Je n'aime pas réfléchir avant de parler, j'aime être aussi surpris que les autres. | Shin & Ember

Tu badines mais en réalité, le choc n’est pas digéré. Tu t’es simplement laissé distraire, par la réaction d’Ember, par votre échange, et tu essaies d’en tirer quelque chose de positif, d’agréable. Tu en as besoin, t’es désespérément en manque d’affection et même si tu ne mettras jamais de mots sur ça, tu as besoin d’une famille, besoin d’être entouré par des personnes proches de toi, qui te connaissent par cœur, toi plus que l’image. T’as perdu ton meilleur ami, t’as perdu ta sœur, t’as tout perdu et il ne te reste qu’une pastille de poison dans une fiole. Alors oui, t’as des projets pour December et toi. Des fantasmes, des fantaisies, des folies. Et t’essaies déjà de l’attirer dedans, sans prendre de gants.

Vous entrez dans un bar aussi lumineux que le caractère de ton cousin. Il commande une pina colada et tu fais pareil, t’es curieux de goûter. Comme on vient vous servir à table, y’a plus qu’à attendre. Et pour attendre, Ember aborde un sujet personnel. Tu détournes le regard, hausse les épaules, comme si ce n’était pas très important.

— Une petite sœur. Elle s’appelle Pin-ye. C’est… une tête. Son seul défaut pour mon père, c’est d’être une femme. Autrement, elle est parfaite. Intelligente. Rusée. Manipulatrice. Pas avec moi. C’était ma fan numéro 1. Elle adore la k-pop. On se parle encore un peu, en secret. Peut-être qu’un jour, elle débarquera ici. À sa majorité. Ou peut-être pas. Il faut quelqu’un pour reprendre le nom des Kim et elle ne laissera jamais ça à notre cousin. Le fils du petit cadet, après mon père et Moon. Elle le dénigre tellement, si ça se trouve elle est amoureuse de lui. Je ne lui ai pas encore dit qu’on était cousin mais je lui ai parlé de toi, elle a vu notre photo, elle voulait qu’on se marie.

Tu ris pour bien montrer que tu trouves l’idée idiote (mais tu ne la trouvais pas si bête avant) et tu lui montres sur ton téléphone l’échange en question, la partie où Pin-ye s’emballe totalement, comme une vraie fangirl, sur le physique avantageux de December.

— Elle a seize ans et les hormones en folie, d’où tous les smilies. Vu le genre de June, j’imagine que vous n’avez pas d’échanges comme ceux-là ?

T’imagines mal June Jones utiliser des smilies ou des gifs pour fantasmer sur un homme mais tu te trompes peut-être. Tu ne le connais pas, après tout.

@December Jones

— Alors la ! Excellente question. Probablement déçue, je ne vais pas te mentir.

Tu rigoles de bon cœur en imaginant le cri de frustration de Pin-ye quand tu lui raconteras les derniers évènements. Elle est celle qui te connait le mieux, tu lui dis tout, le meilleur comme le pire. Ça a un côté malsain dont tu n’as aucune conscience, parce qu’elle n’a que seize ans et qu’elle vit un peu à travers toi mais tu n’y penses pas. C’est toi d’abord, comme toujours.

— Elle l’est.

Tu souris, nostalgique, un sentiment balayé par ce que raconte ton cousin. Pour la deuxième fois, il évoque un épisode violent et tu te demandes… Si vous n’avez pas encore plus de points communs qu’il n’y parait. Des souvenirs te remontent en mémoire, te heurtent de plein fouet, le craquement sonore d’un genou, le cri de douleur d’un ami cher qui te remplit d’une extase coupable.

— Rappelle moi de ne jamais te mettre en colère.

Tu badines mais tu bous à l’intérieur. T’as justement envie de le mettre en colère, pour voir ce que ça donnerait. Tu te retiens, toutefois. Tu remets cette expérience-là à plus tard, t’essaies d’abord de te le mettre dans la poche. C’est important pour toi.

Ember a déjà bu la totalité de son premier cocktail que tu en as pris une gorgée à peine. Un second arrive, tu te décides à boire avec parcimonie, curieux à nouveau du résultat. S’il se saoule, sa langue se déliera plus facilement, non ?

— Je ne suis même pas surpris qu’il soit un hétéro cliché même si je ne l’imagine pas trop dans ce genre de situation. Il fait tellement coincé…Et pas drôle du tout. Heureusement que tu es différent.

Tu trinques à son second cocktail et tu reprends une petite gorgée. Tu vois bien ses tourments, tu appuies un petit peu plus juste pour voir. T’es comme un scientifique, ce soir. Un scientifique tordu.

— Et toi cousin ? J’ai le droit de demander sans avoir l’air jaloux, maintenant.

Clin d’œil. T’as essayé de savoir mais t’as rien trouvé. En même temps, tu ne lui as pas non plus collé un détective privé toi.

@December Jones

Pour l’instant il n’y a pas de raison. T’y vois presque un défi mais tu t’obliges à museler tes mauvais instincts, ceux qui te poussent à l’autodestruction, ceux à cause desquels tu enchaines les mauvais choix.

— Ah ça…

Tu laisses flotter le commentaire. T’es riche et bel homme, tu as connu ton lot de femmes -et d’hommes- uniquement attirés par ces deux éléments, peu importe à quel point tu as pu te montrer imbuvable ou égoïste. T’as assez peu de respect pour le genre humain en général, sans discrimination de genre. T’as eu des moments d’intimité avec des femmes, ou plutôt avec leur bouche, mais comme Ember, seuls les hommes te font vibrer. À cette pensée, tu te repasses les différents hommes canons que tu as rencontrés depuis ton arrivée à Seattle et, bien sûr, l’image de Justin reste la plus prégnante. Tu souris doucement et tu bois une gorgée de ta commande, pendant que ton cousin continue de s’épancher puis te questionne.

— Pourquoi ça ne pourrait pas arriver ? On n’a pas grandi ensemble. Tu arques un sourcil comme pour le mettre au défi de te contredire mais tu enchaines avant qu’il puisse : Je suis gay. J’ai déjà connu des femmes parce que quand tu es une superstar, c’est ce que tu es supposé faire, mais même les plus belles ne provoquaient rien. J’ai compris assez tôt ce que j’aimais, mais je devais rester discret. Là-bas, tu sais… Donc ouais, y’a que les hommes. Les hommes particulièrement… beaux, comme toi, comme moi, comme d’autres. Je suis pointilleux. Je papillonne. Il y a tellement de beaux gosses dans cette ville, c’est incroyable.

Tu t’es fait la réflexion plus d’une fois, et tu as croisé les plus beaux coréens ici aux États-Unis, quel comble ! T’as aussi découvert d’autres charmes plus européens, plus américains aussi. Sur quelques semaines, tu t’es épanoui dans ta sexualité, comme une fleur largement arrosée par le jardinier Wilson.

Tu remarques que le deuxième verre d’Ember se vide, alors tu anticipes et lève la main pour en commander un troisième, sans cesser de sourire. T’es curieux de voir s’il a l’ivresse joyeuse ou non.

@December Jones

Il est tellement adorable quand il rougit, tu te dis. Vous vous ressemblez tellement que c’est presque te lancer des fleurs à toi-même (et c’est peut-être ce qui t’attire autant chez December, d’ailleurs) mais tu n’y peux rien, t’en croquerais bien un bout. Tu l’imagines rougir comme ça dans des circonstances moins décentes et tu t’obliges à chasser ces pensées. Il a été clair et tu ne vas pas le saouler pour abuser de lui.

T’es pas comme ça.
T’as besoin qu’on te désire.

N’empêche, tu ressens une pointe de jalousie quand tu le vois s’extasier sur un autre. Tu ne le connais pas, ce Kai, mais tu en as désormais très envie. En réalité, tu l’as déjà croisé dans l’immeuble de Justin sauf que tu ne connais pas son prénom et que tu n’as pas encore relié tous les points entre eux. Kai, propriétaire du Witness. T’as presque une fiche mission qui apparait dans ta tête. Le trouver. Le rencontrer. Le jauger. Et plus si affinité.

— Je suis déjà allé au Witness avec une connaissance mais je n’ai pas eu le plaisir de rencontrer le propriétaire, non. Vu l’effet qu’il te fait, je devrais peut-être. Il est si canon que ça ? T’as pas une photo ?

T’es curieux, tu souris comme si t’étais pas piqué au vif. Tu te consoles en le voyant continuer de boire, en comprenant que l’ivresse délie sa langue et qu’il risque de te confier bien des choses intéressantes, sans que tu aies besoin d’équilibrer les comptes. Tu ne penses pas encore au moment où tu devras le ramener ni au fait que tu ne connaisses pas son adresse. Un problème à la fois. Au pire, il dormira dans ton lit.

En tout bien tout honneur.
Bien sûr.

@December Jones

Tu contemples la photo que te montre Ember et tu te mordilles la lèvre pour t’empêcher de sourire, triomphant. Tu le reconnais ! Tu l’as déjà croisé dans le couloir en allant chez Justin. Ou en repartant, tu ne sais plus très bien. Tu y as passé un peu trop de temps… Tu hésites à le lui dire et tu te tais parce que les compliments que lui adresse December continuent de titiller ton ego. Tu dois admettre que Kai est un bel homme et qu’il porte merveilleusement le costume créé par ton cousin. Sauf que c’est toi qui es supposé jouer au modèle. Et que tu refuses la moindre concurrence. Tu es forcément supérieur.

— C’est du beau travail ! C’est vrai que ça lui va bien mais ça m’irait encore mieux.

Tu ne te vantes pas, tu énonces une évidence sur un ton tranquille. Et tu récoltes les compliments dans la foulée. Oui, tu devrais être mannequin et oui, tu pourrais le devenir pour des gens « plus importants » que December. Sauf que tu n’as pas recherché d’opportunité, tu attends qu’elles viennent à toi. Tu t’estimes trop supérieur pour t’abaisser à demander des contrats. La preuve que ça fonctionne : le jeune créateur a tout de suite vu ce que tu avais à offrir et n’a pas hésité à te proposer de devenir son modèle. Ça ne te permet pas de gagner ta vie mais tu as encore suffisamment d’argent de côté pour ne pas t’en soucier avant un moment.

Arrive la question de tes plans, à laquelle tu réponds par un haussement d’épaule. Tu bois ensuite une gorgée en prenant ton temps, histoire de réfléchir à ce que tu as envie de lui dire.

— Danser, c’est tout ce que j’aime. Vendre mon image, tout ce que je sais faire. Je doute de trouver un groupe ici mais je ne me ferme pas aux propositions. Je pense au mannequinat, oui. Si ça peut te rassurer, tu passeras toujours en premier peu importe les contrats qu’on me propose.

Clin d’œil. T’es sérieux, en plus. Quelque chose t’a attiré chez Ember, au départ. Tu as vu ses créations et elles t’ont parlé. Tu sens que vous pourriez aller loin, tous les deux, quand il accomplira son objectif. Toi, tu y crois. Tu ne vois aucune raison pour qu’il échoue. Encore moins avec un modèle commet toi.

— Je n’ai pas besoin d’argent pour le moment donc je me laisse le temps, je profite de la vie. C’est important.

Et tu dors avec du poison sur ta table de nuit.
Et quand tu as tes phases « down », tu relis le carnet dans lequel tu notes toutes les façons originales de mourir. T’es macabre. Mais personne ne le sait alors tu peux continuer à sourire…

@December Jones

— T’as intérêt !

Pas une menace, juste… Bon, peut-être un peu ? Tu vivrais mal la vexation si ce Kai avait droit à des habits et toi non. D’un autre côté, Ember et toi avez un accord alors tu ne t’inquiète pas plus que ça.

— Savoir se vendre, ça s’apprend. Si tu veux percer dans la mode, il faut que tu apprennes. Malheureusement, personne ne s’intéressera à ton seul talent, même si c’est bien dommage. Ne t’en fait pas, je t’aiderai et bientôt, tu pourras t’en passer, j’en suis sûr.

T’essaies de te montrer rassurant et encourageant, de lui montrer que t’es là pour l’aider, mais ça ne sonne pas aussi bien quand tu le dis à voix haute. Heureusement, il a déjà pas mal bu et t’encourage à profiter. T’hésite à lui dire que tu as déjà trouvé ton bonheur, déjà parce que vous vous êtes rencontrés, puis il y a Justin qui a changé pas mal de choses dans ta vie, ne fut-ce que sur un plan intime et ça… Tu ne l’aurais jamais cru. Puis y’a River, et d’autres gens qui sont venus t’enrichir en à peine quelques semaines. T’as été bien inspiré de croire la télévision, pour une fois.

Tu te lèves volontiers quand Ember propose un billard. T’aurais préféré compter le nombre de verre qu’il pouvait s’enfiler avant d’être malade mais tu n’es pas contre cette activité.

— On parie quelque chose pour pimenter la partie ?

Proposition presque innocente… T’as l’air d’un angelot quand tu la formules, pourtant t’as des idées derrière la tête. Rien de pervers, c’est pas ton genre, mais t’aimes posséder le pouvoir. Tu prends l’une des queues (qui va avec le billard, bien sûr) et le laisse installer les boules. T’as déjà joué quelques fois depuis ton arrivée aux États-Unis mais t’es loin d’être un expert pour autant.

@December Jones

Maître du succès. Tu aimes bien ce titre. Déjà maître tout court, mais alors du succès… Ouais, tu l’adoptes et tu en ronronnerais presque de plaisir si une partie de billard n’avait pas été proposée. Tu la rends plus intéressante en y ajoutant une dimension de pari. Avoir quelque chose à perdre (ou mieux, à gagner) stimule ton esprit de compétition même si Ember n’a pas d’idée transcendante à te proposer. T’es un peu déçu, il ne fait aucun effort ! Mais tu mets ça sur le compte de l’alcool (et même si tu ne l’avoueras pas, c’est donc un peu de ta faute).

— Mmmmh… Laisse moi réfléchiiiir…

Tu fais mine de alors que tu sais déjà très bien ce que tu veux. S’il n’avait pas posé une barrière claire à cause de votre lien de parenté, tu aurais joué un pari tendancieux mais là… Il va te falloir ruser.

— Si je gagne, on pose ensemble pendant tout un shooting et j’ai le droit de poster les photos sur mon Instagram. C’est le buzz assuré.

T’es tout excité à cette idée parce que tu ne vas pas te priver de le tripoter un peu sous le couvert de prendre des poses, de donner une dimension tendancieuse aux clichés pour faire un peu rêver tes fans. Vous vous ressemblez tellement… Ce sera gagnant gagnant ! T’es si fier de ton plan que tu te vois déjà vainqueur. En plus, December ne peut qu’accepter. Tu vas le tager sur Instagram, ce qui donnera un coup de boost à son propre compte et à Upcycle Me de la même façon.

— Y’a rien qui te ferait plaisir et que tu aurais trop honte de me demander si ce n’est pas dans le cadre d’un pari ?

Tu poses la question en ayant l’air un peu triste, un peu déçu. L’oeil sur son verre, tu t’assures de ne pas louper le moment où il ne restera qu’une gorgée. Il ne faudrait pas que ton cousin chéri ait soif.

Prendre soin de sa famille, c'est important.

@December Jones