« When you feel my heat, look into my eyes, it's where my demons hide » † Kamil

Trigger warning : Maladie et décès d’un proche (cancer)  – accident de la route – expérience de mort imminente.

Je suis un enfant février 1990
Je suis né en 1990. Papa et maman s’aiment énormément. Ils m’aiment aussi énormément. Papa fait des acrobaties. Maman dresse les chevaux. Les gens viennent de plein d’endroit. Papa et maman viennent de Pologne, donc je suis polonais. Je parle le polonais. Mais le cirque est en France, alors je parle français. Et comme tout le monde vient de partout et parle plein de langues différentes, je parle anglais, pour pouvoir parler avec tout le monde. Ça fait beaucoup, beaucoup de langues, mais j’aime bien. Tout le monde est gentil, patient avec moi. J’ai plein de copains dans le cirque, des garçons et des filles. J’apprends plein de choses drôles, et on me dit que c’est bien, parce qu’en plus je suis curieux, donc je suis content d’apprendre.

J’apprends 1995
Même si j’aime bien les chevaux, comme ma mère, je suis une tête brûlée. Maman en a marre, de mes cascades, mais papa m’encourage. À peine cinq ans, et voilà les premiers entraînements. Comme mes parents, je serais artiste de cirque. Un acrobate, même, comme papa ! J’apprends à être souple, à être endurant, à être fort. J’ai plein de choses à apprendre, et rien ne me fait peur. En plus, j’arrive à bien me concentrer. Même si je suis encore un peu un clown, je suis sérieux et j’apprends bien. Papa est fier, il dit que je suis doué.

Je suis l’aîné 1992 - 1995
J’apprends à veiller sur les deux petits de la fratrie, un frère, le plus jeune, une sœur, entre nous deux. J’ai beau être encore jeune, je sais qu’il faut que j’ai toujours un œil sur eux, si mes parents ne sont pas à portée de vue. Ce sont des enfants, tout comme moi, mais ils sont plus jeunes. Ils sont ma responsabilité. J’ai de la chance, car ils m’écoutent facilement. Le fait d’être l’aîné, ce sont des responsabilités, mais ça me plaît. Et puis, ils sont vite impressionnés. Je fais le pitre pour les amuser, ça marche toujours. Mes parents sont fiers de moi, ils me le disent sans arrêt, car je fais ce qu’il faut.

Je suis un acrobate 2002
J’ai douze ans quand je fais mes débuts sous le chapiteau. Je suis devenu un acrobate, comme mon père. Même si on me pardonne encore certaines erreurs, car je suis encore un enfant aux yeux de certains, moi, je ne me laisse rien passer. Je suis totalement focalisé sur mes premiers pas. Mes premiers envols. Je suis un trapéziste, pour le moment. Car je ne suis pas encore très grand, ni très puissant. Mais, en fonction de l’homme que je deviendrais, on songe déjà à de nouvelles choses. J’ai déjà des projets plein la tête.

Je suis une adolescent Janvier 2006
J’ai grandi énormément, et à seize ans, j’ai déjà quasiment atteint ma taille adulte. J’ai grandi plus qu’on ne l’aurait espéré, et je suis ce que l’on qualifie de joli garçon. J’ai pris en force, et je suis jugé suffisamment mature pour essayer d’autres choses. On me propose d’essayer de nouveaux numéros, cette fois-ci en binôme avec Livia. Livia est un peu plus jeune et plus petite que moi. Elle est légère comme une plume lorsque l’on s’essaye aux sangles aériennes. Comme ça se passe bien, on s’essaye aussi aux tissus aériens. C’est plus élégant, avec tous ces jeux de drapé. Ce sont les deux agrès auxquels j’évolue autant en binôme qu’un solo. Je commence aussi à accompagner en tant que porteur ma petite sœur au trapèze acrobatique, ce qui me met encore plus de pression qu’avec n’importe quel binôme !

Je suis amoureux Février 2008
J’ai fini par en avoir marre, de voir ces mecs tourner autour de Livia. Bordel, je ne suis pas du genre jaloux normalement, mais là, j’ai complètement vrillé. Parce que je l’aime. Je n’ai d’yeux que pour elle. Je veux être le seul à qui elle sourit comme ça, par dessus son épaule quand elle s’éloigne de ce pas léger. Livia est comme un oiseau, sauvage et libre, je le sais, mais je voudrais que ce soit à mes côtés qu’elle revienne se poser. Jusqu’à présent j’ai fait tout mon possible pour ne pas craquer, parce qu’on a besoin de stabilité pour travailler ensemble, mais je ne peux pas continuer comme ça, je suis en train de me bouffer de l’intérieur. Alors je craque. Je cède complètement, et alors qu’elle s’éloigne de moi avec ce sourire qui me met à ses pieds, j’attrape sa main pour l’attirer vers moi et poser mes lèvres sur les siennes. Oui, je devrais demander son avis avant, mais c’est léger, et si elle me repousse, je n’insisterai pas le moins du monde. Je suis même déjà prêt à battre en retraite et à m’excuser platement avant de disparaître sous une pierre, mais contre toute attente, elle passe ses bras autour de mon cou en riant. Je n’ai jamais, jamais été aussi heureux de toute ma vie.

L’amour, ça rend débile Dans l’intervalle
J’ai l’impression d’être un imbécile sans arrêt. Quand je ris aux éclats tout simplement parce qu’elle est là, ou parce qu’on se prend la tête pour des choses tellement futiles. Oh bon sang, ce n’est pas facile, d’être amoureux quand on est si jeunes. On se chamaille et on y retourne. Des hauts et des bas. Quand j’en parle avec mes parents, comme le grand adolescent que je suis encore, bien que je sois techniquement adulte désormais, ils rient, me disent que c’est la vie, que c’est normal de ne pas toujours être d’accord quand on s’aime, mais que ça se voit qu’on est bien ensemble. Qu’eux aussi ont été à ma place. Et au final, je suis très heureux aux côtés de Livia. On commence à parler de notre avenir, il va arriver vite.

Je vois mon monde s’écrouler Juillet 2010
Tout commence quand Livia a ses premiers maux de tête récurrents. Elle fait plusieurs examens, et elle refuse que je l’accompagne pour ça. J’ai essayé d’insister, mais elle est bien plus têtue que moi. Puis, après le dernier rendez-vous de plus, elle m’appelle, car je ne suis pas sur place. Quand je décroche, je n’entends rien d’autre qu’un sanglot. Un sanglot qui me glace l’échine et déchire le cœur. Je n’y réfléchis même pas, je lui dis que j’arrive et je prends la route. Je suis dans un état second toute la route, conscient que quelque chose se joue. Je ne me rappelle même pas distinctement avoir fait la route où l’avoir rejointe dans ce bureau blanc. Et quand j’ai le diagnostic, tout se brise en moi. Livia, ma douce Livia, a un cancer, dans le cerveau. Un lymphome primitif. Une saloperie qui n’est pas opérable, et qui a infiniment plus de chances de la tuer que de lui laisser une chance. Mais je ne la laisserais pas tomber. Je lui promets qu’on va se battre contre cette saleté à deux. Je refuse qu’elle puisse abandonner, parce que s’il y a la moindre chance de survie, la moindre chance pour nous, elle doit la saisir. Je suis là, je suis avec elle, et je n’irais nulle part. Alors, on prend toutes les infos nécessaires, on se prépare au combat.

Je vis entre deux réalités Dans l’intervalle
Livia ne peut évidemment pas continuer de travailler, ni de se déplacer avec le cirque. Avec son traitement, c’est trop compliqué. Alors on me colle un nouveau binôme pour continuer mon job. Je n’y ai pas tellement la tête, mais Liv ne me donne pas la possibilité de refuser. J’y vais et je fonce. Mais je cours tout le temps. Je passe mon temps sur la route ou dans le train, l’avion. Je passe un maximum de temps avec Livia, qui est épuisée par son traitement, et j’ai mes obligations professionnelles, car la sûreté de mon binôme dépend de moi … Alors je suis sans arrêt en route, pris entre deux univers. Le cirque, où la vie doit continuer, et l’hôpital, où la femme que j’aime se bat pour vivre plus longtemps. Je suis physiquement et émotionnellement épuisé, mais je refuse de le montrer. Sinon, Livia me fera promettre de ne pas continuer à venir la voir, et je n’y survivrais pas.

La moitié de mon âme meurt avec elle Juin 2014
Même si elle s’est battue comme une lionne … Il n’y a plus d’espoir pour elle, son corps ne répond plus au traitement depuis quelques semaines déjà. La saloperie s’est développée plus vite, plus violemment, et elle a cessé le traitement. J’ai accepté avec elle qu’elle cesse de se battre, car ça la fatigue trop, et qu’on sait parfaitement que ça ne sert plus à rien. Cette fois, elle est condamnée, il ne nous reste plus qu’à nous préparer à l’inéluctable. Je ressens la vie comme une injustice, de pouvoir seulement la regarder mourir, avec seulement quelques traitements pour la douleur pour l’accompagner. Elle aurait pu partir plus vite à cause du traitement qui agresse son corps. Je l’ai ramenée à la maison, pour passer mes dernières semaines à ses côtés. Je souris pour elle, mais au fond, c’est moi qui meurs tout doucement. Je suis en souffrance, mais je fais tout pour ne pas le lui montrer. Liv s’éteint au sein du cirque, entourée par ses proches, sa famille, conformément à ce qu’elle souhaitait depuis qu’elle savait que cette saleté pouvait l’emmener. Le jour où Livia part, le soleil est splendide. L’été est bien là, et ça me rend encore plus amer. C’est injuste. Elle ne mérite pas ça. Elle qui est si douce, si solaire, elle a la vie devant elle normalement ! Je sais que j’échangerais sans hésiter ma place avec la sienne, mais c’est impossible. C’est monstrueux, pour moi. D’essayer de garder la face pour qu’elle puisse partir sereine, qu’elle trouve enfin un peu de paix. Sa dernière volonté, c’est que je lui promette de reprendre le cours de ma vie. Ça me paraît si impossible ! Mais elle insiste, elle insiste vraiment, alors je lui promets. Je ne sais pas comment je suis sensé faire, mais je lui promets. Et s’est ma main entourant la sienne qu’elle cesse le combat après quatre longues années.

Je ne suis qu’une coquille vide Dans l’intervalle
Je ne suis même pas l’ombre de moi-même, je ne suis plus rien. Je traîne ma peine comme un boulet. Je n’ai plus de larmes, je les ai toutes versées. Je suis une âme en peine, ma douleur est aiguillée à chaque fois que je pose le regard sur un endroit. Tout, absolument tout, me rappelle Livia et son sourire. Livia qui me manque tant. J’ai l’impression que la vie n’a plus de sens, sans elle. Tous mes projets d’avenir sont réduits à néant. La seule chose qui parvient à me maintenir en vie, c’est la promesse que je lui ai faite. C’est au dessus de mes forces de me dire que je pourrais trahir sa dernière volonté. Mais je ne peux pas continuer à vivre ici, comme ça. Il faut que je trouve une solution, car la situation devient dangereuse. Je ne parviens plus à me concentrer sur mon travail, je mets mon binôme en danger dans ces conditions. Et j’ai l’impression de faillir à ma promesse tandis que je me noie chaque seconde un peu plus dans mon chagrin.

Je prends mon envol Septembre 2014
La décision s’impose d’elle-même. Il n’est pas possible pour moi de rester ici, sous ce chapiteau qui nous a vu grandir. Je ne supporte plus de voir ces lieux, ni l’inquiétude sur le visage de ma famille ou de sa famille. Tout le monde s’inquiète de savoir à quel moment je vais me briser en mille morceaux. Si Livia voulait que j’avance, alors c’est la solution. Partir vers des endroits qui n’auront pas de lien avec elle. Je ne sais pas où j’irais, je ne sais pas combien de temps j’y resterais, mais c’est ma décision. Je ne veux pas demeurer une âme en peine. Pas après ma promesse. Il est temps de recommencer à prendre soin de moi. Pour elle, pour chérir son souvenir. Tenter de reprendre ma vie.

L’Europe Septembre 2014 – Juin 2016
Première étape de ma nouvelle vie : le tour d’Europe avec pour seul bagage mon sac à dos. Je vais d’un endroit à l’autre, proposant mon aide contre un salaire dans les bars, les restaurants. Je parle parfaitement anglais, depuis le temps, alors c’est assez facile, pour le tourisme. Je parviens à gagner assez d’argent pour poursuivre mes projets. Je visite la plupart des endroits en me disant que Livia les aurait adorés, et si au début c’est difficile pour moi, douloureux à espérer mourir, finalement, je décide de nous créer des souvenirs. Oui, nous, car d’une façon, elle m’accompagne. Elle qui rêvait de découvrir autre chose que la France aurait adoré ce roadtrip. Alors je m’accroche au fait que c’est un peu pour nous deux, mais beaucoup pour moi quand même. Il est temps que je tienne cette promesse que je lui ai faite.

L’Amérique du Sud Juin 2016 – Mai 2018
Ce continent m’a étonnamment peu plu. J’ai enchaîné quelques petites déconvenues là-bas, mais comme je suis têtu … J’ai décidé de ne pas modifier mes plans. Je me suis acharné. Je me suis posé un temps au Brésil, profitant d’avoir trouvé du travail sur la plage de Copacabana pour faire grossir un peu mes finances. Je garde une vision un peu mitigée de cette période, mais au moins, elle m’a permis de guérir et d’aller vers l’avant un peu plus. C’est aussi ça qui m’a donné l’opportunité suivante, comme un grand hasard. Ma vie est vraiment, vraiment faite de hasards …

La cité d’émeraude Mai 2018
Seattle. Une destination comme une autre, à la base. Un billet d’avion pris directement à l’aéroport, sans savoir pour combien de temps. Le but de visiter les Etats-Unis à partir de ce point-là. Mais contre tout attente, cette ville me plaît. Elle me plaît énormément. Je ne sais pas si c’est parce que du temps est passé et que la peine s’est un peu apaisée, ou si c’est parce que cet endroit a quelque chose de spécial, mais c’est la première fois depuis longtemps que je me sens à la maison. Je fais de premières rencontres, je recommence à me lier aux autres, et je commence à sentir, enfin, un peu d’apaisement.

Je redeviens sédentaire Dans l’intervalle
Pour la première fois en quatre ans, je ressens le besoin de me poser. Avant, j’aurais été à la recherche de ma prochaine destination, mais depuis que je suis arrivé à Seattle, j’ai juste envie de m’établir plus durablement. Il y a évidemment pas mal de formalités administratives pour ça, car les Etats-Unis se protègent beaucoup des étrangers, mais ça ne me dérange pas de les faire. C’est long et fastidieux, mais ce n’est pas quelque chose qui me dérange. Je cherche un job, je cherche un appartement, et j’en viens à apprécier ce calme. Moi qui suis en route depuis quatre ans, même si j’ai encore envie de visiter certains endroits, je ne songe plus à partir si longtemps, pour le moment.

Je passe par une belle porte Mars 2021
Je ne me rappelle absolument pas comment s’est arrivé. On me l’a raconté plus tard. Mais ce jour-là, une vraie bonne étoile veillait sur ma vie. D’après le rapport des secours, j’avais défié toutes les probabilités en ressortant vivant de cette collision. Je suis en voiture, à l’arrêt dans un bouchon sur l’autoroute, les feux de détresse enclenchés pour prévenir derrière. Il pleut, il y a un accident devant. Je suis derrière un poids-lourd. Sur son téléphone, le conducteur du poids-lourd qui arrive derrière n’a même pas eu le temps de réellement freiner. Ma voiture est prise en étau entre les deux mastodontes routiers. J’aurais certainement du être broyé totalement. Seulement, ce n’est pas ce qui s’est passé. Je suis un miraculé. Quand les secours me désincarcèrent, je suis inconscient et couvert de sang, mais vivant. Dans le coma à la suite d’un choc à la tête, avec une fracture du crâne, des contusions et des plaies partout, quelques fractures mineures sur les côtes un le bras gauche, mais vivant. Et je vis l’une des expériences les plus étrange de ma vie. Car je suis assez sûr de ce dont je me rappelle. Livia. Livia est là, son sourire, sa douceur. Nous sommes à Seattle, je connais l’endroit, il est à quelques pas de chez moi. Elle a les doigts glissés dans mes cheveux et elle me sourit. Je lui souris, moi aussi, évidemment. Ma peine m’écrase. Elle me manque, plus à cet instant encore. Et elle me parle. De tout ce qu’il me reste à vivre, à voir. De tout ce qu’elle espère pour moi, le bonheur, l’amour à nouveau. Je proteste, mais la résolution dans ses yeux, ses yeux pleins de vie et exempts des traces de la maladie, me réduit au silence. Puis elle me sourit une dernière fois avant de s’éloigner, me laissant seul, me lançant ce regard par-dessus l’épaule que j’aimais tant … Je me réveille quelques jours après mon admission à l’hôpital. J’ai mal partout, je suis dans un état épouvantable, mais le pronostic futur est plus que rassurant. Même s’il me faudra sûrement un peu de temps pour reprendre une vie normale après ça, les médecins sont très optimiste. Quand je leur raconte mon expérience, ils ne sont pas outre mesure surpris. Même si elles ne sont pas systématiques, les expériences de mort imminente – ce que j’ai vécu – sont une possibilité. Un mécanisme encore méconnu du cerveau face à un trouble, un coma. Réalité ou rêve, impossible de le dire. Toujours est-il que ça m’a touché, et que s’est profondément ancré en moins, aussi sûrement qu’un réel souvenir.

J’avance, comme promis, enfin Dans l’intervalle
J’ai pris conscience que ma vie ne tient qu’à un fil. Je n’ai jamais cherché à ce que ce genre de chose m’arrive, mais après cela, je chéris encore plus ma vie. Les années ont aussi aidé, mais voilà, je commence à m’autoriser à nouveau à être heureux. À sortir, faire des rencontres. Seulement, mon cœur ne semble pas emballé à l’idée. Même si sept années sont passées, il ne semble pas vouloir s’attacher de nouveau. Alors, j’avance un petit pas à la fois, et un jour il finira peut-être pas s’accrocher à nouveau à quelqu’un.

L’Inde, le Japon et le Vietnam Mars 2023 – Juin 2023
C’est là que je reprends mes voyages. Un besoin de bouger, après une longue période. Et la perte de mon emploi à Seattle, également. Voilà de quoi me donner envie de reprendre la route. Un côté du monde que je n’ai encore jamais vu. Une culture on ne peut plus différente de tout ce que j’ai connu jusqu’à présent. Un dépaysement agréable. Un vrai moment pour moi, pour remettre en question certains choix, certaines idées. Découvrir de nouvelles choses, faire de nouvelles expériences. Voyager m’a pas mal manqué, finalement, en y repensant. Je ne sais pas quand j’aurais à nouveau cette opportunité, alors je fonce et je profite complètement de mon voyage.

La Thaïlande Juin 2023 – Juillet 2023
Six semaines en Thaïlande, voilà ce qui est prévu, avant de rentrer à Seattle. Le billet de retour est déjà pris, j’ai ma date. D’ailleurs mes parents et ma fratrie sont au courant. Ma sœur m’a prévenu qu’elle passerait peut-être cet automne visiter ma nouvelle ville. J’ai déjà hâte, même si j’ai envie de profiter de la fin du voyage avant. Et ce voyage … Quel voyage ! Je ne m’attendais pas à ce qu’il s’y est passé. Il a pourtant démarré comme tous les voyages qui l’ont précédé. Jusqu’à une rencontre. Elle n’a rien de prévu. Ce n’est qu’un des hasards de la vie. La même visite, le même jour. Nous nous sommes de suite entendu. Puis une autre visite, un verre, une soirée. De fil en aiguille, un peu plus de temps ensemble. Un caractère qui m’a plu. Pour la première fois depuis des années, j’ai sincèrement apprécié sa présence. Son énergie contagieuse. L’envie de la côtoyer et de passer du temps avec elle, pour apprendre à la connaître un peu plus. Elle a agi comme un baume sur moi. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. On le savait dès le départ. Ce n’était en rien une surprise. Sans avoir échangé d’adresse ou de numéro de téléphone, il a fallu se séparer. Il y aura eu dans ce voyage en Thaïlande une parenthèse si inattendue qu’elle me laisse rêveur. Avec quelques « et si … » et le souvenir d’un peu de douceur.

Je rentre chez moi Depuis juillet 2023
Seattle m’appelle, après ce dernier voyage. J’ai évidemment un pincement au cœur en remontant dans l’avion. J’aurais aimé que cette parenthèse inattendue dure un peu plus, peut-être. Mais c’est la vie, et on y peut rien. Elle avait ses projets, moi les miens. Cette rencontre m’aura au moins prouvé que je suis toujours capable de ressentir quelque chose. Mon retour à Seattle est un bon moment malgré tout. Parce que ça fait du bien de rentrer à la maison, dans mon petit cocon. La vie reprend son cours. Nouveau boulot, nouveau départ. Mon sac à dos va sûrement rester quelques temps dans le placard, mais seulement jusqu’à la prochaine destination.

Je suis la somme d’un tas de détails Anecdotes
Il fume. Peu la plupart du temps, parfois plus, selon divers paramètres, mais il tire régulièrement sa latte. De toute façon, avec ou sans ça, il n’y a pas de justice en ce monde, on meurt tous de quelque chose. – Il n’y a rien de mieux qu’un bon verre après une journée compliquée. Origines obligent, il opte pour la vodka la plupart du temps. Il a une consommation modérée, non systématique, sur l’alcool. On est loin d’un alcoolisme, c’est seulement un moyen de décompresser. – Il a maintenu un entraînement physique rigoureux. Il a conservé une bonne forme physique après ses années d’artiste du cirque, et ça l’aide à se sentir bien, tant dans son corps que dans sa tête. – Dans son appartement, plutôt très haut de plafond, il a installé des sangles amovibles dans une pièce. Ça ne lui permet pas grand-chose par rapport à ce qu’il faisait avant, mais ça lui permet au moins de s’exercer un peu, quand son ancienne vie lui manque trop. C’est parce que certaines choses seraient trop douloureuses qu’il n’y retourne pas, mais parfois il y songe quand même. – Son emploi de barman lui convient bien pour le moment. Il est en contact avec pas mal de monde, ça l’occupe, ça lui évite de réfléchir, et ça paye correctement. Il ne demande pas mieux. – Il n’a pas encore choisi sa prochaine destination de voyage, mais il commence à y songer. Il n’a pas envie de cesser son petit tour du monde pour le moment, même s’il a écumé un certain nombre de pays ces dernières années. Il songe à retourner en Europe, pour profiter un peu mieux des lieux qu’il a survolé dans cet état de peine permanente des premiers mois. – Du fait de ses origines, et de toutes les langues qu’il a pu entendre autour de lui, il a un très bon niveau de français, d’anglais, et de polonais, tout en gardant un léger accent difficilement identifiable lorsqu’il parle, mélange des trois langages. Il n’a pas le moindre souci à se faire comprendre dans l’une de ces trois langues, et surtout plus en anglais qui est celle qui lui sert le plus depuis qu’il a quitté son cirque français pour faire le tour du monde. Son accent est atypique, mais très léger. – Bien que plein de charme, c’est un piètre dragueur. Il n’y a eu qu’une fille qui ait vraiment compté pour lui et il n’a rien fait pour la séduire … Cela peut donner quelques situations cocasses, car il ne voit pas toujours ce qui se passe sous son nez. Néanmoins, son charme naturel et sa sociabilité le servent bien, quand il s’agit de trouver une conquête pour la nuit. Pas qu’il les enchaîne, mais il n’est pas un moine pour autant. – Il a une prestance naturelle quand il se tient ou se déplace. Elle lui vient de son passé d'artiste de cirque, car il a appris à se tenir droit, à ne pas vouter le dos. Ce maintien lui est devenu tout à fait naturel avec les années.