Je n'aime pas réfléchir avant de parler, j'aime être aussi surpris que les autres. | Shin & Ember

Pas faire que des heureux ? T’en doutes pas une seconde. T’auras probablement droit à une nouvelle visite de June et tu t’en réjouis d’avance. Il t’a donné envie de le titiller un peu, de chercher des noises à ta façon, même si ce n’est pas pour cette raison que tu lui proposes ce pari. Tu penses d’abord à toi avant tout.

— Oh je vois, tu veux te servir de ma célébrité sans aucune contrepartie ? Tu es plus vicieux qu’il n’y parait !

Tu ris de bon cœur, te considérant gagnant dans les deux cas même si… Tu préfèrerais l’emporter, parce que tu as très envie de ces photos avec December. Tu le regardes donc casser le jeu, un petit sourire en coin.

— Tu insinues que j’essaie de te saouler pour gagner ? Je suis… choqué d’une telle accusation, cousin. Tu ne perds rien pour attendre !

Tu as tout intérêt à gagner, maintenant, autrement tu vas perdre la face (de ton point de vue) et ça… ce n’est pas possible. Tu attends ton tour en essayant de te rappeler les règles. Tu sais que tu dois utiliser la bille blanche pour frapper les billes de couleur, sauf la noire. Tu dois mettre les billes de couleur dans les trous… Et tu supposes que plus tu as de billes, plus tu gagnes ? Tu poserais bien la question mais par principe, tu ne veux pas perdre la face donc tu fais comme si tu maîtrisais parfaitement la situation.

C’est ton tour et tu arrives par accident (talent inné, te dis-tu) à empocher une boule. Tu te repositionnes pour enchainer mais ne frappe pas tout de suite.

— Tu as peur de parler aux gens ? Mais tu n’as pas eu peur de me parler, à moi, alors qu’on ne se connaissait pas…

Tu le regardes en coin, un peu provocateur, décidé à le faire admettre qu’il t’a trouvé spécial et que tu n’es pas n’importe qui -avec ou sans lien de parenté.

@December Jones

— Mais tu refuses de t’en servir !

De son nom, des contreparties qu’il implique. C’est son choix après tout et t’es bien placé pour comprendre le poids que représente un nom de famille. En Corée, celui des Kim… ce n’est pas rien. Une puissance de l’ombre à laquelle personne n’ose s’attaquer. Sauf, ironiquement, toi-même dans tes frasques et tes excès.

— Je nie tes accusations.

T’as entendu cette formulation dans une série dont tu es friand et tu la lui sers, tout fier, amusé par votre petite joute verbale. Tu t’apprêtes à frapper ta boule quand December t’en empêche, d’un coup d’épaule amusé, te prenant sur le fait. Tu te redresses, enrobé dans ta mauvaise foi :

— Je connais les règles, je testais simplement ton honnêteté. Je te félicite, tu as réussi !

Et tu arrives à affirmer tout ça sans te démonter, reprenant position pour frapper une boule de la couleur adéquate. Hélas, elle n’entre dans aucun trou, si bien que tu dois laisser la place à ton cousin qui se positionne lui aussi. Tu récupères ton verre à cette occasion et glisse deux doigts pour en tirer un glaçon. Tu agis hors de sa vue, tu ne te rapproches qu’au moment où il s’apprête à tirer et tu laisses tomber le petit cube glacé dans le bas de son dos. Pour ta défense, son haut était remonté pile poil comme il le fallait et tu n’as fait qu’à répondre à une invitation. Ton air angélique est gâché par ton large sourire face à sa réaction.

— Oups ! Je suis tellement maladroit. On dirait que tu as raté, c’est mon tour.

Avec toi, l’action d’embêter peut vite prendre des proportions excessives. T’as du mal à t’arrêter et t’as besoin d’avoir le dernier mot. Une chance pour Ember, votre échange est bon enfant…

@December Jones

Tu pourrais te lancer dans le débat sur le nom, sur le fait d’exploiter les cartes que le destin a eu l’amabilité de te distribuer sans culpabiliser parce que t’es né au bon endroit. Tu ne comprends pas l’obsession de se construire soi-même alors que c’est exactement ce que tu as fait. Tu n’as jamais profité du nom des Kim. Au contraire, t’as fait l’exact opposé. Mais t’es quand même en train de soupirer de dépit parce que December te sort la complainte du self made man.

— Évidemment que je suis malin ! Faire croire le contraire, ça fait aussi partie de mon plan figure-toi. Il faut tout t’apprendre…

Tu agites vaguement la main comme si c’était l’évidence. Tu exagères à dessein pour qu’il comprenne que tu plaisantes -à demi seulement. Tu es malin ou plutôt, tu te crois malin comme le prouve ta petite plaisanterie qui te permet de reprendre la main. Évidemment, ton cousin est un mauvais perdant… Tu te gausses :

— Où ça de la triche ? J’aimerais que tu me montres les règles de ce jeu où il est inscrit, selon toi, qu’on ne peut pas faire tomber son glaçon dans le bas du dos de son adversaire. J’attends.

Et t’en rajoute en lui tapotant la joue :

— T’es craquant.

Ce qui lui vaut de se faire planter là. Ember lui préfère le verre numéro quatre, qui atteint dangereusement le fond. Tu réitères ton signe pour qu’on lui en apporte un cinquième alors que tu n’as bu que la moitié du tien. Pendant qu’il boude, tu mets deux boules dans les trous et tu es toi-même surpris de ta chance (ou de ton talent ?). T’es sans doute particulièrement motivé par la récompense à gagner.

— C’est à toi, cousin adoré. Si tu ne joues pas, tu déclares forfait et donc… je gagne notre pari.

Tu souris, triomphant. Tu t’y vois déjà !

@December Jones

Ton plan, ton plan… Au détour d’une phrase badine balancée sans réfléchir, peut-être bien que tu te dévoiles plus que tu ne le devrais. T’es plus complexe que de prime abord, plus en souffrance que tu ne parviens à l’admettre, et tu ne vas certainement pas commencer maintenant, pas alors que tu t’entends bien avec ton cousin.

Quoi que l’entente ne durera peut-être pas… Tu vois bien qu’il boude un peu plus que pour du faux et tu adores constater que vous êtes aussi mauvais perdant l’un que l’autre. Tu n’en souris que plus largement.

— Na, t’es bien plus beau. Ça compte.

Pour toi, ça compte vraiment, même si Ember a bien d’autres qualités. Le fait qu’il soit si joli, que vous vous accordiez si bien sur un plan physique, c’est un argument fondamental dans le camp familial que tu choisis.

Tu remarques qu’il cligne beaucoup des paupières, comme pour focaliser sa vision. Tu te glisses près de lui quand il rate la deuxième boule, posant une main sur sa hanche.

— Fais attention avec ta queue, tu vas faire un trou dans le tapis.

Tu glousses, ta main remonte sur le dos de la sienne, celle qui tient l’objet en question, pour le lui prendre.

— Alors, ce forfait ? Je peux continuer de t’écraser si tu préfères.

Ouais, tu joues carrément avec le feu à le provoquer ainsi avec ton petit air suffisant, surtout à être aussi tactile. Pour ta défense…
Non, il n’y a rien à dire pour ta défense. T’as même pas bu suffisamment pour être ivre, t’es juste un connard de profiteur qui a rempli le verre de son cousin pour gagner une partie de billard et peut-être même davantage. T’as pas encore décidé, t’es juste curieux de voir ce que ça donnera et de si tu vas terminer avec un œil au beurre noir ou pas. Enfin, ça, tu ne l’imagines même pas. Tu risques de tomber de haut si Ember se rebelle.

@December Jones

Tu sursautes quand il se retourne et qu’il t’attrape. Tu ne t’y attendais pas, ce qui n’empêche pas la poussée d’adrénaline de t’enivrer. Ça aurait pu dégénérer, s’il avait joint le geste à la parole ou si t’avais ouvert la bouche pour le provoquer encore. T’es à deux doigts de lui dire d’y aller même si tu n’imagines pas qu’il ose porter atteinte à ta perfection. Au visage, en plus ! C’est si vulgaire, t’es outré et un peu excité aussi. Ta dernière bagarre remonte à un moment mais t’as pété le genou de ton meilleur ami à son terme, alors qu’est-ce que tu pourrais casser à ton cousin ? Et lui ?

Une chance pour vous deux, Ember a trop bu et pose sa tête contre ton épaule en se plaignant que le monde tourne. Sans blague ? Ce simple geste fait refluer la poussée malsaine qui t’a prise aux tripes.

Tu lui tapotes le haut du dos, craignant un peu qu’il te vomisse dessus. Mais t’apprécie aussi le contact, comme le fait d’être un peu plus grand.

— Viens, on va prendre l’air.

T’es un peu plus gentil, soudain. T’aurais pu te vanter encore d’avoir gagné, chercher la petite bête, mais ce contact t’assagit alors tu passes ton bras autour de sa taille pour le soutenir, histoire qu’il ne tombe pas si le monde tourne un peu trop fort. Tu avances jusqu’au bar sans le lâcher, tu règles les consommations puis tu sors en sa compagnie. Une fois sur le trottoir, tu avises un taxi qui attend apparemment de ramasser les fêtards.

— Tu te rappelles de ton adresse ou tu veux venir chez moi ? T’as pas intérêt à vomir…

En tout cas pas sur toi, ni dans tes draps, ni nulle part à l’intérieur de l’appartement parce que la simple perspective de devoir nettoyer te terrifie et te dégoûte au plus haut point. T’es même pas certain d’avoir du produit quelque part, le personnel de ménage est là pour ça…

@December Jones

— Tes désirs sont des ordres !

Tu rigoles. Les tiens en sont, ça, c’est clair et exceptionnellement, parce que c’est ton cousin, parce que tu l’as fait boire, parce que t'as envie qu’il t'aime bien, tu vas accéder à sa requête et même mieux que ça : lui payer ses tacos.

Bon, t'es riche et t'es vraiment pas sur ça mais le geste reste attentionné… non ? Surtout vu tout ce qu’Ember commande ! T’es effaré, comment est ce qu'il peut avaler autant et avoir ce corps ? Est ce qu’il s’impose, comme toi, un exercice strict ?

— T'es fait pas, je ne risque pas d'oublier de te rappeler que j’ai gagné. Mais tu épargneras mon nez, t’es gentil.

Ce qui ne l'empêchera pas de se vanter même si son nez est en danger.
Y’a des priorités…

Vous arrivez à ton appartement. Ember se fend d’une remarque sur l’endroit et le fait que tu ne manques pas d’argent.

— Pourquoi je n'en aurais plus ?

Il a l’air surpris que tu en aies “encore” et c’est vrai que tu as tendance à dépenser sans compter, sans faire attention. Un jour, ça va te retomber dessus et sûrement plus vite que tu ne le crois mais tant que ta carte n’est pas refusée, ça ne te passe même pas à l’esprit de t’en inquiéter.

Tu le laisses s’installer dans ton appartement sans personnalité, où tes seules possessions personnelles sont les deux BD offertes et écrites par Justin, les vêtements dans la penderie et la fiole de poison qui est désormais dans le tiroir sous les capotes, depuis une nuit passée ici avec Justin, justement. Tu la ressors de temps en temps pour la regarder, quand tu te sens mal, mais c’est pas le cas. Une chance, vu l'état d'Ember il pourrait la confondre avec de l'aspirine.

— Ouais… non, je ne veux pas manger un truc pareil.

D’un autre côté, ça sent bon et t’as faim alors tu t'installes en face de lui et grignotes un peu. T'as pas bu tant que ça, un demi verre finalement. T'es lucide, en tout cas, assez pour garder la maîtrise de la situation.

— T'as un bon appétit. Les toilettes sont dans la salle de bain, la porte est dans la chambre. Tu ne vomis pas sur le parquet, merci.

Non parce que tu le vois venir…

@December Jones

Tu pouffes de rire devant la manière spontanée qu’a December de se déclarer colérique et, en prime, d’assumer. Tu l’aimes bien, quand il a un verre dans le nez. Bon, tu l’aimes bien déjà sobre, mais il dévoile un pan de sa personnalité qui te plait encore plus.

— Je vais devoir faire attention alors, j’aime bien titiller les petites bêtes.

Surprenant que personne ne lui ait cassé la gueule. Sa dernière altercation est celle qui a mis fin à sa participation au groupe DARE et c’est vrai que Nam-hee lui en avait collé une bonne droite. Heureusement, ça s’était soldé par un hématome, rien de cassé et son visage avait retrouvé la perfection au bout de quelques (longues) semaines.

Tu picores pendant qu’Ember se goinfre, tu l’écoutes parler de ta famille, de ton argent. Tu prêtes une oreille attentive et tu t’apprêtes à le détromper, un peu vexé, quand il comprend tout seul.

— C’est mon propre argent, oui. Ils ne m’auraient rien donné.

Et de toute façon, tu n’en aurais pas voulu. Enfin… Bon, si, tu l’aurais pris, mais t’es plutôt fier et soulagé de pouvoir compter uniquement sur tes propres deniers. T’as très bien gagné ta vie pendant trois ans, assez pour vivre confortablement sans t’inquiéter pendant quelques années. Bien sûr, l’argent comme le reste, ça fond très vite surtout quand, comme toi, on paie pour le moindre service parce qu’on ne sait rien faire de ses dix doigts. Il faudrait que tu te remettes à travailler, que tu fasses un peu de mannequinat, pourquoi pas. T’as ça dans un coin de ta tête, en partie grâce à December. Bon, t’es pas entré dans cette boutique pour cette raison, au départ, et t’avais des projets un peu plus… intimes, pour celui qui s’avère être ton cousin. L’univers prend, l’univers donne.

Tu souris gentiment et tapote le dos de la main d’Ember, toujours occupé à manger.

— Ne t’inquiète pas, tu vas le gagner, ton propre argent. Notre photo t’a déjà amené pas mal d’abonnés et quand on postera notre shooting ensemble, ça va faire le buzz, tu verras. La visibilité, c’est tout.

Tout. Toute ta vie, toute ton existence.
Tu le laisses finir de manger en réfléchissant à comment formuler ce qui te trotte en tête puis tu décides d’y aller franchement :

— Tu dors avec moi ? Le canapé est un peu dur et mon lit est grand. Comme on est de la même famille, on peut faire ce genre de choses, non ?

Tu ressembles à un petit ange, quand tu dis ça…

@December Jones

— Tes créations se marient bien avec mon image.

Ce qui, dans ta bouche, est un compliment de niveau supérieur ! Tu n’en sors pas souvent, des comme ça. Presque jamais, même, mais ici, t’es sincère et ça n’a rien à voir avec votre lien de parenté. Il y a en December un bel esprit artistique qui a su te toucher, sans que tu ne l’expliques.

Tu le regardes ranger plus que tu n’as rangé toi-même en trois mois où tu vis ici, un sourire amusé aux lèvres. Peut-être que tu devrais engager Ember comme femme de ménage ?

— Les seuls amis que j’invite dorment dans mon lit.

Tu ponctues ta phrase tendancieuse d’un clin d’œil même si, au fond, c’est assez triste parce que tu n’as pas d’amis. Pas de véritable ami, tu n’en as plus. Le seul que tu as jamais eu, qui a jamais été capable de te supporter longtemps, depuis l’enfance, c’est Nam-hee et tu lui as brisé le genou dans une dispute qui a mal tourné… Ici, à Seattle, tu commences à connaître des gens, tu as couché d’une façon ou d’une autre avec un certain nombre d’entre eux, mais tu n’as lié aucune amitié. Tu n’en es pas malheureux, tu n’en as pas conscience, t’es trop tordu pour ça, trop cassé, trop mal fichu.

Qu’importe, Ember ne sait pas tout ça. Tu t’étires, enlèves ton haut pour te mettre à l’aise. T’as pas vraiment de pyjama mais tu as des t-shirts trop grands, si ça le dérange ou s’il veut t’en emprunter un. T’espère quand même qu’il ne te fera pas l’affront d’être mécontent de te voir torse-nu. T’as ton petit ego.

— Arrête de nettoyer, il y a des gens pour ça. Viens. Sauf si t’es pas fatigué ?

Peut-être qu’il veut encore discuter ou regarder un film ou quelque chose comme ça ? Au café, Ember semblait sur le point de tourner de l’œil mais il avait repris des forces alors qui sait…

@December Jones