Prendre des nouvelles - Benedict

Prendre des nouvelles
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Les groupes de parole, couplés à mes séances chez les psys —car oui, je continuais à voir un psychologue, qui gérait notamment ses groupes ainsi qu’un psychiatre— m’avait sauvé la vie, sans l’ombre d’un doute. Je n’avais pas de mal à parler d’Alice, pas plus que de mon deuil la concernant. Elle était une femme bien trop extraordinaire pour mourir une seconde fois mais dans l’oubli… Alors, même quand mon cœur et mon esprit étaient un peu plus en paix, je continuais ses séances et ce suivi. Peu après son départ et pendant longtemps, mon psychiatre me reprochait de ne parler que d’elle, oubliant complètement la personne que j’étais. C’était précisément à cet instant qu’il me conseilla d’aller rencontrer des gens, lors de ses rencontres. Je trouvais l’idée niaise, mais après tout, qu’avais-je de plus à perdre ? En réfléchissant, à cet instant, je pouvais encore perdre ma fille. Eloise. Mon phare dans la nuit fut elle, tout du moins l’objectif était de lui offrir la meilleure vie et la plus grande éducation. Un nouvel horizon dans ma vie, j’avais désormais plus de facilité à m’ouvrir et c’était à ce moment là que les groupes m’aidaient à parler, partager, expliquer et comprendre mes ressenties. Et l’effet papillon arrivait petit à petit à mettre ses rouages en œuvre.

Car, oui, après des années dans le même cercle de parole, des visages, j’en ai vu. On peut même dire que je fais parti des murs, et ça ne me dérange absolument pas. Aider, discuter, rencontrer, finalement tout ceci avait du bon et sans elleux, je pense que je me serai déjà perdu dans les facettes les plus sombres de l’humanité. L’Homme a toujours eu besoin de se sociabiliser, et des amis, j’en ai eu grâce à ses moments intimes où le temps de s’écoule pas de la même façon. En premier lieu, il y a eu Keziah, qui, pour une raison que je ne parvenais pas à expliquer, m’attirait. Pas de la façon dont on l’imagine, c’était un coup de cœur amical direct en plein cœur.  Puis, pour ne citer que lui, il y avait eu Anthony. Une situation un peu unique puisque sa rencontre se fit grâce à son frère.
Pour autant, les rares échanges que j’ai eus avec me plaisait. Il y avait ce étrange sentiment que nous pouvions discuter de tellement de sujet, sans s’arrêter. C’était plaisant de le voir, surtout après des séances où les conversations peuvent parfois être douloureuses. Ce soir-là, n’était pas une exception… Alors voir Anthony à la sortie me fit sourire naïvement. Son frère partait déjà loin, mais malgré ça je le saluais de loin. Un brave gars que j’appréciais. Puis, je tournais mon attention vers mon ami interrogatif.

—Mieux maintenant, soufflais-je dans un sourire devenant un peu plus large, merci. J’espère que tu vas bien aussi.

Anthony ne parlait pas beaucoup de lui, et donc, sans grande surprise, j’ignorais peu de chose sur lui, à savoir s’il allait bien… Et j’espérais que c’était le cas. Notre rencontre était récente, mais malgré cela, j’étais convaincu qu’au fond de moi, c’était une bonne personne.

—Laisse-moi réfléchir… Mmmh, je pensais qu’on pourrait se prendre un café dans la boulangerie de la quinzième avenue. Tu sais, celle qui est tenue par des Français. J’ai bien envie de me prendre un bon café et des viennoiseries. La boutique peut attendre, mais pas mon estomac. Et… Je t’invite ?
Un nouveau sourire avant de tapoter son épaule.

—Ca nous changera les idées, et puis, tu mérites bien que je t’invite depuis le temps que tu viens nous soutenir, ton frère et moi !

Et puis, je n’avais pas trop conscience de cela, mais j’avais vraiment envie de passer du temps avec lui, sans trop connaitre la raison… Tout le monde me disait de sortir plus, et de rencontrer de nouveaux visages, j’avais promis à ma fille de le faire ; c’était l’occasion, n’est-ce pas ?

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