Parler n'est pas mon point fort - Joshua

Etre triste et s’apitoyer sur son sort n’était pas dans la nature d’Anton, mais dernièrement, c’était tout ce que son esprit semblait vouloir l’encourager à faire. Le trentenaire se demandait ce qui lui avait pris. Il avait sincèrement pensé être amoureux d’Adrian, mais quand il lui avait dit cela, il avait vu au regard de son ami que les sentiments n’étaient pas réciproques. Anton savait pourtant que ce dernier s’était libéré de l’enclave de sa famille seulement depuis quelques années, mais après plusieurs conseils reçus, il s’était lancé. Malheureusement, il s’était crashé et il avait dit à ce dernier qu’il avait besoin d’espace et de temps. Anton était rentré à sa colocation et avait juste décidé de s’enfoncer dans son travail dès le lendemain matin. Ca faisait déjà deux semaines que tout cela était arrivé, mais il n’arrivait pas à avancer. Ca lui apprendrait à écouter les autres plutôt qu’à suivre son instinct. Il aurait mieux fait de se taire. Peut-être qu’il devrait aller chercher un moment de réconfort dan les bras de Kai ? Non, ça ne changerait au final.

Depuis deux semaines, il trainait sa tristesse et il avait eu le droit au regards désapprobateur de Soa qui continuait à lui mener la vie dure à l’appartement. Il avait aussi eu sa meilleure amie qui avait tenté de lui changer les idées, mais sans succès. Il l’avait remercié malgré tout. Mais aujourd’hui, il se retrouvait dans son appartement en compagnie de Joshua, son meilleur ami. Ce dernier lui avait demandé s’il pouvait prendre une douche et Anton lui avait dit de rester pour passer la nuit et c’était ce qui s’était produit. Anton lui avait laissé son lit et avait pris le canapé. Il avait dit à son ami que ça n’était pas la peine de protester et que c’était ça ou rien. Surtout que si ses colocataires venaient à tomber sur Joshua sur leur canapé, elles risquaient de se poser des questions, car elles ne le connaissaient pas vraiment. De plus, il savait dans quelle situation se trouvait son ami et il n’allait pas lui dire de dormir sur le canapé, car ce dernier n’était pas des plus agréables pour le dos.

Mais Anton en avait l’habitude. Après tout, plus d’une fois il s’était endormit dessus. Après s’être réveillé, il avait vu un mot des filles disant qu’elles étaient déjà parties. Faisant couler du café, il bailla avant de s’étirer. Entendant ses épaules craquer, il grogna avant de bailler bruyamment cette fois-ci. Regardant l’horloge de la cuisine, il vit qu’il était déjà dix heures. Il ne travaillait pas aujourd’hui. C’était son jour de repos et il devait avouer que si Joshua était disponible, passer un moment ensemble serait une bonne chose. Ca lui changerait les idées et il pourrait peut-être convaincre son ami de rester aussi à l’appartement le temps qu’il puisse trouver quelque chose de mieux. Il ne savait pas si Joshua accepterait ou s’il comptait trouver un autre logement, mais Anton ne se voyait pas le mettre à la porte.

Sortant deux tasses d’un des placards de la cuisine, il soupira doucement. La situation de son ami n’était pas à envier et Anton aurait aimé pouvoir faire quelque chose pour l’aider, mais il savait aussi que Joshua avait sa fierté. Il pouvait totalement comprendre la chose, il était fait de la même trempe. Il releva la tête quand il entendit des bruits de pas et sourit en voyant Joshua.

Bien dormi ?

Il espérait que oui et que ça lui donnerait l’envie de rester un peu.

Le café est presque prêt et il y a de quoi faire un bon petit déjeuner. De quoi as-tu envie ?

Une bonne douche bien chaude. Le parfum agréable du produit moussant sur mon corps. Après m’être contenté des lavabos des toilettes publics pendant une poignée de jours, autant dire que je vivais là ma meilleure vie. J’aurais pu y passer des heures, explosant le ballon d’eau dans mon manque d’enthousiasme à m’extirper de là. Seulement, c’était impossible. Non seulement car je n’en payais pas les factures, mais aussi car je n’étais pas seul sous ce toit. Ni même mon ami qui avait gracieusement accepter de m’héberger pour la nuit. Ce type était une crème. Et dire que nous nous étions rencontrés par le plus pur des hasards au bar d’une boîte de nuit. Nous rigolions toujours lorsque nous imaginions nos groupes respectifs remarquer notre disparition. La tête qu’ils avaient dû faire ! Heureusement, nous avions réalisé notre boulette entre deux crises de rire et des textos leur avaient été envoyés afin de les rassurer. Nous étions toujours en vie. Depuis, il ne se passait pas une semaine sans qu’un rendez-vous soit posé en-dehors de rares exceptions. Nous étions inséparables. Un peu comme le « Super » du « Man » quoi. Bref, maintenant propre et reposé (merci aux lits d’exister !), il ne me restait plus qu’à enfiler mes habits de rechange déjà nettoyés dans une laverie du centre-ville. Ce fut avec un grondement résonnant au niveau de mon ventre que j’accueillis ensuite les effluves de café matinaux. Je me sentais tel le Roi du monde. J’avais à peine fait un pas dans la pièce que ma progression fut accueillie par un « Bien dormi ? » attentionné. « Bof. Je suis habitué à plus confortable. » ironisai-je en lui pinçant la joue. La vérité était que je m’étais empaffé immédiatement. M’être réveillé relevait du miracle tant Morphée s’était révélé particulièrement accueillant ce coup-ci.

Mon sourire était large lorsque mes billes claires se posèrent dans son regard encore fatigué. Ou bien était-ce autre chose que j’y lisais ? « Et toi ? Je t’ai déjà dit que je refuse que tu te démontes le dos à cause de moi. » Mon ton était catégorique. Anton n’avait pas à être une victime collatérale de mes choix. C’était hors de question. Pour ça d’ailleurs que je refusais toujours de crécher longtemps au même endroit. « On aurait pu partager en plus. Ton lit est assez grand. Je sais que tu es irrésistible mais, crois-moi, si j’ai résisté jusque-là je pouvais tenir encore une nuit ! » La flatterie saupoudrée d’humour était ma spécialité. Nous n’avions jamais rien fait dépassant le cadre d’une amitié standard. En avions-nous seulement eu envie rien qu’une fois ? Pas que je me souvienne. Même notre rencontre passée sous les étoiles n’avait pas abouti à un quelconque échange de salive. Pourquoi, quoi de plus romantique ? Nous ne devions pas être destinés l’un à l’autre de cette façon. À la plus grande incompréhension de mes proches qui nous avaient observé ensemble.

« Je ne suis plus habitué à manger le matin mais je ne dirais pas non à des pancakes ou des toasts. Mais je ne veux pas… » commençai-je en ayant une chance sur deux d’être interrompu par mon interlocuteur qui avait entendu cette même rengaine cent fois. Je haïssais abuser de l’hospitalité de quelqu’un. En particulier lorsque j’avais déjà un autre service à demander… En y songeant, je sentis le feu me monter au visage, mes yeux s’abaissant alors que je m’éclaircis la gorge. « Hum… Si ça ne t’embête pas je… - et je sais que c’est abusé ! – Je voudrais savoir si ça t’embêterait de me prêter des fringues. Ce serait seulement pour quelques heures, dans un jour ou deux. » Bordel, je haïssais mendier comme ça ! Le comble pour un sans-abri, non ? « Je t’explique : un ancien « collègue » a repris contact avec moi sur Insta et veut qu’on se voie. Ce sera probablement ce week-end. Je n’ai rien de classe à me mettre et je préfère qu’il ne sache pas pour… Tu sais… » Que j’étais à la rue, quoi ! « En échange, je suis prêt à partager un morceau de mon plaid si un jour tu en as marre de vivre ici. » Une offre qu'il ne pouvait refuser ! Je le dévisageai d’abord sérieusement, puis je finis par exploser de rire. Comme si ça risquait d’arriver ! Mais que pouvais-je lui proposer d’autre ? Ce n’était pas comme si je croulais sous le mobilier !

Haussant un sourcil face aux paroles de son ami, Anton secoua la tête doucement. Il aurait pu lui dire de prendre le canapé pour la prochaine fois, mais étant bien élevé, il ne ferait pas une telle chose. Quoi qu’il pourrait tenter de le faire marcher exprès. Face à ce qu’il ajouta, le trentenaire balaya le tout d’un geste de la main.Ca va et mon dos va bien.Il savait que ça n’était pas totalement vrai, mais il n’allait pas le lui dire. Pourquoi ? Parce qu’il ne voulait pas voir Joshua retourner dans la rue. Il savait pourquoi il le faisait, mais il n’aimait pas la situation pour autant. Cependant, il fixa son ami face à ce qu’il ajouta.

Tu pouvais ? Donc si tu passes une nuit en ma compagnie, tu risques de me sauter dessus ? Hum … bon à savoir.

Il haussa les sourcils de façon explicite tout en riant légèrement. Oh, ils auraient déjà pu partager le même lit de cette façon, mais leur amitié avait toujours été au-dessus de tout. Dès leur première sortie ensemble, quand ils s’étaient retrouvés seul, c’était la conversation qui avait prit le dessus au lieu de s’embrasser ou d’aller plus loin. Cette connexion avec quelqu’un d’autre était particulièrement rare et Anton devait avouer qu’il ne se voyait pas vivre sans Joshua à ses côtés. Ils avaient connu les hauts et les bas de l’autre. Ils s’étaient toujours entraidés. C’était ça le plus important.

Si tu restes une nuit de plus, on partagera le même lit.

Il savait qu’un tel argument n’allait pas le faire rester, mais il espérait que Joshua déchiffrerait le fait qu’il acceptait qu’il reste encore et même plus d’une nuit. Il était même prêt à partager sa chambre avec lui si ça lui permettrait de ne pas devoir repartir dans la rue. Il savait que son ami irait vers ce chemin là, mais il espérait qu’il accepterait de rester ici un peu plus longtemps malgré tout. Quand Joshua fit son choix sur son petit déjeuner, Anton se mit en action.

Tu ne veux pas quoi ? Déranger ? Si tu me sors quelque chose de négatif.

Il ne regarda pas son ami, mais il savait que ce dernier comprendrait ce qu’il voulait dire et le fait qu’Anton lui affirmera qu’il n’était pas un poids ou ce genre de choses que Joshua devait penser. Attrapant de quoi faire des toasts, il s’activa, les mettant finalement à chauffer, avant d’être surpris par les propos de son ami. Il se retourna vers lui pour voir qu’il n’était absolument pas à l’aise. Le laissant s’expliquer comme il le disait, le plus âgé croisa les bras sur son torse, attentif. Cependant, il se mit à rire face à ce que Joshua indique en dernier.

Fais attention, parce que je pourrai te prendre au mot. Surtout si Soa continue à s’en prendre à moi et que la fille de Destiny continue à se réveiller à 6h du matin.

Anton n’arrivait pas à cerner Soa qui l’envoyait balader à tout va et la fille de Destiny qui était encore petite, se réveillait bien trop tôt. D’ailleurs, Anton n’était clairement pas à l’aise avec la demoiselle. Il n’était pas à l’aise avec les enfants en général, mais ces derniers semblaient le coller dès que possible, ce qu’il ne comprendrait jamais.

Sans problème pour les fringues, tu n’auras qu’à te servir et tu peux les garder plus longtemps si tu en as besoin.

Se retournant, il décida de finalement faire des pancakes en plus des toasts. Après tout, manger était quelque chose qu’il appréciait également.Revoir cet ancien collègue est une bonne chose ? Il voulait surtout savoir si ce dernier risquait de faire des remarques ou si Joshua n’avait pas vraiment envie de le revoir. Préparant la pâte, il entendit le toasteur indiquer que c’était prêt et il tourna la tête vers Joshua.

Tu peux t’en occuper s’il te plaît ? Il faut que je fasse la pâte ici.

Continuant le tout, il soupira doucement.

Tu devrais rester dormir ici jusqu’à ton rendez-vous. Comme ça tu pourras dormi dans un lit et être en pleine forme.

Un nouvel argument et il savait qu’il risquait de paraître insistant, mais il tentait quand même la chose.

Comme ça tu pourras t’habiller directement ici et prendre ton temps pour te préparer.

Nous voilà, de bon matin, en train de nos vanner comme jamais. Étais-je surpris ? Pas du tout puisque cela nous venait naturellement et, en général, de façon continue. Je souris en l’entendant rebondir sans pudeur. Bien sûr, ses paroles n’étaient pas à interpréter au premier degré car nous n’avions jamais cherché à séduire l’autre ni même à nous lorgner à la première occasion. Si rapprochement il y avait dû avoir, celui-ci se serait produit il y a une éternité non ? En particulier lors de notre week-end camping où l’espace restreint (et la fraîcheur) avait forcé le rapprochement physique. Nous nous étions pourtant comportés en gentlemen. Était-ce plutôt une question d’attirance ? Alors que mes yeux bleus étaient posés sur lui, je cherchai à déterminer ce que je pensais de son apparence. C’était un bel homme. Très bel homme même avec son regard sombre et ce nez pointu légèrement relevé qui faisaient tout son charme. Je n’y comprenais rien et me rassurais de l’inutilité d’approfondir le sujet. Passons à autre chose. Ou, pour être plus exact, sortons du mutisme. « Cette offre est très généreuse mais résister à la tentation me demanderait plus d’effort que de supporter l’inconfort d’un trottoir. » Je ponctuai mon refus d’un signe négatif de la tête. Meilleur faux prétexte existant pour un type sans toit qui refusait qu’on lui prête main-forte. Il y avait déjà tellement de personnes ici que je n’y avais pas ma place. Et si certains d’entre eux étaient gênés d’héberger un sans-abri voire même faisaient l’amalgame entre un SDF et un criminel ? Être source de tension ne me branchait pas.

Ce fut toujours dans cet éternel souci de ne pas être une plaie que je n’acceptai qu’à demi qu’Anton prépare un petit-déjeuner. Forcément, cela me valut de douces représailles qui me firent monter le rouge aux joues. Apparemment cette teinte rosée couplée à celle de mes billes forçait une apparence juvénile. Pouvait-on encore me qualifier de « innocent » après tout ce que j’avais vécu ? L’inconscience de la jeunesse s’était envolée depuis longtemps maintenant. « Quoi donc ? Tu vas me donner des coups de balais ? Même pas peur. » le prévins-je en adoptant une mine assurée peu crédible. S’il le souhaitait, mon interlocuteur pouvait m’immobiliser au sol d’une pichenette. J’en étais sûr. Bref, j’évitai donc de lui répéter un couplet qu’il n’avait entendu que trop de fois déjà en optant pour une tranche d’humour.

Je profitai de ce tremplin afin de lui quémander un service. Je me sentais tellement mal d’en ajouter une couche ! Le côté positif à cela était que le brun ne pouvait qu’avoir conscience de l’effort que cela me demandait. Tant de culpabilité pour un simple emprunt de fringues… Ridicule. Mais je préférais ça à annuler le rendez-vous ou, pire, prendre le risque de me confronter à mon père et à Marnie. Mes sourcils se froncèrent à l’écoute de la réponse formulée. « C’est quoi le problème avec Soa ? » Impossible de fournir le moindre conseil concernant la gamine mais peut-être pouvais-je être utile pour une fois en aidant vis-à-vis de son autre coloc ? Déjà, je sentais la colère grimper en moi. Je détestais que l’on s’en prenne à mon meilleur ami. « Le jour où j’ai de l’argent, je t’embarque avec moi. » Ce n’était pas la première fois que je lui prononçais une telle promesse. Je rêvais d’un jour où, grâce à une situation financière plus stable, nous pourrions créer notre nid rien qu’à nous. C’était peut-être étrange d’un certain point de vue mais le plus important pour moi était de savoir que cela me rendrait heureux. Pas que cela ferait jaser.

Qu’il accepte ma demande me toucha et je le remerciai d’un signe de tête tandis que je m’affairai à mon tour. Dans ma distraction je manquai de peu de me brûler le bout des doigts en ôtant les toasts de l’appareil électrique. « Je pense oui. Je veux juste m’assurer que ma précarité ne lui saute pas aux yeux. » précisai-je au sujet d’Anthony Fogg. « C’est un bon gars mais ce serait trop embarrassant pour des retrouvailles. » Je n’en attendais rien de particulier si ce n’est un agréable retour en arrière. Il ne m’était redevable en rien du tout. En attendant, je remarquai la tactique peu subtile du propriétaire du café pour étendre mon séjour ici. Je soupirai puis vins passer mon bras autour de sa nuque tout en le regardant préparer le premier pancake. Culpabilisait-il en me sachant dehors lorsqu’il profitait de ses draps chauds ? « Ça t’aiderait à mieux dormir ? J’accepte mais à une condition : que tous tes colocs soient ok. » Et ça… Allez savoir ! « Mais une fois que je l’aurai vu c’est terminé. » Sinon, où serait la limite ? Il me fallait un point fixe pour savoir à quel moment décoller et ne pas abuser de la générosité de mes proches. Je le lâchai puis parti en direction du frigo. « Qu’est-ce que tu veux sur ton petit-déj’ ? » Car il n’allait pas manger tout ça nature, si ? « Et puis, on parle beaucoup de moi mais toi alors ? Rien à m’annoncer ? »

S’amuser à se parler de la sorte était habituel pour eux. Ca faisait même du bien d’avoir une ambiance aussi légère. Soupirant face aux paroles de son ami, Anton leva les mains pour lui dire qu’il n’allait pas insister … pour l’instant en tout cas. Commençant donc à préparer le petit déjeuner, il fit en premier les toasts, c’était le plus simple. Face à ce que son ami disait, Anton eut un léger sourire aux lèvres.

Des coups de balais ? C’est trop gentil ça ! Je sais quels sont tes points faibles, à commencer par le fait que tu sois chatouilleux et ça, ça sera ma façon de gagner la partie.

Un sourire suffisant au lèvres, il devait avouer qu’il l’avait déjà fait par le passé et qu’il avait eu le dessus presque à chaque fois. Malheureusement, il était chatouilleux aussi, donc ils risquaient d’être ex aequo. Cependant, il fut surpris en voyant son ami particulièrement mal à l’aise. Ce dernier avait besoin de vêtement car il avait rendez-vous avec une vieille connaissance. Ca ne dérangeait absolument pas Anton, tant que ce dernier était à l’aise avec les vêtements qu’il pourrait choisir. Mais, comme il l’indiqua, il prendrait son ami au mot si la situation à l’appartement ne changeait pas. Face à la question de son ami, il soupira doucement.

A vrai dire je ne sais pas. Il restait une place dans la colocation et quand elle a postulé, ça semblait coller, enfin surtout avec les filles. Mais depuis, c’est comme si je la dérangeais. C’est moi qui ai mis en place la coloc et elle se croit tout permis. Je me fais envoyer balader à tout bout de champ. Apparemment je suis un tyran !

Il devait avouer qu’il ne savait absolument pas pourquoi elle se comportait de la sorte avec lui.

Tous les jours elle menace de partir, mais elle continue de rester et j’avoue que je ne sais pas comment faire pour que les choses se passent mieux.

Il restait à chaque fois perplexe quand elle disait qu’elle serait mieux ailleurs, mais elle restait. Il savait qu’avoir son propre logement n’était pas donné, mais pourquoi menacer de partir à tout bout de champ dans ce cas ?

Fais attention, je pourrai vraiment te prendre au mot.

Il devait avouer que si Joshua débarquait un jour et lui proposer de vivre dans un chez eux, il dirait oui sans hésiter. Non pas qu’il n’aimait pas la colocation, car ils pouvaient faire avec la mauvaise humeur de Soa et Destiny et sa fille, mais vive avec son meilleur ami était une perspective particulièrement alléchante. Il savait au moins que les choses seraient bien meilleures avec Joshua. Indiquant à son ami qu’il pouvait lui emprunter des vêtements et les garder même plus longtemps qu’une journée, Anton devait avouer que faire des pancakes était aussi une idée intéressante et il s’y colla également. Il laissa son ami gérer les toasts, avant d’écoutant ce que son ami disait.

Embarrassant pour toi ou pour lui ? Il est plein au as et te ferais des remarques ?

Protecteur envers Joshua ? Totalement et ça ne changerait pas de sitôt. Il voulait surtout s’assurer que la personne qu’il allait voir n’irait pas le rabaisser ou le mettre mal à l’aise. Mais Anon en profita aussi pour revenir sur le sujet de rester dormir à l’appartement jusqu’à son rendez-vous du week-end. Il l’entendit sourire et il se disait qu’il avait peut-être trop insister. Sentant son bras autour de son cou, il attendit alors de savoir s’il allait lui dire d’arrêter ou pas. Pour donner le chance, il commença les pancakes. Il fut donc un peu surpris par la réponse de son ami et il tourna la tête vers lui.

Quelque part oui. Je préfère te savoir ici que dehors à être dans une situation difficile et découvrir que tu auras terminé ta nuit aux urgences parce qu’on s’en sera pris à toi. Oui, je sais je ne connais rien de la vie dehors comme toi, mais je n’ai pas envie de recevoir un appel ou découvrir une telle chose.

Fronçant les sourcils, il devait avouer que ça le rendait particulièrement nerveux de le savoir dehors tout seul la nuit.

Pour les autres, ils seront d’accord et si tu veux partir ensuite, je te laisserais faire. Mais j’espère que tu sais que la porte te sera toujours ouverte.

Il esquissa un léger sourire, lui faisant comprendre qu’il serait toujours le bienvenue. Face à sa question, Anton réfléchit avant de répondre.

De la confiture. Celle à l’abricot s’il te plaît pour les toasts et sirop d’érable pour les pancakes.

Il savait que Joshua trouverait la confiture dans le frigo et le sirop dans une des armoires. Il connaissait assez l’appartement pour ça. Mais quand son ami repris la parole, Anton soupira doucement.

Pas vraiment … le café fonctionne toujours aussi. Chad est toujours partant pour qu’on aille en vacances pour faire de l’escalade et je compte bien partir pendant quelques semaines aussi. Ca fait tellement longtemps que je n’ai pas pris de vacances que ça ne pourra pas me faire de mal surtout après … après Adrian.

Se passant une main dans les cheveux, Anton se focalisa sur les pancakes. Seulement, il sentait aussi le regard de son ami sur lui.

J’ai déjà dû te parler de lui. J’allais voir les matchs de rugby chez lui et on finissait souvent la soirée dans le même lit. Seulement, depuis un moment, j’avais cette attachement pour lui qui était différent. Je pensais que j’étais amoureux de lui. Je ne sais pas si c’était vraiment ça ou un simple crush. Mais quand je lui en ai parlé, après avoir pris mon courage à deux mains, il m’a dit que de son côté, c’était simplement amical. Ca n’a pas été simple à encaisser et je t’avoue que je ne sais plus vraiment si mon instinct est bon.

Fixant toujours les pancakes qui cuisaient, il soupira à nouveau.

Je n’ai jamais été amoureux, donc je ne sais pas si c’était vraiment ça.