it's always nice to meet a reader (minkyu)

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w/ @Minkyu Bong  

Une des particularités d'Isla, c'est qu'elle fait partie de ces gens qui aiment vivre le plus possible en harmonie avec la nature et même un peu à l'ancienne. Elle aime s'occuper de son jardin et faire en sorte qu'il soit accueillant pour les insectes et les oiseaux, y cultive certains fruits et légumes sur une petite parcelle, qu'elle aime cuisiner elle-même. Elle privilégie les achats en vrac à l'épicerie, possède tout un tas de bocaux dans lesquels elle conserve sa nourriture sèche mais aussi des confitures qu'elle fait en fonction des fruits de saison. Elle couds souvent ses propres robes, jupes et chemises, est bien plus bricoleuse que la plupart des gens de son âge: les pannes ne lui font pas peur, elle connaît sa maison et ses installations par coeur. Elle vit un peu hors du temps, débrouillarde et indépendante autant que possible. Comme tout le monde, elle fait ses courses et même si elle préfère se rendre du côté de Pike Place Market pour y trouver des produits sains et locaux, il lui arrive de se rendre au supermarché aussi, notamment quand elle se retrouve prise par le temps et qu'elle ne peut pas prévoir de plats cuisinés sur plusieurs jours. En général, Isla essaie de ne pas trop accumuler de nourriture, pour ne pas prendre le risque de la gaspiller, chose qu'elle a en horreur. Elle fait beaucoup trop attention à ce qu'elle consomme pour se permettre de jeter quoi que ce soit. Elle mange sainement et ce n'est pas forcément toujours abordable financièrement, alors pas question de dépenser de l'argent pour qu'il finisse aux ordures! C'est d'ailleurs parce qu'elle fait très attention à ses apports en nourriture qu'elle est en forme malgré le fait qu'elle mange moins que ce qu'une femme de son âge et de sa corpulence devrait manger. Elle réfléchit beaucoup trop là-dessus pour se tromper. Ca fait sans doute partie de ses troubles du comportement alimentaires, même si ça ne se remarque pas de l'extérieur...

Et c'est pareil lorsqu'il s'agit de plats rapides à cuisiner. Elle ne mets pas n'importe quoi dans son assiette. Il est hors de question qu'elle achète un plat en boîte, un truc noyé dans la sauce, beurk... Une chose qu'elle affectionne particulièrement en tant que repas simple et un peu doudou, ce sont les nouilles instantanées. Il y a pas mal de goûts différents, c'est facile de trouver de quoi manger en accompagnement si nécessaire et ça se conserve très bien en attendant d'être consommé. C'est donc dans ce rayon qu'on peut la trouver aujourd'hui. Et comme souvent, alors qu'elle se débrouille très bien dans un marché bondé de monde, elle se sent perdue dans le supermarché. Ces rayons immenses, dont certains sont trop haut pour elle, toutes ces marques différentes qui font que régulièrement elle galère à trouver sa préférée, ce bruit et ces lumières artificielles... toute cette effervescence a tendance à la faire décrocher. Du coup, c'est plantée devant un étalage de pâtes qu'elle est, se sentant plus nouille elle-même que celles qui se trouvent dans ces paquets.

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w/  @Isla Kerr   

Un soupir s'était échappé de mes lèvres après avoir ouvert le frigo. Il était vide. Désespérément vide. Comme mon estomac. Je n'aimais pas faire les courses, je sentais que l'on me fixait du regard tout le long et puis le risque que je croise l'un de mes clients étaient aussi probable. J'étais donc bien heureux lorsque Keziah remplissait mon réfrigérateur de sa douce cuisine. Malheureusement, j'avais déjà tout consommé depuis notre dernière entrevue. Avec espoir, j'étais allé regarder dans mes placards en quête d'un paquet de gâteau ou autres snacks mais il n'y avait plus rien à part un pot de confiture presque terminé et des croquettes pour chats. Est-ce que c'était bon ça ? Je n'avais curieusement pas envie d'y goûter, ne voulant pas non plus voler la nourriture de mes voisins à quatre pattes. Je devais donc me rendre à l'évidence que je n'avais pas d'autres choix que de me rendre au supermarché. C'était là où c'était le moins cher, n'ayant pas le luxe de pouvoir manger de la nourriture bio comme le font les bourgeois. Attrapant mes affaires et vérifiant que j'avais encore du liquide, je sortais de mon studio sans aucune réelle motivation. Je faisais tout de même un détour pour saluer les chats de la ruelle d'à côté qui y avait élu domicile, surtout parce que je leur donnais de la nourriture et des câlins ici. Cela me remontait au moins le moral. Je constatai avec effroi sur le chemin en marchant dans une flaque d'eau que mes chaussures n'étaient plus vraiment étanches. Ce n'était vraiment pas le moment de devoir racheter des godasses. Je paraissais vraiment pauvre dans cette tenue peu élégante alors que je gagnais tout de même de l'argent. Pas de quoi m'offrir un palace mais de quoi survivre un peu plus dans cette vie misérable. Puis il y avait aussi des semaines où j'avais très peu de clientèle en plus de mes prestations au bar qui était bien moins payé que lorsque je vendais mon corps. Il fallait tout de même nourrir ce dernier, car j'allai finir par n'avoir que la peau sur les os et ce n'était pas du tout vendeur une fois nu. Je devais donc passer par la case supermarché, que je le veuille ou non.

Passant aussi discrètement que possible dans les rayons tout en tirant derrière moi la charrette, je m'arrêtais en reconnaissant une jeune femme coincée en face des étagères de pâtes. Des bonnes nouilles sautées avec du bœuf et des légumes. Je regardais piteusement mon caddie remplis de plats cuisinés premier prix coincé entre deux rouleaux de papier toilettes. Mais il y avait une personne plus intéressant à quelques pas que mon alimentation. L'un de mes écrivaines préférées. J'avais lu plusieurs fois ses livres et toujours venu la voir à ses séances de dédicaces. Son ouvrage m'avait touché et je lui avais fait part de cela, au-delà des simples compliments qu'elle recevait des autres.

- Mademoiselle Kerr ? Je n'aurai jamais imaginé vous croisez au rayon nouille !

Déclarais-je après m'être approché d'elle. C'était assez comique en fait, même si en vérité elle était aussi un être humain et par conséquent avait besoin de se nourrir. J'espérais toutefois qu'elle m'avait reconnu sinon je me sentirai bien bête. Pour une fois que c'était ce que je souhaitais.

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w/ @Minkyu Bong  

Isla a toujours trouvé les centre commerciaux détestables: trop de bruit, trop de lumière, trop de gens pressés et mal aimables, trop de produits de mauvaise qualité à un prix horriblement cher… elle a la chance de pouvoir se permettre de faire le plus gros de ses courses chez les producteurs du coin. Là, elle peut passer l’après-midi entière à valser entre les stands, profiter des odeurs des fruits et légumes frais, prendre le temps de choisir viande, fromage et poisson… Mais comme tout le monde, elle a des moments où elle est trop occupée, ou trop fatiguée, pour cuisiner. Alors, une fois de temps en temps, elle se voit bien obligée de passer ces grandes portes automatiques qui, rien qu’avec le bruit de glissement qu’elles font et qui lui donnent des frissons, lui donnent envie de faire immédiatement demi tour. Et ne parlons pas de la navigation entre les gens et leurs caddies, qu’ils ont tendance à, allez savoir pourquoi, laisser soit en plein milieu des rayons, soit en plein milieu tout court, au lieu de les caler correctement pour ne gérer personne… brrr. Vivement la sortie, qu’elle pense alors qu’elle vient à peine de rentrer.

Enfin, elle a besoin d’y aller, alors autant ne pas traîner et se rendre immédiatement au rayon désiré: celui des nouilles chinoises. C’est un de ses petits plaisirs, une nourriture qu’il est très facile à préparer en cas de coup de fatigue. C’est probablement ce qu’elle consommera ce soir, parce que rien que le fait d’être ici, ça lui bouffe beaucoup trop de batterie. Elle a parfois l’impression d’être un vieux smartphone, qui ne tient que deux ou trois heures entre chaque charge… les grandes surfaces, c’est 50% de batterie d’un seul coup, que ça lui vide et après, il faut économiser le reste. Plantée devant les rayons, elle a du mal à se concentrer. Elle a toujours du mal, même si elle vient ici depuis des années. Et, alors qu’elle essaie de remettre ses esprits en ordre et de lire les différents goûts, qu’elle connaît par cœur mais qui changent régulièrement de place, chose qui peut parfaitement, si elle est trop fatiguée, l’inciter à faire carrément demi tour sans rien dans son panier… elle entends son nom. Mademoiselle Kerr. C’est suffisamment surprenant pour qu’elle ait quelques secondes de réalisation. Elle aurait presque l’impression d’être de nouveau au lycée: Mademoiselle Kerr, redescendez donc sur Terre avec nous, au lieu de regarder les oiseaux par la fenêtre! Évidemment, ce n’est pas un professeur qui lui fait face, mais un lecteur qu’elle reconnaît immédiatement, puisqu’il est venu à toutes des dédicaces. On n’oublie pas ce genre de visages.

« Minkyu, bonjour! »

Elle est très contente de le voir, ça éclaire un peu sa visite dans cet endroit démoniaque.

« Je déteste les supermarchés, mais j’ai un faible pour les nuits à faire réchauffer rapidement… »

Elle se tourne de nouveau vers le rayon, en soupirant.

« Ils ont encore tout déplacé… Ça m’agace, j’ai horreur de ne pas trouver ce dont j’ai besoin de suite. »

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A mon grand soulagement Isla m’avait reconnu. C'était la première fois que je la croisais en dehors d'une séance de dédicace. Je savais qu'elle habitait à Seattle mais c'était une grande ville alors il n'y avait peu de chance de croiser quelqu'un par hasard. Et encore moins dans un supermarché. Je ne voulais toutefois pas paraître envahissant, elle voulait peut-être ne pas être déranger mais d'un autre côté c'était une belle occasion de discuter avec l'écrivaine. Cette dernière aimait visiblement les nouilles instantanées, ce que je pouvais comprendre. C'était simple et rapide, et peu cher aussi. Mais elle ne faisait à mon avis ce choix pas par rapport à l'argent comparé à moi.

- Ils doivent se réunir pour réfléchir à comment rendre les clients fous...! La dernière fois j'ai dû balayer tous les rayons avant de trouver le dentifrice !

Une anecdote qui me paraissait maintenant assez drôle mais à l'époque cela ne m'avait pas fait du tout rire de perdre mon temps à chercher quelque chose. Je comprenais donc l'agacement de Isla à ce sujet. La bonne nouvelle c'était qu'elle n'était pas au mauvais endroit, seulement ils avaient rangé les nouilles différemment et surtout mis les meilleurs en hauteurs. Pour des gens petits comme moi ce n'était vraiment pas sympa. Je faisais environ 1m80 mais même ainsi, c'était difficile d'attraper ce que je voulais au-dessus de ma tête. Me rapprochant plus de la jeune femme, je pointais du doigt l'un des paquets.

- Ce sont mes nouilles préférées, avec de la sauce au goût de poulet et je rajoute un œuf au plat c'est délicieux

Assurais-je avec un sourire. J'avais une mini cuisine chez moi qui me permettait de faire au moins cuire quelque chose. Ne me demandais pas en revanche de préparer une quiche, je n'avais pas de four.

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Certains trouveraient ça complètement stupide qu'Isla déteste à ce point les centre commerciaux. Ils sont indispensables de toutes façons, non? Si on a peu d'argent, c'est certain: impossible de se nourrir uniquement chez des producteurs quand on est pauvres, même avec tous les efforts du monde. Et puis, même si c'est possible, encore faut-il avoir le temps, voire même les capacités, pour cuisiner tous les jours ou faire des plats à l'avance pour toute la semaine. Quand on a un travail prenant, c'est souvent trop compliqué, même chose quand on a un handicap... Isla se sait privilégiée de pouvoir vaquer entre les deux types de nourriture et d'aimer passer du temps derrière les fourneaux. C'est une des raisons pour lesquelles elle aime tant son travail: si elle prend de l'avance, elle peut carrément se poser pendant plusieurs jours sans travailler. Mais dans tous les cas, c'est rare qu'elle n'ait pas le temps de s'occuper d'elle-même et des tâches domestiques.

Elle suit des yeux le paquet que Minkyu lui montre. C'est son favori, celui qu'il lui conseille. Mais pourquoi les avoir placés si haut? Elle n'est pas toute petite, mais ce n'est pas son mètre soixante-deux qui va lui permettre d'attraper quelque chose sur les derniers rayons. Pourquoi faut-il que les supermarchés soient aussi peu accessibles, bon sang? Une raison de plus de ne pas les aimer. « Tu peux m'en attraper un? Avec deux autres différents, choisis pour moi! » Elle n'est pas difficile et elle les a probablement tous goûtés de toutes façons. Quand elle a récupéré les nouilles, elle se dit qu'effectivement, avec du poulet, ça pourrait être un repas sympa. Pour une fois, elle peut en acheter ici. « Je vais suivre ton idée et aller m'acheter de la volaille au passage. Tu m'accompagnes? Desfois que je me perde aussi parmi les poulets. »  dit-elle avec un sourire amusé. Comme il lui emboîte le pas, elle se dit qu'ils peuvent passer un moment tous les deux ensuite, si Minkyu n'a rien à faire. « Tu fais quelque chose de particulier ensuite, ou tu as le temps et l'envie de boire quelque chose? J'ai tout un tas de thés et de cafés différents chez moi, si ça te tente. » Et elle a toujours des pâtisseries qu'elle fait elle-même pour accompagner ce moment ritualisé. Le goûter, c'est sacré!

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w/  @Isla Kerr   

Isla n'était pas la seule personne à ne pas aimer devoir se rendre au supermarché. Ce n'était pas non plus un endroit que j'affectionnais, surtout parce qu'il me mettait face à ma pauvreté au moment de passer à la caisse. Je devais faire attention à ce que j'achetais alors souvent il n'était pas bien rempli et avec des produits de premiers prix qui n'étaient pas forcément aussi de bonnes qualités. Faire les courses n’était pas du tout mon moment préféré et à chaque fois qu'il y avait des promotions ce n'était pas sur ce que je voulais acheter. Heureusement les nouilles ça ne coûtait pas cher et composait d'ailleurs la majeure partie de mes repas. Je tentais ensuite de rajouter un autre produit pour lui donner un goût différent comme un œuf par exemple ou même du curry. Je ne pensais pas me retrouver au milieu d'un rayon avec une autrice dont j'adorais le travail, à lui partager une recette.

- Bien sûr je peux

Je n'étais pas un géant non plus, mais en me mettant sur la pointe des pieds j'arrivais à atteindre l'étagère pour lui tendre le paquet de nouille au poulet. Je regardais les autres propositions de saveurs quelques secondes. Je ne savais pas ce qu'Isla aimait alors je suivais mes propres goûts et attrapai un au goût bœuf et un autre aux légumes.

- Ça devrait aller il n'y a pas trois milles sortes de poulets

Je l'accompagnais toutefois, ce n'était pas un rayon dans lequel j'allai souvent n'ayant pas les moyens de m'acheter un poulet encore moins un four pour le cuire. Isla devait certainement avoir tout ça chez elle et ne pas avoir à se préoccuper de combien il lui restait sur son compte en banque. Mais actuellement elle paraissait être une personne comme tout le monde et ça l'a rendait encore plus formidable à mes yeux.

- Oh euh...je ne fais rien mais...je ne voudrais pas non plus déranger...

Je ne m'attendais pas à ce qu'elle m'invite chez elle pour boire un thé ou un café. J'allai faire un peu tâche dans le paysage de sa maison mais en même temps ça ne se faisait pas de refuser et puis boire un bon petit thé ça pouvait faire du bien aussi.

- Mais ça sera avec plaisir...!

Rajoutais-je avec un léger sourire timide.

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w/ @Minkyu Bong  

Isla n'est pas forcément du genre à socialiser très facilement. Mais il y a malgré tout des gens avec qui le courant passe instantanément et avec qui les interactions ne demandent pas spécialement d'effort. C'est le cas avec Minkyu. Elle appréciait déjà le fait qu'il soit si fidèle à Birdie, puisqu'il est là depuis le premier tome et qu'elle les lui a tous dédicacés. Or, elle ne dédicace ses livres que lors de déplacements spécifiques, organisés par son éditeur, c'est donc la preuve qu'il est venu spécialement pour ça. Ca la touche toujours, dans ces cas-là. Il n'est pas le seul à être fidèle. Mais c'est aussi quelqu'un qu'elle a connu quelques années en arrière, elle l'a un peu vu grandir... Elle l'a toujours trouvé agréable, doux, touchant. Quelque chose chez lui lui a toujours donné envie de le protéger un peu. Alors, après tout ce temps, elle est heureuse de le croiser dans un cadre plus personnel et elle décide de l'inviter chez elle, s'il en a envie. Il est surpris, mais qui ne le serait pas? L'invitation tombe de nulle part.

« Je n'ai pas de voiture, je prends le bus pour rentrer. Ca ira? J'ai toujours trop de tickets d'avance si besoin. »

Mieux vaut préciser qu'elle ne conduit pas, après tout, il peut ne pas aimer le bus pour une raison ou une autre; bon nombre de neuroatypiques n'apprécient pas du tout les transports en communs et bon nombre de ses lecteurs sont, en toute logique, neuroatypiques... Mais il peut aussi ne pas avoir les moyens de se payer un trajet. Elle ne sait pas de quoi sa vie est faite et puisque l'invitation vient d'elle, ça lui paraît normal de se soucier de ce genre de "détails".


« Bon! » souffle-t-elle pour se motiver. « Un poulet, et on fuit cet endroit de malheur. » Non, vraiment, les supermarchés, moins elle les fréquente, mieux elle se porte!

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w/  @Isla Kerr   

J'avais suivi les aventures de Birdie avec assiduité. Me reconnaissant quelque part dans ce petit chien lors de la lecture du premier tome. Je n'étais pas vraiment neuroatypique mais je ne me sentais pas non plus à l'aise dans ce monde et honnêtement, on m’avait toujours jugé à cause de mon apparence physique, maltraité parce que j'étais trop frêle et distant. Abusé d'une confiance que je pouvais offrir sans sourciller jusqu'à ne plus pouvoir le faire de cette façon. Dans ces œuvres, je me sentais compris quelque part enfin. Et rencontrer celle qui avait fait naître Birdie, c'était surement la plus belle chose qui me soit arrivé depuis longtemps. Pouvoir échanger simplement avec elle entre deux paquets de pâtes, quelle était la chance que cela arrive ? Je l'avais évidemment vu durant les séances de dédicaces mais il n'y avait pas tout le temps du monde pour discuter. Isla avait pas mal de lecteurs et il ne fallait pas créer un embouteillage. Alors son invitation pour continuer de papoter autour d'une boisson chaude, c'était au-delà de ce que j'avais pu imaginer. Un peu gêné tout de même de m'incruster de cette façon dans sa vie privée.

- Oh...je n'ai pas de voiture non plus, ni le permis tout court à vrai dire alors je prends le bus quand c'est trop loin

Surtout lorsque je devais me rendre dans un autre quartier. Je n'étais pas à l'aise dans les transports communs. La sensation d'être dévisagé sans arrêt mais j'avais appris à passer outre grâce à la musique que je versais dans mes oreilles. Me créant ma petite bulle.

- Ca ira oui !

J'avais quand même de quoi me payer un ticket de bus. Je ne voulais pas abuser de la gentillesse d'Isla qui m'invitais déjà chez elle.

- Let's go !

Déclarais-je avec un sourire avant de la conduire jusqu'au rayon adéquat. Je l'aidais donc à choisir son poulet, pas trop gros non plus vu qu'elle était seule. Cela ne servait à rien de gâcher la nourriture. Une fois nos caddies remplies, il était temps de passer à la caisse où là c'était moins drôle pour moi. Heureusement, je n'avais pas pris beaucoup de choses. J'avais appris à étaler mes dépenses et à seulement acheter ce qui était vital. Une fois tout payer et emballer, il n'y avait plus qu'à attendre le bus à l'arrêt juste à côté.

- Vous savez...Il y a tellement de questions que je voulais vous poser au sujet de votre livre...Pourquoi un chien ? Pourquoi est-ce que vous avez écrit sur ce sujet ?

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w/ @Minkyu Bong  

Isla a toujours eu un peu du mal avec les codes sociaux et les diverses convenances. Sa gentillesse peut parfois paraître un peu déplacée, peut-être même un peu forcée. Ce n'est pourtant que rarement le cas, elle est naturellement ainsi. Même envers sa famille, ce n'est pas de la gentillesse, c'est de la soumission. Alors, sans trop y réfléchir sur le coup, elle propose à Minkyu de boire un café ou un thé chez elle. Après tout, ce sera l'occasion de le connaître un peu mieux, depuis le temps qu'il suit son travail... et puis, il y a un détail à son propos qui la titille un peu: un voisin et ami craque depuis quelque temps sur quelqu'un qui porte le même prénom que lui. C'est le seul qu'elle connaît, mais elle ne connaît rien d'autre de lui, ce sera l'occasion d'enquêter discrètement. Pas qu'elle soit spécialement curieuse de la vie sentimentale d'autrui, c'est plutôt à travers les livres qu'elle vit par procuration, mais elle apprécie réellement Virgil et veille sur lui, à sa manière. Elle fut donc heureuse qu'il accepte, pour toutes ces raisons.

« Les gens sont trop énervés en voiture, de toutes façons. » dit-elle quand elle apprend qu'ils ont en commun le fait de privilégier le bus. Les courses -enfin- terminées et rangées dans un petit filet en crochet réutilisable qu'elle s'était offert quelques années auparavant, ils se dirigèrent tous les deux vers le prochain arrêt de bus. Seattle a ça de bien qu'il n'y a finalement pas besoin de voiture pour se déplacer en ville: il y a des arrêts de bus quasiment partout. Pendant qu'ils attendent, Minkyu relance la conversation et sa question a le mérite de faire sourire Isla: parler de Birdie, c'est un peu comme parler de son bébé. « Quand j'étais petite, mon meilleur ami était le chien du propriétaire des écuries où je montais. Il s'appelait Jax. Quand j'étais là, il n'y avait pas à se demander où il était, c'était forcément avec moi. C'était un croisé terrier, tout blanc, avec juste une tâche sur le dos. Il était toujours en train de chercher une nouvelle bêtise à faire, trop vif pour les autres chiens qu'il fatiguait vite, il n'avait peur de rien et se mettait facilement en danger à cause de ça... il aboyait à qui voulait bien l'entendre, comme s'il essayait de faire la conversation. Son humain avait l'habitude de dire qu'il était trop bizarre pour ce monde, mais il en était complètement gaga.  Quand il est décédé, j'avais une quinzaine d'années. Je me suis promis de lui rendre hommage d'une manière ou d'une autre. » Monter à cheval, c'est quelque chose de courant dans sa famille et c'est une des rares choses pour lesquelles elle leur est reconnaissante. « Pour la neuroatypie... disons que j'ai vite compris que j'étais différente des autres et que j'allais avoir de la misère à m'adapter au monde. J'aurais aimé avoir une représentation à l'époque, un personnage qui me ressemblait... J'ai commencé à le dessiner quand j'étais adolescente et il ne m'a jamais quittée depuis. » Le bus interrompt son monologue en se garant devant eux. La petite blonde se décale sur le côté pour laisser passer les gens qui se bousculent un peu pour monter, toujours pressés, puis s'y engage à son tour. Ils ont la chance de trouver deux places assises sur le devant -les gens ont tendance à éviter de s'installer devant, allez savoir pourquoi. Elle laisse la fenêtre à Minkyu, afin de pouvoir appuyer sur le bouton d'arrêt lorsque ce sera nécessaire. « On en a pour une vingtaine de minutes si le bus fait tous les arrêts. » En attendant, elle avait le temps de répondre à d'autres questions, s'il en avait envie. Les gens étaient trop occupés à écouter leurs musiques où à scroller sur leur téléphone pour s'intéresser aux autres.

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w/  @Isla Kerr   

Parfois ne pas avoir de véhicule me manquait, surtout lorsque je devais monter dans un bus bondé. Je n'étais pas fan de la foule, préférant limiter le nombre de personne autour de moi. Ce n'était que de la paranoïa je le savais, mais je ne pouvais pas empêcher mon esprit d'imaginer que chaque paire d'yeux était posé sur moi. Que cela soit pour me juger ou me désirer. Des années à être malmené par mes camarades de classe avait développé cette sensation. J'essayais de prendre sur moi sinon je resterai enfermé dans mon studio et ne sortirai que pour aller nourrir les chats de gouttières. Le fait de vendre mon corps, ne devait pas aider non plus ce que je pensais de moi. Mais c'était la seule chose que j'avais trouvé qui payait bien, en plus du cachet que je recevais du propriétaire du bar dans lequel je chantais. Je savais que je pouvais trouver un autre job que celui de prostitué mais ma peur du regard des autres était aussi un frein dans une recherche d'un emploi plus sain. J'avais déjà été serveur à mon arrivée à Seattle et ça ne s'était pas très bien passé lorsqu'un client avait mis sa main sur mon cul. Je l'avais frappé mais mon ancien patron ne m’avait pas défendu, et pire encore m'avais licencié. Me complaisant dans le fait que j'étais vraiment un morceau de viande ambulant.

- C'est vrai, ils pestent souvent

Je me souvenais de mon père lorsqu'il conduisait et du nombre de fois où il avait râlé parce que le véhicule en face n'avançait pas. La patience n'avait jamais été sa vertu. Une expérience que je n'aurai pas tout de suite de mon côté. Virgil avait réussi à me convaincre d'obtenir mon permis mais avant il fallait que je trouve l'argent pour ça. Ce n'était pas gratuit. Alors en attendant, je devais prendre le bus. Ce qui n'était pas désagréable avec Isla à mes côtés. J'avais des tas de choses à lui demander sur son œuvre, un univers qui m'avais particulièrement touché. En attendant que notre moyen de transport arrive, j'avais donc lancé la conversation. Un sourire attendrissant s'était installé sur mes lèvres en l'entendant parler de son chien. Triste d'apprendre qu'il ne faisait plus partie de ce monde.

- Il avait l'air adorable ! Je suis sûr que là où il est, il est content que vous ayez pensé à lui

C'était en tous les cas ce que je pensais. Je n'étais pas forcément croyant, ma vie était assez merdique pour avoir foi en quoique ce soit, mais j'aimais croire qu'il y avait un après pour chaque être vivant. J'écoutais avec attention le reste de sa réponse, avant de voir le bus arriver. Laissant les gens pressés passés en premier, je payais un ticket - heureusement ce n'était pas trop cher - et m'asseyais sur le siège près de la fenêtre que Isla me laissait.

- Grâce à vous, je me suis senti moins seul en découvrant votre livre...J'ai toujours été un peu à la ramasse et je pensais que j'avais un problème...J'ai eu peu d'amis, et on va dire que le seul qui soit venu vers moi et bien...il a fini par s'éloigner aussi...Mon père n'a pas été non plus d'un grand soutien...

Avouais-je avec de la tristesse dans ma voix. J'aurai aimé être un enfant comme tous les autres, avoir des tas d'amis. Jouer au football, aux jeux-vidéos et courir après les filles. Mais rien de tout cela ne s'était produit.