Sans prétention, j'suis pas le meilleur franchement ?! [Ruby & Liam]

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Sans prétention, j'suis pas le meilleur franchement ?! »

@Liam Murphy & Ruby

J'aurais une question pour vous - c'est pour une amie. On n'avait toujours pas le droit de tuer les gens, n'est-ce pas ? Dommage. Car j'aurais volontiers tué Liam. Il était là. Là ! Et il n'avait pas trouvé utile de me prévenir avant de débarquer ! Et en plus il débarquait genre de manière définitive ! Mon cerveau avait tourné à vide le temps d'étudier son annonce, puis ça avait été un total freestyle. Une partie de moi était assez furieuse qu'il ne m'ait pas prévenu, qu'il ait organisé son arrivée dans mon dos, mais une autre partie était carrément euphorique à l'idée que mon acolyte me rejoigne. J'étais tellement heureuse à l'idée qu'il soit à mes côtés ! Mais il avait franchement intérêt à se rattraper.

Bien évidemment, quand il m'avait proposé de le rejoindre dans les plus brefs délais, je n'avais pas hésité. J'avais troqué mon pyjama contre une tenue décente dans un temps record, optant pour un jean tout simple et un pull en laine gris. Je n'avais croisé personne en partant de la colocation, ce qui n'était pas étonnant, et j'avais pris la route, le nez dans mon téléphone en mode GPS, et réponses à l'autre andouille de compétition qui n'en ratait jamais une ! Oh bordel. J'avais vraiment du mal à réaliser que Liam était vraiment là. J'étais dans la rue à la recherche du numéro de son logement lorsqu'une tête bien connue fut en vue.

Difficile de me retenir. Un sourire dévora mon visage tandis que je m'élançais, me lançant littéralement dans ses bras. Je n'avais aucun doute sur le fait qu'il me rattrape au vol, il avait l'habitude, à force ! J'avais passé mes bras autour de son cou en riant, et lorsqu'il m'avait cherché des noises, j'avais appliqué une tape derrière son crâne, le côté furax reprenant le dessus.

« Mais en même temps si tu m'avais prévenu je serais venu te chercher et t'aurais pas eu besoin d'attendre ! Comment t'as osé me faire un coup pareil ! C'est un coup bas ! » Bon, OK, je n'étais pas vraiment furieuse, mais quand même ! « Je dois prévenir tes parents ou tu les as prévenus, eux ? » Je lui tirai la langue. « Bon, comme t'es un meilleur ami qui craint, tu m'invites à manger c'est bien ça ? »

Oui parce qu'aux dernières nouvelles, cette sale bête avait faim, alors comme il allait avoir bien besoin de se rattraper pour cette trahison à notre accord tacite de tout se dire il pouvait au moins commencer par ça. Il allait le payer un bon moment alors il avait plutôt intérêt à commencer rapidement. Mais bon comme je ne pouvais pas lui en vouloir tant que ça, je passai un bras autour du sien en le regardant. J'allais quand même me comporter un peu comme une meilleure amie digne de ce nom.

« Tu as fait bon voyage, au moins ? » 

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@Liam Murphy & Ruby

Au concours du petit con le plus attachant, Liam gagnait très haut la main. Bon, je le savais depuis très longtemps, depuis qu’on était gamin, c’était une plaie quand il s’y mettait. Allez savoir pourquoi je l’adorais à ce point, celui-là. La tape derrière la tête, ce n’était pas nouveau, quand il se montrait casse-pieds. Genre quand il débarquait à Seattle sans prévenir !! Je ne pus m’empêcher de l’engueuler à ce propos. J’étais super furax qu’il m’ait fait une aussi grosse cachotterie, surtout que j’aurais pu l’aider à s’installer et tout ça. Et lui il me riait au nez, ce qui m’ajoutait une franche dose de mauvaise humeur. Je grommelais à ce qu’il ajoutait à la suite, mais décidai finalement de ne pas m’engager dans cette direction avec lui, parce que sans ça on allait y passer un temps fou.

S’il m’avait fait sortir de chez moi en pleine nuit, ce n’était clairement pas pour y passer la nuit complète à me balader et à lui chercher des poux dans la tronche. Comme il était là pour longtemps,  j’aurais largement l’occasion de l’embêter plus tard. Il avait plutôt intérêt à me payer le repas, en compensation. C’était le minimum syndical dans cette opération-ci. Mais comme d’habitude, il ne se montrait pas sérieux et je levais les yeux au ciel en soupirant théâtralement. Mais enfin !

« Bien sûr que je mange ! Je suis même un estomac sur patte, je n’y peux rien si moi j’ai un métabolisme au top et que je ne prends pas un gramme ! » Je lui tirai à nouveau la langue, avant de secouer la tête à ce qu’il ajoutait. « Tu mériterais d’être au pain sec et à l’eau oui ! Bon, t’as de la chance, je connais quelques endroits pas loin qui servent toute la nuit. »

Mon bras passé autour du sien, je l’emmenais avec moi. Il y avait une rue qui comportait plusieurs petits établissements qui demeureraient ouverts malgré l’heure tardive, et il y avait également de nombreux styles alimentaires, donc le casse-pieds en chef y trouverait forcément son compte … Sinon au pain sec et à l’eau ! Je profitais du temps de route pour lui demander comment s’était passée sa route. Et après sa réponse, on dirait encore que c’était les filles, les bavardes ! Je secouais finalement la tête.

« Tu devrais demander un remboursement à la compagnie. Et la prise en charge de tes frais d’hôtel ... » Je pris une pause, posant ma tête sur son épaule en marchant, un instant. « Pauvre petit chat. T’es sûr que t’es pas trop crevé pour aller manger ? »

Même si ma voix était vaguement moqueuse, je m’inquiétais quand même vraiment qu’il soit trop fatigué pour sortir. On aurait pu mettre ça au lendemain. Enfin à plus tard dans la journée vue l’heure qu’il était actuellement. Mais non, après autant de péripéties cette tête de nœud m’appelait à un horaire absolument incongru pour aller manger … Complètement barge l’animal ! Mais il ne perdait pas le nord, capable de reprendre une conversation beaucoup plus malicieuse. Je ris de bon cœur à sa question. Mais il n’était pas possible. Et en fonction de sa réponse, il risquait en plus de bouder. À croire qu’il était jaloux des fois. Je riais vraiment, sincèrement.

« T’es sûr que tu veux aller sur ce terrain-là ce soir, Liam ? » Je ris encore un peu, avant de redevenir un tantinet plus sérieuse. « Mes colocataires sont absolument charmants. »

J’aurais pu ajouter qu’on ne se croisait pas forcément énormément en ce moment, ou qu’il n’y avait pas d’intérêt de ce type entre nous, néanmoins je trouvais ça beaucoup plus drôle de le laisser dans ce genre de flou. Avec cette conversation, nos pas avaient fini par nous attirer jusque la rue à laquelle je pensais pour manger.

« Bon, tu m’invites où ?  »

Eh oui, même si je me faisais inviter, je lui laissais le choix du lieu, et puis bon, il connaissait bien assez mes goûts pour trouver quelque chose qui me conviendrait aussi. Puis pendant qu’on s’apprêtait à aller manger, une idée me passa par la tête et je le regardais, haussant un sourcil.

« Rassure-moi ? Pas de mini Murphy que tu fuis ? Ou de furie qui va me harceler par message parce que tu l’auras laissé en plan « pour me rejoindre » ? »

Question légitime vu qu’il semblait avoir décidé de quitter Killarney en coup de vent ...

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@Liam Murphy & Ruby

Liam était vrai … Aaaaaaaaah grrrrr ! Oui, j’en perdais les mots, mais avec lui j’étais habituée à force. Ce mec était une véritable tête à claque, et l’avoir choisi comme ami – non, pardon, mon meilleur ami ! - c’était un peu comme du masochisme d’une certaine façon. Je savais que j’allais déguster, mais j’y allais tête bêche. Fallait avoir un sacré problème au final pour apprécier cette relation. Mais cet imbécile, c’était … Enfin, vu le nombre de personnes qu’on était sur cette planète, il avait vraiment que je choisisse celui-là et que je me dise que c’était lui mon imbécile préféré parmi tous les autres ? À croire que je ne tournais pas rond moi au final …

En plus, j’étais sûrement la seule chose au monde sur laquelle il retenait avec application ses leçons, donc il savait toujours comment me faire démarrer au quart de tour ou m’amadouer. Ça marchait beaucoup trop facilement, et j’avais beau le savoir par cœur, je ne parvenais pas à faire autrement … Ouais, ça marchait à tous les coups. À croire qu’il lui suffisait d’appuyer sur un bouton pour obtenir exactement ce qu’il voulait, et cela de manière systématique ; c’était agaçant au possible. Ouais, Liam avait vraiment tout d’agaçant quand il s’y mettait … Je finis par lui décocher un coup de poing dans les côtes. Il venait de sous-entendre que j’allais prendre du poids dans dix ans ou c’était moi ?

« Tu vas  regretter ce que tu viens de me dire, Murphy. » Je l’observais du coin de l’œil, les lèvres pincées. « Quoi que pour toi ça à l’air d’arriver plus vite que la prochaine décennie. »

C’était faux, et c’était un coup bas, j’en étais parfaitement consciente, et je savais également comment il allait réagir, mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Ce petit con piquait parfois un peu trop juste … Mais je ne pouvais pas ne pas le materner un peu quand même. Il devait être au bout du bout après la route, et ça faisait partie des inquiétudes que je ne pouvais pas cacher. En plus maintenant qu’il n’y avait plus que moi pour m’assurer qu’il survivait sur le Nouveau Continent, j’allais prendre encore beaucoup plus à cœur ce fichu rôle. Je devrais peut-être appeler ses parents quand l’heure irlandaise serait décente, histoire d’être sûre qu’ils sachent qu’il était bien vivant… Je secouai vivement la tête.

« C’est toi qui te sur-estime la plupart du temps. »

Je lui servis un super sourire colgate. J’avais raison et je le savais. Comme la plupart des individus masculins, il avait une sainte tendance à se croire aussi irrésistible qu’invincible. C’était faux, et ça pour le lui faire comprendre … Enfin bref !

Le quartier était aussi animé que je l’imaginais, et visiblement cette abondance de nourriture accessible rendait Liam assez gourmand, encore un peu et un filet de bave dégoulinerait sur son menton ! Je le connaissais bien assez pour le savoir … Et lui savait bien assez mes goûts pour que sa proposition de tacos soit saluée par un sourire d’enfant, absolument contagieux. Ouais, tacos, puis bière, ça c’était un chouette programme !

« Vendu ! »

Simple comme bonjour de se mettre d’accord dans de pareilles circonstances ! Puis la conversation dévia, mais alors totalement ! On était passé d’un tacos à nos histoires de cœur – ou d’autre chose plutôt mais soit – en moins de trente secondes. Je ne pus m’empêcher de piquer Liam sur le fait que la conversation sur mes colocataires pourrait ne pas lui plaire, car quoi qu’il en dise il avait un fichu côté protecteur avec moi, avant de chercher moi aussi de ce côté-là la raison de son exile dans la cité d’émeraude.

La réponse de l’autre irlandais arriva vite, et lorsqu’il parla de se critères de sélection, un très sonore « J’veux rien savoir ! » m’échappa. Hors de question que je sache ce qui l’intéressait sous la couette. Cette idée était absolument répugnante, il était comme un frère pour moi et aucune fille sensée ne voulait connaître ce genre de goûts chez son frère ! Ce qu’il enchaîna me fit lever les yeux au ciel, et je répondis d’un ton tout ce qu’il y avait de caustique, du tac au tac.

« Si c’était le cas, je te mettrais une muselière pour te la boucler un peu et une laisse pour que t’arrête tes conneries. » Idiot un jour, idiot toujours. Je m’adoucis néanmoins un tout petit peu. « De toute façon pour le moment y’a rien avec personne alors j’ai rien de plus à dire sur ce sujet, à part que mes colocs sont tous très sympas, et d’ailleurs, on est en parfaite parité  l’appartement. »

Ouais, on était deux filles installées avec les deux mecs, et c’était sympa. On avait une bonne ambiance dans la colocation, ce qui était bien plus agréable de la sorte quand même ! Je finis par m’installer bien sagement à table, jetant un très rapide coup d’œil à la carte pour choisir la garniture de mon tacos. Une commande pré-établie me fit rapidement de l’œil, et j’en fis part à Liam qui alla prendre commande. Je le regardai partir en souriant. Bon, il avait beau être le garçon le plus agaçant de l’univers connu, j’étais ravie qu’il soit arrivé. Il m’avait manqué, alors que ça faisait encore peu de temps que nous étions séparés par un océan … Mais je préparais ma vengeance tout doucement. Téléphone innocemment en main, je faisait mine de regarder quelques notifications. Puis, quand il fut installé à nouveau … PAF la photo. Mon dossier n’allait pas se tarir de si vite. Je fronçais le nez avec amusement, avant de l’écouter à nouveau. Je pris une seconde pour réfléchir à ce que j’allais lui répondre.

« Eh bien je survis ! J’ai réussi à trouver quelques petits contrats un peu partout pour payer les factures, du genre ménages, mais aussi prestations musicales ponctuelles. J’arrive à payer le loyer donc ça va. Ah et je sais déjà que tu vas te foutre de ma gueule quand je vais le dire mais une de  mes premières sorties en voiture ici, j’ai accroché une moto, je te raconte même pas comment l’ambiance était tendue ! Bon après j’étais carrément en tord aussi faut avouer, j’ai peut-être oublié qu’on roulait pas pareil qu’à Killarney ... » Je me mordis piteusement la lèvres. Ouais, j’avais bien merdé sur ce coup-là, et heureusement quand même, Archie s’était au final avéré plutôt sympa vu le démarrage des choses ! Je passai une main dans mes cheveux, songeuse. « J’ai aussi été laissée en plan par un mec au resto, j’ai pas compris ce qui lui a pris mais j’ai absolument aucune envie d’en parler. C’est juste arrivé et si je le recroise je crois qu’il est pas prêt. Sans ça … » Nouvelle seconde de réflexion, puis je tapai dans mes mains avec enthousiasme. « Mais si ! J’ai découvert un groupe de K-Pop absolument génial ! Les S-Three. Ils sont super doués. En plus les membres sont sympa, j’ai rencontré leur pianiste et leur bassiste et j’ai bien accroché, c’était sympa de rencontrer des personnes qui sont aussi branchées musique que moi. Bref, pas grand-chose, tu vois bien. » Je lui souris, puis un peu de nostalgie étira mes lèvres, parce que, malgré tout, ma belle île irlandaise me manquait. « Et sur notre petit bout d’île, c’était comment après mon départ ? »

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@Liam Murphy & Ruby

Si Liam était un idiot fini lorsqu’il s’y mettait, ça ne l’empêchait clairement pas de me faire rire. Il m’avait manqué, et j’étais plus que ravie de le retrouver aujourd’hui. Bon il ne m’avait pas prévenu et allait payer longtemps cette trahison, sans compter que cet imbécile heureux me faisait vriller sur la moitié des choses qu’il avait à dire, mais au final le bon résumé, c’était que j’étais tout simplement heureuse de le retrouver. Même quand il me jetait des trucs à la tronche. Maintenant j’avais la solution, je conservais précieusement ses munitions, il ne pouvait au moins pas s’en servir de nouveau. Et puis, la vengeance, c’était un plat qui se mangeait froid, non ?

C’est fou, ce qu’on avait à se dire, malgré si peu de temps passé. Le tout en mangeant un énorme tacos, c’était plus que parfait. J’avais démarré par mes propres anecdotes.J’avais clairement vu la colère monter de manière tout sauf discrète chez mon meilleur ami quand je lui avais raconté mon plan resto très pourri, et j’avais apprécié qu’il ne relève pas. Pour une fois qu’il respectait le fait que je n’avais pas envie de parler ! Par contre, comme je m’en doutais, il ne rata pas une occasion d’embrayer sur mon accident de voiture, et je baissai le nez, mi-piteuse, mi-amusée. Là je lui avais donné une arme de choix, ne me restait plus qu’à l’assumer … Au moins, ça le faisait rire.

« Si, totalement sérieuse, je me suis sentie tellement con ! » Terriblement con, et mal à l’aise, sur le coup. Au final tout s’était bien terminé, mais bon ! Enfin, fallait s’en douter, l’autre irlandais ne s’arrêta pas de me chambrer. « J’étais sur la bonne voie ! Mais j’ai oublié la priorité d’une voiture et en me décalant pour l’éviter j’ai pas vu la moto dans mon angle mort. » Autant me montrer complètement honnête, parce que pour ma crédibilité, on repasserait, de toute façon ! « C’était juste de la tôle, ça va, j’ai payé le garage et ça s’est réglé à l’amiable. Mais franchement je savais plus où me mettre. Le motard était genre fou furieux sur le coup. Enfin la situation s’est bien détendue après, il est plutôt sympa. Je me mets à sa place, si je m’étais fait emplafonner j’aurais pas été joie non plus je crois. »

Personne n’aurait été heureux, on va pas se mentir. Je parlai également des S-Three, avec mon enthousiasme musical habituel même s’il passait loin au dessus de la tête de Liam, puis on échangea, sur tout, sur rien, mangeant entre deux. Fallait avouer qu’un tacos, c’était un sacré volume à avaler, donc ça prenait un peu de temps, mais ce moment posé était très sympa, il me faisait un bien fou. Ouais, je ne m’étais peut-être pas bien rendue compte à quel point il m’avait manqué, et je me marrai bien devant ce qu’il avait à raconter. Je ne pouvais pas le laisser deux mois tout seul, voilà !

Il me donna finalement des nouvelles de Killarney, et de ses parents. Visiblement certaines choses ne changeaient pas. Je secouai la tête de dépit quand il m’apprit qu’il avait largué ses études. Qu’est-ce qu’on allait en faire, de celui-là ? Il avait du talent, et quoi, il l’envoyait à la poubelle parce que pendant une période de sa vie, on l’encadrait un peu trop à son goût ? Il aurait eu une vie complète pour exprimer son plein potentiel après, mais non, il avait tout envoyé valdinguer … Si j’avais du faire pareil lorsque j’étais au conservatoire, je serais encore moins bien avancée qu’aujourd’hui, niveau travail. Un soupir franchit la barrière de mes lèvres.

« Désolée pour ce que je vais te dire mais tes parents ont raison. Tu sais, j’ai pas toujours fait ce que je voulais non plus au conservatoire, mais aujourd’hui même avec un bagage aussi solide que ça je rame complètement … Enfin, c’est ta vie, mais je trouve ça dommage d’avoir envoyé balader un diplôme qui aurait pu te faire percer juste parce que pour le moment il te contraignait un peu. » Nouveau sourire désabusé. « M’enfin c’est ta vie, t’es bien assez grand pour faire tes propres choix … » Je souris un peu plus, refermant cette parenthèse de petite Ruby maternisante. « N’empêche que je suis contente que t’aies décidé de me rejoindre, c’est cool. Seattle c’est tellement plein d’opportunités ! »

Fallait dire que j’étais ravie de ma vie ici. Pour le moment, je n’avais peut-être pas encore trouvé de travail dans ma branche, contrairement à ce que j’avais espéré, mais ça ne m’empêchait pas du tout d’avancer,e t d’être sur la bonne voie. Quelques anecdotes plus tard, et un tacos terminé par la même occasion, Liam avait de nouveau la bougeotte et je ris légèrement, me levant de mon tabouret. C’était un puits à alcool sans fin, cet homme ! Je saisis sa main, l’entraînant à ma suite.

« Go ! Je connais un super bar ! »

Qui disait Magnolia, disait Targy’s ! J’étais persuadée que l’ambiance à l’ancienne du lieu plairait énormément à Liam. Jeu de palet, billard, il y avait largement de quoi s’amuser. Je l’emmenais donc à ma suite, me frayant un chemin parmi les quelques âmes en balade, avant d’entrer dans le bar. Il y faisait chaud, presque moite, comme dans tout bar qui se respecte passée une certaine heure de la nuit. J’emmenais Liam jusqu’au bar, attendant notre tout au comptoir, avant de me commander une blonde pression, juste histoire de commencer la soirée en beauté et de me désaltérer efficacement. J’attendis qu’il soit servi, puis tendis mon verre vers lui, pour trinquer

« A ton nouveau départ ! » 

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@Liam Murphy & Ruby

Bref, à peine arrivé, Liam se présentait dans toute la splendeur de sa connerie, et je pouvais m’y attendre parce que c’était vraiment totalement typique venant de lui. Même si j’en râlais, ça m’amusait. Râler c’était un peu une seconde nature avec lui, la preuve, il avait très facilement compris qu’il ne servait strictement à rien de me prendre au sérieux. De toute façon lorsque j’étais vraiment fâchée, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure, et dans ces cas-là il savait qu’il valait mieux qu’il se tienne sévèrement à carreaux. Toujours est-il que le repas se passa, en parlant d’un peu tout et rien, avant d’en arriver à un sujet épineux : ses études stoppées. À sa première réponse, je me contentais de lever les yeux au ciel. Oui, j’étais obligée de le materner, il était visiblement incapable de prendre les décisions réfléchies qu’il fallait pour lui-même. Je secouais la tête à ce qu’il ajouta, pas franchement d’accord avec lui, mais bon.

« On tombera pas d’accord. Je suis loin de m’être éclatée tous les jours au Conservatoire, j’ai vu énormément de choses inutiles, mais même avec ça en poche je galère à vivre de a passion, alors ouais, je trouve ça con de t’être mis des bâtons dans les roues, mais c’est ta vie, tu en fais bien ce que tu veux ... »

Si j’étais déçue de sa réaction ? Oui. Si j’allais lui en tenir rigueur ? Non, c’était un grand garçon. Je n’avais pas l’énergie de me prendre la tête avec lui pour des décisions qui ne me regardaient pas, et il devait en avoir vu assez avec ses parents. Je n’avais pas prévu de devenir la rabat-joie de service. Je remis vite un sourire sur mon visage, passant à la conversation suivante.

On avait fini par prendre la direction d’un bar, pour aller boire une bière en bonne et due forme, et j’avais opté pour le Targy’s qui était très proche, consciente que ce genre d’environnement plairait totalement à Liam. Une bonne bière bien fraîche en bonne compagnie après un énorme tacos, ça ressemblait à la meilleure fin de soirée possible. Une blonde pour moi, une ambrée pour Liam, bref, rien que je n’aurais pu deviner. Une fois nos bières en main, nous trinquâmes et j’en bus une bonne gorgée. Ouais, quand je m’y mettais, j’avais une descente qu’il valait mieux ne pas avoir à remonter à vélo … J’eus un rire en l’entendant s’exclamer dans le bar et faire se retourner quasiment tout le monde, de ces rires francs et libérateurs, mais pas discret pour autant. Il avait déjà attiré l’attention et je n’étais pas timide pour un sou, alors pourquoi essayer de disparaître ? Autant assumer, avec lui je n’étais pas au bout de mes peines de toutes façons.

« J’suis trop contente que tu sois là ! Même si j’aurais préféré que tu me préviennes, j’aurais pu t’aider à trouver ton appartement. » 

Je lui tirai la langue, vaguement ronchon, pour la forme. Je ne pus m’empêcher de rire à la vitesse de descente de bière de l’autre irlandais, là il m’avait très clairement battu, même si ma bière dégringolait tranquillement également.

« Espèce de pochtron. » 

Ce qui était la vérité, Liam risquait d’ailleurs de n’avoir aucun frein ce soir. Je n’avais à la base pas spécialement envie d’en avoir, mais ça ne m’empêchait pas de rester prudente, la journée avait été longue et il était en lieu inconnu, j’aurais donc sûrement besoin de le ramener au point de départ. Néanmoins il me mit au défi, indirectement, et je haussais un sourcil, provocatrice. Je finis d’une traite ma bière, pas irlandaise pour rien, avant de me lever et de marcher jusqu’à la table de billard lire la plus proche.

« Je vais te faire ramasser ton peu de dignité à la petite cuillère, tu vas voir qui c’est la patronne. La gagnante décidera de la suite de la soirée. » 

Je lui tirai la langue avec amusement, désinvolture, et encore un soupçon de provocation. Je ne lui laissais pas le choix, c’était ici et maintenant. Je pris le temps d’installer les boules et de prendre la queue avant de me tourner vers Liam, un sourire de conquérante fiché aux lèvres.

« Allez, j’ai pitié de toi, je te laisse casser. Honneur au perdant. » 

Parce qu’au billard, j’avais beaucoup, beaucoup d’expérience, à force de traîner les bars étudiants ...  

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@Liam Murphy & Ruby

Depuis des années que je connaissais Liam, j'avais l'habitude qu'il capitule rapidement lorsque je l'engueulais. Autant il avait un caractère à la con quand il s'y mettait, autant je savais qu'avec moi les conflits ça ne lui plaisait pas du tout. Au final, mon petit côté peste pourrait me donner envie d'avoir toujours le dernier mot, mais j'avais choisi mes combats, et je lui en laissais certains à gagner. Sauf là, je trouvais qu'il avait fait une monumentale erreur. Mais comme il avait décidé de ne pas renouveler le débat à ce sujet, je fis de même. On ne tomberait pas d'accord, entrer en conflit ouvert n'avait aucun intérêt.

Non, c'était beaucoup plus drôle de s'affronter au billard. Et diantre, il était bon le bougre, j'avais presque oublié ce détail. Je lui tirai la langue avec amusement à sa petite pique, commençant plutôt à me concentrer. Connaissant le jeune homme, la partie pourrait aller assez vite. Et en effet, la première partie ne dura pas, et je la perdis, grognant un peu pour la forme. Je n'étais pas mauvaise perdante, et je devais avouer qu'il m'avait donné un peu de fil à retordre. Mais c'était très agréable, comme moment. Comme d'habitude, on en était là à se tirer la bourre gentiment, ce qui n'avait rien de désagréable, au contraire.

Les deux parties suivantes ne se déroulèrent pas du tout de la même façon. J'observais avec suspicion l'individu complètement barge qui me servait de meilleur ami. A un moment précis, mes lèvres se pincèrent, dans un air mi-vexé mi-amusé. Il était en train de me laisser gagner ! C'était loin, très loin d'être flagrant, mais je l'avais tellement vu essayer de se mettre des filles dans la poche que c'était on ne peut plus clair. Il me laissait gagner ! Traître ! Et mignon à la fois. Mais c'était clairement du sabotage. Lorsqu'il me complimenta, appuyant un peu plus sur sa soi-disant défaite, je ne pus m'empêcher de lui mettre une tape sur l'épaule. Il n'espérait pas me la faire quand même ?

« Mais tu rigoles ou quoi ! Arrête ton char, je te connais par cœur, tu m'as laissé gagner ! Je sais même pas si je devrais pas être vexée que tu me penses incapable de te battre à la loyale ! » J'étais quand même amusée. On ne le changerait pas, celui-là ... « Allez, va pour un dernier verre. Il est déjà hyper tard, de toute façon on va finir par se faire virer de l'établissement si ça continue. »

Il se vidait à vue d'œil. Mais bon, des irlandais, ça descendait la bière à une telle vitesse qu'on devrait sans souci finir ça dans le quart d'heure, tout au plus. Je trouvais deux tabourets libres le temps que mon meilleur ami aille nous chercher à boire - et il connaissait bien assez mes goûts pour ne pas se tromper ... - et nous trinquâmes lorsqu'il revint. Je ne perdis pas une seconde avant de plonger mes lèvres dans ma boisson, ça faisait du bien après quelques petites parties de billard. Je l'écoutais attentivement, puis manquais de m'étouffer en explosant de rire, renversant un peu de ma bière sur Liam. Il avait l'habitude des catastrophes avec moi.

« Merde, pardon, désolée. » J'en riais encore. « Mais t'as pas idée de me raconter un truc pareil pendant que je bois. » Je n'allais jamais m'en remettre. « Oh damn j'aurais payé tellement cher pour voir ça. » Une larme d'hilarité perla au coin d'un de mes yeux et je l'essuyai d'un revers de la main, reprenant doucement un peu plus de sérieux. « Je vois tellement ta tête. Mais va vraiment falloir que t'arrêtes de fuir toutes les filles qui s'intéressent à toi, tu vas finir tout seul avec une armée de chats à force. » Je lui tirais la langue. « Toi sur un cheval, c'est la meilleure blague de l'année, et on n'est même pas encor le premier avril ! »

Je continuai de le taquiner un peu, à propos de cette fille, du temps qu'il avait passé en couple, de cette expérience étonnante, bref je faisais clairement ma Ruby. La bière descendit rapidement, avec cette humeur, et finalement une fois nos verres finis nous prîmes la route pour rentrer? Tout d'abord chez moi, car malgré mes protestations Liam ne voulait pas entendre que je puisse rentrer seule. Il me laissa au pied de la colocation, et je le serrais une fois encore dans mes bras, posant un tendre baiser sur sa joue pour lui souhaiter bonne nuit, lui faisant promettre de m'envoyer un message lorsqu'il serait rentré, avant de rentrer moi-même et de me diriger sur la pointe des pieds vers ma chambre, histoire de ne pas réveiller mes colocataires.