Barthou ~ A thousand times I've tempted fate

Les spots semblent être comme des soleils suspendus à un plafond. Trop de lumière, je préférais quand c’était un peu plus tamisé. Surement parce que trop de luminosité c’était agressif pour les yeux après avoir fait une sieste. Une longue sieste d’ailleurs qui avait failli me mettre en retard pour l’émission. J’allai passer à la télévision comme une célébrité même si l’audience devait certainement concernée des médecins. Ça ne me dérangeait pas du tout, partager des idées avec des confrères c’était toujours un pas vers le progrès.

- Et tout de suite nous accueillons le docteur Caldwell

C’était le moment de faire mon entrée. Sourire un peu nerveux sur les lèvres, je saluais d’un geste de la main le public qui applaudissait grâce au chauffeur de salle et serrait la main du présentateur avant de prendre place sur un fauteuil.

- Je vous en prie présentez-vous
- Mon nom est Bartholomew Caldwell, je suis psychologue à Seattle depuis quelques années maintenant. Je vais avoir 43 ans à la fin de l’année et rien que de le dire à voix haute je sens des rides supplémentaires… !

Déclarais-je en posant mes mains sur mes joues. J’avais un peu improvisé par rapport au prompteur mais cette émission devait tout de même être un peu drôle.


- Vous êtes plutôt bien conservé pour votre âge docteur Caldwell
- Roh appelez moi Bart s’il vous plaît

Rétorquais-je en balayant la politesse d’un geste de la main. On allait discuter pendant une heure environ alors autant se mettre à l’aise non ? Vu sa tête il ne s’attendait pas à cela et hocha ensuite la tête.

- Très bien Bart…J’ai entendu dire que vous ne venez pas des Etats-Unis ?
- Non effectivement, je suis né à Vancouver et j’ai grandi là-bas. Mais bon, entre Seattle et Vancouver, la frontière n’est pas loin !
- Cela fait longtemps que vous avez quitté le Canada ?
- Hum…Cela fait 14 ans je crois…
-14 ans que vous avez votre propre cabinet j’imagine ?
- J’étais embauché dans un hôpital avant mais notre façon de faire n’était plus vraiment compatible alors j’ai démissionné

Plutôt que de me faire virer, autant partir dignement. De toute façon ce directeur était une vraie plaie avec tous le monde. Il avait aucune organisation et c’était le bordel dans les services. J'étais aussi partie à cause de mon divorce et pour signifier un nouveau départ. Ma vie avait aussi changé, quelque part. J'étais plus distrait et oubliait souvent des choses comme mes clés ou bien que j'avais mis à cuire quelque chose. Mon ex-femme avait perdue sa patience et elle était partie, me laissant seul avec mes problèmes. Heureusement, il existe pleins d'applications aujourd'hui pour commander à manger.

- Être psychologue cela doit être difficile non ? Devoir supporter le malheur de vos patients ?
- Ce n’est pas vraiment difficile, disons qu’il faut assurément avoir un bon mental mais en même temps ensuite on a la satisfaction de savoir que nos patients vont mieux ou en tout cas semble l’être. Je prends mon travail très aux sérieux peu importe ce qui se dit ailleurs sur moi.
- Puisque vous en parlez, il y a des commentaires négatifs sur le net sur vous
- On ne peut pas plaire à tout le monde ! Et d’ailleurs, je ne force pas les gens à venir me voir s’ils n’en ont pas envie
- Est-ce qu’il y a quelqu’un dans votre vie pour vous soutenir un peu ?
- Non je vis seul. Ma femme et moi nous avons divorcé. Mais j’ai une superbe famille qui fait très bien l’affaire ! Entre mes parents et mes deux frères et sœurs, je suis bien entouré
- Ça fait une grande famille
- Il en manquait tout de même un pour faire une petite équipe de foot

Lançais-je avec un sourire pour plaisanter même si c’était vrai. Combien de bêtises mes frères et sœurs avaient faites dont j’étais l’instigateur ? Enormément. Et je me faisais souvent punir d’ailleurs, de sortie ou de dessert. Rien de violent. Pas besoin, mon père faisait déjà très peur quand il était énervé.

- Hum…Vous avez eu un accident de voiture aussi, rien de grave ?
- Rien de cassé en tous les cas ! C’est drôle, je me suis endormie au volant d’un coup et quand je me suis réveillé j’étais dans un lit d’hôpital et quelques semaines étaient passées.
- Vous avez été dans le coma ?
- Oh moi j’appelle ça un long sommeil mais oui. C’est là que j’ai appris que j’étais atteint d’hypersomnie et que ma difficulté de rester éveillé était dû à cela et non à une simple fatigue dû au stress
- Cela doit être dur avec votre métier et votre maladie ?
- Pas vraiment, on est au 21ème siècle et il existe des médicaments pour tenir la journée. Je fais juste des grasse matinées et des siestes. Le bonheur d’être son propre patron vous voyez ?
- Je vois oui…Un conseil de psy pour les personnes qui nous regardent ?

Oh j’en avais des tonnes. Je me tournais vers la caméra qui avait une lumière rouge.

- Parler. Ne gardez pas pour vous ce qui vous met en colère, vous frustre ou vous fais pleurer. Que cela soit un ami, un membre de la famille ou un inconnu dans un bus, partagez ce que vous ressentez. Libérez-vous et vous vous sentirez beaucoup mieux.

C’était un peu l’hôpital qui se foutait de la charité mais ne dit-on pas que ce sont les cordonniers les plus mal chaussés ?

- Et bien merci Doc…euh Bart d’être venu aujourd’hui
- Merci de m’avoir invité

On se serrai une nouvelle fois à la main avant de me filmer en train de quitter la pièce. Terminé. J’avais senti mon téléphone vibrer plusieurs fois et évidemment sans surprise c’était ma plus jeune sœur qui ne faisait que commenter tout ce que je disais. J’en avais aussi de la part de mon groupe d’amis flics. J’étais arrivé en connaissant personne à Seattle et grâce à mon métier je m’étais fait une seconde famille. Il y avait aussi un rappel…merde j’avais rendez-vous avec Tim dans cinq minutes. C’était un patient que je suivais depuis quelques mois et depuis mon divorce, enfin depuis mon accident, je n’avais jamais ressenti quoique ce soit jusqu’à ce que Tim débarque dans mon cabinet, y casse tout y compris mon vase préféré. Je m’étais attaché à lui, mais pas comme un médecin avec son patient. C’était plus profond, et mal aussi. Pas vraiment éthique et je ne savais pas vraiment ce que je devais faire ni si je lui plaisais aussi car on n’en avait pas parlé, de cette fois où on avait failli s’embrasser avant d’être interrompu par Dark Vador – oui ma sonnerie c’est Star Wars et alors ?