Il a fallu 4 brancards pour te sauver. Un pour toi. Et trois pour le poids de la honte. (Ruby)

Il a fallu 4 brancards pour te sauver. Un pour toi. Et trois pour le poids de la honte.

« Il a fallu 4 brancards pour te sauver. Un pour toi. Et trois pour le poids de la honte.  »

@Lenny Caldwell & @"Ruby Z. O’Sullivan"

C’était une journée absolument comme les autres qui semblait se dessiner. Les colocataires étaient plutôt silencieux pour le moment, et je n’avais pas grand-chose de prévu, à part d’attendre que tout le monde soit réveillé pour vaquer à mes occupations. J’étais donc sortie de ma chambre en fin de matinée pour aller prendre mon petit déjeuner, m’étirant avec délice dans mon short en coton et mon débardeur. Il faisait particulièrement bon, dans l’appartement que nous partagions tous les trois. Et je n’avais clairement aucun complexe à me balader en tenue matinale devant les garçons, parce que je restais tout de même décemment couverte.

Je m’étais rendue dans la cuisine, histoire de me faire couler un café. J’avais trouvé un adorable petit post-it de la part de Jules, qui disait qu’il était parti pour la matinée mais qu’il nous avait laissé des pancakes. Pas de petite Diana en vue, donc Lenny ne devait pas encore s’être levé, il faudrait donc partager les pancakes. Je m’installais donc au bar de la cuisine, un café et des pancakes avec un peu de miel et de myrtilles devant moi. J’étais de bonne humeur en me réveillant, de toute façon c’était comme ça depuis quelques jours maintenant, et un certain musicien y était sûrement pour quelque chose, mais vous ne m’entendrais pas l’avouer de sitôt.

Le point positif, avec cet appartement, ça restait que nos chambres étaient très bien isolées phoniquement. Donc depuis nos chambres, à moins d’un véritable tintamarre, nous ne savions pas toujours qu’il demeurait âme qui vive dans l’appartement. Parfois c’était à double tranchant. Là, par exemple. J’étais en train de regarder mon téléphone, quand le son d’une porte de chambre retentit, et je tournais la tête par réflexe … Réflexe malheureux, mais je dus me faire violence pour ne pas rire. À la place, je plaquais mon téléphone au niveau de ma tempe exposée à cette vue incongrue, comme un écran, laissant seulement visible un sourire … Pour le moins amusé. Il fallait croire que Lenny avait fait fort.

Encore un peu et j’aurais pu entendre sa fierté se fissurer quand il s’arrêta net, visiblement enfin conscient de ma présence, juchée comme je l’étais sur mon tabouret de bar. J’entendis sans le moindre doute possible au son de sa voix qu’il tentait de garder la face, et mon sourire moqueur tressaillit tandis que je me mordais la lèvre inférieure pour ne pas rire. C’était moche, comme réaction, mais il allait en entendre parler pendant des siècles ! Car non, malheureusement pour le canadien, je ne pouvais définitivement pas lui confirmer qu’il se présentait avec le minimum de décence. Diana virevolta jusqu’à moi, comme elle le faisait parfois, et cette fois-ci toutes mes dents furent bien visibles quand j’ouvris la bouche après un de ces grands sourire qui lui disaient clairement qu’il allait regretter d’entendre le son de ma voix.

« Eh bien, soit je vois double, soit tu es complètement nu, car il y a deux petits oiseaux qui se baladent dans la pièce. » Je ne pus retenir mon hilarité plus longtemps, explosant d’un rire cristallin et sincère. Il y avait fort longtemps que je n’avais pas autant ri. « Je te prierais de remédier à la situation avant de m’approcher. » J’étais toujours hilare, et je lui jetais à l’aveuglette un torchon qui se baladait par là. Clairement, je n’étais pas prude du tout comme fille, et la situation n’était pas malaisante pour moi, mais pour autant je n’avais pas tellement envie de garder cette image sur la rétine. D’ailleurs, j’avais dans l’idée que si un certain quelqu’un apprenait que j’avais vu passer mon colocataire nu, ça ne lui plairait absolument pas. « Dure soirée ? » J’essayais d’avoir un peu moins l’air de me moquer, mais mes lèvres frémissaient encore de cet amusement. « Jules nous a préparé des pancakes si jamais tu as faim. » J’essayais clairement de reprendre le contrôle de mon sérieux, mais ce n’était vraiment pas une réussite pour le moment.

Il a fallu 4 brancards pour te sauver. Un pour toi. Et trois pour le poids de la honte.

« Il a fallu 4 brancards pour te sauver. Un pour toi. Et trois pour le poids de la honte.  »

@Lenny Caldwell & @"Ruby Z. O’Sullivan"

L’arrivée de Lenny en tenue d’Adam avait clairement été une surprise. Une amusante surprise. Je n’étais pas prude comme fille, et je croisais souvent mes colocataires un peu moins habillés que dans la rue – tout comme ils me croisaient souvent en short en coton et débardeur – car nous partagions tout à part nos chambres personnelles, mais complètement nu, c’était une première depuis mon emménagement ici. La pensée qu’heureusement que Sevan n’était pas là m’effleura l’esprit, car je n’étais pas si sûre qu’il apprécie la vanne. Après tout, nous essayions de faire quelque chose de nous deux, alors savoir que je croisais mon charmant colocataire tout nu dès le matin, ça n’était peut-être pas une info qui lui plairait beaucoup. Il ne fallait pas compter sur moi pour le lui raconter pour le moment ! En tous cas, la réponse de Lenny quand je lui avais confirmé qu’il était bien aussi dévêtu qu’il le pensait me fit éclater de rire.

« Ouais, comme tu dis. »

J’avais le nez froncé avec amusement. Il n’en ratait pas une, mon colocataire ! J’attendis d’avoir entendu ses pas s’éloigner pour enlever ma main, comme une gosse que je pouvais être. En réalité, il n’y avait pas à cracher dessus, c’était un beau garçon, et par conséquent un beau spectacle. Mais par respect pour son intimité et pour le musicien qui m’intéressait, j’avais évité de mater ouvertement. J’en aurais été capable, en réalité. J’étais assez décomplexée pour que ça ne me pose pas de souci. Il n’y avait pas de quoi en faire tout un fromage. Quand Lenny s’installa en face de moi, plus habillé, et s’excusa, je lui servis un sourire qui voulait tout dire : il allait longtemps en entendre parler !

« Ne t’excuse pas, la vue était charmante. » Je fronçais le nez dans une mimique clairement amusée. « J’aurais presque pu prendre ça pour une invitation. » Ouais, je riais, cette fois. « Mais je suis ravie que Sev n’ait pas passé la nuit ici, il se poserait des questions s’il avait vu le bonjour matinal auquel j’ai le droit. »

J’étais hilare, et je pourrais continuer très longtemps ce petit jeu-là. En tous cas, la question se posait sur la soirée qu’il avait passée la veille. Je l’aurais imaginée assez mouvementée, pour qu’il débarque comme ça, mais visiblement pas tant. J’eus un sourire en coin tout en buvant une gorgée avant que ça ne refroidisse. C’était étonnant, mais pas improbable, connaissant mon colocataire. Je ne relevais même, préférant plutôt lui annoncer qu’il lui restait des pancakes pour le petit déjeuner, gracieusement offerts par notre troisième colocataire, et il sembla pour le moins ravi, se préparant une assiette gourmande et calorique à souhaits. Je piquais moi-même dans mon repas, gazouillant un peu avec Diana qui dansait entre nos assiettes. La petite chose volante était drôle et attachante.

« Comme un charme. J’ai retravaillé mes dernières compositions. Je pense que je vais essayer de rencontrer quelques personnes qui font carrière en musique, on sait jamais quelque fois que j’obtiendrais un rendez-vous avec un label ou un truc comme ça. Je crois que je suis prête à me lancer, donc je suis allée me coucher hyper sereine. » J’eus un sourire plutôt rayonnant. J’étais prête à laisser leur chance à quelques unes de mes créations, après des semaines de travail acharné dessus. « Tu veux écouter ça tout à l’heure ou t’as des trucs de prévus aujourd’hui ? »

Je serais ravie d’obtenir l’avis de mon colocataire, après tout il me fallait bien quelques crash-test avant que j’aille me ridiculiser devant tout le monde !