Maria Domino * loin du foyer, loin de la toxicité

TW qui apparaîtrons : Agression, Maltraitance, Traumatisme, Drogue, Harcèlement, Dépression, Environnement de plus en plus toxique, "chatouilles" = attouchement sur m*...

Lorsque ses parents se sont rencontrés, il y avait ces deux familles expatriés qui vivaient dans le même quartier, si c'était pour ne pas préciser, le même immeuble. La première venait du Mexique et portait comme nom "Domino" et était constitué d'un père qui - nous entrons dans le cliché - travaillait dans un restaurant mexicain en tant que second de cuisine. La mère, elle, était souvent absente, laissant leurs enfants livrés à eux-mêmes au point que les jumeaux Domino descendaient toujours à l'étage en dessous du leur pour sonner chez les "Ruangroj". Venant de Thaïlande, cette famille était composé d'un père travaillant en tant que facteur, et d'une mère se consacrant au foyer, et donc, à sa fille et son garçon. Madame Ruangroj nourrissait les enfants Domino et s'occupait d'eux comme une seconde mère lorsqu'ils venaient chez eux. Ce fut de cette façon que Lorenzo Domino, et Sanantha Ruangroj s'étaient rencontrés, et leur histoire fut à la fois collée et éloignée avant l'âge adulte, lorsque les deux finirent par se voir en tant qu'homme et femme. Ils succombèrent lentement au charme de l'un comme de l'autre, finirent par se marier, et former leur propre famille.



Seconde enfant de la famille, Maria est née avec trois reins bel bien bien fonctionnels pour une petite vessie, c'étaient les explications d'une mère qui l'emmenait souvent voir un urologue à l'hôpital pour ses problèmes d'incontinences qui persistaient. Il y eu une opération à un moment, puis des conseils de rééducation à la maison qui mettaient énormément de pression à une mère qui voulait tout contrôler. On l'entendait crier tous les matins, insister toute la journée pour que sa fille boive de l'eau plusieurs fois par heures, qu'elle se rende aux toilettes toutes les deux heures, et rebelote le lendemain, et ainsi de suite. La petite fille pleurait et culpabilisait chaque matin. Elle pleurait aussi lorsqu'elle était contrainte à aller boire, et n'arrivait pas à "faire pipi" toutes les deux heures pendant que sa mère lui disait de rester assise jusqu'à ce que même une goutte en sorte. A son âge, la petite Maria avait apprit à mentir en disant qu'elle avait réussi, soulageant un peu madame Domino. C'était la seule manière pour elle de se sortir ne serait-ce qu'un petit peu de cette torture. Les adultes ne se rendent vraiment pas compte qu'un tout petit quelque chose suffisait à créer un traumatisme à vie chez un enfant. Et pour Maria, c'était boire de l'eau.

Ce n'était en rien les conseils du médecin qui lui ont fait cessé ses incontinences à l'âge de dix ans, mais ce psychiatre vers lequel on l'avait dirigé à l'âge de six ans alors qu'elle frappait tout le monde à l'école, comme un appel à l'aide silencieux. Elle ne mentionna jamais à cet homme le traitement que sa mère lui faisait subir. Au contraire, c'est seulement en discutant avec l'enfant, en lui posant des questions, et trouvant une faille pour supposer qu'il y avait tel genre de problème ça et là qu'il put l'aider. Les souvenirs sont flous, mais les séances chez "M. le Psy" comme elle aimait le dire, avaient durées environ quatre années. D'entre ses six ans et neuf ans avant que sa vessie "se calme" et que Maria cesse de s'en prendre aux autres pour laisser sa douleur s'échapper sous de la frustration.

Libéré de ce problème en moins, restait la question sur le fait de boire de l'eau, et d'un automatisme bien à elle, cette dernière avait diminué considérablement sa consommation d'eau, se forçant tout de même par moment, et aux repas, à en boire.



Avant, son grand-frère et elle étaient très soudés, jouant ensemble, se racontant leurs journées à l'école, se faisant de petites farces. Bien sûr, ils se chamaillaient souvent entre eux, mais rien de bien méchant, simplement des histoires fraternel. Ils étaient aussi proches des deux petits frères après eux. Si on compte bien les écarts d'âges entre eux, Maria était née quatre ans après l'aîné. Deux ans plus tard, il y eu un troisième enfant, et donc, six ans d'écart avec l'aîné. quatre ans plus tard, il y eu le tout dernier, six ans d'écart avec Maria, dix ans entre l'aîné et le tout dernier.

Il était évident que ses deux parents préféraient les garçons à la petite Maria, mais aucun d'entre d'eux n'assumait cette réalité, jouant leur rôle de parents sous les bons conseils des grands-parents. Il était indéniable que le père, ayant toujours vécu l'absence de sa propre mère, voit cette dernière proche de sa fille et non des garçons. Un moyen de comprendre que sa mère avait toujours voulue avoir une fille, mais qu'elle avait dû se coltiner deux garçons. Il jalousait même cette dernière. La mère de la maman de la fratrie, elle, elle aimait vraiment tout le monde, une vraie douceur dans ce monde.

Quand Maria était dans l'année de ses neuf ans, le couple décidait d'accueillir un garçon de quatorze ans pour une durée d'un mois ou deux sous la demande d'un ami épuisé et d'une femme qui ne voulait plus voir la tête de son fils avant un moment. Et ce qui va suivre est une partie de la vie de la jeune femme dont elle aimerait ne pas se souvenir.. et pourtant, malgré elle..

Un jour, sa mère sortie avec ses frères pour faire les courses, chargeant le fameux garçon que nous surnommerons L de garder sa fille pendant son absence. Le père était au travail pour toute une journée. Maria jouait tranquillement à la poupée dans sa chambre. Une fois que plus personne ne soit dans les parages et après avoir vérifié que la voiture de la mère de famille n'était plus sur le parking, L rejoignit la petite fille dans sa chambre, prenant les poupées Barbie et Ken que la petite tenait. Sa voix résonnait entre les quatre murs de la pièce : "Tu veux jouer à un jeu amusant ?" "C'est quoi ?" avait demandé l'enfant, bien curieuse. Toute innocente, elle avait regardé le garçon déshabiller les deux poupées avant de les poser à l'horizontale tout en proposant à l'enfant de faire pareil avec lui. Elle ne comprenait clairement pas ce qu'il se passait, et suivait les indications de ce dernier et ce, bien sagement. Elle avait un peu froid, et le fit savoir, tandis que le garçon lui disait de s'allonger et qu'elle aurait bien chaud. "Tu fais quoi ?" demanda la petite, mal à l'aise lorsqu'elle sent qu'on la touche en bas... "Ce n'est rien, c'est le jeu, attend encore un peu" avait-il répondu. Ne sachant pas trop ce qui lui prenait sur le moment, la petite fille était comme figé sur place. Elle était bien trop innocente pour comprendre, mais son corps parlait pour elle de son malaise quant à ce qu'il se passait dans cette chambre. Au moment où elle sentait quelque chose de plus gros, on entendit la voiture de sa mère revenir, le son du moteur étant reconnaissable entre tous. Il s'était reculé, rhabillé, et avait poussé la petite à s'habiller à son tour. "Ne dis rien à personne sur ce qu'il vient de se passer, sinon, ça finira très mal pour ta famille".

A la suite de cet épisode, Maria restait silencieuse sur le sujet. Pourtant, le fait qu'après ça, elle ne touchait plus du tout aux Barbies et venaient jouer avec les voitures de ses petits frères, ou bien, qu'elle s'enfermait dans le dessin, ce n'était pas anodin et encore moins discret. Mais personne n'en fit attention, pensant qu'elle avait passée l'âge pour jouer avec ses poupées.

Quand L quitta la famille pour retourner dans la sienne, ce fut comme un soulagement du poids qui pesait sur ses épaules, redevenant une pipelette presque agaçante par moment.



L'entrée au collègue était un peu compliqué, la jeune fille étant timide à l'époque ne savait pas trop comment s'y prendre pour se faire des amies. Heureusement pour elle, deux filles de sa classe étaient venue à sa rencontre en la voyant toute seule dans son coin, l'intégrant au groupe. Plus le temps avançait, plus elle se rapprochait de ces filles, et s'ouvraient aux autres avec un peu plus d'aisance, bien que toujours un peu sur la réserve. Alors qu'elle pensait passer une année tranquille avec les amies qu'elle avait rencontré, une aînée de troisième année avait prit la décision de s'en prendre à elle pour aucune raison. Du moins, aucune raison évidente aux yeux de Maria qui ne comprenait pas pourquoi cette fille qu'elle ne connaissait ni d'Adam, ni d'Eve, venait lui chercher des embrouilles et la faire sortir de ses gonds. Et ce, que ce soit dans l'enceinte du collègue, ou dans sa vie personnelle lorsqu'elle se promenait en extérieur avec ses amies. Elles étaient littéralement ciblées.

Un beau jour, elle aperçoit son grand-frère qui traîne avec cette fille. Il salua sa soeur de loin, et Maria lui fit un signe de la main également en souriant et tout en ignorant cette personne à côté de lui. Quand au soir son frère rentre à la maison, elle se rend dans sa chambre pour lui raconter la situation avec la fille avec qui celui-ci traînait plus tôt. Il avait dit qu'il lui en parlerait.

Quelques jours plus tard, cette fille en question se présente devant elle, accompagnée d'autres filles pour la menacer en lui disant des choses comme "Pourquoi t'en a parlé à ton frère, tu ne sais pas te défendre toute seule ? Tu crois vraiment qu'il en a quelque chose à foutre de tes problèmes ? Tu ne connais pas vraiment ton frère hein, débile va. Encore un mot et je fais de ta vie un enfer". Et bien sûr, intimidée et impuissante face au nombre de personne qui lui faisait face, la jeune fille ne put qu'aquiesçer, baisser la tête à la demande de cette dernière, et retourner à ses occupations.

Petit à petit, son grand-frère et elle devenaient de plus en plus distant. Pendant que lui traînait avec des mauvaises fréquentations et se laissait influencer, Maria était avec les bonnes fréquentations et ne s'est jamais laissée influencer par qui que ce soit, coupant contact dès que quelqu'un lui demandait de changer pour suivre la "norme" comme le pigeon qu'elle n'était clairement pas. Un mouton noir parmi les blancs, s'éloignant du troupeau que l'on appelle les "normes de la société". Les disputes se faisaient de plus en plus, allant parfois jusqu'à se faire battre par ce grand-frère qui était censé la protéger. Ils ne s'entendaient clairement plus.

Et en même temps, leurs parents faisaient de même, se disputant tous les jours jusqu'à ce que le père lève la main sur sa mère. Quelques jours plus tard, au milieu d'une réunion de famille, ils annonçaient aux enfants qu'ils comptaient divorcés. La nouvelle fut bien prise parce que plus rien allait lorsqu'ils étaient ensemble. Et encore mieux en sachant que son grand-frère allait vivre avec son père. Seuls Maria et ses petits frères restaient auprès de leur mère. Et si un weekend sur deux, ses petits frères étaient heureux d'aller passer du temps avec le paternel qui restait peu présent pour eux malgré qu'ils soient dans la même pièce, la jeune fille rechignait toujours, se retrouvant à faire toutes corvées et tâches ménagères que son père ne faisait pas. De s'occuper de ses petits frères pendant que l'homme était devant sa télévision ou sur ses jeux vidéos.



Après le collège, la jeune fille se retrouvait dans un lycée basé dans un ancien couvent de bonnes sœurs. L'information n'était clairement pas importante, mais les faits étaient là. Elle a passée de très bonnes années lycéennes qui résumaient un calme avant la tempête.. ou plutôt, les nombreuses catastrophes qui lui tombaient dessus à la suite.

Il faut savoir que les deux derniers mois de sa terminale, Maria étudiait à la maison et ne se rendait plus à l'école suite à des persécutions. Elle ne se rendait au lycée que pour passer des contrôles ou des examens sous le regard de ses harceleurs et cette boule au ventre qui la pétrifiait. Elle se souvenait de ce fameux jour où les personnes qui étaient censées être ses amies lui ont demandées de changer pour correspondre à leur image. Elle avait dit "non". Ce refus fut le point de départ de multiple persécution, ajoutant même des bourreaux qui n'avaient littéralement rien à voir avec l'histoire. Elle n'avait rien dit aux professeurs, rien à sa famille, jusqu'au jour où elle subit une agression de la part de deux filles qui l'empêchaient de prendre son bus. Et parce qu'elle l'avait loupé, elle fini par craquer, téléphonant à sa mère et lui racontant toute l'histoire. Madame Domino était venue chercher sa fille, l'emmenant directement porter plainte pour harcèlement. Elle eut l'autorisation de ne plus se rendre en cours suite à ces nombreuses persécutions l'ayant à la fois amoché et traumatisée. 

Après son diplôme, elle ne travaillait pas tout de suite, partant dans une dépression totale, enfermée dans sa chambre pendant une année entière avant qu'on ne la sorte de force de celle-ci pour qu'elle s'ouvre à nouveau au monde et sorte de cette dépression...



Envoyant de multiples C.V, la jeune femme avait assisté à plusieurs entretiens en tentant de travailler dans des bureaux, des start-up, mais on lui disait qu'elle n'avait pas les qualifications requises. Son première emploi fut dans une supermarché au niveau des surgelés. Elle travaillait bien plus que les hommes, faisait un travail niquel avant d'être convoqué un mois plus tard pour qu'on lui annonce son licenciement avec pour seule excuse "tu es trop petite, mais tu peux rester jusqu'à la fin de la semaine si tu veux". Le prenant très mal, la jeune femme était partie de son lieu de travail, se retrouvant à la recherche d'un nouveau job, ne se recevant que des réponses négatives au point de la démotiver. Elle tenta les usines en intérim, puis les fast-foods.

En dehors du travail, il y avait encore la vie familiale, entre un père divorcé qui part avec sa nouvelle femme en Angleterre, sa mère qui fait son soudain coming out et qui se lance en tant qu'influenceuse Tiktok, un petit frère qui entre en fac de psychologie, l'autre dans un lycée professionnel dans le but de devenir programmeur de jeux vidéos. Et puis il y avait son grand-frère, dont l'état s'aggravait : un homme violent, narcissique, et manipulateur. Si Maria avait su voir quel genre de personne sombre était son grand-frère, les autres membres de la famille étaient encore aveugle et ne la croyaient pas quand elle leur disait qu'il la menaçait de mort, qu'il l'insultait souvent en toute discrétion, et gratuitement. Il n'assumait pas ses conneries, et mettait tout le dos sur sa soeur qui se faisait accuser à tord.

Elle vit son frère vivre avec une femme, une femme avec laquelle il eut un fils. Une femme qui disait que c'était l'homme parfait. Une femme qui se permettait de faire la remarque à Maria de changer de comportement, alors qu'elle n'a rien demandé, qu'elle vit simplement sa vie. Et un jour, cette femme quitta son frère, s'éloignant avec l'enfant, en lui disant "tu avais raison, Maria". Au moins une personne autre qu'elle s'en était rendu compte. Son frère fréquenta d'autres femmes, dont une qui fut la pire des fréquentations, le rendant accroc à de nombreuses substances illicites. Maria n'a jamais rencontré cette femme, mais elle sait qu'elle lui en voudra toute sa vie, et qu'il ne valait mieux pas qu'elle la rencontre un jour. Son frère devint comme le jour et la nuit, tantôt de bonne humeur, tantôt de mauvaise humeur au point de même s'en prendre à ses petits frères et à sa mère qui, enfin de leurs côtés, commençaient à se souvenir de ce que leur disait la jeune femme. Et pourtant, la mère garde son fils à la maison, persuadée qu'elle pouvait l'aider. Mais comment voulez-vous aider quelqu'un qui ne veut clairement pas de votre aide et qui ne voyait pas plus loin que le bout de son nez ou de ses addictions ?

Fatiguée de toute cette toxicité, la jeune femme cherchait pendant des jours à contacter un particulier qui louait un studio pas trop cher en ville, se mettant à découvert pour payer trois loyers en avance pour être sûr d'avoir l'appartement. Sa demande fut très vite validée et elle déménageait du jour au lendemain, prévenant sa famille à la dernière minute. Ainsi, de cette façon, aucun ne pouvait la dissuader dans ses choix. Tout était payé, elle ne reculerait pas.

Travailler dans un fast-food ne lui suffisait pas, de plus qu'elle a toujours désirée faire des études de mode, se former dans le stylisme et de pouvoir de lancer dans ce genre de carrière. Cependant, elle n'a jamais eu la chance d'avoir le salaire qu'il fallait pour se lancer dans ces études. Elle repostula encore sur des sites jusqu'à ce qu'elle soit contactée par la fripperie "Upcycle me" pour un entretien en août 2022. Et quelques jours après cet entretien, elle fut à nouveau contactée, cette fois-ci pour lui annoncer la bonne nouvelle. Nouveau travail, nouveau salaire, et découvert moins conséquent qu'avant, mais toujours présent. Elle fait de son mieux pour ne pas avoir à retourner dans sa famille, et rester loin de ces derniers.



Dans son petit studio à Belltown, Maria vit une vie de galérienne. Chaque mois dans le rouge suite au paiement de son loyer et de ses courses, ainsi que de quelques nécessités pour se rhabiller ou changer la déco de la maison. Elle cherche toujours à payer le moins cher possible, connaissant sa condition, et ne peux pas dire non à un fast-food deux ou trois fois par mois. Sa précarité ne l'empêche pas de vivre, ni de faire des sorties. Cependant, elle a du mal avec le fait de demander de l'aide aux autres, ce n'est pas une chose qu'elle ferait d'elle-même. La vie continue, et si les autres se posent des questions sur l'avenir, Maria, elle, se pose des questions sur le présent dans le but de survivre et ne pas finir à la rue.