« Chaque pas en avant ... » † Keziah & River

« Chaque pas en avant ... »

@Keziah D. Blackthorne & @River Crane

La prochaine date du groupe arrivait à vitesse grand V. Cette fois-ci, nous quittions notre pays continental pour rejoindre l’un des états détaché ; Hawaï. J’avais d’une certaine façon hâte, parce que même si je n’avais jamais réellement songé à voyager, c’était une opportunité donc de le faire avec le groupe, et nous aurions quatre belles soirées correctement occupées par les concerts. J’espérais que nous aurions un peu de temps également pour visiter la ville. Puis, il fallait l’avouer, il y avait de biens pires cadres professionnels que celui qui nous accueillerait au mois de mai. J’avais déjà hâte de sortir profiter des rayons du soleil lorsqu’il serait à son zénith, car nos concerts ne seraient pas si tard, pour l’occasion, donc j’imaginai assez qu’on serait libérés de nos obligations suffisamment tôt. C’était également sans compter sur les potentielles insomnies qui allaient me frapper avec la pression des concerts, et toute l'énergie que j'allais emmagasiner avec cette effervescence qui entourait chacune de nos montées sur scène. Bref, la journée, j’espérais passer suffisamment inaperçue pour profiter un peu des bienfaits du soleil, bien cachée sous une épaisse couche d’écran total pour protéger ma peau bien trop claire d’une brûlure. Il ne manquerait plus que je ressemble à une écrevisse une fois sur scène …

Le prochain départ allait demander un peu de logistique, mais j’étais ravie de reprendre la route avec le reste de l’équipe. Nous avions travaillé comme des dingues sur l’album qui nous proposions actuellement, personne n’avait chômé, donc c’était un réel plaisir de rencontrer le public et d’avoir son retour. Enfin, pour moi, un plaisir seulement le temps que j’étais sur scène, bien coupée du contact par les projecteurs entre autre. Pour tout ce qui était des bains de foule et autres moments de dédicaces, on n’allait pas se mentir, pour moi ça ressemblait plutôt à un calvaire qu’autre chose. Un peu moins depuis quelques temps, parce que je m’y habituais et que je prenais énormément sur moi, mais ce n’était toujours pas la joie, loin de là, même.

Pour palier à ce souci qui me pourrissait quand même pas mal la vie, j’avais décidé de vraiment travailler sur mon aversion du contact physique. Déjà pour ça je pouvais compter de manière générale sur mes amis, car même si tout le monde respectait mon besoin d’espace, il leur arrivait souvent d’avoir un contact envers moi. C’était humain, innocent, et progressivement ça passait mieux avec les personnes en qui j’avais confiance. Mais dans ces amis, il y en avait un en particulier avec lequel je travaillais beaucoup ce contact. Une amitié pour le moins singulière, mais qui était basée sur une confiance mutuelle. Même moi je ne parvenais pas forcément à définir ce lien qui nous unissait, mais il n’y avait pas la moindre ambiguïté, rien de bizarre. Il était seulement bien assez décomplexé pour accepter mes propres bizarreries, et suffisamment en contrôle pour ne jamais déborder hors du cadre qui me maintenait à mon aise.

J’avais donc pris le téléphone pour l’appeler quand j’avais eu confirmation d’un départ prochain – bien qu’il reste quelques semaines pour se préparer. Il cumulait deux emplois, je travaillais d’arrache-pied avec de grosses sessions de répétitions, bref si on espérait faire concorder nos horaires mieux valait que je m’y prenne tôt. Je lui avais proposé de me donner ses disponibilités pour venir partager un repas chez moi, déjà parce que ça nous permettrait aussi de passer du temps ensemble et de discuter. Puis j’aimais autant éviter les lieux publics pour nos petites expériences de toucher, parce qu’au moins, dans la sécurité d’un lieu privé, même si je pétais les plombs, ce qui arrivait de moins en moins fréquemment mais n’était pas impossible pour autant, je me sentais beaucoup moins exposée à nue. Bien sûr, dans ces cas-là, on n’était pas du tout dans les conditions réelles, loin de là même, mais bon, un pas en avant à la fois, parce que pour le moment, on partait de très, très loin avec moi.

Tout ça pour dire que River avait répondu présent pour moi, comme toujours depuis qu’on se connaissait. Évidemment avec les horaires de dingues que l’on faisait tous les deux ça demandait toujours des ajustements, et il y avait pour sûr l’un de ses deux lieu de travail où je n’étais pas prête de foutre un pied, mais ça c’était une autre histoire. Remarquez, ça ne m’avait pas empêché de le voir déjà se balader en tenue légère, ce n’était pas du tout quelque chose qui me dérangeait pour le coup, de la même façon que j’avais assez confiance en lui pour passer de temps à autres un peu moins vêtue si la circonstance l’avait voulu. Je n’aimais pas ces moments, car il y avait des marques partout sur mon corps que je préférais cacher, mais en tous cas, je savais que le regard de mon ami ne se poserait jamais sur moi d’une manière qui puisse me poser souci.

Comme toujours lorsque mon ami passait – ou que j’avais besoin de me détendre un peu accessoirement – j’avais passé un certain temps en cuisine. J’aimais ça, ça me passionnait depuis quelques années maintenant, et il fallait avouer que ça me faisait le plus grand bien d’avoir une activité bien à moi pour relâcher la pression. J’étais partie de rien, incapable de m’occuper de moi-même lorsqu’on m’avait sorti de chez mes parents, pour apprendre tout d’abord les bases de la cuisine, puis progressivement à faire des choses bien plus poussées. Aujourd’hui, par exemple, j’avais opté pour un repas en mode entrée, plat et dessert, et tout était prêt juste avant l’arrivée prévue de River. Rouleaux de printemps aux légumes croquants en entrée, suivis par un risotto aux cèpes et poulet et pour finir un très gourmand cœur coulant au chocolat dont la fin de cuisson serait minute. J’avais mis les petits plats dans les grands pour le menu, par contre pour ma tenue, c’était au plus simple avec un tee-shirt bleu à encolure large qui me tombait sur une épaule, un chignon lâche et déstructuré pour garder toute ma crinière de feu réunie, et un jean ample et confortable. Rien qui pourrait choquer le jeune homme à son arrivée, en somme. En même temps, est-ce que quelque chose pouvait le choquer dans la catégorie des tenues vestimentaires ? Bonne question. Toujours est-il que je finis par entendre l’interphone sonner et je me dirigeai en sautillant vers le combiné pour le déverrouiller après avoir aperçu la bouille de mon invité dans l’écran.

« Hello ! Je t’ouvre, tu peux entrer directement, je finis en cuisine tu n’as qu’à me rejoindre ! »

Il connaissait bien l’agencement de mon chez moi, depuis le temps, et il avait l’habitude de me trouver occuper à cuisiner plus ou moins, de toute façon ...

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@Keziah D. Blackthorne & @River Crane

J’étais pour le moins ravie de recevoir la visite de River. Déjà parce que c’était un ami, que j’appréciais aussi énormément discuter avec lui, et ensuite parce que ça me ferait le plus grand bien de tenter de travailler un petit peu sur notre arrangement avant de repartir en concert. Pour une fois, nous avions réussi à mettre assez vite nos emplois du temps en commun, trouvant un dimanche de libre pour nous faire un petit repas et également une bonne séance de discussion. On pourrait peut-être également se regarder un film si l’envie en disait à River, mais je ne savais pas s’il serait disposé à ce genre de choses. Non pas qu’il soit un ami difficile, bien au contraire même, mais sans lui avoir posé la question au préalable, difficile de savoir si cette idée pourrait le botter, et loin de moi l’idée de lui imposer quoi que ce soit.

J’étais en train de cuisiner lorsqu’il arriva, et après lui avoir répondu à l’interphone et avoir entendu un ‘on’, j’eus un sourire en retournant cuisiner. River était venu avec Orion visiblement, et j’étais ravie, ça mettrait un peu de vie dans le loft. Les chiens  y étaient les bienvenus, bien que je n’en ai pas moi-même. Avec ma vie de bohème et de musique, j’estimais que ma vie n’était pas conforme à la possibilité d’offrir une vie de qualité à un animal, et je ne voulais pas faire une petite âme malheureuse.

Je laissais mon ami entrer dans le loft, car déjà il connaissait très bien le chemin, et j’étais toujours en train de fignoler l’entrée lorsque j’entendis des pas derrière moi. Je n’avais pas besoin de me retourner, mais un sourire étirait mes lèvres. Je ris à la réponse de River, tournant la tête vers lui avec un grand sourire.

« Mais tu rigoles ? Tu mérites amplement ça, et tu sais que ça me fait plaisir de te préparer quelque chose. Pour Orion aussi si besoin, j’ai des blancs de poulet au frais. »

Parce que cette adorable boule de poils avait tout autant le droit que nous de manger, seulement j’avais besoin de la permission de son maître avant de lui donner n’importe quoi pour ne pas dynamiter son habituel régime alimentaire. Hors de question de le rendre malade. J’essuyais mes mains dans un torchon avant de me diriger vers River. Je passai les bras autour de son cou, me grandissant un peu pour poser un bisou tout doux sur sa joue. En retouchant le sol, je fronçais le nez avec amusement. Ouais, je faisais un effort dès le début !

« Ça va plutôt bien, et toi ? Comment ça se passe pour toi en ce moment ? »

Avec deux métiers, River était parfois très occupé. Je m’éloignais de lui, récupérant les deux assiettes d’entrée que j’avais dressées lors de son arrivée. Simple et efficace, une petite salade verte avec des rouleaux de printemps maison et un peu de sauce d’assaisonnement. D’un signe de tête, j’incitais le jeune homme à m’accompagner jusque la table où je déposais les deux assiettes.

« Installe-toi. Je commence à mourir de faim donc je te presse un peu mais je vais me mettre sur les nerfs si je ne mange pas bientôt. » Ça  c’était aussi une petite déformation de mon passé, je ne supportais plus de rater un repas, ça me stressait énormément. Une fois installée, j’étais toujours aussi souriante. « Bon appétit. S’il te faut quoi que ce soit, n’hésite pas. » Je commençais à manger, regardant à la dérobée mon invité. « Je suis désolée de t’avoir fait venir en vitesse comme ça, mais on vient d’avoir le programme pour le groupe et en mai je pars une semaine en déplacement et ça m’a stressé un peu, alors désolée pour cette invitation un peu pressante ... » Ouais, j’en étais désolée, le pauvre, j’avais parfois l’impression de le convoquer, ce qui n’était pas le but. C’était un ami, et même si je me montrais présente pour lui s’il me le demandait, je marchais parfois un peu sur des œufs, toujours inquiète de risquer de ne pas être à sa hauteur en temps qu’amie ...

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@Keziah D. Blackthorne & @River Crane

J’avais, comme d’habitude, était ravie de cuisiner pour River. J’aimais cuisiner pour mes proches, j’aimais leur faire plaisir, et ça m’aidait pas mal à me détendre, ce dont j’avais clairement besoin ces derniers temps. Ce n’était pas pour rien que j’avais demandé à mon ami s’il était disponible, parce qu’il y avait pas mal de choses qui tournaient sous mon crâne, donc une bonne discussion ne me ferait pas le moindre mal, et River était une agréable compagnie. Patient et calme, il connaissait mes bizarreries et faisait son maximum pour m’aider à les dépasser, je lui en étais totalement reconnaissante. Nous étions donc dans la cuisine en train de parler du repas, et potentiellement de celui d’Orion également, qui avait dressé l’oreille en entendant le mot « poulet ». Le chien était très expressif, ce qui me fit sourire doucement.

« Ça roule, je lui ferais ça après notre repas, j’ai tout ce qu’il faut pour lui du coup. Tu me diras la quantité que je ne fasse pas d’erreur. »

Après tout, je n’étais pas habituée. Je n’avais jamais eu d’animaux et je ne comptais pas en avoir car je trouvais que ça ne collait pas avec mon actuel rythme de vie, et je n’avais pas envie de laisser Elias coincé avec un animal lorsque je serais partie sur la route. En tous cas, j’avais fini par laisser ma cuisine pour aller embrasser un River comme toujours prévenant et délicat, qui n’avait pas cherché à forcer le contact mais plutôt à me laisser venir. Puis j’avais demandé de ses nouvelles, tandis que je saluais à son tour un Orion très très content d’être là. Le chien était sociable, et bizarrement les animaux m’aimaient bien. Je les aimais bien aussi, il fallait l’avouer, mais ma vie n’était pas faite pour un animal, selon mon avis. J’avais profité de ce temps posé pour demander de ses nouvelles à River, car on ne se voyait pas si souvent dernièrement. Nos vies étaient bien chargées, mine de rien. J’avais récupéré les assiettes, me dirigeant vers la salle à manger, tout en écoutant attentivement la réponse du beau brun.

« Mince alors ! Petit cœur, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Tu m’étonnes que tu as du avoir sacrément peur. »

Ma sincérité se voyait sur mes traits. Je savais à quel point Orion était important pour River, donc le fait qu’il ait eu un gros souci de santé avait du être très dur à supporter pour son propriétaire, car à ce niveau-là, l’animal était clairement considéré comme un membre de la famille à part entière. Ça se voyait souvent, j’en avais aussi eu la preuve en voyant Klaus et Atlas. Ces relations me fascinaient, d’une certaine façon. C’était tout simplement un attachement brut et pur, des deux côtés du lien également d’ailleurs. Suffisait de voir un chien regarder son maître pour s’en rendre compte. Une fois à table, je m’étais excusée de l’heure de manger, car il était encore un peu tôt, mais j’avais faim et me mettre les nerfs n’était pas une bonne chose pour la suite prévue. Et comme toujours, la bienveillance de mon ami me fit sourire délicatement, avant de commencer à manger, non sans m’être excusée de le faire venir un peu en catastrophe de la sorte. Je mangeais toujours en écoutant la réponse de River.

« Je sais que je peux compter sur toi, mais là j’avoue que je me suis donné la sensation de te convoquer un peu. » Je fronçais le nez, non je n’aimais pas trop, mais par contre j’étais toujours ravie de voir mon ami, avec ou sans excuse à cela. « Je connais par cœur, c’est ma vie la moitié de l’année ça de toute avoir en même temps … En tous cas, merci, vraiment, d’avoir trouvé un petit temps pour moi dans ton emploi du temps. » Une bouchée supplémentaire. « Tu sais que si tu as besoin de moi je suis disponible aussi, on sait jamais, à ma mesure je peux peut-être t’aider à l’occasion. »

Et mon ami avait eu l’occasion de le voir, cet agenda sans dessus dessous, dans le sens où je pouvais enchaîner concerts, répétitions, interviews à un rythme effréné sur quelques semaines puis ensuite un calme plat très agréable. Donc je connaissais très bien le fait que tout arrivait toujours au même moment après une période de calme. Et là il fallait avouer que l’on faisait fort, dans la catégorie des déplacements, car c’était une destination inconnue, accessible uniquement en avion, et surtout paradisiaque que Wolf nous avait trouvée. D’ailleurs, bien sûr la question de la destination fut posée et mon visage s’illumina. J’étais ravie, de cette toute nouvelle destination !

« Figure-toi qu’on part le 16 mai pour Hawaï. On va y passer une semaine dont 4 soirées de concert, donc ça va être un peu intense, mais j’ai franchement hâte ! »

Parce que c’était vraiment une destination de rêve. J’en étais ravie. Je n’avais jamais été du genre à rêver de voyager pourtant vu mon passif, mais quand l’opportunité se présentait je ne disais jamais non, et surtout que là c’était un endroit très côté, très beau, très réputé, et le soleil et la chaleur nous feraient sûrement le plus grand bien. Ça ne m’empêcherait clairement pas d’être complètement stressé avec le futur déplacement, mais ce serait également un plaisir. Je ris un peu, un soupçon nerveuse.

« Je ne sais même pas comment on va être accueillis là-bas, ce sera la première fois qu’on se déplace hors du continent pour nous produire ! Mais j’imagine que si on a quatre soirées de prévues c’est que la demande est là. J’ai encore parfois beaucoup de mal à me rendre compte que je suis dans un groupe qui cartonne autant, c’est complètement irréaliste. »