rhys - you can't catch me now

tw : violences domestiques, maltraitance, tentative de suicide, divorce, consommation de drogues.

“Dîtes moi, Rhys, quel est votre plus ancien souvenir ?” La question que la thérapeute que tu vois depuis quelques mois tombe d’un seul coup, comme un cheveu sur la soupe, alors que tu t’enfonces un peu plus dans le pouf qu’elle a acheté il y a quelques semaines après que tu aies fait une remarque sur le fait que tu n’aimais pas particulièrement le fait de devoir rester assis ou allongé pendant des heures sur un canapé que tu ne trouvais pas agréable. Jouant machinalement avec les bagues que tu as sur tes mains, tu finis par hausser les épaules avant de prendre la parole. “Je sais pas trop ? J’dirais que c’est sûrement… la fois où mon père m’a appris à nager ?” D’aussi loin que tu te souviennes, tu crois même que c’est la dernière fois que tu as vu ton père, père que tu n’as plus revu depuis. Parce qu’il y a eu la séparation puis le divorce et que ton père a préféré ta sœur. Cette fille parfaite, qui correspondait à toutes ses attentes, tandis que toi tu es resté avec ta mère. Machinalement, tu viens attraper une petite balle anti-stress qu’elle met à portée de main pour chacun de ses patients, jouant avec en espérant qu’elle ne cherche pas à en savoir plus. Mais tu vois bien à son regard qu’elle n’en a pas fini.

“Vous vous entendez comment avec votre père ?” Tu te retiens de soupirer alors que tu détournes le regard, ne sachant pas vraiment si tu as envie de répondre à cette question. Parce que tu as fait en sorte de ne plus penser à ton père depuis des années, toi qui lui en veut tellement de ne pas t’avoir choisi, de ne pas t’avoir choisi. Alors tu ne réponds pas de suite, essayant de ne pas te laisser emporter par cette rage que tu ressens envers celui qui aurait pu te sauver. “Je sais pas, j’parle pas aux personnes qui m’abandonnent, j’vous avoue.” Parce que tu ne le considères même plus comme un membre de ta famille, à vrai dire, puisque ta seule famille c’est celle que tu as trouvé auprès d’Alisha et de ton groupe. Te redressant un peu, tu poses ton regard sur la thérapeute, désireux de savoir quelle sera sa prochaine question. “Pourquoi vous posez pas la question qui vous intéresse le plus ?” Tu veux en finir le plus vite possible, même si l’horloge indique qu’il vous reste encore une vingtaine de minutes avant que tu ne puisses t’en aller.

“Rhys..” Tu l’entends soupirer mais tu ne dis rien, préférant retirer tes doigts une par une alors que tu joues avec l’un de tes colliers, puis l’un de tes bracelets, gardant le silence pendant plusieurs minutes, posant ton regard sur l’horloge.. Et tu finis par reprendre la parole, enfin, pour répondre à la question qu’elle n’a pas posée. “Je lui en veux, si c’est ça la question qui vous intéresse le plus. Je lui en veux d’être parti, je lui en veux de m’avoir abandonné, de ne pas m’avoir choisi. Je lui en veux de m’avoir fait naître, aussi.” Parce que tu aurais aimé ne pas venir au monde, vu tout ce que tu as vécu. Et c’est la première fois que tu l’admets clairement, même si tu as déjà tenté de t’ôter la vie à deux reprises par le passé. Mais ça, la thérapeute le sait déjà et tu n’as pas besoin de le préciser. Venant attraper une couverture, tu t’en couvres comme pour te cacher alors que tu remues des doigts, que tu commences à ne plus pouvoir rester très longtemps assis.

“Est-ce que vous parlez encore à votre mère, Rhys ?” À cette question, tu redresses le visage et le regard vers la femme qui te fait face, les sourcils froncés. Pourquoi est-ce que tu ne parlerais plus à ta mère ? Elle ne t’as jamais rien fait, si ce n’est le fait qu’elle n’a jamais remarqué que tu mentais, que tu souffrais. Alors tu hoches simplement la tête sans vraiment répondre, parce que tu n’as pas non plus envie de rentrer dans les détails quant à cette famille qui n’est plus la tienne. “Vous devriez lui dire, vous savez ? Il faut qu’elle sache qui est l’homme qu’elle a épousé. Et qu’elle sache ce qu’il vous a fait vivre.” Ton regard se fait bien plus dur lorsque tu le reposes sur elle, cette fois-ci. Tu refuses de dire à ta mère que ton beau-père passait toutes ses colères sur toi, que ton corps était un arc-en-ciel de couleurs parce qu’il se débarrassait de sa rage tous les jours en profitant du fait qu’elle était au boulot. “Rhys, voyons…” Tu soupires alors que tu bascules ta tête en arrière, le regard posé sur le plafond. “Qu’est-ce que vous voulez que je lui dise ? Que l’homme qu’elle aime, ce mari parfait à ses yeux, est en fait un homme violent qui ressentait du plaisir en frappant son enfant ? Ou en se comportant comme un con avec sa propre fille ?” Tu soupires une autre fois avant de poser le regard sur l’horloge, remarquant qu'il reste encore un peu de temps.

Et ça t'agace de voir que tu dois encore passer quelques minutes ici. Heureusement pour toi, la thérapeute désire de changer de sujet, de finir sur un sujet plus positif. "Et si vous me parliez de votre groupe ? Vous avez souvent mentionné le fait que c'était eux, votre véritable famille." Tu te redresses alors complètement, le visage plus détendu et le regard plus doux, tes pensées s'en allant vers ces personnes que tu aimes tant. "J'ai eu énormément de chance de les rencontrer, j'l'avoue... c'est grâce à eux que je suis encore en vie, vous savez ? J'ai rejoins le groupe alors que j'avais dix-sept ans, et je suis devenu guitariste. Mais c'est pas vraiment ça l'plus important, en vrai." Parce que tu aurais accepté n'importe quelle place dans le groupe du moment que c'était à leurs côtés. Un léger sourire apparaît même sur tes lèvres alors que tu reprends la parole. "Dans le groupe, on est cinq, mais je crois que j'vous l'aies déjà dit, non ?  Y'a les jumeaux, d'abord, c'est eux qui ont fondés le groupe avant même d'venir vivre ici. Je les aimes beaucoup, ils sont mes piliers, et c'est grâce à eux que j'peux vivre de ma passion pour la musique. Ce qui est plutôt cool, pas vrai ? Je considère Klaus comme un frère, aussi, le grand-frère que j'ai jamais eu mais qui est tout le temps présent. Il accepte le fait que j'veuille pas parler de mon passé, il m'force pas à parler même. Et c'est rassurant d'voir qu'il m'accepte comme je suis." Tu prends le temps de rassembler tes pensées alors que ces dernières s'évadent vers Wolf, celui qui gère le groupe mais qui attire un peu trop souvent tes regard aussi. "Après Klaus, y'a Wolf. J'l'aime beaucoup, Wolf, vous savez ? Mais je suis plus proche de Klaus que de lui, même si ça veut pas dire que j'veux pas être proche de lui, hein ! Il tient énormément à nous et fait toujours en sorte qu'on manque de rien et qu'on soit tous d'accord sur ce qu'on veut. Puis... si j'avais été quelqu'un d'autre, j'aurai adoré être plus proche de lui." Oh, t'es pas amoureux, Rhys, mais tu es attiré par lui sans vraiment l'assumer ni en parler. "Puis y'a les filles ! Indy et Keziah, elles sont giga cool elles et, surtout, Keziah est proche de mon âge ! Je les admires beaucoup, elles sont giga douées. Je jalouse même un peu Keziah, elle est tellement douée au violon... j'aurai préféré apprendre le violon plutôt que le piano, en vrai. C'est pas ouf le piano, surtout pour notre groupe, mais j'suis persuadé qu'on peut trouver une façon de l'utiliser dans un son, un jour ou l'autre. Indy elle a des vibes giga plaisantes de son côté mais je suis pas très proche d'elle, fin pas autant que des autres et surtout pas autant que Klaus, voyez ? Mais je les aimes beaucoup. Tu parles tellement quand tu ne prêtes même pas attention à l'horloge et tu t'en retrouves satisfait lorsqu’elle indique enfin que c’est l’heure d’être libéré. “Bon, on se voit le mois prochain. À plus !” Et tu fuis le bureau, libérant enfin les larmes que tu retenais depuis un bon moment.


1m82 - cheveux bicolores - une vingtaine de tatouages sur le corps - passionné.e par la musique - passionné.e par la lecture - déteste le café - préfère le thé - fume beaucoup trop, aussi bien du tabac que de l'herbe - passionné.e par la mode - grignote tout le temps, partout - a tout le temps des bonbons et des sucettes dans ses poches - n'aime pas les gouts trop épicés - ne sait pas tenir en place - a besoin d'avoir toujours quelque chose entre les doigts, dans les mains, surtout lors des discussions - adore les films marvel - est fan de harley quinn - essaie d'aller assister autant que possible aux concerts d'artistes qui débutent - possède plusieurs comptes sur des sites qui permettent d'entretenir des relations épistolaires anonymement.