L’ouverture d’esprit n’est pas une fracture du crâne. | Ember & Jackson

Nouvelle année, nouvelle vie! Bon, encore quelques faux pas mais les choses avancent bien pour December. Les séances avec son psychologue lui ouvrant une tout autre perspective sur la vie mais aussi, les rencontres qu’il avait commencé à faire. Des visages familiers, des nouveaux… Il vivait même en COLOCATION. Lui. Dans un appartement qui faisait la taille de sa chambre à New York. Avec Minho et un inconnu! Le futur, vraiment. Heureusement, le colocataire était plutôt discret… Malheureusement pour lui, il était aussi peu organisé, et ne rangeait pratiquement rien. Beaucoup plus difficile et un grand sujet de conversation entre Ember et son psy, d’ailleurs. Tout ça pour dire que ce docteur l’aidait, beaucoup, et les rencontres aussi, assez pour qu’il ait enfin décidé de sortir. Le soir, j’entends.
Pas beaucoup, mais il avait trouvé un bar pas trop loin, LGBT+ friendly (en même temps, c’était le quartier), bonne musique… et surtout avec fenêtre. Non mais, vous n’imaginez pas comme il peut être difficile de “sortir” quand on souffre de claustrophobie. Ce bar cochait toutes les cases pour December, et ce soir encore il avait décidé d’y aller. Une soirée plutôt normale, il y avait même rencontré un joli garçon, comment vous dire que jusqu’ici - niquel -. Mais la soirée avance, les heures aussi, et enfin l'alcool. Ember n’avait pas tellement une bonne résistance, donc ça pouvait aller vite. Assez pour que, quand il sorte du bar passé minuit, les rues tournent et qu’il ne soit plus certain du chemin pour rentrer. Il sait que ce n’est pas très loin, alors pas besoin de taxi, ok? Et là. Là est l'erreur. La fameuse. Parce qu’il se perd tooootalement. Il se rend bien compte qu’il a marché beaucoup trop longtemps… Assez pour se dire qu’il a sans doute changé de quartier, carrément. Il est plus certain (non, il est toujours dans le même quartier), mais il est clairement perdu, les ruelles sont sombres, et bien sûr, parce que c’est pas drôle sinon, il lui semble être suivi depuis un ou deux tournant. Faut dire, quand on se pavane en pleine nuit avec un pull griffé “Gucci”, bah… Ouais. Seattle n’était pas une ville aussi pauvre que d’autres dans ce pays, mais ça ne voulait pas dire qu’on ne croise pas des personnes malhonnêtes partout. Genre là, quand il se retrouve dans une toute petite rue entre deux immeubles et que ses “agresseurs” décident que c’est le moment parfait pour lui “demander” son portefeuille et son pull… Ah, et ses chaussures aussi, c’est pas du Prada ça? “Z’êtes bien informé sur la mode… pour des paysans…” il marmonne en se grattant un peu la tête. Parce que voilà. Ok, ils sont deux et OK, un peu plus grand. Et il sait même pas si ils sont armés ou pas. Mais… Ont-il été formé à la boxe depuis leurs 5 ans? Et au self-défense? Probablement pas. Auraient-ils pu passer professionnels? Sans doute que non. Alors ouais, du haut de son mètre 73, avec son pull cachant le corps d’athlète, il a juste l’air d’un petit flocon, le Ember. Jusqu’à ce que le premier coup ne parte. Pas celui du gars à gauche, celui de December, et un gros craque. Celui du nez de sa victime qui crie sous la surprise en se tenant le visage. Et on y est, une bagarre tout ce qu’il y a de plus grossier. Il ne faut pas longtemps pour que les deux fuient, l’un en se tenant la côte et l’autre le nez toujours en sang. Ember ne s’en sort pas indemne, lèvre et arcade droite qui saignent, la main gauche qui le lance qui veut peut être dire une petite entorse. Pourtant, ce n’est pas fini quand il sent une main sur son épaule, et que par réflexe, il se retourne en envoyant son poing…. Est-ce qu’il y en avait un troisième caché derrière lui? La suite nous le dira.  

La suite va vous surprendre. Genre, vraiment. Déjà, envoyer un poing qui lui fait déjà mal sur quelqu’un, pas top. En plus, atteindre pile le nez de cette pauvre victime, il était ON FIRE ce soir! Et enfin… Clairement… Cet homme n’était pas venu l’agresser lui aussi. Il n’est pas certain au début, Ember, il a un moment de doute en fixant le nouvel arrivant, mais le doute n’est pas permis bien longtemps. Là. La douche froide. Le badge de police. Déjà que se battre l’avait un peu dégrisé mais il a maintenant l’impression d’être l’homme le plus sobre du monde. Alors, non, d’ailleurs son corps engourdit fait qu’il ne ressent pas trop la douleur, mais son esprit est clair. Il vient de donner une patate à un flic.
“Oh non…” Il dit en faisant un pas vers lui en levant un peu les mains. “Oh non non non non…” Si sa famille apprenait ça, il était foutu. C’était la fin, on viendrait le chercher et le rapatrier de force. Peut-être qu’il ne verrait plus jamais la lumière du jour (non, il abuse, mais là, il panique). “Nononononon” Il continue de répéter en s’avançant. Sa main se pose doucement sur le téléphone pour l’empêcher d’écrire. La personnalité qui revient directement à un December Jones habituel, pas assoiffé de combat, mais très conscient qu’il est dans de beaux draps. “Pas l’ambulance, je… Je vais bien promis.. Mais vous… Attendez je…” Il a la tête qui tourne. Que ce soit le sang qu’il ignore sur son visage ou la peur panique de finir au poste ou à l’hôpital. “Je peux regarder votre nez… voir si il est cassé… je n’ai pas entendu de crack….” Il dit en retirant sa main de son téléphone en réalisant qu’elle y est toujours. “Désolé… S’il vous plaît, ne m’arrêtez pas…”   Il ne croit pas que ça a déjà fonctionné ça, comme plaidoirie, mais peut être qu’avec sa petite bouille adorable (et ensanglanté, qu’il a oublié), il a une chance? Aïe… June allait le détruire. Minho allait s’inquiéter… C’était même pas sa faute à la base! Quel genre de Karma il se prenait hein? Qui il avait vexé dans une autre vie pour que sa chance soit presque inexistante dans celle-ci?

Petite moue sur le visage de December en réalisant que l’homme devant lui a des mouvements de recul chaque fois qu’il s’approche. Il n’a pas l’habitude d’être considéré comme une menace, et ça ne lui plait pas du tout que cela semble être le cas ici. Il croise un peu les bras dans un mouvement défensif, du coup, mal à l’aise au passage. Surtout que l’homme semble insister sur l’idée d’aller à l'hôpital. Au moins, ce n’est pas la police. Il semble dire qu’il comprend que c’était du self-défense. Oui, bon, on allait pas le contredire sur ce fait. Certes, Ember avait donné le premier coup mais les deux autres avaient clairement exprimé leurs intentions avant.
Les yeux du plus jeune font un chemin entre le téléphone de Jackson et son visage, il voit que le numéro a été composé et appelé, et il regrette de ne pas avoir une fausse pièce d’identité sur lui, là. Et sa panique à ce sujet fait qu’il répond à peine aux paroles prononcées avant, il revient à lui quand les mots “porter plainte” résonnent et il secoue la tête. Il sait qu’il ne peut pas empêcher quelqu’un d’aller à l'hôpital quand il l’a blessé lui-même, alors il suivrait là, mais la police? Nope. “Je… je vais vous accompagner à l'hôpital, être sûr que je ne vous ai rien cassé… Pas besoin de porter plainte.” Il se résigne donc à accepter, sortant son propre téléphone. “J’appelle un Taxi? Ou il y en a un pas loin? Je ne connais pas la ville, désolé..” Ember sait qu’il a l’air d’un enfant que l’on forcerait à manger sa soupe. Mais il n’y peut rien. Hôpital = sa famille mise au courant de la situation. Sans compter en plus qu’il déteste ça, les hôpitaux. Cette soirée commençait si bien… Il se faisait même sauvé par un très beau policier! Pourquoi a-t-il fallu qu’il lui casse la figure par erreur hein? Ca aurait pu être comme une histoire de film de Noël, romantique, il l’aurait emmené se soigner chez lui, tomber amoureux sous la neige, adopter un chien… Non. Non, Ember détestant les animaux, il n’y aurait pas de chien. Enfin, détester est un mot compliqué. Il a ses doutes, dirons-nous. De toute façon, le compte de fée était mort avec son poignet lui faisant mal et le sang qui avait arrêté de couler à sa tempe.

Ember suit donc segment jusqu'à la fameuse rue et laisse l’autre trouver un taxi acceptant de les emmener vers l’hôpital. Il est, bien que décuvé par l’adrénaline, toujours plein d’alcool dans son sang, alors il se sent divaguer plus facilement. Assez pour être plus silencieux qu’à l’habitude. Il lève les yeux vers Jackson, donc, sans répondre à la présentation au début, ne s’animant qu’à la suite de ses paroles.
“Non, je rentrerai en taxi après.” Il dit en se frottant un peu le bras. Il n’y a clairement pas de débat à avoir là dessus. La famille ne sera pas appelée, et Minho non plus, il avait besoin de repos. “Je m’appelle December.” Pas forcément besoin de donner son nom complet. L’autre ne l’avait pas fait non plus déjà, et puis Ember n’aimait pas tellement tout donner. Parce qu’il suffisait d’un google pour apprendre qu’il était un riche héritier, entre autres connu pour avoir été kidnappé enfant. Les gens ont trop à dire quand ça ne les regarde pas. Et bonjour les conversations après ça. Quoi que le blond pouvait se demander ce que Jackson aurait à en dire, il n’avait jamais discuté avec un policier avant. Il ne dit pas grand-chose de plus dans le taxi, et en sort avec le même silence. Si bien que Jackson semble s’inquiéter d’autant plus et lui demander s’il va bien.
“Moi ça va… c’est vous qui vous êtes prit un poing pour aucune raison.” Il dit, ignorant encore son propre état et un certain poignet. Mais il se trahit tout seul, car il avance vers l'hôpital et trébuche un peu - l’alcool est définitivement toujours là - et se rattrape à Jackson par réflexe. De la mauvaise main, un gémissement de douleur lui échappe alors qu’il s’attrape le poignet qui prend de plus en plus une couleure violette. “Désolé.. J’ai pas mal bu ce soir…”  il dit en se reculant un peu.  

Il ne voulait pas rentrer. Il ne voulait pas imaginer la conversation. Il ne voulait pas qu’on lui rappelle encore qu’il n’était pas adapté à la vie, et surtout pas la vie hors des rangs sociaux de sa famille. Chaque instant de ce soir était en train de le lui rappeler. Et il entendait, bien qu’il ne voulait pas l’imaginer, les mots de sa mère, ou de son frère, lorsqu’ils apprendraient ce qu’il s’était passé. Il ne pouvait pourtant rien faire. A part partir en courant? Peut-être. Il considère l’option, assit à côté de Jackson, regarde la porte en se demandant s’il courait assez vite, rentrait chez lui, faisait un sac et fuyait dans une autre ville… Est-ce que… Bon, ok, il était beaucoup trop dramatique. Minho ne laisserait jamais les Jones le récupérer.. Sauf si Minho le renvoyait lui-même à New York en disant qu’il ne sait plus comment s’occuper de lui?
“Je crois que je n’ai plus l’habitude de.. Frapper des vrais gens.” Il dit en regardant son poignet. Il ne s’était entraîné que sur des sacs de frappe depuis un moment. Pas des hommes, avec des os, et des nez à casser. Il se rend compte que Jackson essaie grandement de prendre soin de lui, au passage, et que c’était pas une phrase à dire à un policier, en plus. Soit, arrive un médecin et December se retrouve un peu jeté dans la gueule du loup. Vraiment, les hôpitaux il se rend compte, il ne les supporte pas tant que ça. Il regarde le médecin, puis Jackson, puis son poignet et enfin Jackson à nouveau.   “Vous pouvez rester?” Il demande, puis rougit en réalisant.   “Enfin, euh… Comme ça, il pourra.. Vous examiner aussi…” Il baisse les yeux. On est vraiment à des années lumière du champion de boxe d’un peu plus tôt. Quoi que Jackson décide, le docteur commence à avancer vers une salle d'examen alors December suit, trop tard pour fuir maintenant.

  “Des sacs de frappe. Je fais un peu de boxe.” Un peu, l’euphémisme est totale. Beaucoup. Depuis qu’il a 5 ans. 17 ans d’expérience avec un coach personnel, largement de quoi mettre au tapis des emmerdeurs comme plus tôt. Mais pas un caractère violent, loin de là, en soit. Et entre la descente d’adrénaline, l’alcool qui l'assomme et le fait d’être dans un hôpital, il est très loin du sale caractère dans la ruelle un peu plus tôt. Là, il suit sagement, et le médecin finit par l’ausculter. Son niveau de douleur… est probablement plus bas que la réalité de sa blessure, n’étant pas particulièrement douillet, alors le médecin se contente de lui mettre une crème et une atèle et de lui prescrire la dite crème pour le futur. Ember hoche la tête, ses yeux regardant l’objet à son poignet en se disant que déjà l'œil au beurre noire qui se formait rendrait la tâche de planquer la situation à Minho compliqué, mais là, c’était absolument fichu.
Il finit par aller s’asseoir plus loin pour laisser Jackson se faire examiner, et soupirer un peu dans son coin quand on confirme que rien n’est cassé. Bon, il y avait un peu de justice en ce monde, il n’avait pas totalement juste agressé un policier avec blessure grave, finalement. Y’aurait un bleu quelque temps à n’en pas douter. Il regarde le médecin quitter la pièce pour aller chercher le compte rendu demandé, puis son aîné toujours posé sur la table d’examination. Il s’en voulait vraiment d’avoir abîmé un aussi joli visage. Lui, il voulait sublimer les gens, entre autres avec son travail de designer… Il avait fait l’inverse ce soir.   “Il faudra que je trouve un moyen de m’excuser proprement…” Il dit doucement en se frottant les cheveux de sa main non-abîmée. Il ne sait pas bien comment. Mais quand même. Un verre, un cadeau, des fleures, faudrait qu’il demande à quelqu’un de plus doué que lui ce qu’on offrait dans ces cas là, en gros.

Pas nécessaire. Pas nécessaire? Ember ne peut échapper une moue à cela. Il lui semble qu’au contraire c’était absolument nécessaire. Bon, il pourrait décider que puisque Jackson ne semblait pas si accroché à l’idée il pourrait en profiter pour lui et essayer de ne plus jamais se rappeler ce qu’il s’était passé ce soir. Sauf que bon, en réalité, il allait en entendre parler dès que Minho verrait son état. Mais December n’était pas de ce genre là. Ok, il était timide et un peu maladroit, et il ne comprenait pas grand chose des conventions sociales. Il n’avait pas été élevé par contre pour ne pas payer ses dettes, ou reconnaître ses torts. Que ce soit envers un policier ou non, d’ailleurs. Quoi qu’il gagnait peut-être là encore une excuse si il choisissait de fuir.  En parlant de fuite, elle ne serait apparemment pas possible de toute façon puisque Jackson venait d’annoncer plus que de demander qu’il le ramène chez lui.  Quelque chose dit au jeune Jones qu’il ne va pas pouvoir s’en échapper. Après, peut-être qu’il était simplement question de le déposer devant son immeuble. Et si non, il ne pourrait que prier que Minho ne soit pas à l’appartement. Avec Justin de retour en ville, la chance était présente.
“C’est gentil.” Il dit tout de même, parce que c’était vrai. C’était gentil. Il regarde son attelle et hausse un peu les épaules.   “J’espère juste que ça ne va pas trop retarder mon travaille je… Mais bon.. Je ne peux m’en prendre qu’à moi.” Il pourrait toujours utiliser l’autres main. Il semblerait quand même que lui qui était à fond dans des projets de broderies en ce moment allait devoir repousser un peu ses plans. Et il espérait aussi que le travaille à la friperie ne serait pas trop impacté non plus. En soit, il avait déjà eu des blessures un peu plus sévères de par des crises de colère parfois un peu compliquées à gérer.   “Et vous? Votre nez? Je suppose que dans votre métier ce n’est pas si rare, cependant…” Il ajoute en rougissant un peu. Il se sent bête, vraiment.  

  “Je vends des vêtements… mais je couds, surtout, et là, je crois que ça va pas être possible…” Pas pendant quelque temps en tout cas. Et comme c’était sa grande passion, non sans oublier son passe-temps préféré, il allait falloir trouver autre chose à faire pour se laisser le temps de guérir correctement. Il secoue la tête à la proposition de Jackson concernant le travail.   “C’est gentil mais mon patron comprendra, il est très gentil.” Il explique en hochant la tête.   “Enfin je ne dis pas non au numéro, je vais devoir trouver un moyen de vous remercier de votre aide donc..” Il lui faudra son contact pour pouvoir le joindre quand il aura trouvé une idée. L’homme devant lui semble s’habiller plutôt sobrement donc il ne sait pas si un vêtement… Il va y réfléchir. Il y réfléchit même dès maintenant alors que son aîné lui explique que ça ira au travail.
Il se demande à quoi ça ressemble, une bonne ambiance dans un poste de police. Il faut dire qu’il a toujours cherché à les éviter, et que sa famille n’étant pas fan des forces de l’ordre, il n’est pas particulièrement au courant de comment ça fonctionne d’être policier. Il hoche la tête à la mention de la côte cassée, parce qu’il s’en est fêlé une à la boxe une fois et rien que ça lui avait fait payer pendant plusieurs jours. Mais c’est la mention d’attirer l’attention de quelqu’un qui le sort finalement de ses pensées.   “Vous voulez l’attention de quelqu’un en particulier?” Il demande sans trop penser que ce n’est pas du tout ses oignons, avant de le réaliser.   “Enfin, vous n’êtes pas obligé de répondre… mais je ne crois pas qu’il faille être blessé pour ça… Fin pas dans votre cas quoi…” Il sait qu’il s’enfonce et décide de juste avancer vers le taxi. Il s’assoit derrière aussi, pas habitué à s'asseoir devant dans une voiture de toute façon, et donne son adresse au chauffeur qui démarre.