alcoholism is your escapism ; elias

tw: alcoolisme.

- encore un verre, s’il vous plaît.

tu te tiens là, accoudé au comptoir de ce bar en tendant le verre vide. tu bois, encore, dans la plus grande de tes secrètes habitudes. l’alcoolisme est un fait connu par tes proches, mais pas à ce point. t’as besoin de te changer les idées, parce qu’écouter de la musique ne fonctionne pas, parce qu’aller défouler tes émotions sur tekken non plus. il y a ce soupir qui s’échappe d’entre tes lèvres. pourtant, ta vie se déroule plutôt bien, il n’y a pas de quoi s’en plaindre ; la moitié de ta tournée a été sold out, ton album a été bien acceuilli par les critiques et les fans… et le plus important, c’est que t’es désormais le petit ami de Castiel. alors, c’est quoi le problème ? pourquoi est-ce que tu n’arrives pas à compléter tes nuits sans te mettre à pleurer ? pourquoi ? tu ne veux pas te l’avouer, ni y faire face. depuis toutes ces années, ce passé qui rôde dans les parages, comme un requin qui suit sa proie jusqu’à l’attaquer lorsqu’elle ne s’y attend le moins.

depuis que sa main est entrée en collision avec ton visage, depuis qu’il crachait ces insultes pleines de venins en ta direction. ton père, l’un des nombreux coupables de tes cauchemars. tu souffres en silence, ne t’exprimes qu’en récitant tes textes en chanson… il semble que tu n’arrives toujours pas à accepter ce qu’il s’est passé, à comprendre les décisions de ceux qui t’ont fait du mal. tu ne comprends pas. tu te sens dégoûté, tu n’aimes pas voir ce reflet dans le miroir, celui d’une âme qui ne cherchait qu’à se libérer. encore enfermé dans une cage, t’agis comme si ce n’était pas le cas, grâce au masque qui te rend anonyme lorsque t’enfiles le rôle de Method. un semblant de liberté, que tu ne fais que frôler du bout de tes doigts… et le verre revient vers toi, rempli d’alcool. tu remercies brièvement le barman, le récupérant dans ta main droite. le reflet en secousse, tu le regardes minutieusement. c’est le numéro combien ? t’as perdu le compte.

tu renifles légèrement, avant d’amener le verre à tes lèvres pour venir te délecter du liquide qui viendra brûler ta trachée. les journées sont longues, Rowan, les concerts commencent dans quelques jours et tu te retrouves coincé émotionellement. est-ce que tu tiendras ? tu n’en sais rien. c’est la première fois que tu pars en tournée, que tu seras sur scène plusieurs jours d’affilée. il n’y a rien à craindre, pas vrai ? tu seras entouré de plusieurs personnes proches, tes démons ne viendront pas danser et t’empêcher de performer à ton maximum… hein ? tu reposes le verre sur le comptoir, te reculant parce que tu prévois de rentrer chez toi. sauf que, c’est en reculant que tu percutes quelqu’un. t’es surpris, t’as pas la tête entièrement sur les épaules. et tes bourgeons qui ne sont pas complètement là se posent sur le visage de l’homme que t’as bousculé, t’es gêné.

- shit. désolé. j’vous avais pas remarqué derrière moi…

tu mâches tes mots. tu le sens, t’as trop bu. c’est cet instant où tu commences à regretter de t’être laissé envoûté par les pensées négatives, où tu sais, que t’as encore merdé. tu clignes plusieurs fois des yeux, ils te piquent, sûrement la fatigue qui te colle à la carcasse.

-  est-ce que… euh… vous allez bien ?

tu demandes, c’est la moindre des choses. même saoul, t’es toujours doux envers les gens. tu l’examines comme tu le peux, même si franchement, tu remarques rien du tout. t’arrives même pas à lire les traits de son visage, tu sais pas s’il est énervé contre toi ou s’il ne l’est pas. Rowan, tu devrais rentrer chez toi… Viper t’attend.

Tu n’es pas ici pour une bonne raison.
Tu n’es pas encore parti à la Barbade avec Vega, tout n’a pas de nouveau basculé. Tu étais mal, mal dans ta peau, mal dans ton corps, mal dans ta tête surtout. Tu t’obliges à te lever, à aller nager pour ne pas te prostrer dans ton lit h24 à déprimer, à ressasser. Le travail ? Arrêté, après ton malaise. Impossible de reprendre sans l’aval du psy, que tu n’auras pas vu ton état. T’as commencé à consulter, mais c’est plus difficile que prévu et tu ne peux pas tout dire parce que même si tu connais l’absolu du secret professionnel, tu as peur. Peur des conséquences.

T’es resté à la piscine jusqu’à la fermeture, qui s’attarde en été. Vega est de garde, tu lui envoies un message pour lui dire que tu vas rentrer en marchant et tu passes devant chez Targy’s. Forcément, tu penses à Marlon. Ton cœur bat plus vite, tu te demandes… s’il est là ? Si tu pourrais le voir par accident ? T’en as envie, même si tu culpabilises. Et tu sais que t’as le droit, Vega ne te le reprochera pas, vous êtes toujours tous les trois dans cet entre deux. C’est mal, ce que tu fais, pourtant…

Tu pousses la porte, balaie du regard l’endroit, le bar, mais aucune trace de sa haute silhouette. La déception te serre le cœur, tu t’apprêtes à repartir puis tu te dis que tu peux bien boire un verre, te détendre un peu dans une ambiance différente. Recharger tes batteries sociales. Sortir de ce qui est devenu ta routine tournée uniquement autour de ton exceptionnel petit ami.

C’est là que quelqu’un te rentre dedans. « shit. désolé. j’vous avais pas remarqué derrière moi…est-ce que… euh… vous allez bien ? » tu regardes le jeune homme alcoolisé, trop alcoolisé. Tes sourcils se froncent, inquiet. T’es comme ça. Tu ne le connais pas mais t’as vu assez de gens boire pour oublier -et ça t’es arrivé. Il a du mal à mettre un pied devant l’autre, c’est une proie facile.

— Oui pas de soucis, vous par contre rien n’est moins sûr.

Tu lui souris, tu te veux rassurant et pas jugeant. Tu vas finir par coller un contrôle à ce bar qui continue de servir les clients en les mettant dans un tel état.

— Sans vouloir me mêler de ce qui ne me regarde pas… ça va ? Je n’ai pas l’impression que vous puissiez mettre un pied devant l’autre.

T’es d’ailleurs tendu, paré à le récupérer si la station debout devient trop difficile à tenir.

@Rowan Sano