponds pas, toujours perdu dans ce vaste océan. Ton palpitant semble courir, seul, un marathon. Et tu te demandes intérieurement ce qui ne va pas chez toi. « Ce n'est rien. Tu dois être fatigué. Faisons le devoir ce week-end. Enfin, si tu es dispo ? » Tu parles vite, beaucoup trop vite. Tu n'es pas à l'aise. Ça s'entend, ça se voit. Un sourire en coin orne les pulpeuses du quaterback. Tu ne comprends pas. Se moque-t-il ? Probablement. Sûrement. Certainement. « Alors, comme ça, tu parles. » Assure-t-il, en s'accoudant à la table, comme intéressé par ta personne. Il ne te quitte pas du regard. Troublé, ton côté sarcastique s'exprime ; défaut ancré. « Ça m'arrive même de faire des phrases. » Un rire franc s'échappe de ses lèvres. Cette douce mélodie résonne jusqu'à tes tympans. Ton organe vital n'y résiste guère. Et ton angoisse se transforme en crainte.

Tu passes ton temps à bosser avec lui ; après les cours et pendant les week-ends. Il ne te lâche pas, te rappelant constamment vos rendez-vous. Et tu ressens l'agacement de ton meilleur ami. Il n'aime pas partager. Tandis que, secrètement, tu es impatient de retrouver Scott, pour quelques heures.
Les vacances arrivent, le long projet n'est toujours pas terminé. Tu l'invites à passer chez toi ; à plusieurs reprises. Invitations acceptées. Discussions variées, doux sourires, fous rires et un rapprochement s'opère ; enivrant. Tu y prends goût, peut-être trop. Et c'est lui, qui te vole un baiser — envoûté par ce moment.

THURSDAY
(( dix-huit ans )) TW : VIOLENCE PHYSIQUE ET VERBALE, LANGAGE CRU, SCENE EXPLICITE. ·· Cet océan si calme, si apaisant, est pourtant agité. Tumultueux. Il lutte contre lui-même. Pourquoi ? Il évite ton regard, fuit tes approches. Tu attends qu'il s'ouvre à toi. Ton palpitant serré, tu te questionnes sur ce qu'il le tourmente ; jusqu'à ce qu'il te donne enfin une réponse. « Ils m'avaient prévenu.. » Son timbre se brise dans un souffle. L'incompréhension reste ancrée sur ton visage. Il le remarque bien. Il semble agacé par ton manque de réaction. Alors il te tend son téléphone. Des messages explicites défilent devant tes yeux, qui semblent t'appartenir, mais que tu n'as pas écrits. Tout correspond, ton visage, ton style d'écriture, ton sarcasme, mais ce n'est pas toi. Tu ne connais même pas cette demoiselle. Tu ne l'as jamais croisé. « Finalement, tu es pire que lui.. » Tu relèves vivement la tête vers ton amour.

« — Lance. Continue-t-il, une expression de dégout et de colère sur son visage.
— Tu la crois ? Demandes-tu, de la crainte dans la voix, peur de sa réponse. Et elle vient rapidement.
— Oui. Sec, franc, sans détour ; comme lui.
— Putain, j'la connais même pas ! Pestes-tu. »

Son regard surpris et appréhensif se pose sur ta personne. Tu regrettes d'avoir hausser le ton sur lui. Tu ne comprends pas son choix. Pourquoi il ne te croit pas ? Ton organe vital semble se désagréger, lentement, sous son silence ; qu'il rompt. « Encore un mensonge, Mars. Tu les accumules. Je te pensais différent, mais je me suis trompé. [...] Nous deux.. c'est terminé. » Sans se retourner, il quitte votre endroit.

Et tu ne te doutes pas, un seul instant, que cette situation, ces messages, ont été créés de toute pièce, par ton meilleur ami, Lance.

Déchiré. Lacéré. À vif. Tu sembles ailleurs. Tu es une tout autre personne, depuis la rupture. Tu ne sais pas si tu apprécies ce changement. Tu marches vers l'entrée de l'établissement scolaire, lorsqu'une voix t'interpelle vivement. « Kane ! Toilette, maintenant ! » Tu sais ce que ça signifie. Tu presses le pas, jusqu'au lieu annoncé. La porte s'ouvre brusquement à ton passage, et ton sombre regard se pose sur deux jeunes hommes ; Lance et Scott.

« — Qu'est ce que tu fous, Lance ? Rétorques-tu, calmement, ayant l'habitude de ce genre de situation avec ton meilleur ami.
— Mars.. Murmure Scott, désespéré d'être coincé dans ce lieu abandonné, avec la personne qu'il déteste le plus.  
— Kane. Enfin t'es là pour voir ça. Son ton est méchamment enjoué. Trop, à ton goût.
— Laisse-le tranquille, Lance. Le tien, semble au contraire, trop calme, à son goût.  
— Mais ce fils de ch- Aboie-t-il, avant que tu ne l'interromps, d'un ton glacial.
— Dégage. Je ne me répéterais pas. »

Ton aura est chaotique. Destructrice. Depuis un certain temps, Lance évite de te chercher, et déserte la scène. La dernière fois, tu lui as cassé deux côtes, mais surtout son ego. Même Scott ne semble pas te reconnaître. Il n'ose pas bouger, suivant tes mouvements de ses iris, d'un bleu envoûtant. Cet océan, dans lequel tu aimais tant t'y plonger, te manque cruellement. Et pourtant, tu vas le pulvériser.
Il semble légèrement troublé par ta présence ; comme autrefois. « .. Merci Mars.. tu-. » Il ne peut achever sa phrase, surpris que ta dextre se glisse, dans un geste délicat, sur sa joue. Ton pouce effleure ses pulpeuses, sous ce regard tumultueux ; que tu dévores une dernière fois. « Ne me remercie pas. Je t'ai envoyé un petit cadeau d'adieu. » Son téléphone émet le son d'une notification, alors que tu ranges le tien dans la poche arrière de ton jean. Tu t'apprêtes à sortir de cet endroit, attendant quelques instants, le temps que Scott lance le fameux présent. Des bruits obscènes et des gémissements résonnent dans la pièce. Une vidéo prise à l'affût du nouveau petit ami de Scott, se joue sur l'écran de celui-ci. Et le nom de Kane se répète, dans des plaintes de plaisir, par la voix du fameux copain.

Le reste de ton cœur se déchire, à l'entente de ses pleurs. La gentillesse. La douceur. La bienveillance. À quoi servent-elles ? Si c'est pour se faire baiser à la fin. L'amour n'est pas fait pour toi. Plus jamais. Tu es seul. Peut-être pas. Il te reste Lance et son fameux : « C'est toi et moi, contre le reste du monde. » Et tu t'y accroches, sans même savoir la vérité.

FRIDAY
(( Vingt-cinq ans )) TW : LANGAGE GROSSIER. MANIPULATION. ·· Sa voix t'insupporte. Encore plus à présent. « Tu te fous moi !? Tu m'as dit que tu m'aimais ! Et tu veux rompre !? » Tu restes impassible. Et ça l'agace encore plus. Elle voudrait que tu réagisses, que tu lui montres de la considération. Mais tu n'en as rien à faire. Elle semble si naïve à tes yeux. Elle est simplement un énième pari — que tu as encore réussi. « Grâce à toi, j'ai gagné 100 dollars. Je te remercie. J'espère que ça te servira de leçon. Si tu te demandes laquelle ? N'ouvre pas tes cuisses à un simple “je t'aime”. » Tes mots sont durs, sans filtre. Mais ça t'indiffère. Ton faciès se tourne par la force de la gifle donnée, avant que la demoiselle t'arrose de sa boisson sucrée. Elle disparaît du lieu, les larmes aux yeux. Ton meilleur ami prend place, tandis que tu essuies ton tee-shirt noir, sous les regards désapprobateurs des clients.

« — Tu me dois 150 dollars. Assures-tu, avant de boire une gorgée de ton café glacé.
— Hé, c'était 100. S'insurge-t-il, un sourire amusé en coin.
— Supplément gifle et boisson. 150, Lance. Dis-moi, pourquoi elles frappent toujours la droite. La gauche commence à être jalouse .. Bougonnes-tu, en massant ta joue.
— Fais-toi une gauchère. Rétorque-t-il, sérieusement.
— Flora était gauchère. Ma joue gauche s'en souvient encore. Réponds-tu, d'un calme spontané.
— T'es vraiment un enculé. Ricane-t-il, véritablement amusé par la douleur que tu peux infliger aux autres.
— Lequel de nous deux l'est vraiment ? Questionnes-tu, consciencieusement.
— Toi. Maintenant barre-toi avant que Soa n'arrive. Te menace-t-il, en regardant par-dessus ton épaule. »

Un sourire en coin comme réponse, tu coinces une cigarette entre tes pulpeuses, avant d'attraper ta veste en cuir et ton casque, pour ainsi quitter la banquette. Tu remarques bien le changement d'humeur de ton meilleur ami. Cette demoiselle doit vraiment être précieuse — tu en es jaloux. Qu'il ait trouvé le bonheur ? Ou qu'il soit occupé par quelqu'un d'autre que toi ? Tu ne sais pas vraiment. Tu as fait une croix sur l'amour, depuis bien longtemps. « Hé Kane ! » Tu lui fais face, intrigué, retirant ton bâton de nicotine de tes lèvres. « C'est toi et moi, contre le reste du monde, ok ? » Son timbre est rassurant, confiant ; comme s'il avait deviné ton questionnement, ta peine, ta crainte. Tu secoues la tête, levant les yeux au ciel, avant de te retourner, pour lui dissimuler ton sourire sincère. Sourire qui disparaît tout de suite, lorsque tu bouscules cette jeune femme. « Excusez-moi, un crétin m'a interpellé. Je ne regardais pas devant moi. » Ta voix semble sincère, légèrement suave ; et tes iris noisette s'ancrent dans les siens. Magnifique. Mais, sans qu'elle ne puisse dire un mot, le bras de ton meilleur ami se glisse sur les épaules de la demoiselle — dans une étreinte possessive. La fameuse petite amie, Soa.

« — J'comprends mieux pourquoi tu ne voulais pas me la présenter. Assures-tu, en observant un peu plus la brune.
— Dégage, connard ! T'es attendu par une gauchère. »

Il te donne une tape sur l'épaule, comme avertissement. Un petit rire t'échappe, tandis que tu lèves tes mains prises par tes affaires, comme pour insinuer, “promis, je ne fais que regarder”. Avant que tu ne déguerpisses, tu adresses un clin d'œil à la demoiselle, amusé de voir ton meilleur ami aussi jaloux.

SATURDAY
(( vingt-cinq ans )) TW : LANGAGE GROSSIER. SCENE EXPLICITE. DROGUE. AGRESSION. SANG. ·· Ton téléphone sonne. Encore. Tu grognes. Pas de plaisir, alors que des ongles manucurés s'enfoncent dans ton dos. Tu te doutes de la personne. Ton écran affiche ‘‘Lance’’. Il est plus de deux heures du matin. Personne d'autre que lui ne t'appelle à cette heure-ci. Ta main se plaque sur les lèvres entrouvertes de ton coup d'un soir — pour la faire taire. Et tu réponds, sous l'expression offusquée de la jeune femme, alors que tes hanches continuent leur rythme effréné. « ...... M-mars... J'ai besoin de.. t-toi. » Son timbre terrifié t'arrête net dans tes mouvements. La demoiselle grogne de frustration, alors ta dextre empoigne sa gorge. Ton regard noir, posé sur son faciès, traduit un ‘‘ Ta gueule ’’. Tu ressens un mauvais pressentiment. Lance ne t'appelle jamais par ton prénom. Sauf quand il est bourré. Et à cet instant, il est tout, sauf déchiré. « T'es où ? » Adresse donnée, tu l'informes de ton arrivée, dans les prochaines minutes. Sans plus attendre, tu laisses ton occupation luxurieuse en plan, qui t'insulte sous ton attitude irrespectueuse.
Seul, le moteur de ta ZX10R, résonne dans la ruelle sombre — lieu du rendez-vous. Et tu freines brusquement, lorsque ton meilleur ami sort de la pénombre, son tee-shirt blanc immaculé d'un rouge carmin, le regard vide. Tu descends prestement de ta monture, pour inspecter ton acolyte. Aucune blessure. Ce n'est pas son sang. Alors qui ? Et derrière lui, tes prunelles sombres sont retenues par un corps inanimé, la lame encore dans son abdomen. Un juron t'échappe, reculant instinctivement d'un pas.

« — Il m'a attaqué, je me suis défendu ! Sauve-le, putain, Mars ! Rage-t-il, terrifié, à l'idée d'avoir ôté la vie d'une personne.
— Putain, t'as cru que j'étais médecin !? Pestes-tu contre ton ami. »

Il maugrée des choses incompréhensibles, s'arrachant les cheveux. Alors que toi, tu essaies de ne pas céder à la panique. Tu fermes quelques secondes les paupières, pour reprendre contenance. Puis tu sors ton téléphone, prêt à appeler les urgences. Seulement Lance t'en empêche. Tu le regardes, stupéfait.

« — Qu'est-ce que tu fous, bordel !? ·· Craches-tu, sidéré par sa réaction.
— T'appelles les flics !? Tu veux m'envoyer en taule ?! Putain, ce fils de chien a menacé Soa si je ne lui donnais pas une autre dose ! Si tu les appelles, j'te fais tomber avec moi, Kane ! ·· Te menace-t-il, enragé par cette situation.
— Lance. Calme-toi. Je n'appelle pas les flics, mais les urgences. ·· dis-tu, dans un calme olympien avant de poursuivre. ·· Dégage d'ici. Laisse-moi m'en occuper. »

Tu es loin d'être serein, mais tu restes déconcerté par ton propre flegme. Ton meilleur ami s'enfuit de la scène de crime, pendant que tu vérifies la respiration de la victime. Un poids s'enlève de tes épaules, et tu appelles immédiatement les urgences.


Allongé sur une banquette froide, tu regardes le plafond de ta cellule de détention provisoire, fredonnant ‘‘I want it that way’’ des Backstreet Boys ; jusqu'à ce que des pas s'arrêtent devant la porte. « Vous pouvez sortir. La victime a assuré que vous n'étiez pas son agresseur. » Tu te retiens d'être sarcastique ; parce que tu as assuré que ce n'était pas toi. Mais encore une fois, personne ne t'a cru. Tu as passé trois jours, en cellule, avant d'être innocenté. Tu as refusé l'appel, ainsi que l'aide d'un avocat. Parce que tu sais que tu demeures innocent.
Tes affaires récupérées, tu sors du commissariat, et tu tombes sur cet enfoiré. « J'suis venu te chercher ! [...] Tu m'ignores !? [...] Kane ! [...] Putain ! Mars ! Souviens-toi ! C'est toi et moi, contre le reste du monde ! » Cette phrase. Tu ne sais pas si tu l'abhorres ou si tu l'affectionnes. Mais, Lance, reste la seule personne sûre, pour toi.   

SUNDAY
(( dangerous game )) ·· Du plus loin que tu te souviennes, il a toujours été là. Dans ton champ de vision. Dans tes pensées. Dans tes mimiques. À tes côtés. Lance. Cet être énigmatique, attrayant, effrayant. Cette personne qui t'a donné cette part d'attention, d'amour. Inconditionnel. « C'est toi et moi contre le reste du monde, Kane. Ne l'oublie pas. Jamais. » Cette maudite phrase, elle te manque atrocement. Porté disparu. Tu ne sais pas où il se trouve. Tous les jours, tu tambourines à sa porte. Tu as laissé plus de cinquante messages vocaux et une centaine de messages texte. Pire qu'une ex en rage. Lance n'a jamais fait ça. Au bout d'une semaine, tu t'es rendu au commissariat, même si ton occupation professionnelle est de créer de la dope. Ce jour-là, tu n'as pas été serein.
 
La soirée vient de commencer, et tes iris noisette dévorent ouvertement la demoiselle sur scène. Geste explicite, mouvement fluide, tu aimerais bien être cette barre, à laquelle, elle s'accroche. Et tu sers un spritz cassis à une cliente. Ton collègue s'approche de toi. « Pas très discret. » Tes intentions sont claires. Tu convoites Soa. Tu la veux. Tu la désires. Et personne d'autre ne l'aura. « Pourquoi l'être, lorsqu'on désire quelque chose ? » Mais pas dans ce sens-là. Gamin, tu souhaites simplement la détruire, la voir agoniser. Lentement. Te venger, pour la disparition de ton meilleur ami. Parce que tu es persuadé que la jolie brune est dans le coup. La vérité, tu l'obtiendras. Par la force des choses. Même s'il faut que tu pulvérises une autre personne.

EVERY DAYS
Enfant curieux, tu as intégré plusieurs clubs, passant de l'éreintant karaté à l'énergique taekwondo, du hockey sur glace au football américain. Activité toujours éphémère. Ton énergie inépuisable fut contrôlée dans l'art de la boxe. Sport que tu pratiques depuis plus de quinze années. ·· La vitesse. Un problème pour toi. Ta ZX10R est ta meilleure alliée, surtout la nuit. ·· Ancien adepte des cancerettes ; depuis peu. Trois jours. Phrase que tu grognes souvent : « faut qu'j'arrête cette merde, p'tain. » ; avant que tes lèvres déjà occupées d'une cigarette, inspire un nuage toxique, pour étouffer ton manque. ·· Ta sœur jumelle — amour fou, amour vache ; un pari perdu, et tu te devais d'être son domestique. Petite vengeance personnelle. Lors d'une fête mondaine, tu as fait livrer un cadeau, sous anonymat. Une jolie boîte d'un très grand bijoutier, avec ce message : ton admirateur secret. À l'ouverture de celle-ci, un sex-toy s'est révélé, sous les yeux de maman horrifiée. Cadeau du cœur. ·· Seul, ta voix se fait enchanteresse, sans même que tu ne t'en rendes compte, tu te mets à chanter, fredonner de doux airs. Une habitude bien gardée, hors d'atteinte pour autrui. ·· Épiderme encré — ton bras droit entier est recouvert. Ton bouton de chair gauche est sublimé par un piercing.