« News, coffee & news again » † Keziah & Safia

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@Keziah D. Blackthorne & @Safia Khan

Après quelques jours où j’étais partie à Phoenix, il y avait des choses importantes à faire pour le retour. Déjà, prendre des nouvelles de Sven par message. Ensuite, prendre des nouvelles de Sven par personne interposée ! Car il serait bien fichu de ne pas me dire le fond des choses. Et j’avais une espionne de choix pour ça. Une présence qui lui était proche naturellement depuis quelques mois, et qui pouvait donc veiller au grain pour moi sans aucun souci. En plus, je l’appréciais, ladite personne. Il s’agissait de Safia, l’une des 2 autres S, que Sven côtoyait depuis septembre. Je savais qu’elle avait tendance à veiller sur lui tout comme moi, de fait c’était particulièrement rassurant de le savoir en de bonnes mains quand je n’étais pas là. Bon, il y avait bien évidemment son père également, mais c’était différent, on n’allait pas se mentir.

J’avais donc pris rendez-vous avec Safia pour aller boire un café et donc discuter de Sven. Peut-être qu’on discuterait également de musique, de leurs prochaines compositions pour leur groupe. La K-Pop, ce n’était peut-être pas spécifiquement mon domaine, pour autant j’étais une musicienne, avec une solide expérience auditive désormais. Ce qui sonnait bien, moins bien, d’un style à l’autre ça restait toujours valable.

J’avais opté pour un café dans le quartier de Safia. Je ne sortais pas souvent de Magnolia, mais pour l’occasion ça me paraissait assez à propos. Comme souvent lorsque j’étais sur Seattle, j’avais pris les transports pour me rendre jusqu’au lieu de rendez-vous. J’étais comme souvent un peu en avance, à la recherche d’une table de libre. Il en restait une, dans un coin du café, et je partis pour m’y installer. J’avais opté pour la chaise qui faisait face à la salle, histoire d’être très facilement repérable par la demoiselle lorsqu’elle arriverait, avant de consulter les quelques notifications en attente que j’avais sur mon téléphone.

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@Keziah D. Blackthorne & @Safia Khan

Safia se faisait attendre. Ce n’était pas spécialement dans ses habitudes, mais à l’heure pile du rendez-vous, elle n’était pas encore arrivée. Bon, ce n’était pas très grave, je n’étais pas tellement pressée, mais c’était plutôt étonnant, j’aurais dit. Enfin bref, il n’y avait pas de souci, je m’occupais sur mon téléphone portable en attendant l’arrivée de la demoiselle, entre gérer mon agenda et faire un petit tour des réseaux pour répondre par-ci par-là aux DM et autres commentaires, il y avait bien de quoi faire sans souci.

Finalement, la demoiselle arriva, et comme d’habitude me prit dans ses bras. C’était assez crispant pour moi, mais j’avais pris l’habitude de prendre sur moi, car déjà c’était un bon entraînement pour palier à mes soucis de contact physique, et puis la demoiselle ne m’était pas inconnue. Je lui rendis brièvement son étreinte avant qu’elle ne s’installe. Je collai un sourire sur mes lèvres face à ses excuses. Elle n’arrivait pas si tard, ce n’était rien. Puis, j’avais été bien assez occupée en attendant son arrivée !

« Ce n’est rien, ne t’en fais pas ! Tes révisions ses sont bien passées j’espère ? »

Pour moi, la question ne s’était même pas posée. J’étais dans un tel état de stress post-traumatique, à l’époque où j’aurais du entreprendre mes études, que j’avais tout bonnement fait une croix dessus. Un moment, je m’étais dit que j’étudierais plus tard, quand ça irait mieux. Aujourd’hui par exemple, je serais capable d’aller suivre des études. Seulement, j’avais rencontre Klaus, qui m’avait présenté au groupe, et j’avais gagné ma vie comme ça, sans compter l’argent touché comme compensation suite au procès de mes parents. Maintenant que je gagnais si bien ma vie, j’épargnais de manière conséquente pour me mettre à l’abri du besoin dans l’avenir. Les études étaient donc passées bien plus loin qu’au second plan.

« Ça va, merci. C’était top, Phoenix. Le groupe a un très bon accueil du public pour la nouvelle tournée, on s’est bien amusés. Et la météo était hyper agréable, on a bien profité du soleil. » Je passais une main dans mes boucles rousses, songeuse. « Et toi, tu vas bien ? Tout s’est bien passé à Seattle durant mon absence ? »

Inutile de préciser que j’essayais de savoir comment ça s’était pour Sven, elle le savait pertinemment. Il était un peu notre seul sujet de conversation, au tout début. Puis de fil en aiguille, j’avais commencé à apprécier plus la présence de la jeune femme, et par la considérer comme une amie. Il nous arrivait donc parfois de nous voir sans parler de notre ami commun, mais en l’occurrence quand je rentrais de voyage il était toujours notre premier sujet de conversation parmi tant d’autres. Puis un serveur passa prendre notre commande. J’optais pour un café latte et un muffin à la myrtille.

« Prends ce qui te fait plaisir, je t’invite. »

J’étais comme ça, contente de faire plaisir, et avec le cœur sur la main – souvent aussi le porte-monnaie sur la table, mais c’était un autre sujet ; vu ce que je touchais en une année et ce que je dépensais avec mon train de vie, je pouvais clairement me permettre de faire plaisir à mes amis en les invitant pour le café, par exemple.  

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@Keziah D. Blackthorne & @Safia Khan

J’étais contente de voir Safia aujourd’hui. Cette fille était très gentille, et j’étais bien contente que Sven évolue avec une demoiselle comme elle. Rencontrer le groupe ça lui avait fait le plus grand bien, parce qu’après tout le temps qu’il avait passé enfermé entre quatre murs, il avait totalement mérité de nouveaux amis bienveillants, ce qui était le cas avec les S-Three. J’étais donc ravie, surtout que je m’entendais plutôt bien avec les autres membres, ce qui permettait que j’assiste parfois à leurs répétitions ou ce genre de choses, histoire de passer un peu plus de temps avec Sven sans empiéter sur le reste de sa vie. La demoiselle était arrivée un peu en retard, mais avec une excellente excuse. Les études devaient clairement rester sa priorité, la musique était un avenir très aléatoire. Satan’s Crucifix avait percé, à coup de talent et d’acharnement, mais d’autres n’avaient pas forcément cette chance, bien que très bons également. Et pour nous, tout pouvait s’arrêter du jour au lendemain, il fallait en rester conscients, la musique était un métier aléatoire.

« C’est cool. C’est important de pouvoir compter sur les autres quand on forme un groupe, que ce soit pour les études ou la musique. »

Bien évidemment je lui racontai rapidement notre déplacement à Phoenix. Non pas que je veuille lui en mettre plein la vue, ce n’était pas mon genre, mais je me disais que raconter un peu nos déplacements pourraient les préparer un peu si jamais ils décidaient de prendre le même chemin. Nous évoluions dans deux domaines différents, deux sphères de la musique qui ne se croisaient jamais, mais la vie de tournée restait la même. Nous n’entrions seulement pas en concurrence auprès du public visé. Ils devaient quand même être conscients qu’une tournée c’était parfois des péripéties et des moments imprévisibles, même si au final la plupart du temps ça finissait seulement en <>anecdotes drôles.

« On fait un carton par rapport aux retombées de l’année dernière, mais on présente de nouvelles choses cette année, donc il aurait été possible que ce ne soit pas aussi bien accueilli. On ne sait jamais, c’est tellement aléatoire. Puis d’une salle à l’autre aussi. »

A croire que la situation géographique pouvait influer sur les goûts musicaux. Bon, ce n’était pas non plus du tout au rien, partout l’accueil demeurait, en effet, bon, mais certains endroits étaient un peu plus longs à embarquer avec nous, parfois. Quoi que, avec Wolf aux commandes, tout le monde finissait par se laisser emporter, ces dernières années. Puis la réponse de Safia me fit sourire au début, puis rire doucement, un rire légèrement teinté d’inquiétude. Pour faire freiner Sven, il fallait parfois se lever de bonne heure, je le savais. Pour le moment, sa santé le rendait plus fragile que d’autres de son âge et il devait lever le pied encore un peu. Avec un peu de chance et cette greffe, bientôt, ça irait mieux. Je comprenais assez facilement qu’il veuille être comme tout jeune homme de son âge, c’était un peu mon combat aussi, mais pour des raisons infiniment différentes.

« Courage, il vous reste tout un tas de premières fois stressantes à vivre, tous les trois, mais je sais que vous allez vous en sortir comme des chefs tant que vous restez soudés, ce pour quoi je ne suis pas inquiète. J’ai hâte de voir le résultat en tous cas Sven m’en a pas mal parlé donc je suis devenue très curieuse. C’est bien que vous puissiez veiller sur lui, tous les deux. Ça me rassure. J’ai toujours tendance à être beaucoup trop inquiète pour lui. »

Il était comme un frère pour moi, donc forcément, je prenais toujours sa situation très à cœur. Avec sa maladie et son évolution, il était assez limité dans tout ce qu’il avait la possibilité de faire. Ça devait être frustrant à vivre au quotidien, sincèrement. Au moins, les S-Three lui permettaient de sortir, d’avoir des projets sur lesquels se concentrer en attendant que les échéances médicales avancent. Au moins un donneur compatible avait été trouvé, ce qui voulait dire qu’une intervention allait se prévoir et lui donner un peu plus de libertés dès qu’il s’en serait remis. Finalement, le serveur arriva pour prendre les commandes, et la surprise se vit sur les traits de Safia lorsqu’elle apprit que je l’invitais, je la laissais commander avant de répondre à ses remerciements, un petit geste de la main pour éluder un peu. Ça me faisait plaisir.

« Ce n’est rien, pas la peine de me remercier. »

Ce n’était pas comme si je manquais des moyens nécessaires pour payer nos consommations. Les retombées du groupe me permettaient de vivre plus que confortablement. Les prévisions de Wolf pour cette année étaient aussi de bon augure, et j’avais un beau patrimoine immobilier avec mon loft acheté cash qui me servirait bien si un jour l’argent venait à manquer. Suffirait de le revendre pour acheter plus modeste, car le lieu que j’habitais actuellement était pour le moins assez exceptionnel. La question rebascula finalement sur le groupe,la vie en tournée, et je passai une main dans mes boucles cuivrées, presque comme un réflexe.

« On a quelques dates de prévues prochainement, mais pour le moment on est à Seattle un peu. On risque d’enchaîner plusieurs dates après donc j’en profite pour me poser un peu. » Je marquai une légère pause, observant les mouvements autour de moi. « Je ne suis pas très fête donc je me couche généralement relativement tôt, et je n’ai pas trop d’obligations par rapport à certains membres du groupe, donc j’arrive toujours à trouver un peu de temps pour visiter. Comme on y retourne d’année en année, c’est à chaque fois un petit bout tout neuf. C’est frustrant avec certaines villes que j’aime plus, mais ça fait partie du job. Quand j’adhère à une ville je profite de mes vacances pour retourner visiter un peu plus en général. Mais clairement la vie en tournée ce n’est pas reposant, les visites remplacent le repos, quand elles ne sont pas replacées par les photos ou interviews de groupe. »

Les déplacements passaient toujours beaucoup trop vite pour qu’on puisse être de vrais touristes, et j’en venais à espérer que si le projet de Wolf de quitter le pays se concrétisait il penserait à nous laisser une ou deux journées pour le tourisme entre l’arrivée, les concerts et le départ.Ce serait dommage de ne pas profiter de l’étranger pour découvrir un minimum ! Finalement, les commandes arrivèrent, et je remerciais le serveur avec un sourire, avant de rapidement poser les doigts autour de la tasse chaude de mon café latte, une vieille habitude.

« Et pour les S-Three, quels sont les prochains projets après la sortie du clip ? Entrée en studio pour l’enregistrement de quelques titres ? Sven ne m’a rien dit pour la suite pour vous. »
 

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@Keziah D. Blackthorne & @Safia Khan

La jeune femme était pétillante, c’était agréable de la côtoyer. Notre conversation partit assez vite sur le fait de profiter d’être bien entouré en groupe. Pour ce qui était de études, c’était plutôt une supposition de ma part, j’étais une étudiante assez effacée et solitaire, à l’époque, et j’avais toujours préféré me débrouiller seule dans mes études, ce qui était bien plus confortable pour moi que de devoir côtoyer des gens. Mais pour ce qui était de la musique, ça j’en avais une forte expérience. Les quatre autres membres de Satan’s Crucifix étaient ma famille, et on s’épaulait beaucoup, ce qui nous permettait d’avancer notre bonhomme de chemin tranquillement. Pour les S-three, ça serait pareil, et je souris.

« Pour Sven je ne suis pas objective du tout, parce que je l’adore. Mais oui, Sevan à l’air d’être chouette. C’est bien, je pense que vous vous êtes bien trouvés, sur scène vous avez une bonne énergie, du genre qu’on ne peut pas feindre. »

Car des fois, au sein de notre groupe, il y avait quelques tension, c’était tout bonnement humain après tout, mais ça se ressentait parfois, en fonction du volume de tension. La plupart du temps, ça rentrait dans l’ordre sans se ressentir – ou du moins pour un œil extérieur. Des fois, un peu moins, mais avec les années, beaucoup de choses s’étaient réglées. En tous cas, la musique était un vaste sujet entre musiciennes, et la conversation dévia doucement sur le fait que le SC cartonne. Nous n’étions pas partis trop vainqueurs, même si nous savions la qualité de notre proposition et que les ventes avaient été extrêmement nombreuses avant même le premier extrait, mais au final l’accueil était monumental, la popularité du groupe montait et par conséquent aussi les retombées, financières comme médiatiques.


« Oui, on est ravis, et forcément ce bon accueil nous transmet beaucoup d’émotions. C’est plus simple de se faire plaisir sur scène quand le public nous emporte comme ça. Puis, on se connaît bien maintenant, on arrive toujours à s’arranger pour mettre tout le monde dans les bonnes dispositions avant de monter sur scène. »

Par exemple, pour moi, mes co-membres avaient tendance à limiter ma nécessité de contact avec des inconnus avant de monter sur scène et de me laisser un temps assez conséquent pour passer à table de façon à ce que toutes mes angoisses liées au manque de nourriture ne viennent pas me déranger. De la même façon que je faisais en sorte d’être sur le coup et en temps et en heure à tout ce qui était calé pour éviter que les autres me cherchent ou m’attendent histoire de ne stresser personne outre-mesure. Bref, on s’arrangeait toujours pour mettre tout le monde à l’aise, limiter les tensions, et à force c’était devenu très naturel. Dans quelques temps, il en irait de même pour les trois membres de ce jeune groupe, qui avaient encore plein d’expériences à vivre.

« Ça va bien se passer, tant que vous restez tous les trois soudés il n’y a rien qui puisse mal se passer. Les garçons sont bien investis dans le groupe, et vous pouvez compter sur moi si vous avez besoin d’un coup de main. » Je le pensais, quand je le disais. Je n’étais pas du genre à parler en l’air. J’avais un peu d’expérience dans l’industrie musicale, maintenant, donc je pouvais clairement leur venir en aide si nécessaire. « u ne peux pas étouffer Sven plus que je le fais, ne t’en fais pas. Je suis une vraie mère poule, je ne sais même pas comment il me supporte, je passe tout mon temps à m’inquiéter pour lui ! Avec un peu de chance, dans quelques semaines, on pourra souffler et lui ficher la paix si tout va bien. »

Ce qui, pour moi, serait bien plus simple à dire qu’à faire, mais soit ! Je ne me rappelais même plus comment c’était, avant de s’inquiéter autant pour sa santé. Quand il allait bien, qu’il pouvait vivre normalement. C’était pour ainsi dire une vie parallèle, cette époque-là. J’étais ravie qu’on puisse la toucher du bout des doigts bientôt. Bien sûre, il faudrait continuer de faire attention à lui le temps qu’il s’en remette totalement, mais une fois que la greffe aurait pris, normalement, si toutes les étoiles s’alignaient correctement, petit à petit sa vie redeviendrait normale, et c’était la seule chose à souhaiter. Il pourrait pleinement se lancer dans les prochains projets des S-Three, même si pour le moment ces derniers n’étaient pas encore clairement définis. Un pas à la fois. Le groupe n’avait pas besoin d’avoir un million de projets à enchaîner à la vitesse de la lumière, mais plutôt d’un ou deux projets bien ficelés sur lesquels avancer tout doucement. Tant qu’il se produisaient sur scène pour ne pas se faire oublier, tout irait bien.

« Vous avez le temps pour voir la suite. Ça peut attendre l’été, normalement d’ici là Sven aura été greffé et sera sûrement un peu plus en forme. De toute façon si vous vous mettez trop la pression ça ne va pas être bon. Le groupe est jeune, prenez votre temps, après ça devient la folie. »

Je le vivais actuellement. Bon, j’adorais cette folie, on n’allait pas se mentir. C’était agréable, c’était vivant, ça me donnait un but chaque matin, des objectifs personnels pour évoluer, pour devenir un peu plus moi-même, me battre un peu mieux contre mes démons. Satan’s Crucifix avait peut-être bien contribué à me sauver la vie, car j’avais rencontré Klaus peu de temps après avoir commencé à me reconstruire, à une époque où ma vie était encore très compliquée à gérer, du coup j’avais avancé, grâce à lui, grâce à son jumeau, et depuis que je les connaissais, ma vie s’était largement améliorée, même si ça avait été une chose à la fois.

« Un peu de nouveauté, ça ne fera pas de mal. Je ne me rappelle plus si vous l’avez déjà fait, mais je sais que ce qui marche top, c’est une petite story sur les réseaux ou un petit teaser au moment où vous êtes soit en tournage, soit en réseau, ça met les fans en haleine et des fois ça peut accrocher de nouvelles personnes, tout en n’étant pas trop compliqué à mettre en place. »

Car le nerf de la guerre, c’était un peu ce qui était facile à envisager. Passer des heures dans leur contexte actuel pour ne faire qu’un nombre de vues peut-être restreint – c’était toujours jouer à pile ou face, quand on jouait avec un public, de toute façon – n’était pas envisageable pour eux, que ce soit parce que Sven n’avait pas d’énergie à y perdre ou simplement parce que Safia n’en avait pas le temps. Alors qu’une petite vidéo de quelques secondes pendant qu’ils vaquaient à leurs occupations, voire un très court live, ça pouvait vraiment apporter quelque chose sans y passer trop de temps.

« Tout dépend, pour nous. Surtout de l’énergie de Wolf. Ce n’est pas juste notre leader sur scène, c’est vraiment lui qui gère tout de A à Z pour le groupe, que ce soit le planning, la technique, l’aspect financier ... Des fois il est bouillonnant et il nous embarque pour abattre énormément de boulot en peu de temps et on souffle après, comme des fois il nous fait prendre plus notre temps. » Et j’avais un monumental respect pour notre leader, dur quand il le fallait, mais humain malgré tout ce qu’il pouvait laisser voir de l’extérieur. Je passais une main dans mes cheveux, cherchant comment synthétiser les choses, ce qui n’était pas si simple. « Mais en général quand on rentre en studio on essaye de le faire sur une période la plus courte possible pour tout enregistrer, même si parfois on passe plus de temps sur certaines choses. Mais ça se sont les aléas de la musique. Par contre niveau clip, c’est très variable, parfois on ne sait pas d’avance ne serait-ce qu’une chanson pour laquelle on veut tourner, des fois ça nous paraît  limpide pour la totalité de ce qu’on va tourner et on attaque rapidement. »

J’eus un sourire doux et tendre. On ne s’ennuyait pas du tout, dans ce groupe, toujours en mouvement, toujours prêt pour l’aventure suivante. Mine de rien, en huit années à leurs côtés – même si le groupe avait évolué, gagné et perdu des membres depuis, et pris une toute autre dimension – j’avais un peu de recul à propos de notre façon de faire, qui variait beaucoup, selon le temps que l’on avait, selon notre énergie, de si nous étions directement d’accord, enfin, il y avait vraiment beaucoup de variables. Et le fait qu’un album ne ressemblait pas au premier nous permettait aussi de ne pas nous ennuyer, de ne pas tomber dans une routine ennuyeuse. Aucun de nous, dans le groupe, n’était du genre ‘métro-boulot-dodo’ donc le fait que notre musique reste une création vivante nous faisait le plus grand bien.

« De toute façon il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière pour l’enregistrement et les clips à partir du moment où ça vous convient à tous les trois. C’est vraiment ça, le principal, que vous restiez en phase et que les prochains projets ne vous créent pas de tensions. Il y a toujours un compromis possible. »

Parce que je savais que pour un jeune groupe, le fait de partir sur de nouveaux projets et faire grossir un peu les objectifs ça pouvait être très stressant et donc créer des tensions qui n’avaient pas lieu d’être. Ils étaient bons, ils étaient capables d’être à la hauteur de leurs ambitions actuelles. S’ils visaient trop haut, de toute façon, je n’hésiterais pas à le dire à Sven, car même s’ils avaient du talent ils ne pouvaient pas gravir l’Everest sans entraînement. Bien sûr, je les soutiendrais quand même toujours, mais d’un autre côté  c’était aussi mon rôle d’amie de les mettre en garde contre la chute, le cas échéant, même si je connaissais bien l’adage ‘qui ne tente rien n’a rien’ et étais en total accord avec ça.

« Vous avez du talent, je ne suis pas inquiète pour l’avenir de votre groupe. Vous allez réussir à faire de belles choses si vous restez soudés et que vous y allez à votre rythme. Allez-y comme vous le sentez, faites vous confiance et entourez-vous de personnes fiables et ça va rouler pour vous. »

J’étais honnête, tout simplement. Avec ce qu’il fallait de bons conseillers autour d’eux, de personnes qui voulaient leur bien et non leur gain, ils auraient sûrement une chance de faire plus que de petits concerts dans les bars de Seattle.  

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@Keziah D. Blackthorne & @Safia Khan

« Ils sont ma famille. C’est le meilleur résumé possible. Avec parfois de gros caractères qui se heurtent, mais on se soutient et on se respecte comme une famille. »

C’était la meilleure façon de résumer le lien qui nous unissait au sein du groupe. Une grande fratrie de cinq adultes avec chacun leur caractère, leurs particularités. Je n’avais pas le plus gros caractère du groupe, bien loin de là car j’étais très douce et qu’il était facile d’avoir le dernier mot avec moi sur pas mal de sujets, par contre j’étais sûrement celle qui baladait le plus gros bagage émotionnel et donc les plus gros soucis à gérer avec mes réactions parfois disproportionnées, bref, douce et délicate ne rimait pas avec facile pour autant, ce qui faisait que l’entièreté du groupe avait intérêt à se serrer les coudes. Pour nous ça fonctionnait merveilleusement bien, nous étions en phase, capables de communiquer.

En tous cas, j’étais consciente que ce n’était pas tous les jours facile de faire partie d’un groupe, que ça demandait des concessions, surtout dans un groupe aussi jeune que les S-Three, qui avait encore tout un tas de premières fois stressantes mais enrichissantes à vivre. J’avais forcément proposé mon aide, car le groupe tenait à cœur à Sven, donc forcément il me tenait à cœur de les aider si nécessaire, et j’avais désormais un peu d’expérience dans le domaine de l’industrie musicale, même si pour les Satan’s Crucifix, c’était clairement Wolf qui gérait cette partie. Mais baigner dedans, ça avait pu aider. Un sourire étira mes lèvres à ce qu’ajouta la jeune femme à propos de Sven.

« Il va prendre une sacrée revanche sur la vie quand il ira mieux, si tu veux mon avis. »

J’en étais assez persuadée en le disant. Il n’était pas du genre à se laisser abattre, bien au contraire même. Dès qu’il aurait le feu vert de l’équipe médical, il m’était avis qu’on ne parviendrait absolument plus à le tenir en place, et que je ne pourrais rien faire d’autre que de m’inquiéter pour lui en silence. Il faudrait le laisser reprendre sa vie, et le petit renne risquer de passer son temps à gambader d’une activité à l’autre pour rattraper le temps perdu. Cette image me tira un sourire tendre, avant que je ne revienne à mes conseils pour les S-Three, conseils qui se calquaient seulement sur ce que nous mettions parfois en place avec le SC. Tout n’était pas très compliqué pour se promouvoir. Le plus simple, c’était encore de faire bien vivre la page sociale du groupe.

« Tu verras, ça pourrait vraiment bien marcher. Un réseau social vivant, ça fonctionne pas trop mal, au moins pour pas perdre les gens qui vous suivaient avant. »

C’était un conseil pour le moins simple et efficace. Même si l’envergure de nos groupes n’étaient vraiment pas comparable, c’était une mécanique adaptable. Il suffirait de voir le nombre de réactions par rapport au nombre de followers et de faire un petit ratio pour savoir le pourcentage de personnes touchées, et de prendre régulièrement l’information du nombre de follower pour voir si la communauté grandissait. C’était plus simple avec un groupe avec « peu » de followers que pour une entité géante comme nous. Même si nous ne manquions clairement pas d’interactions.

J’avais ensuite listé les activités que prenait en charge Wolf, pour la tenue du groupe au niveau organisationnel et administratif, et j’avais la sensation que ça inquiétait un peu Safia. Oui, c’était très lourd, mais notre leader avait décidé de ne s’en remettre qu’à lui-même, et ça nous réussissait extrêmement bien. D’autres groupes, parfois, partageaient les tâches ou s’attachaient à un manager afin de pouvoir déléguer une partie du travail. Il n’y avait pas de mauvaise manière de faire, mais il fallait juste avoir des personnes fiables à côté et être tous en accord pour ne pas créer de tension. J’eus un sourire rassurant pour Safia avant de boire une gorgée de ma boisson.

« Ça fait beaucoup parce que c’est comme ça que Wolf l’a voulu, mais vous pouvez bien faire autrement. Vous séparer les tâches, par exemple. Ou quand vous gagnerez de l’argent avec votre musique, avoir quelqu’un pour gérer votre organisation. Un peu comme un quatrième membre dans l’ombre. Si vous faites confiance à votre instinct et que vous communiquez, vous allez forcément prendre les bonnes décisions pour vous. »

J’étais confiante, et je savais aussi que Safia ou Sven n’hésiteraient pas à me questionner s’ils se heurtaient à un problème épineux. Je ne comptais pas m’immiscer dans le groupe, ce n’était ni mon rôle ni ma place, mais pour autant je n’allais pas les laisser tomber s’ils avaient besoin d’un conseil ou d’un coup de pouce à un moment ou à un autre. Et puis, ils étaient tous les trois assez malins pour s’en sortir dans ce domaine s’ils gardaient les yeux ouverts et les pieds sur terre. Je pris un morceau de mon muffin à la myrtille pour le grignoter distraitement.

« Cet été vous comptez refaire quelques concerts ? Enfin en fonction de tes examens et de la santé de Sven, bien sûr. »

J’étais curieuse, et surtout j’espérais pouvoir les caler dans mon emploi du temps pour venir les voir, ça faisait un certain temps que je n’avais pas eu l’occasion de les voir sur scène.