Marnie - Nice meeting you, or not

|	nice meeting you, or not @Austin Benson

Dans l'arrière boutique, bien que la porte menant à cette dernière soit ouverte, Marnie a les yeux rivés sur son téléphone portable, attendant impatiemment que sa petite sœur ne réponde à son dernier texto. Elle avait des examens médicaux à passer une heure plus tôt et même s'il était clair qu'elle n'aurait pas les résultats de ces derniers avant, au minimum, ce soir voire plus tard, elle voulait malgré tout savoir si ça s'était bien passé. C'est indéniablement son côté mère poule qui ressort, encore plus depuis qu'elle a dû prendre le rôle de sa défunte mère, mais elle n'y peut rien, incapable de contrôler cette part d'elle. Comme à chaque fois, elle n'avait aucun doute sur le fait que tout avait dû se passer comme sur des roulettes, c'était toujours le cas, l'équipe médicale était au top et très à l'écoute, toujours au petit soin, mais quand même. Elle s'apprête à ranger son téléphone lorsque ce dernier se met à vibrer entre ses doigts, signe qu'elle a un appel et elle décroche sans prendre la peine de regarder de qui il s'agit, parce qu'elle sait. « Bon dieu, qu'est-ce que tu étais en train de faire ? J'ai bien cru que tu n'allais jamais me tenir au courant. » Peut-être un peu trop d'inquiétude de sa part mais elle a l'habitude. Elle prend quelques minutes pour l'écouter mais son oreille libre reste à l'affut de ce qui se déroule dans le magasin et elle fronce les sourcils en entendant une voix masculine s'élever de l'autre côté du mur. Ce n'est pas aux clients de demander ça aux vendeurs, mais plutôt l'inverse. « Faut que je te laisse, je te rappelle dès que j'ai quelques minutes. Je t'aime. » Marnie raccroche et balance son portable dans son casier, s'observant quelques secondes dans le miroir pour être certaine d'être toujours présentable, avant de revenir sur son lieu de travail. Elle repère facilement le propriétaire de la voix grave, tout comme elle se doute bien de pourquoi il a presque manqué de s'énerver. La jeune femme se racle la voix, arborant son sourire habituel, même s'il n'est pas encore en mesure de la voir. « Est-ce que je peux vous conseiller sur quelque chose ? » Le but était de faire en sorte que le client reparte content et en ayant dépensé quelques dollars donc il valait mieux éviter de provoquer l'inverse en se mettant à chuchoter sur leurs passages, tout sauf discrètement qui plus est. "Je cherche un truc pas trop laid à offrir à ma belle mère." Voilà qui était assez clair. Marnie n'était pas une immense fan de ce qui se vendait dans cette boutique, elle y bossait principalement parce qu'elle n'avait pas trouvé autre chose (et qu'elle s'était faite avoir en pensant qu'elle serait bien payé, ce qui était faux). « Si vous cherchez quelque chose de pas trop laid, j'en déduit que vous avez une bonne relation avec elle. » Au moins un qui ne détestait pas sa belle-mère, c'était relativement rare de nos jours. « Les accessoires sont généralement une alternative qui plaît. Est-ce qu'elle porte des foulards, peut-être aime-t-elle les sacs à mains ? Ou alors vous préférez partir sur quelque chose de simple comme un haut sans fioriture, par exemple, pour ne pas prendre trop de risque et espérer que ça lui plaise ? » C'était toujours délicat de conseiller une vente sans réellement être face à la personne qui allait recevoir le cadeau en question, Marnie ne pouvait compter que sur ce que cet homme allait lui dire pour l'aiguiller au mieux.

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Cette boutique dans laquelle Marnie bossait était loin d'être un lieu sain pour ses employés. La paye était plutôt mauvaise et ses collègues ne remontaient pas forcément le niveau. Certes, la jeune femme s'entendait relativement bien avec elles mais qui dit luxe, dit qu'elles se pensent parfois un peu supérieures aux autres, ce qui peut facilement se ressentir et c'est visiblement pour ce client. Il est clair que, visuellement, on se rend bien compte qu'il ne s'habille pas chez eux mais peut-on lui en vouloir quand on voit certaines pièces ? Le prix et la qualité n'était pas gage de beauté et bons goûts. Puis, chacun était en droit de porter ce qu'il voulait, comme il le voulait, Marnie était bien la dernière à juger ça, surtout quand on sait qu'elle n'a jamais eu la chance de pouvoir avoir les dernières fringues à la mode, ce qui lui a coûté de nombreuses moqueries lorsqu'elle était à l'école. On peut dire que ça a, sans le moindre doute, aidé à ce qu'elle ne soit pas dans le jugement envers les autres, parce qu'elle a connu ça et qu'elle sait ce que l'on peut ressentir face aux critiques. "Je suppose que oui. J'aurais pu avoir pire." Visiblement, sa petite boutade pour détendre l'atmosphère n'avait pas fonctionné. Bon, peut-être qu'il voulait clore cette histoire de cadeau au plus vite pour pouvoir souffler par rapport à ça. D'ailleurs, à en voir sa tête lors de ses différentes propositions, on peut facilement comprendre qu'il ne doit pas avoir l'habitude. "Je ne sais pas. C'est vous la conseillère, non ?" Elle hoche la tête, un peu amusée. « Conseillère, oui, mais je ne suis pas encore devin. » Compliquée de savoir quoi proposer sans connaître un minimum les goûts de la personne à qui le cadeau était destiné, même avec toute la bonne volonté du monde. Bien souvent, les clients étaient capables de l'orienter vers un style d'article en particulier.

Jetant un œil autour d'elle, à la recherche de quelque chose à proposer, elle s'empare d'un foulard aux tons orangés, qui, sans qu'elle le comprenne, est l'un des must-have de la boutique. "Qu'est ce que c'est que cette horreur ?" Elle pince les lèvres en reposant le dit foulard, se raclant la gorge. Ca n'allait pas être de tout repos. « Sachez que c'est l'un des articles que la clientèle s'arrache, mais les goûts et les couleurs sont propres à chacun. » Puis, qu'il n'apprécie pas ne voulait pas nécessairement dire qu'il s'agissait d'une horreur. Enfin bref, Marnie continua de lui proposer diverses choses, à chaque fois dans des catégories différentes.  Mais qu'il s'agisse de maroquineries, d'accessoires ou même de vêtements parfois on ne peut plus simple, rien ne semblait lui convenir. Elle sentait venir l'échec d'une vente le concernant. "A défaut d'avoir quoi que se soit d'intéressant en rayon, le processus de recrutement semble bien rodé." La brune hausse les sourcils, penchant légèrement la tête sur le côté alors qu'elle lâche le présentoir à portefeuilles des yeux pour les poser sur lui. « Merci ? Enfin, je suppose qu'il s'agit d'un compliment donc... merci. » Son sourire est léger, pas forcément habitué à se faire complimenter, voire draguer, sur son lieu de travail, ni nulle part ailleurs. « Je pense vous avoir proposé tout ce qu'on a en rayon, j'avoue que je sèche un petit peu sur la façon dont je pourrais vous aider puisque rien ne vous à tapé dans l'œil. Et j'en suis sincèrement désolée. » Cependant, on ne pouvait pas lui reprocher de ne pas avoir essayé de répondre à sa demande.