Est-il temps d'ouvrir les yeux ? - Joshua

Je n’aurais jamais imaginé que nous nous retrouverions dans une situation pareille. Alors que partager le même lit m’avait déjà semblé douteux, que nous poussions le vice jusqu’à la baignoire ne faisait aucun sens. À nouveau : est-ce que l’alcool rentrait plus en jeu que nous ne le réalisions ? Est-ce que quelqu’un avait cordé nos verres ? À moins, bien sûr, que nous nous sentions tellement à l’aise en compagnie de l’autre que nous ne ressentions pas le besoin de conserver une dose importante de pudeur. Après tout : n’étions-nous pas similaires ? Même nos tailles l’étaient à quelques centimètres près. Les plus grosses différences à ce stade étaient sa musculature plus affirmée et sa pilosité davantage développée. Rien que je n’avais déjà vu donc. Et puis, nous n’allions pas non plus nous lancer dans une comparaison de qui possédait la plus grande ! Ni… la plus large. Le commentaire d’Anton à ce sujet me fit éclater de rire tandis que je venais de retirer mon maillot à mon tour avant de me glisser dans l’eau derrière lui. Ayant vu l’habit de mon ami traîné au sol, j’en avais tiré mes propres conclusions et l’avais imité comme convenu. Nous ne touchions pas l’intimité de l’autre. Seules nos jambes étaient en contacts ainsi que mes mains avec ses « poignées d’amour » puis épaules peu après. « Qui sait ? Plonge si tu veux en avoir le cœur net ! » l’attisai-je avec un humour détaché. Non, ce n’était pas à prendre au premier degré. Je ne m’attendais donc pas à ce que le brun s’exécute.

Étais-je complètement indifférent à ce rapprochement surprenant ? Pas vraiment. Mais j’interprétais ce phénomène comme une réaction naturelle. Purement logique. Il était désirable à bien des égards et mon esprit combiné à mon corps réagissaient. Toutefois, nous nous étions promis (d’un échange de regards ou allez savoir) de ne jamais franchir une certaine limite physique par crainte de dénaturer notre amitié. Mais rien ne nous retenait de flirter légèrement avec celle-ci ! Mes doigts le massèrent de la nuque aux épaules, sentant sa tension nouée sous sa peau. Ma vanne me valut une réprimande qui me fit mimer l’acte de fermer une serrure face à ma bouche, lui tendant ensuite une clé invisible avant de reprendre là où je m’étais interrompus. Cet instant était tendre, intime. Nous étions dans notre bulle et je savourais de sentir ses muscles se décontracter au fil des minutes. Aucune parole était nécessaire pour que je comprenne que je ne le torturais pas. Il appréciait. Les bruits provenant de la fête au rez-de-chaussée me laissaient indifférent comme si mon cerveau les gommait pour ne prêter attention qu’à ce qui se déroulait dans cette pièce.

Combien de temps restions-nous comme ça ? Pas la moindre idée. Ce fut Anton qui brisa le silence, me redonnant automatiquement le droit à la parole. « Je l’ai mérité ? » Mon sourire répondit au sien puis je repliai les jambes vers moi pour parvenir à me retourner. Pas simple et un peu glissant ! Sans compter que c’était inconfortable car je ne pouvais pas tendre totalement ces dernières. Je sentis mon acolyte faire de même, attendant qu’il se recule pour me mettre plus à mon aise. Ayant surestimé la distance entre nous, je sentis son torse dans mon dos pendant une fraction de seconde, ainsi qu’autre chose, plus bas, que je ne nommerai pas. Je fis mine de rien. Puis je sentis ses mains sur moi. Je fus alors saisi d’un tremblement qui se changea en chair de poule. Je fermai mes paupières et me laissai faire. « Tu devrais me le faire plus souvent. » lâchai-je après un certain temps de silence. Vraiment, il était doué ! « Le jour où on vivra ensemble, je l’inscrirai dans le planning de tes tâches hebdomadaires. » Je ris en réaction à cette promesse puis ouvris enfin les yeux. Je remarquai que le niveau de la mousse avait considérablement baissé (pas au point de tout dévoiler heureusement). C’est alors que la poignée de la porte de la salle de bain fut agitée. « Occupé ! » criai-je en sursautant. De l’eau s’écrasa au sol, accompagnant les grognements du type à l’extérieur. « Je crois qu’on a dépassé notre temps de bienvenue ! » Je soupirai de désarroi. Je n’avais pas envie que ce moment s’achève. Si seulement il avait pu continuer encore quelques mi…

Un nouveau coup plus insistant résonna. Je bondis hors de la baignoire, ma colère me faisant tout oublier de ma nudité. « Tu ne m’as pas entendu la première fois ? Dégage ! » hurlai-je à travers la barrière en bois, frappant celle-ci à mon tour en espérant intimider la vermine. Une insulte fut lancée de l’autre côté puis le silence revint. Je lâchai un « Pauvre type ! » à travers mes dents puis me retournai vers Anton. « Quel emmerdeur ! J’étais à deux doigts de lui foutre mon poing dans sa… » Les informations sur le contexte de la scène remontèrent à mon cerveau. Mes billes s’écarquillèrent puis je plaquai mes mains sur mon entrejambe que la mousse ne cachait plus. Merde. Génial. Je sentis mes joues s’empourprer. « Dis-moi que tu n’as rien vu et que l’innocence de notre amitié est préservée. » Oui, j’étais forcé de lâcher une dose d’humour pour me détendre moi-même.

Secouant doucement la tête aux paroles de son ami, il devait avouer qu’il ne s’était pas attendu à de telles paroles, mais cela l’amusa. Cependant, il ne plongea pas. A la place, il indiqua à son ami de rester dans le moment présent et juste profiter du silence. Sentir les doigts de son ami réussir à dénouer les différentes tensions qu’il avait entre sa nuque et ses épaules lui faisait le plus grand bien. Plus rien de ne comptait et les minutes passèrent. Puis, Anton proposa à son ami de lui rendre cette faveur de le masser. Il esquissa un sourire à sa réponse, avant qu’ils ne changent de position doucement pour que Joshua soit entre ses jambes. Anton fit en sorte de ne pas trop le toucher. Malheureusement, son torse se retrouva coller à son dos. Malheureusement ? Pas tout à fait, mais ça, il ne préféra pas y songer. A la place, il massa doucement la nuque de son ami, pour descendre sur ses épaules.

Il suffit que tu le demandes et je le ferai.

Gardant son sourire, il alla masser entre ses épaules et le haut de son dos.

Hebdomadaire, carrément ? Il va falloir que je n’utilise pas trop mes mains pour autre chose alors. Je vais laisser mes employés bosser plus désormais.

Cette fois-ci, ce fut malheureux, car quelqu’un voulait entrer dans la pièce. La porte étant fermée à clé, le bruit fut assez violent pour ramener Anton à la réalité. Il grimaça, mais il fut amusé par la réaction de son ami. Venant alors poser les mains sur les épaules de son ami, il soupira doucement. Il avait apprécié ce moment, mais il avait raison, ce dernier était à mettre dans le passé. Fronçant les sourcils et fusillant la porte du regard, même si ça n’était pas elle la fautive, mais la personne derrière, il allait ouvrir la bouche pour dire qu’il fallait attendre un peu, mais Joshua fut plus rapide. L’attention d’Anton se porta alors sur son ami qui se leva d’un bond.

Les yeux d’Anton ne savaient plus où regarder. Nuque, épaules, dos, fesses, jambes … Le tout mouillé et son cerveau eut un gros court-circuit qui l’empêcher de parler et bouger. Enfin pas tout à fait. Si le shut down fut complet pour son cerveau, son corps lui réagit sans aucun souci face au physique de son ami. Serrant les dents, Anton inspira et expira doucement, gardant son regard droit devant lui et encore plus quand son ami s’interrompit brusquement de parler. Il venait de voir la situation comme elle l’était.

Totalement préservée.

Mais pas du tout enfin ! Pas le moins du monde, mais il n’allait pas lui dire qu’il l’avait reluqué et que son anatomie avait grandement apprécié la scène. Gardant le regard droit, il tendit une main vers son ami.

Tu pourrais me passer une serviette s’il te plaît ?

Il laisserait évidemment Joshua s’en procurer une d’abord. Mais surtout, il ne voulait pas que son ami découvre l’effet qu’il lui avait fait. En sentant finalement quelque chose dans sa main, il fut rassuré et il jeta un léger regard sur le côté pour s’assurer que Joshua était de dos et il se sécha le torse, avant de se lever pour se sécher rapidement et enrouler la serviette autour de ses hanches. Il déboucha la baignoire pour que l’eau puisse s’écouler et fit un bref coup de nettoyage, avant de se retourner vers son ami.

Allons dans une des chambres pour nous changer.

Sans lui laisser vraiment le choix, Anton ouvrit le verrou de la porte et il fut bien content de voir qu’il n’y avait personne. Allant dans la chambre la plus proche, il vit que c’était libre et y entra. En se retournant vers son ami, il soupira.

J’ai oublié de prendre notre sac, ne bouge pas, je reviens.

Retournant dans la salle de bain, il croisa quelques personnes, faisant quelques signes de tête poli, avant de prendre le sac. De retour dans la chambre, il ferma la porte derrière lui à clé.

C’est bon, j’ai nos affaires …

Hum, pas toutes leurs affaires visiblement.

Tes affaires sont là, mais les miennes ne sont plus là. J’ai dû les laisser dans la chambre de Lydia. Allons là-bas, ça sera plus simple.

Ouvrant la porte, il soupira, mécontent de devoir faire autant de détour pour pouvoir simplement s’habiller. Frappant à la porte de la chambre de son amie, au cas où il y ait quelqu’un, il attendit un peu avant d’ouvrir doucement la porte. Personne, parfait !

Je ne devrais pas en avoir pour longtemps. Du coup tu veux dormir ici ce soir où tu préfères qu’on rentre à l’appartement ?

Cherchant ses affaires, il fouilla dans le grand dressing de son ami et tomba sur une … tenue … Est-ce vraiment une tenue ? Pas vraiment, mais son amie avait clairement bon goût. Une idée lui vint alors en tête et il sourit. Enfilant l’ensemble rouge, il se regarda dans le miroir qui était sur une des portes et leva les yeux au ciel. Ca n’était clairement pas fait pour un homme, mais son idée l’amusait. Sortant du dressing, il regarda son ami.

Je suis désolé, je n’ai pas entendu ce que tu as dis pour répondre à ma question de savoir si on dormait ici ou pas et j’ai trouvé d’autres vêtements que les miens !

Il se disait que la première réaction de Joshua serait de rire, mais ça ne le dérangerait pas, cette tenue n’était vraiment pas faite pour lui, mais si ça pouvait d’étendre l’atmosphère ça serait toujours la meilleure idée qu’il ait eue ce soir.

« Venant de toi, ce n’est pas à ton taf que j’aurais pensé en premier en parlant d’utiliser tes mains pour « autre chose ». », commentai-je avec moquerie. « Tant que tu me promets qu’elles seront toujours propres… » Parce que bon, même moi je possédais mes limites ! Je ris comme un bêta tout en manquant de me provoquer un torticolis tandis que je tentai de capter son regard sombre. Honnêtement, je n’aurais jamais pensé pouvoir me sentir autant à l’aise à partager le même bain, nu, que mon meilleur ami. Pourquoi n’était-ce pas plus bizarre que ça ? Je ne ressentais pas l’envie d’aller plus loin sur un plan charnel mais j’appréciais ce rapprochement, comme s’il nous permettrait de nous rapprocher encore davantage. D’être plus… fusionnels. Malheureusement, ce cocon confortable fut brisé par un abruti qui tambourina à la porte. Je sursautai violemment puis les quelques minutes suivantes ne furent qu’agacement et cris jusqu’à ce que l’intrus se décide à déclarer forfait. Puis ces sentiments négatifs furent remplacés par de la gêne pure et dure lorsque je réalisai mon accoutrement (ou, plutôt, mon manque de) alors que je me tenais debout dans la pièce sans la moindre censure. Mes mains coururent planquer mon intimité tandis que je croisais les doigts pour que ma nudité soit passée inaperçue aux yeux d’Anton. Comment cela pourrait-il être possible ? Pourtant, j’optai pour la naïveté en dépit du manque de crédibilité de sa réponse. Je l’avais échappé belle. Ouf ! Je fus ravi que ce dernier me propose de quoi rebondir sans attendre : nos serviettes. J’acquiesçais puis me rapprochai de lui pour mieux bifurquer vers celles-ci, lui tendant la sienne avant de lui tourner le dos pour m’essuyer en vitesse et l’enrouler autour de ma taille. Voilà qui était déjà plus approprié ! « Hum… Je doute que tout ça se reproduise mais c’était agréable. » lâchai-je tout en maudissant à nouveau d’avoir été interrompus.

Suite à quoi nous nous lançâmes dans un jeu d’allers-retours (mon interlocuteur surtout) qui s’éternisa de façon adorablement ridicule. Voilà pourquoi je l’appréciais tant ! Le brun était tellement tête en l’air que je ne m’ennuyais pas une seule seconde avec lui. Dès que je me retrouvais seul dans une pièce, je repensais à ce qui s’était déroulé peu auparavant. Ses doigts sur ma peau, sa manière délicate d’exercer une pression pour m’aider à me relaxer… Mon cœur s’emballa sans crier gare. Mes sourcils se froncèrent. Pourquoi mon rythme cardiaque s’était-il accéléré brusquement ? Je n’eus pas le temps d’y accorder la moindre réflexion qu’il revint dans la pièce en m’invitant à retourner dans la chambre de notre hôte. « Au moins j’ai un aperçu de ce que je vivrai quand tu seras sénile… » blaguai-je à propos de ses allers-et-venues auxquelles je participais en partie. Car oui, bien sûr que je me projetai dans cet avenir. Mariés ou non à Dieu-sait-qui, je ne comptais pas le perdre. Jamais. En était-il de même pour lui ou me fourvoyais-je sur notre relation de son côté ?

Sa question me fit ouvrir la bouche, puis je la refermai, indécis. Anton avait déjà disparu de mon champ de vision avant même que je tente de produire le moindre son. Autant me focus sur ce que j’avais à faire en attendant son retour, suite à quoi nous n’aurions plus qu’à débattre. Je m’assurai de son départ puis me débarrassai de ma serviette avant d’enfiler mon boxer suivi du t-shirt dans lequel j’étais arrivé. Je remontai mon pantalon quand le proprio du Serendipity Café refit son apparition. Là, mes neurones frôlèrent l’extinction en guise de réponse à la vision transmise par mes billes bleutées. Qu’est-ce qui lui était passé par l’esprit encore ?! « Wo, je… » commençai-je sans savoir vers où je me dirigeai. « Honnêtement tu mets tous mes sens « bi » à l’épreuve là ! » Ma façon de dire que je le trouvais canon, tenue adaptée ou non à sa morphologie (et à son genre). Enfin, j’éclatai de rire. Je vins me planter face à lui puis passai mon doigt entre son torse et le soutien-gorge, jetant un coup d’œil dans l’espace ainsi créé. « Vide mais ça a son charme ! » Des larmes apparurent au coin de mes yeux. Étais-je détraqué pour que cela ne me laisse pas indifférent ? Je n’osais même pas le regarder en face tant j’étais embarrassé par la protubérance dissimulée – merci ! - par mon bas. Le porte-jarretelles n’aidait pas. « J’ignore pourquoi mais je n’aurais jamais pensé que Lydia puisse porter ça… » Ridicule vu son exubérance ! « Tu réalises que je vais être obligé d’immortaliser ça, hein ? » J’étais d’ores et déjà prêt à me lancer dans une séance photos dont il serait la star ! Il ne me restait plus qu’à prier qu’aucune autre tenue similaire ne soit présente dans les parages…

« Quant à rentrer ou non… Est-ce que cela signifie te voir te balader comme ça dans la baraque et dans la rue ? Car si c’est le cas il faut absolument qu’on rentre. Par contre, si ça te force à te changer… Autant rester ! » Au fond, je ne déconnais pas autant que le suggérait mon sourire digne du chat du Cheshire.  

Mes mains sont toujours propres et de quoi parles-tu exactement alors ?

Un sourire aux lèvres, il devait avouer qu’il avait envie de voir si Joshua allait répondre à cela ou pas. Puis vint le bain ou l’un et l’autre arrivèrent à se détendre. Enfin jusqu’à ce qu’un abruti décide de tout gâcher. Ce qu’Anton n’avait pas prévu, était que Joshua sorte de la baignoire pour protester face à l’inconnu derrière la porte et reste nu. Evidemment, il ne pu s’empêcher de le regarder, avant de détourner le regard. Il dû mentir sur le coup pour dire qu’il n’avait rien vu et en profita pour demander une serviette. S’occupant de se sécher et surtout de ne pas poser son regard sur son meilleur ami, il finit par proposer d’aller s’habiller. Il avait entendu son ami dire qu’il avait apprécié le moment ensemble dans l’eau chaude, mais il avait préféré ne rien dire, car il n’était pas certain que son cerveau l’empêche de faire un commentaire qui le mettrait dans le pétrin. A la place, Anton se retrouva à oublier ses affaires derrière lui. Face aux propos de son ami, il leva les yeux au ciel.

N'oublie pas que les 30 ans approchent à grands pas pour toi.

Il avait encore du temps devant lui, mais ça l’amusait de le dire de la sorte. Se retrouvant finalement à chercher ses vêtements, Anton tomba sur un ensemble qui était celui de son amie Lydia. Amusé, il décida de l’enfiler avant de revenir dans la pièce où se trouvait Joshua. Il savait que c’était un jeu dangereux, mais à la tête que fit le jeune homme et face à ses paroles, Anton esquissa un sourire. Ca faisait plaisir à entendre, il devait l’avouer. Cependant, il fut déstabilisé par le comportement de Joshua. En sentant son doigt aller jouer entre le tissu du soutien-gorge et sa peau, Anton serra les dents. Il aurait pu réagir à ses paroles, mais il se débattait plutôt avec le fait de garder son corps immobile ou en tout cas, une partie de son anatomie en particulier. La tenue qu’il portait ne laissait pas de place à l’imagination, donc s’il venait à se trahir lui-même, ça risquait de mal finir.

Non ! Pas de photo ! Ca fini toujours sur les réseaux sociaux ou sur internet. C’est uniquement pour tes yeux.

Oh non, que venait-il de dire exactement ? Il avait voulu expliquer qu’il ne voulait pas que ça finisse ailleurs que dans cette pièce, mais pas dans l’idée de dire à son meilleur ami que seul lui pouvait le voir ainsi, si peu vêtu. Enfin si, mais pas de façon déplacé. Son esprit était en train de s’embrouiller, il le sentait. Il voulait très clairement de changer de sujet, mais rien ne lui vint en tête. Heureusement, Joshua reprit la parole et il fut soulagé … ou presque. Haussant les sourcils face aux paroles de son ami, il le fixa.

Dans la rue non. Je ne tiens pas à finir dans une cellule de police ce soir. Mais je peux le garder sous mes vêtements pour rentrer si tu préfères. Toi seul saurait ce que je porte et il me semble que Jonalynn n’est pas à l’appartement ce soir.

Cela voulait clairement dire qu’ils pourraient être seul à la colocation, mais Anton ne savait pas vraiment quel était le bon choix. Rester ici et profiter du regard de son ami sur lui de la sorte ou pas ? Il était tellement perturbé par la situation qu’il ne savait pas ce qui était le mieux.

« Des châteaux de sables que tu fais à la plage voyons. Quoi d’autre ? » répondis-je avec une forte pointe d’ironie qui finit par me faire pouffer. Seuls de rares tabous persistaient entre nous à ce stade, surtout à partir de ce soir où nous venions de franchir une limite que je n’aurais jamais pensé ne serait-ce qu’effleurer. Cet instant fut malheureusement gâché par un intrus qui abrégea ce qui n’aurait jamais dû arriver (mais pour lequel je ne ressentais ni regret ni culpabilité). Nous nous retrouvâmes alors à quitter la salle de bain pour nous réfugier dans la chambre de notre hôte. Ce ne fut pas sans un rapide détour pendant lequel je répondis : « Vrai. Quand ta trentaine à toi sera déjà bien entamée. » Je levai un sourcil taquin puis nous nous éloignâmes chacun de notre côté dans le but de nous revêtir. Bien sûr, c’était sans compter sur les délires d’Anton qui me firent me vautrer entre crise de rire et une certaine chaleur ressentie dans mon ventre. Et zone environnante. Était-ce étrange de le constater si magnifique avec des sous-vêtements féminins (empruntés de surplus) ? Ils n’étaient pas adaptés en soi - comme je le remarquai en tirant sur son soutien-gorge – toutefois cette couleur rouge vif lui allait comme un gant et l’ensemble mettait son corps en valeur. Je ne risquais pas d’oublier une telle vision ! « Compréhensible. » répondis-je au sujet de possibles clichés. « Je vais donc me contenter de graver ça dans ma mémoire puisque c’est « uniquement » pour moi. » Je ris à nouveau tout en secouant la tête. Ce gars ne manquait jamais une opportunité de m’impressionner par ses farces et son imagination débordante. À cet instant, j’espérais que ces malheurs sentimentaux étaient loin derrière lui. Que cette soirée allait finir par gommer ses peines. « Enfin, tu dessers le monde. Tu mériterais de figurer sur les couvertures de magazines ! » J’écartai les bras tout en soufflant un « Wo ! » muet ébahi. J’aimais notre complicité sans faille.

Puis vint le moment de se décider pour le reste de la nuit. Allions-nous camper ici ou rentrer à la maison ? (« À la maison » n’était pas très approprié dans mon cas.) L’idée que mon meilleur ami puisse passer les prochaines heures dans un commissariat après s’être baladé dehors dans cette tenue possédait un potentiel comique indéniable. Sa suggestion pour un entre-deux me fit poser l’index sur mon menton, réfléchissant. « Très aguicheur comme plan. J’aime bien. » Vraiment, je mentirais en prétextant que cette perspective était aussi ridicule qu’étonnement sexy. « Et puis j’ai hâte de te voir les redonner à Lydia. » Quelle excuse trouverait-il afin de justifier cet emprunt ? Rien que pour cette raison cela valait le coup de le faire ! Ma curiosité était insatiable ! À moins qu'il lui expédie un colis anonyme ? « Mais, comme je suis l’homme le plus extraordinaire que tu connaisses, je ne vais pas t’abandonner ! » Sur ce, je m’éloignai avant d’ouvrir quelques tiroirs au pif et revins enfin vers Anton, le t-shirt relevé derrière ma nuque et un soutien-gorge dans la main. Non, je n’avais quand même pas été jusqu’à choisir une tenue complète. « En guise de soutien. Encore faudrait-il que j’arrive à l’enfiler ! » Comment se débrouillaient les femmes pour y parvenir sans se briser les bras ? Pire encore : comment avait-il fait, lui ? « Tu peux m’aider ? » Nous aurions pu rivaliser avec des adolescents en matière de conneries ce soir mais je m’en fichai. Au moins, nous nous amusions ! J’étais loin d’avoir conscience de ce qui se tramait dans le cerveau de mon interlocuteur et ma demande n’arrangerait rien sûrement.

Une poignée de minutes plus tard, nous redescendîmes mine de rien, nos emprunts dissimulés sous une couche de vêtements nous appartenant (j’avais tout de même ajouté un sweat à capuche qui servait à planquer les deux arrondis sous le t-shirt). Anton avait rencontré davantage de difficultés pour tout faire tenir mais ça n’en avait été que plus comique ! « Oh non ! Pas déjà ! » entendis-je lorsque Lydia nous surpris en train de filer vers la porte d’entrée. « Désolé. Anton bosse demain mais on a passé une superbe soirée. Merci infiniment. » Je portai mes lèvres à sa main, amusé, puis, après quelques paroles supplémentaires, nous réussîmes à prendre congé. « Ça va ? Tu arrives à marcher correctement ? » demandai-je au brun avec un sourire incapable de s’allonger davantage. « T’es vraiment dingue mais je t’aime pour ça ! » Mon bras gauche se cala autour de ses épaules.

C’est bien ce que je pensais, mais je préfère avoir confirmation.

Amusé, il secoua doucement la tête. Le bain lui avait fait du bien. Même s’il avait été nerveux, il avait apprécié le massage de son ami et d’avoir pu le lui rendre. Malheureusement, il ne s’était pas attendu à voir son ami dans son plus simple appareil. Mais, après avoir pu s’en sortir et arriver dans la chambre, Anton se rendit compte que ses vêtements n’étaient pas au bon endroit. Tirant la langue à son ami quand il lui indiqua son âge, Anton se retrouva finalement dans le dressing de leur amie Lydia. Cependant, l’attitude de son ami et avec son rapprochement physique, mirent à l’épreuve Anton. Le corps de ce dernier risquait de vite le trahir s’il ne bougeait pas. Mais ses jambes ne semblaient pas coopératives. Il arriva seulement à indiquer qu’il ne voulait pas que des photos soient prises. En écoutant Joshua s’amuser de ce qu’il avait dit juste avant, en reprenant même ses mots, Anton grommela dans sa barbe.

Je ne tiens pas à me donner en spectacle dans les magazines.

Il avait failli ajouter à nouveau qu’il préférait que seul lui puisse le voir de la sorte, mais il arriva à s’en abstenir. Le dire presque deux fois de rang n’allait pas l’aider à calmer ses ardeurs. Il leva les yeux au ciel face aux actions de son ami, avant de lui indiquer qu’il pouvait garder les sous-vêtements sur lui pour rentrer à la colocation. Plissant les yeux, Anton devait avouer que son ami avait penser au futur, car lui n’avait absolument pas songé à comment il allait pouvoir rendre les sous-vêtements à leur amie. S’il fallait qu’il trouve une excuse, il n’était pas certain de savoir quoi dire sans qu’elle y lise … la vérité ?

Je trouverais bien quelque chose ou alors je garderai cet ensemble pour moi et je lui en achèterai un tout neuf.

Au moins, elle n’aurait pas un air dégouté si elle découvrait ce qui venait de se produire à l’instant. Fronçant les sourcils face aux paroles de son ami, il resta le fixer. Ne pas l’abandonner ? De quoi parlait-il ? Haussant les sourcils de surprise face à ce que lui demandait Joshua, il ne sû que dire et à la place, il s’activa pour venir l’aider avec le soutien-gorge. Il restait muet, ce qui pouvait être normal face à une personne qu’il ne connaissait pas, mais pas face à Joshua. Seulement, il devait avouer qu’il ne savait pas quoi dire et surtout, il se demandait si ce dernier savait ce qu’il avait dans l’esprit en cet instant. Se reprenant, il secoua doucement la tête, avant d’enfiler le reste de ses vêtements pour pouvoir sortir de la soirée. Descendre les escaliers ne fut pas une mince affaire pour l’arrière train d’Anton. Il ne pouvait s’empêcher de grimacer, avant d’entendre la voix de Lydia s’élever. Se retournant vers elle, il tenta de paraître naturel, tout en hochant la tête aux paroles de Joshua.

Une super soirée et c’était génial, merci encore.

Lui faisant la bise, Anton faisait en sorte de ne pas trop bouger, avant de pouvoir prendre congé de leur hôte. Se retrouvant à l’extérieur, il soupira fortement, tout en entendant les questions du plus jeune. Grognant face à ce qu’il lui disait, il le fixa tout en marchant.

La prochaine fois, tu auras intérêt à mettre un ensemble complet, parce que crois-moi tu riras moins. Comment font les femmes pour porter ce genre de choses ?

Il appréciait la sensation du tissu contre sa peau, mais pas ce qui se passait derrière. Ca n’était pas agréable du tout et il fusilla son ami du regard.

Pas un mot à qui que ce soit de cette histoire !

Il savait qu’avec sa démarche, il ne devait pas être particulièrement intimidant, mais il n’en voulait pas non plus à son ami d’être amusé. Plutôt que d’épiloguer sur le sujet, ils rentrèrent à l’appartement et une fois sur place, Anton soupira lourdement. Pendant tout le trajet, il avait ressassé les dernières paroles de son ami. Ce dernier parlait sans aucun doute d’amitié. L’aimer comme un ami, mais le cerveau d’Anton n’arrêtait pas de penser à autre chose, seulement, il devait se secouer pour ne pas aller sur ce terrain-là.

Tu veux donc me voir me balader dans cette tenue pour le reste de la soirée, c’est bien ça ?

« Honnêtement, je pense que ce serait pour le mieux. » avouai-je quant à l’achat potentielle d’une nouvelle tenue qui viendrait remplacer celle qu’il portait. Sinon, Lydia risquait de brûler celle-ci (avec le fameux maillot de bain au passage ?) en découvrant son emprunt. « Et puis, ça signifierait que tu disposerais d’un moyen supplémentaire pour séduire tes victimes ! » Je ris puis disparus à mon tour afin d’enfiler un soutien-gorge. Il avait commencé, je ne faisais que de suivre le mouvement en guise de soutien ! Anton m’aida à attacher l’habit puis nous réussîmes à quitter les lieux après un au revoir impossible à éviter. La fête continuait de battre son plein lorsque nous nous lançâmes sur le chemin du retour. Il était difficile de ne pas remarquer sa démarche inhabituelle. Il n’était clairement pas à son aise ! Toutefois, ça n’expliquait pas pourquoi il était à nouveau ronchon… Quelle mouche l’avait piqué ce soir décidément ? « Aucune idée. Mais ça te fait un sujet à poser sur la table à ta prochaine réunion de famille. » Je visualisais déjà l’embarras intenable des uns comme des autres si mon interlocuteur exécutait mes propos ! Oui, je ne savais pas comment sa mère accueillerait la blague. Suite à quoi je lui fis signe que je me tairai. J’emporterai son secret sur la tombe même !

Le retour se fit dans un calme relatif si ce n’est pour le propriétaire du Serendipity qui ne cessait de gesticuler dans son combat contre ce que j’allais finir par surnommer « le string des Enfers ». Même la couleur correspondait aux critères ardents de ce lieu ! Une fois la porte refermée dernière nous, nous eûmes la confirmation que nous avions l’appartement pour nous tous seuls. Pas l’ombre d’une vie ne traînait par-là. Je piquai le sac à dos du brun qui se mettait à l’aise et mis nos maillots de bain à sécher. Ils passeraient dans la prochaine machine ! Je quittai la pièce lorsque ses propos se frayèrent un chemin jusqu’à mes tympans. « C’est ton gage il me semble. Que tu t’aies auto-infligé je tiens à le rappeler. » J’étais hilare intérieurement en le revoyant avec son look de séductrice. J’ôtai mon haut, exhibant mon torse imberbe dont la partie supérieure était également dissimulée. Je filai dans la salle de bain puis lâchai : « Mouais. Pas convaincu. Ça te va mieux qu’à moi. » Je haussai les épaules puis revins vers lui. « Tu as faim ? Tu veux que je nous prépare quelque chose à manger ? » De mon côté j’étais ok mais si son estomac criait famine, je n’aurais aucune difficulté à l’accompagner. Je sentais tout de même la fatigue me tomber dessus lourdement après tant d’excitation et autres sentiments plus mitigés. « Ou alors, je peux aller réchauffer un peu le matelas pour que tu n’aies pas froid aux fesses cette nuit. » Impossible de dissimuler un rictus grandissant à chaque seconde passée. J’avais beau ne pas avoir vu son verso, rien ne m’empêchait de blaguer dessus !

« En tous cas, je tiens à te remercier d’avoir été là pour moi ce soir. Sans toi, je ne me serais pas du tout senti à ma place... Tu es vraiment le partner in crime idéal ! » Je lui adressai un sourire chaleureux. Que serait ma vie sans lui depuis maintenant plusieurs années ? « J’ai tout de même une question. Ça fait quoi de porter ça ? » dis-je en le pointant du doigt, amusé.