❝ Somewhere I belong ; w/Kai

Tw :: aucun

— Max, prends juste ton sac et dépêche toi. On n’a pas toute la journée, là !!
— Ouais ouais, attends deux secondes.

Maxine se regarde tranquillement dans le miroir, pour replacer ses cheveux, pas à la bonne place alors qu’elle sait que je dois me rendre au Witness plus de bonne heure aujourd’hui. Malgré la fin de soirée au top, je n’ai pas beaucoup dormi. Ça arrive parfois, que je ne trouve pas le sommeil alors je tourne et tourne et tourne encore sur mon canapé pas vraiment confortable mais qui est toujours mieux que rien.

Ana ne peut pas garder ma petite sœur ce matin, elle a des rendez-vous importants et son mari n’est pas là non plus alors je dois me débrouiller. Je ne peux pas laisser Maxine toute seule chez nous du coup je l’embarque avec moi. Ana viendra la récupérer plus tard. Au pire la gamine peut s’occuper toute seule dans un coin du bureau pendant que je seconde la co-gérante avec la paperasse.

Ces derniers temps, il faut dire que Kai est aux abonnés absents, ce qui fait qu’on ne le voit pas beaucoup traîner au bar.Alors certes, gérer un bar peut avoir ses avantages comme ses inconvénients mais il n’est pas comme d’habitude. Plus distant, moins bavard… moins souriant aussi. Est-ce que ça à voir avec la meuf qu’il fréquentait ? Probablement, j’la vois plus des masses non plus alors forcément, je me pose des questions. Auxquelles je n’aurais pas de réponse puisque ça ne me regarde pas !

Quand j’arrive au Witness, Kendall me tire une drôle de tête, parce qu’elle voit derrière moi la petite pré-ado. Je hausse les épaules en m’excusant. Elle ne restera pas suffisamment longtemps pour la pervertir, on s’entend ! Elle sera là au maximum une heure, pas plus. Je demande à ma petite soeur d’aller s’installer à l’une des tables vip et de trouver quoi faire le temps que notre voisine vienne la chercher. Elle s'exécute après avoir marmonner quelque chose entre ses dents que je n’ai pas réussi à comprendre ! Ah ces gamins, ils savent tout avant même d’avoir vécu, j’vous jure !

Après cette parenthèse merveilleuse, j'interroge la co-gérante qui s’est installée à une table près du bar avec tout son matériel de comptabilité.

— Tiens, on fait pas ça dans le bureau, aujourd’hui ?
— Non, Kai est en train de cuver je crois… Je l’ai laissé dormir.
— Ah bon, il a dormi ici ? Toute la nuit ?

Elle hausse les épaules et ne semble pas en connaître davantage. Hum… c’est pas dans les habitudes de Kai de rester ici. Surtout qu’on ne le voit quasiment jamais et pire ces temps-ci. C’est à peine si j’le croise et on ne se parle pas vraiment. Y’a définitivement quelque chose qui cloche. Alors, j’inspire profondément, je m’excuse auprès de Kendall avant de m’éloigner d’elle et de me diriger vers le bureau situé à l’étage du bar. Je l’entends râler parce qu’elle m’a appelé pour avoir de l’aide et je fous le camp à peine arrivée…

Devant le bureau, je m’apprête à cogner à la porte mais me ravise un demi centimètre avant de toucher cette dernière. Pendant quelques secondes j’hésite à faire demi tour, afin de le laisser dormir, s’il dort réellement. Je déteste qu’on me réveille quand je dois cuver, j’imagine qu’il ne doit pas être différent pour ça ? Et après avoir pris mon courage à deux mains, je frappe à porte, doucement, ouvre cette dernière. Je découvre alors Kai assis sur le canapé les mains plongées dans ses cheveux. J’entre tout en murmurant :

— Kai ? Tu vas bien ?

J’ose pas avancer, des fois qu’il me jetterait dehors…

Tw :: aucun

Je sais que Kendall compte sur moi pour l’aider dans sa comptabilité. J’ai très bien compris à quel point elle attendait beaucoup de moi puisqu’en ce moment Kai semble être totalement ailleurs. Dispersé, même. Je ne sais pas trop ce qui lui arrive ces temps-ci mais je ne l’ai jamais vu comme ça depuis qu’on se connaît. Notre relation n’a rien d’extraordinaire. Je bosse pour lui, bien que je bossais pour Kendall avant ça. Mes tâches ont quelques peu évoluée au sein du Witness tout comme mon lien avec le big boss. Faut dire qu’au début, je l’aimais pas vraiment. Il dégageait quelque chose qui me faisait hérisser le poil, me demandez pas pourquoi! Peut-être aussi sa façon de se comporter comme s’il était un peu le centre de l’univers ? C’est sans doute exagéré de la part mais c’est ainsi que je voyais les choses au début. Maintenant ce n’est plus pareil. J’ai appris à le connaître. J’ai appris à lui faire confiance et on communique plus qu’entre simple employeur-employé. Et puis, Maxine l’aime bien, il faut le reconnaître, il est vraiment doué avec elle surtout quand elle arrive à me faire sortir de mes gonds et qu’il apaise la situation. J’devrais lui dire merci plus souvent, à ce propos.

Et donc, j’abandonne sans scrupule Kendall afin d’aller m’assurer sur Kai va bien. D’après ce que j’ai compris, il a dormi dans son bureau. Je cogne à la porte, après avoir hésité un moment et fait une timide apparition, limite sur la pointe des pieds. Je ne mets pas de temps pour comprendre l’état dans lequel il est tout en remarquant la bouteille d’alcool sur le bureau et je m’attends même à me faire dégager d’ici. Je viens alors m’asseoir près de lui, affirmant alors :

— Ce n’est pas pour quelque chose que je suis là…

Touchant son épaule avec la mienne, j’ajoute en lui offrant un sourire réconfortant :

— Si tu as besoin de parler, je sais écouter, tu sais…

Tw :: aucun

Kai s’attend à ce que je prenne ce que je suis venue chercher dans son bureau, puis repartir mais ce n’est pas mon intention. C’est pour le voir lui que je suis là. Ça peut paraître bizarre je sais, mais je l’ai bien vu qu’il n’allait pas bien, ça dure depuis un moment déjà et j’ai pas envie de faire des spéculations sans connaître le fin mot de l’histoire, bien que dans les faits, ça ne me regarde absolument pas. En vérité, je m’inquiète pour Kai. Pour que Kendall me demande un coup de main, plusieurs jours par semaine, c’est que c’est grave. Le pire, c’est qu’il n’en a pas toujours été question ; de m’inquiéter pour le big boss. En même temps, je l’aimais pas beaucoup mais encore une fois, je n’avais pas toutes les informations nécessaires, c’est pour ça que maintenant, avant de juger ou de snober quelqu’un, j’essaie de le connaître un minimum avant d’émettre un jugement. Alors non Kai, je ne suis pas là pour autre chose que toi. A sa question, je hausse les épaules.

— Kendall, à première vue. Et elle va me faire passer un savon d’être venue te voir plutôt que de l’aider en bas... Pour les autres, je sais pas.

C’est pas grave, elle s’en remettra et moi aussi, de ma potentielle remise sur les rails ! Mais après tout, je sais écouter, s’il a envie de parler. Je sais qu’on ne se confie pas une tonne de trucs persos mais j’estime qu’il est temps de lui renvoyer la pareille puisqu’il sait assez de choses à me concernant et ainsi que sur Maxine. Notre vie n’a pas été facile, elle ne l’est pas toujours d’ailleurs. Et entre soeurs, y’a souvent des frictions. Devinez qui me sauve la mise dès que l’occaz’ se présente ? C’est lui. Je souris à sa remarque quand il parle de close dans mon contrat, je fais mine d’être confuse :

— Oh, quoi ? Merde, je pensais tout le contraire… Y’a d’autres vices cachés ?

Je ris, évidemment. Et bien entendu je sais que rien ne m’oblige à l’écouter mais je suis là de mon propre chef. Je hoche la tête, l’invitant à délier sa langue.

Et comme j’ai pu m’en douter à quelques occasions, c’est une histoire de cœur. Avec cette fille que j’ai déjà croisée plusieurs fois au Witness. Et qu’est-ce qu’on répond dans ces cas-là, pour éviter de l’enfoncer dans une noirceur sans nom ? Je pose ma main sur sa cuisse et lance, de manière théâtrale :

— Elle te méritait pas, c’est tout ! Et elle s’en mordra les doigts un jour… Ce qu’il te faut, c’est de remonter en selle très vite…

Un peu comme quand on tombe de vélo, on en refait tout de suite pour vaincre sa peur, une connerie du genre. En relation amoureuse, j’imagine que c’est pareil ? Il a qu'à s'envoyer en l’air avec quelqu’un d’autre et peut-être que ça l’aidera à l’oublier, cette meuf ?

Je sais, j’suis mal placée pour parler de relation amoureuse, j’suis pas capable d’en tenir une sérieusement alors…

Tw :: aucun

Je grimace à la réponse de Kai, concernant Kendall. Oh si, elle sait que je suis là, c’est pour ça qu’elle va me faire passer un savon quand je vais descendre la retrouver. Bon avec un peu de chance Maxine doit probablement se tenir face à elle et la distraire, de façon à ce qu’elle oublie momentanément ma présence dans le bureau du patron. Je me dis que j’ai quelques minutes devant moi avant de me faire sonner les oreilles. Elle agit comme si elle était toujours le boss ici. Enfin pas avec tout le monde, avec moi surtout. J’ai sans doute besoin d’être recadrée par moment et d’un sens ce n’est pas plus mal. C’est bien d’avoir des limites et ça Kendall l’a compris. Autrement, elle sait se tenir à sa place… du moins j’imagine, j’ai jamais rien vu qui sorte de l’ordinaire. Et quand bien même, c’était sa boîte avant, elle doit avoir gardé certaines habitudes. Je souris à Kai avant de lui répondre :

— C’est précisément le contraire. Je suis venue l’aider avec la compta mais je voulais savoir comme tu allais, d’abord.

Et je vois très bien que ce n’est pas le cas. Fort heureusement, j’arrive tout de même à le faire sourire donc c’est gagné, en quelque sorte. Au moins tout n’est pas perdu! Quand il me demande de ne rien dire à propos de ce que j’ai vu ici, je mime une fermeture éclaire sur la bouche avant de dire, innocente:

— Quelle bouteille ? J’ai rien vu. Encore moins le patron qui squatte le bureau pour dormir…

Il peut compter sur moi. Même Kendall n’en saura rien. Pour la bouteille je veux dire. Pour le dodo, j’peux plus rien faire pour lui. Quoi qu’il en soit, ma bouche est fermée et les autres n’en sauront rien. J’ai promis, et je tiens mes promesses.

Mais ce qui me met dans cet état, c’est bien une fille. Pas n’importe laquelle: il s’agit de Darcy. J’ai jamais pu l’encadrer cette meuf… (non j’ai pas de raison à justifier, du balais!). J’essaie de lui mettre tout sur le dos, à la nana mais Kai la défend, ce que j’ai du mal à comprendre. Quand on se sépare, souvent on rejette la faute sur l’autre c’est ainsi depuis l’aube des temps. J’essaie de le réconforter, du mieux que je peux, accompagnant mes mots aux gestes qui se veulent tendres et affectueux. Les peines de cœurs sont souvent différentes d’une personne à une autre. Comme les miennes par exemple. Je lui confie alors :

— De mon côté, ça a toujours bien fonctionné. Je l’ai vite oublié ce connard qui pouvait pas saquer ma p’tite soeur !

Elle passera toujours en premier, peu importe les relations amoureuses. Qu’elles soient sérieuses ou pas. La main de Lai sur la mienne, je lui souris en hochant la tête.

— Mais avec plaisir. J'suis là pour ça. Enfin non, pas juste pour ça mais bref. T’as compris.

Enveloppant sa mains avec les deux miennes que j’embrasse tendrement, j’ajoute :

— Et bien, je vais tout faire pour que tu sois de meilleure compagnie dans ce cas !