highway tune ; omar

cinq-cents quatre heures.
le gamin a calculé depuis la dernière fois qu'ils ont fait une balade en moto à deux, afin de pouvoir maintenir la blague et de le lui rappeler lorsqu'ils s'arrêteront. taquinerie habituelle avec son ami, Omar, à faire semblant de se plaindre. et ce, depuis qu'ils se sont rencontrés sur ces même engins. lorsque tout nouveau, Rowan ne savait pas réellement comment faire sa place au sein d'un groupe de motard qu'il avait rencontré ; ces derniers l'avaient adopté, mais eux, ils ne l'attendaient pas réellement lorsqu'ils partaient en route. le seul, l'unique, son homard grillé aux herbes qu'il adore tant, l'avait attendu et roulait à la même vitesse malgré la grande différence en cylindrées. à jamais reconnaissant, d'avoir été patient avec ses erreurs de débutant et depuis… là, sont-ils amis. l'air frappe, ils sont sur une autoroute en direction de leur destination, en dehors de Seattle ; ils dansent entre les voitures, à faire un peu les idiots. et c'est assez ironique, lui, qui fait pourtant la leçon sur le code de la route. sur le fait qu'il faut suivre la limitation de vitesse - il est au dessus, se retrouve dans une adrénaline importante, ces dix kilomètres heure qui font toute la différences. il valse avec son ami, avec cette précision et cette prudence pour ne pas terminer à la case hôpital ou cercueil.

cette balade rapproche les âmes.
et ils tournent finalement à cette station d'essence, s'arrêtent pour mettre le plein. couper le contact et éteindre le kill switch. il descend finalement de sa moto et s'empresse de rejoindre Omar, à marcher comme un pingouin sur une banquise, alors qu'il est toujours sur la sienne. et là, il vient taper l'arrière de son casque. agite la tête de droite à gauche, comme s'il était pas content de ses bêtises. comme s'il n'avait pas suivi. comme s'il ne l'avait pas cherché. « C'est pas bien m'sieur ! », qu'il dit en mettant ses mains sur ses hanches. « Vous étiez au dessus de la limitation ! » et le voilà qu'il tape du pied au sol, à froncer les sourcils même si ça ne se voit pas avec sa visière. c'est un homme contradictoire, ce Rowan. à faire ce qu'il prévient autrui de ne pas faire, à proclamer la sécurité routière. il connait les risques, témoin de plusieurs accidents depuis qu'il a rejoint le monde des deux roues. il se sent bénit de ne pas avoir été une victime et même s'il peut être idiot à quelques instants - comme aujourd'hui - il ne veut que le bien et que tous ceux qui le croisent rentrent en sécurité et sans aucunes égratignures. Omar y compris. parce qu'il sait qu'une petite balade innocente peut tourner en fatalité. alors tout ce qu'il peut faire est de quémander à son entourage d'être prudent.
  

Loin des circuits sur lesquels tu as l’habitude de te rendre pour participer à des courses de voitures sous les yeux de milliers de spectateurs, tu appréciais pourtant le fait d’avoir le droit à l’anonymat lorsque tu es en présence des personnes avec qui tu peux te balader en motos. Et c’est notamment pour cela que tu apprécies tout particulièrement être en présence de Rowan, sachant que tu peux être toi-même et profiter de sa présence et de l’amitié qui te permet de ne pas avoir à jouer un rôle qui n’est pas le tien. Ton véhicule à deux roues se balade tranquillement entre les autres véhicules, restant toujours non loin de celui de ton ami puisque tu ne veux pas rester trop loin de lui afin de veiller à ce qu’il ne lui arrive rien. Si tu es habitué aux dangers de la route et que tu ne les craint plus par rapport à ta propre vie, cela ne t’empêche pas d’être constamment inquiet pour ceux et celles qui font partie de ta vie et qui prennent la route régulièrement. Et t’es presque heureux de faire une pause obligatoire à la station essence, t’arrêtant non loin du plus jeune avant de hausser un sourcil quand tu le vois s’approcher de toi, t’attendant déjà au pire venant de sa part. Et cela se confirme lorsque tu sens le léger choc faisant suite au coup qu’il porte sur ton casque, venant d’ailleurs retirer ce dernier alors que tu hausses un peu plus ton sourcil. “Dis celui que je n’arrivais même pas à rattraper en étant au-dessus de la limite de vitesse ? T’es vachement culotté, petit.” Tu le taquines ouvertement alors que tu viens mettre la béquille pour stabiliser ta moto avant d’en descendre, t’étirant un peu après avoir retiré ta veste en cuir. “Je pense que je vais m’en fumer une avant qu’on reparte, ça te dérange pas ? Je n'ai pas fumé depuis que je me suis levé, ça commence un peu à me tendre.” Véritable addiction dont tu tentes pourtant de te défaire depuis des mois, sachant cependant que cela ne sera pas si simple que cela de dire adieu à des habitudes vieilles de plusieurs années. “On ne devrait pas tarder à arriver, j’imagine ? Ça roule bien en plus donc on a toutes nos chances pour arriver plus tôt que prévu.” Du moins c’est ce que tu espères alors que tu sors ton paquet de cigarettes pour en sortir une et l’allumer d’un coup habile avec ton briquet fétiche et habituel, t’éloignant le plus possible des pompes à essence, ne voulant pas non plus te faire engueuler ou provoquer des soucis à ceux et celles qui sont en train de se servir en essence.
  

la vitesse ne l’a jamais effrayé.
même s’il a toujours prôné la sécurité routière, il ne tient jamais ses propres paroles. tenter le diable, jouer avec sa propre vie sur son deux roues. et il aura beau dire qu’il ne fait pas cela tous les jours, il suffirait d’un seul moment d’inattention pour que ce soit fatal. Rowan le sait, pourtant. il a été témoin de plusieurs accidents, en a vu des histoires de motards qui sont malheureusement décédés sur ces machines. ça ne l’aura pas empêché de faire la même erreur, même s’il n’y a pas de fatals résultats. ça ralentit et s’arrête à une station d’essence, descend de la kawasaki après l’avoir posée sur sa béquille pour venir taper gentiment l’arrière du casque à son ami. Omar, avec celui qu’il a pour habitude de faire ces petites balades toutes les deux semaines… est-ce si ironique, ce dernier lui demande toujours de faire attention sur la route, que ce soit lors de son boulot et hors. et là, il vient le taquiner sur l’excès de vitesse, alors que le plus jeune menait la danse, à valser entre les quelques voitures. jeune et idiot, le slogan parfait du petit Rowan. son rire se fait entendre lorsque son ami rétorque, vient taper ses mains entre elles, parce que c’est rigolo. il vient pourtant rouler des yeux de façon exagérée, reculant pour lui laisser la place de s’étirer. lui, il secoue ses jambes, au besoin de les dégourdir après une longue balade à moto. « Arrête de faire comme si tu ne pouvais pas me rattraper ! », répond-il en continuant de rigoler. amoureux de la vitesse, il suffirait pourtant d’avoir une sérieuse discussion avec lui afin de le faire arrêter. peut-être que c’était une erreur de lui confier une telle moto, mais l’enfant n’a jamais douté de ses capacités en tant que motard, même s’il faudrait parfois douter des capacités de conduire des autres chauffeurs sur la route.

il soupire un coup.
après avoir retiré ses gants, l’enfant checke son compte bancaire puisqu’il y a une petite supérette ouverte à la station d’essence, puis il relève son regard pour écouter son homard chéri. « Bien sûr que tu peux. », à lui accorder le plaisir de satisfaire son addiction au tabac. il n’en est pas le plus fan, des clopes, s’éloigne le plus possible afin de ne pas être envahi par la fumée de ces dernières. mais, il n’en dit rien, c’est le choix d’autrui. « Ouais, je pense qu’on devrait arriver dans une vingtaine de minutes ? Je peux me tromper, mais, c’est ce que mon GPS dit. », affirme-t-il en lui montrant son téléphone. et l’enfant le laisse aller fumer sa clope, se dirigeant jusqu’à la supérette et entre. il s’aventure dans les rayons et s’arrête devant un réfrigérateur rempli de boissons, ça hésite pendant quelques instants, puis se contente de prendre une boisson aux fruits. boisson fraîche, délicieuse qui pourra satisfaire ses papilles, il prend également le soda préféré de son ami avant d’aller payer. il sort, la brise fraîche s’infiltre dans le casque qu’il n’a pas retiré et s’avance pour le rejoindre. la main se tend pour lui offrir la boisson. « Tiens, prends ça. », qu’il dit avant de retirer son casque afin qu’il puisse boire. la fraîcheur traverse son corps, ça fait du bien. « Je vais aller remettre de l'essence et on peut reprendre la route après. », il informe. au besoin d’hydrater son bolide. il dépose son sac à dos sur la selle, en sort son portefeuille pour venir payer l’essence à la borne et le voilà, qui remplit le réservoir dans l’espoir que ça lui dure jusqu’au retour.

  

Parmi toutes les sensations qui peuvent permettre aux humains de frôler le septième ciel et les étoiles, celle de jouer avec le feu et la mort en roulant beaucoup trop vite avait toujours été l’une des meilleures sensations du monde à tes yeux. Notamment parce que tu avais l’impression d’avoir le contrôle tout en sachant que tu pourrais perdre la vie du jour au lendemain si tu te perdais un peu trop dans cette confiance immense que tu as en toi, oubliant parfois un peu trop le fait qu’il ne suffit que d’un faux geste pour pouvoir rencontrer les cieux en ligne directe. Pourtant cela ne te permet pas pour autant de te remettre en question une seule seconde, voulant vivre quitte à y perdre la vie. Cependant, tu prends quand même le temps de t’inquiéter pour cet ami qui t’accompagne dans la balade du jour, te laissant charrier alors que vos vitesses étaient presque proportionnelles. Il faut dire que tu n’es pas le seul à être passionné par les sensations divines que les balades en moto vous produisent. Te trouvant maintenant à l’arrêt tout près des pompes d’une station essence, tu observes ce qu’il se passe autour de vous alors que tu prêtes attention aux paroles que Rowan prononce. “Oh mais, je ne dis pas le contraire. Je pourrais te rattraper dès que l’envie se fait ressentir mais je préfère te laisser profiter de ton petit moment de gloire.” Surtout que, pour une fois, ce n’est pas une situation où tu dois absolument décrocher la première place et que c’est justement ce qui te permet de profiter un peu plus du moment. Prenant le temps de lui demander si cela le dérange qu’il fume ou non, tu attends son autorisation avant de placer le tube de nicotine entre tes lèvres pendant que Rowan s’éloigne déjà, sous ton regard. Et tu lui demandes le temps restant selon son gps, prenant presque cela pour un temps à battre comme à chaque fois que tu roules en suivant les indications de cette application. “On y sera bien avant, alors.” Tu le dis sous un ton léger mais tu comptes vraiment y arriver bien avant, voulant battre tes propres records. Tirant sur ta cigarette, tu te contentes de suivre les pas de ton cadet avant de venir réceptionner la boisson fruitée offerte par ton ami. “Mais c’est que t’es un amour, j’savais pas.” Tu le taquine alors que tu ouvres déjà la canette, buvant quelques gorgées avant de hocher la tête à ses propos. Tu devrais sûrement faire de même mais si tu en juges ta jauge d’essence, t’as encore assez d’essence pour pouvoir vous rendre à votre destination avant de devoir revenir ici pour remplir le réservoir. Alors tu attends juste que le plus jeune finisse avant de venir le rejoindre en poussant ton bolide, jetant ta canette terminée dans la poubelle à ses côtés. “Tu es prêt à y aller ?” Tu l’interroge alors que tu reprends déjà place sur ta moto, enfilant de nouveau ton casque avant de démarrer, reprenant la route dès que tu en obtiens l’autorisation. Prêt à défier les règles humaines pour pouvoir arriver bien plus vite que ce que vous indique l’appareil électronique.