Sans amour, la vie est une anticipation de la mort

‹ — Comment vont tes cauchemars ? › La question teintée d'inquiétude et d'empathie de ma sœur me fait lever les yeux. L'ébranlement lisible, l'index se pose contre le bout de mon menton, les autres doigts de la main inverse tentent de se faufiler sous l'une de mes cuisses. Je ne peux pas cacher mon état, le cœur battant la chamade. Je ne suis pas un bon menteur. Je ne l'ai jamais été avec elle. ‹ — Ils sont envahissants › parvenais-je à lui révéler comme une confession pour m'en libérer. Elle n'avait pas le pouvoir de purifier mes pensées et de me libérer, mais elle a beaucoup aidé au fil des années à apaiser certaines tensions, de l'anxiété qui avait mangé ma santé. ‹ — Ils remontent les souvenirs de cette fameuse nuit, pas vrai ?› Ce petit hochement provenant de ma tête lui confirme la réponse. La lèvre inférieure tremble, j'essaie de détourner la tête, mais elle vient prendre ma main avec gentillesse et bienveillance, resserrant tendrement ses doigts autour de ma paume. ‹ — Jules... Tu sais, s'ils étaient toujours là, je suis sûre et certaine qu'ils auraient aimés et surtout qu'ils seraient fiers du jeune homme que tu es devenu. › Elle tente de me rassurer. J'ai maintes questions sans réponse concernant le décès de nos parents. C'est arrivé un soir d'hiver. Nous avons reçu l'appel. Ou plutôt... C'est elle qui a répondu, puisque j'étais trop jeune. La notion de la faucheuse, je la connaissais, mais je ne pouvais savoir toute la profondeur que cela impliquait. Je savais qu'ils ne reviendraient pas. Ce soir-là, nos vies ont changé. Nour est devenue ma mère. Une figure maternelle qui va prendre soin de moi du mieux qu'elle le peut. Tout a commencé par le fait d'essayer de trouver un nouveau départ et nous l'avons trouvé en quittant Paris. Elle a choisi Seattle parce qu'une position dans le métier qu'elle a ciblé s'est libérée. Nous nous sommes envolés en pleine nuit afin de quitter le pays de la langue Molière pour en embrasser une nouvelle.

tw : pertes amoureuses
Quelques années plus tard, j'ai vécu ma première relation amoureuse et déception. Le cœur qui a brisé, les larmes qui n'ont cessé de couler jusqu'à ruisseler, trempant la taie d'oreiller jusqu'aux sanglots amers. Je n'ai jamais été en colère de cette rupture. Le sentiment qui m'a gorgé le cœur est surtout la tristesse, jusqu'à l'incompréhension et la confusion. J'ai vraiment aimé cette fille, jusqu'aux derniers instants, sans avoir vu la rupture arriver. Elle m'a frappée comme une gifle violente. La première avec qui j'ai offert beaucoup, dont ma virginité. Nous avons eu de beaux moments, je ne regrette absolument rien, sauf une chose : de ne pas avoir vu la fin arriver. J'étais trop aveuglé. L'amour me rend aveugle, tel le dicton. L'affection et la tendresse que j'ai eues avec elle, je voulais les retrouver et ainsi, je me suis mis à faire certains choix discutables. Je me suis retrouvé dans les bras d'autres filles sans pouvoir établir une relation particulière. Ce fut un apprentissage pour moi, jusqu'au jour où je me suis retrouvé dans les bras du premier garçon qui a attiré mon attention. Je reconnaissais les garçons comme beaux et attirants, sans avoir eu le courage de les approcher jusqu'à cet instant. Je dois dire que l'expérience a été... Particulièrement merveilleuse. Je n'ai indéniablement aucun regret. Comme un petit conte de fée, même si tout a une fin. Cette relation-là, aussi, m'a laissé de profondes cicatrices à l'intérieur de mon cœur. Je n'ai jamais eu de chance concernant mes relations.

tw : blessure
‹ — Je suis désolé, monsieur Dubois. Votre carrière dans la danse est terminée › annonce fatalement le médecin et mes yeux sont ronds, jusqu'aux larmes qui recommencent à couler sur mes genoux, les doigts frôlant cette bande qui couvre mon pauvre genou jusqu'aux bandes métalliques qu'on a incrusté afin de le redresser. La danse, c'est ma vie. Je danse depuis ma jeunesse. Je ne pourrais jamais arrêter complètement. Ma carrière est terminée, comme le chirurgien vient de m'informer, mais la danse n'est jamais terminée, pas vrai ? La passion reste, elle vit en moi comme je respire et elle me fait vivre à chaque battement, J'ai perdu l'un de mes points cardinaux, mais j'ai encore mon centre de gravité : la peinture. Cette passion qui me suit comme les mouvements contemporains lorsque je me laissais entraîner par la musique. Les coups de doigts jusqu'à se retrouver les couleurs vives dans les filets bruns de la tête jusqu'aux orteils. Le bout des doigts. Tout. Je n'ai jamais aimé peinturer avec une brosse, un pinceau. ‹ — Combien de temps vais-je avoir cet appareil ? › Le chirurgien m'a regardé, un air circonspect quelques secondes à peine, les yeux qui jugent l'appareil comme le dossier entre ses mains. ‹ — Environ 9 mois. Vous devrez faire de la réhabilitation pendant plusieurs mois, environ six, une fois qu'il sera retiré. › Mes dents se sont serrées. La frustration est montée, parce que je serais ce que je déteste : un sédentaire. Quelqu'un qui ne peut pas bouger. Je n'ai jamais été le genre hyperactif, mais j'adore danser, marcher. J'aime profiter de ma mobilité et maintenant, on vient de me l'enlever. J'abdique, même si mon esprit s'embrouille, le cœur saigne encore une fois. Je suis resté neuf mois avec cet appareil incrusté dans ma jambe, comme il l'avait dit. Lorsque j'y suis retourné pour le retirer, je ne pensais pas avoir aussi "mal", mais on m'a certifié que c'est normal. J'ai haussé les épaules, acceptant le sort qu'on m'a imposé jusqu'à cet instant où j'ai commencé les séances de réhabilitation. Je devais renforcer les muscles que j'ai perdus. Je me suis mis à une certaine musculation, jusqu'aux sessions avec le kinésithérapeute pour restaurer la mobilité. Des exercices d'étirements. Tout pour retrouver la mobilité que j'avais avant, même s'il reste toujours une résistance, de la douleur apparaît lorsque je force trop ou que j'exagère sur certains mouvements. Je n'ai jamais laissé cette blessure m'enlever complètement la danse. Je ne peux plus en faire carrière comme le chirurgien avait dit, mais je danse encore et toujours.


Ce que j'aime faire : La danse (contemporaine), chanter (même si je n'ai pas de talent particulier), peinturer, être dans la cuisine pour préparer à manger, jouer du violoncelle ainsi que de la guitare électrique. Le niveau du violoncelle peut s'approcher d'un professionnel, tandis que celui pour la guitare est vraiment amateur. Sortir avec des amis (pas seul). Regarder des films, surtout des comédies romantiques, de l'action, de la science-fiction ou encore de la fantaisie. Lire. Faire de la voile, je l'ai appris avec ma sœur puisqu'elle a un jour décidé d'acheter un voilier et m'a appris comment m'en occuper et naviguer. C'était une passion de notre père qu'il a réussi à lui transmettre. Je rêve de pouvoir m'en acheter un, un jour. La nature. L'eau (et la mer, bien entendu). Voyager (quand l'argent va être un peu plus conséquent.). Les orages, la pluie. L'amour. L'attention. L'affection. La tendresse.
Animaux : Un lapin qui se promène un peu partout en compagnie d'un adorable chat et d'un petit chien. Cela se partage avec la cohabitation d'un hérisson adorable.
Ce que je déteste : Particulièrement les gens détestables et mauvais de nature. J'ai du mal à rester auprès d'eux. L'injustice, la violence gratuite. Je n'aime pas l'odeur de la menthe poivrée. Je n'aime pas particulièrement les grandes chaleurs, la sueur excessive.
Odeurs favorites : La vanille, la clémentine, la mangue, la pêche, la rose, la pivoine, le jasmin, le boisé, le musc, l'herbe fraîchement coupée, la terre mouillée.
Allergies : Classique avec les arachides. Morsure (salive) de fourmis, morphine.