Une minute de tranquilité, est-ce trop demandé ? - Soa

Des clients qui ne savent pas ce qu’ils veulent boire, des clients qui viennent dire qu’il y a trop de sucre dans leurs cafés, des clients qui hésitent pendant de longues minutes, ça Anton en avait l’habitude. Il en avait presque tous les jours. Seulement aujourd’hui, il semblait que tous avaient décidé de se réunir dans son café, car il les avait tous servit. Ca faisait longtemps qu’il n’avait pas eu une aussi longue journée et il était épuisé. Il avait laissé ses employés partir et pour la dernière heure, il était resté seul pour servir les clients. En général, durant ce laps de temps, il n’y avait pas grand monde. Il était 18h30 et il pu indiquer sur la porte que le café était fermé. Donnant un coup de clé, il baissa tous les rideaux et vérifia que portes et fenêtres étaient bien fermées à double tour. Il alla ensuite compter la caisse, amenant dans son bureau la monnaie et les chèques.

Une demi-heure plus tard, il sortit de là pour se rendre à son appartement. Il savait qu’il serait le premier rentré. Les autres étaient à l’extérieur et il en était bien heureux, parce qu’il voulait juste être au calme. Après être rentré, il fila directement prendre une bonne douche chaude. Enfilant un t-shirt et un caleçon, il regarda l’heure. 19h30. Hésitant, il enfila tout de même un pantalon de pyjama. Il ne comptait pas sortir et pour peu que ses colocataires rentrent, au moins il serait présentable.

Allant dans la cuisine, il se servit un verre d’eau et s’installa sur le canapé. Il but une gorgée, avant de poser le verre sur la table basse. Fermant les yeux, il profita alors du calme du lieu. Il savait que les filles rentreraient tôt ou tard. Il préférait la seconde option. Au moins, il pourrait juste décompresser et se reposer un peu. Ca n’était pas à son tour de faire à manger, mais si dans l’heure suivante personne n’était rentrée, il risquait de s’y mettre. Toujours les yeux fermés, il soupira doucement, esquissant un sourire, en profitant simplement du calme de l’appartement.

Le silence total. Appréciant cela, Anton fini par somnoler sans s’en rendre compte. Malheureusement, la porte finit par être ouverte et une voix s’éleva. Sursautant et grognant, il soupira lourdement face à cette intervention toujours aussi délicate de Soa.

Ca n’est pas à mon tour de préparer le dîner, mais contrairement à toi je l’aurai fait dans la prochaine heure vu que les autres risquent de rentrer à ce moment-là. Au moins ça n’aurait pas trop refroidi.

Se redressant dans le canapé, il avala une nouvelle gorgée d’eau, avant de se tourner vers là où était la demoiselle.

Pour répondre à ta question, ça allait très bien jusqu’à ce que tu débarques comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Sourcils froncés et regard noir, il ne comprenait vraiment pas pourquoi elle agissait de la sorte. Les autres lui avaient dit de faire un effort, mais Anton ne voyait pas pourquoi il serait le seul à devoir en faire. Quand la décision de l’accepter dans la colocation avait été faite, Anton ne s’était clairement pas attendu à un tel comportement de sa part. Parfois, il se demandait même pourquoi elle vivait avec eux, vu qu’elle ne suivait aucune des règles misent en place pour que chacun puisse vivre dans un endroit agréable comme leur appartement.

Pourquoi est-ce que c’est toujours moi qui dois prendre en pleine tête tes sautes d’humeurs ? Même la fille de Destiny est moins enfantine que toi et elle n’a qu’un an !

Soupirant, il se passa une main sur le visage. Il était fatigué, il n’aurait jamais dû dire ça, mais c’était sorti tout seul.

Comment s’est passé ta journée ?

Il serra les dents, sachant parfaitement que la conversation venait aux oreilles des autres colocataires, il allait en prendre pour son grade. Il tenta donc de faire retomber la pression et d’avoir une conversation civilisée.

Oh il avait hoché la tête pour bien lui faire comprendre que c’était ainsi qu’il la voyait en cet instant. Un éléphant qui ne faisait pas dans la dentelle. La détaillant du regard, il esquissa un sourire amusé face à ses paroles.

Crois-moi, j’ai 10 sur 10 à mes yeux donc je vois parfaitement bien. Mais si tu préfères je peux trouver une autre comparaison. En veux-tu une avec un animal également ?

Mais il y avait une citation qui lui faisait penser à la jeune femme et qui était « les méchants ne sont jamais que des maladroits, parce que malheureux ». Il y avait en effet cet ombre chez la jeune femme qu’il ne saurait comment qualifié. Il ne connaissait pas son passé et il n’était pas du genre à juger au premier coup d’œil, mais elle n’aidait pas en étant désagréable à chaque fois. Il avait même cette impression qu’elle plus ouverte avec Destiny qu’avec lui. Il ne savait pas si c’était vrai, mais c’était l’impression qu’il avait. Cependant, il ne pu s’empêcher de faire une remarque sur le fait que la fille de Destiny était bien plus adulte que Soa.

Destiny avait besoin d’un toit et sa fille était avec elle. Tu crois vraiment que j’allais lui dire qu’il fallait les séparer ? Et d’ailleurs, je suis le premier à avoir mis cette colocation en place, donc là-dessus, c’est moi qui décide et si ça te dérange tant que ça, qu’est-ce que tu fais encore là ?

Si elle était vraiment dérangée, il imaginait bien qu’elle serait partit. Non ? Mais il tenta de mettre les formes. Malheureusement il ne reçu qu’un seul mot et il leva les yeux au ciel. Cependant, ce qu’elle ajouta le fit grogner.

Tu veux que je pose des caméras dans l’appart pour que tu saches si j’étais ici toute la journée ? Sache que c’est faisable, mais tu perdrais la manche vu que je suis sans doute celui qui bosse le plus même en étant ici, avec la paperasse que je dois remplir.

Etre propriétaire était quelque chose qu’il aimait, mais ça voulait aussi dire avoir un tas de formulaires à remplir pour être sûr que le loyer son café restait ouvert.

Moi qui voulais être un minimum sympa, ça m’apprendra.

Il avait marmonné cela et avait attrapé la télécommande de la télé pour l’allumer. C’était loin du silence qu’il voulait, mais au moins il n’aurait pas à lui parler si c’était pour se recevoir ses remarques en pleine tête.

Roi Williams ? Oh je dois avouer que ça me plaît bien comme appellation ça. Je vais me la garder sous le coude.

Il n’avait pas pu s’empêcher de sourire à cela. Après tout, il savait qu’il pourrait le dire à sa fratrie, mais aucun ne l’appellerait ainsi, ça c’était sûr et certain. Seulement, c’était aussi pour énerver un peu plus Soa qui continuait à ne pas l’aimer. Quand elle le traita d’abruti, il grimaça. Voilà un terme qu’il aimait déjà beaucoup moins. Le tout fut également couplé à un magnifique doigt d’honneur. Cependant, il ne s’était pas attendu à ce qu’elle parte ainsi. Se rallongeant sur le canapé, il fronça les sourcils. Il entendit la voix de la jeune femme au loin, mais n’avait pas compris ce qu’elle avait dit. Se passant une main sur le visage en soupirant, il hésita. Elle était plus en colère que d’habitude. C’était la première fois qu’elle sortait d’une pièce de la sorte. Avait-il été trop loin ? Peut-être. La seule chose qu’il pu visualiser ensuite fut la tête dépité de sa mère. Jamais elle ne l’aurait laissé s’en sortir de la sorte. Grognant, il se leva du canapé et alla chercher la jeune femme.

Soa ?

Sa voix était moins dure et il ne savait pas ce qu’elle allait pouvoir lui dire, mais quelque part, il se sentait mal de la situation.

Est-ce que tu veux manger quelque chose de particulier ce soir ?

C’était une sorte d’offre de paix. Pouvoir lui faire un plat qu’elle appréciait pour s’excuser.

Si on a tous les ingrédients, je peux commencer dès maintenant.

Il ne savait pas si elle devait ressortir par la suite, mais il savait que les autres colocataires ne devraient pas tarder à rentrer. Au moins ça serait prêt pour tout le monde. Seulement, il n’était pas certain que la jeune femme veuille lui parler ou encore moins qu’elle veuille rester dans la même pièce que lui.

Toute cette situation était complexe. Pourtant, il n’avait pas l’impression d’avoir imposé des règles insurmontables ou que Soa avaient du mal à suivre. Au contraire, mais il devait y avoir quelque chose qu’il ne savait pas et que la jeune femme refusait de montrer. Malheureusement cela amenait leurs prises de tête régulière et Anton comprit cette fois-ci qu’il fallait faire quelque chose. C’est ainsi qu’il vint lui proposer de préparer le dîner avec quelque chose que la jeune femme aimerait. Un pas vers elle, une main tendue. Peut-être que ça serait une bonne façon de faire. Face à ses questions, il hocha doucement la tête.

Il me semble qu’on en a.

Quand elle indiqua qu’elle allait mettre la table, il haussa les sourcils surpris, mais se reprit, ne voulant pas que cela mette une mauvaise ambiance. Il remarqua même son léger sourire et il en fit autant. Il l’entendit reprendre la parole, mais sans percevoir exactement ce qu’elle venait de dire. Cependant, ça ne semblait pas avoir été un gros mot ou quelque chose de déplacer. Se passant une main dans les cheveux, il se retrouva un peu mal à l’aise. Malgré tout, il se mit en route pour aller dans la cuisine et commencer à préparer le dîner. En l’entendant parler, il se retourna, prêt à savoir si le verre était fêlé sur une grande longueur, avant qu’elle ne reprenne la parole et il haussa un sourcil face à ses paroles.

Vraiment ?

Il la fixa avant de plisser les yeux.

Je peux te retourner la chose, mais c’est peut-être aussi pour ça que nos caractères s’entrechoquent. On se fêle l’un l’autre.

Etait-ce vrai ? Il n’en savait rien, mais ils avaient deux forts caractères et ça pouvait donc amener de telles situations.

Je suis peut-être fêlé, mais je suis surtout le plus beau.

Il bomba le torse exprès, haussant les sourcils de manière suggestives, avant de sourire et de recommencer à préparer le diner.