Thunderstorm (Kleve)

L'orage. Il arrive. Il gronde, ce ciel menaçant et le premier éclair pourfend le ciel, mais le tonnerre est loin. Toi, tu l'entends. Quelques minutes avant, tu avais commencé à discuter avec Kleve, un homme que tu as connu depuis un petit moment dans le café où tu travailles. Tu l'as revu au Witness, ensuite. Le courant semble bien passer entre vous et les sourires se font assez nombreux jusqu'aux regards qui sont doux, mais ce n'est pas encore assez pour que tu puisses avoir un plus grand contact, même si ça s'approche. Tu n'as pas tes bouchons parce que tu es chez toi et que du coup, tu n'y pense pas directement. Même avec l'orage qui approche. Tu écris encore quelques minutes à tes contacts. Surtout ton meilleur ami afin qu'il sache que tu vas rejoindre quelqu'un à quelques numéros plus bas, juste au cas où il t'arrive quelque chose et qu'il doit te chercher quelque part, dans la "zone" sans lui avoir dit avec spécification le numéro de l'appartement afin de garder une petite vie privée à celui qui va t'accueillir. Tu sens ton coeur augmenter, le myocarde s'emballe jusqu'à limite te donner un petit peu le tournis et tu poses la main contre le mur pour inspirer quelques secondes et tu prends ton sac pour mettre le livre de dessins avec les doubles calques. Tu prends ton étuit plein de crayons et les accessoires pour le mettre dedans. Tu vas dans ton armoire pour prendre une barre que tu aimes manger, juste au cas où tu aurais vraiment faim et que tu ne peux pas manger ce qu'il a. Tu es prêt, maintenant ! Tu affiches un sourire nerveux dans le vide avant d'essuyer la main sur ton haut en geste de nervosité et tu quittes quand tu entends un autre grondement qui provoque la chair de poule sur tes bras. Tu n'aimes pas du tout les orages. Pas seulement pour le son qui t'agresse, mais aussi parce que ça te fait peur. Pas autant que les poulets vivants. Tu as des peurs idiots, pas vrai...? C'est ce que tu te répètes, même si c'est mal. Tu quittes ton appartement avec ton portable, tes clés et ton sac. Tu verrouilles bien avant de quitter, descendant les marches de la sortie et tu continues. Tu regardes même les numéros pour te repéter et quand tu vois 60 à 70, tu prends immédiatement cette porte avant de t'arrêter devant l'appartement de Kleve. L'anxiété monte et tes yeux noirs observent plusieurs secondes le numéro incrusté avant de fermer le poing et tu viens frapper. Tu as déjà une petite couleur sur les joues et tu n'es même pas encore en face de lui. Tu serres ton pantalon de ton autre main, nerveux. Mais aussi... Tu l'es parce que la température dehors va devenir plus impitoyable. Et puis... Tu le vois dans son intimité, ici. Pas dans le café où tu bosses, ni même au Witness où tu peux aussi croiser Kai. Tu attends, bougeant un peu un pied, sans le soulever. C'est l'enclenchement de la poignée de porte qui te fait manquer un battement et tu te mordille l'intérieur de la joue, attendant que la porte s'ouvre totalement pour afficher un petit, mais doux sourire.

Lorsqu'on était au chômage et en plus dépressif, les journées pouvaient paraître être longues et nous faire facilement basculer dans l'obscurité. Kleve avait donc décidé de s'occuper en faisant du tri dans son appartement. Il faut dire que depuis qu'il avait acheté cet endroit et que Calvin était venu le rejoindre, le jeune homme n'avait pas vraiment fait l'inventaire des choses à garder ou à jeter, qui ne servait à rien donc si ce n'était encombrer les quelques rangements qu'il avait. Mais le coeur n'y avait jamais été non plus en vérité depuis qu'il s'était retrouvé seul. Il se souvenait en revanche que tous les ans avec son petit ami ils se promettaient de faire du rangement mais avec leur boulot, ça ne se réalisait jamais en vérité. Kleve ne pouvait pas s'empêcher d'être nostalgique sur chaque objet qu'il trouvait, se rappelant comment par exemple ce canard sculpté en bois était arrivé sur l'étagère de leur chambre. Un soupir s'était échappé de ses lèvres tandis qu'il posait soigneusement la sculpture dans un carton avant de s'attaquer à la pile de livres qui trainaient dans un coin de la pièce. Kleve n'était pas un grand lecteur, c'était plutôt son compagnon et il aimait aussi l'art, essayant de convertir son amant là-dedans sans vraiment y parvenir. Il ne savait pas pourquoi son esprit avait pensé au barista du Serendipity. Au même moment son téléphone s'était mis à vibrer dans sa poche et il fût un peu surpris de voir l'homme qui occupait ses pensées actuellement lui envoyer pile un message. Peut-être que ce bouquin pourrait lui plaire plutôt que de le donner à il ne savait qui. Vu l'enthousiasme de sa réponse, Kleve avait vu juste. Son visage avait toutefois eu un air plus préoccupé lorsque le sujet était parti sur l'orage annoncé. Se rappelant que Chad avait des problèmes avec les bruits forts et les orages ne faisait pas exceptions. Il imaginait le jeune homme seul chez lui, avec ses bouchons dans les oreilles, recroquevillé dans un coin à attendre que cela passe. Cette vision lui faisait bizarrement mal au coeur alors avant même qu'il ne le réalise complètement, il avait proposé à Chad de lui tenir compagnie. Apprendre que ce dernier habitait près de chez lui l'avait même fait sourire légèrement sans réellement s'en rendre compte. Chad allait donc venir ici. Kleve regarda autour de lui, le bazar du rangement autour de lui. Entre les différents cartons, les trucs qu'il hésitait à jeter. L'ancien agent attrapa simplement le livre sur l'art et sortie de sa chambre en fermant derrière lui. Il n'y avait aucune raison que Chad y rentre de toute façon. Il poussa ensuite quelques affaires dans un coin, son linge sale dans la panière. Et voilà, c'était presque propre. Pile au moment où des coups sur la porte se faisait entendre. Kleve jeta un regard dans le miroir accroché à l'entrée qui n'avait pas vu un produit pour le laver depuis beaucoup trop de temps. Il passa une main dans ses cheveux mal coiffés et ouvrit la porte.

- Salut, entre je t'en prie

Il se poussa pour que Chad puisse entrer dans son humble demeure qui se composait d’une grande pièce à vivre avec une cuisine ouverte, d'une salle de bain, d'une chambre et d'un petit balcon. Rien de très extravagant quand on voyait la maison énorme de ses parents.

- J'imagine que les feux d'artifices ça ne doit pas non plus être très joyeux pour toi ?

Demanda-t-il après avoir refermé la porte et rejoint Chad. C'était étrange de se retrouver ici alors que jusqu'à présent, les deux hommes n'avaient fait que de se voir soit au café dans lequel il travaillait soit dans la boîte de Kai.

Tu n'as pas tellement de raisons d'être nerveux, mais tu l'es. Les nouvelles rencontres ont toujours ce don chez toi. Tu ne connais pas tellement ses intentions, ni comment il peut réagir dans certaines situations, mais tu lui laisse le bénéfice du doute. Il ne t'aurait sûrement pas invité chez lui pour t'aider durant un orage s'il en avait des mauvaises, pas vrai...? Ton anxiété sociale est montée, mais tu décides de faire confiance à Kleve après les conversations que vous avez tenu ensemble jusqu'ici. C'est suffisant pour te donner l'impression que c'est une bonne personne. Juste assez afin de te rapprocher un peu plus, sans que ce ne soit plus personnel. Lorsque tes billes onyx tombent sur l'homme, tu affiches un doux sourire, même si ton coeur martèle ta poitrine. Tu lui dit un tout petit "- Merci " quand il t'invite à entrer et tu glisses un peu sur tes pieds pour pénétrer dans la demeure de l'homme au chômage. D'ailleurs, tu ne le juge pas sur le sujet. Tout le monde vit sa vie différemment et s'il n'est pas prêt à trouver un emploi pour une quelconque raison : cela le regarde. Tu ne veux pas du tout le forcer à te le dire. Tu ne t'attarde pas vraiment sur ce qui t'entoures en terme de décoration parce que tu vis dans le même immeuble. Bon, toi tu as deux chambres et pas qu'une. Tu n'as jamais eu de luxe. Autant parce que tu n'as jamais eu de famille d'accueil riche, mais également parce que tu as "choisi" ce mode de vie simpliste. Faire de petites économies sympathiques et te laisser vivre dans une moyenne sans attirer l'attention.

Tu fais glisser ton sac de tes épaules afin de le déposer contre le mur, ne voulant pas le garder sur tes épaules. Kleve te pose une question concernant les feux d'artifices et tu lui gratifie un doux sourire. Tu apprécies qu'il semble s'intéresser à ton problème. "- Si tu parles au niveau du bruit... Je dois t'avouer que ce n'est pas agréable, en effet... Je ne peux pas tellement m'en approcher, sauf avec un casque qui coupe totalement le son comme ceux que l'on trouve dans l'armée. Sinon... J'aime bien les observer de loin. Ça ne m'empêche pas du tout d'observer leur beauté de loin et d'apprécier le spectacle." Tu plisses le nez en souriant, comme une petite grimace toute douce. Même si ça t'angoisse, il faut dire que ce n'est pas si étrange pour toi. Tu as accepté son aide et son invitation. Il faut bien commencer quelque part, selon toi, pour n'importe quelle relation. Quelle soit amicale ou d'une autre nature. "- Ça fait longtemps que tu es dans cet appartement ?" Quand il avait bien lancé que vous vous ne vous étiez pas croisés et que cela est bizarre. Pourtant... Tu viens d'apprendre que deux de tes meilleurs amis se connaissent et toi tu ne les a jamais croisé ensemble ou tu ne l'avais jamais su jusqu'à maintenant... Il suffit que d'un jeu de quelques secondes à chaque fois. Soudain, un tonnerre gronde et immédiatement ton regard change. Tu grimaces parce que ça fait vibrer tes oreilles. Un orage peut vite empirer. Il peut vite enchaîner les grondements s'il s'approche. Un éclair pourfend le ciel pour le prouver. Vif. Maintenant tu ouvres grands les yeux parce que tu comprends un problème avant que le tonnerre ne te fasse trembler : tes bouchons. Tu ne les a pas ! Comme une scène au ralenti, tu commences à entendre le bruit en crescendo et tu plaques tes mains contre tes oreilles. Tu penches la tête vers l'avant et tu tentes de te concentrer à ne pas l'entendre, même si ça ne fonctionne pas vraiment. "- J'suis idiot !" Que tu prononces tout bas. "- Dans la précipitation je n'ai pas pris mes bouchons..." Kleve sait que tu en portes parce qu'il t'a déjà posé la question en les ayant vu dans tes oreilles au café.

La vie de Chad ne devait pas être facile, avec tous les bruits qu'il pouvait y avoir dans ce monde. Plus ou moins fort. Il était obligé de les porter souvent et c'était d'ailleurs pour cette raison que Kleve avait été intrigué. Il l'avait interrogé au sujet de ces bouchons dans ces oreilles sans se douter que c'était si grave. Chad semblait plutôt être habitué lorsqu'il en parlait, même lorsqu'il avait répondu à la question du jeune homme sur les feux d'artifice. A vrai dire, ce dernier était d'accord. Ce n'était pas le bruit des explosions qui faisait le spectacle mais plutôt les couleurs et les différents mélanges. Calvin adorait ce genre de choses.

- Celui aussi pour les enfants je crois...Pour protéger leurs oreilles encore fragiles...Mais oui un feu d'artifice de loin est aussi très beau et plus agréable pour l’ouïe.

Cela faisait longtemps cela dit qu'il n'en avait pas vu un. Ce n'était pas non plus un évènement courant. Souvent c'était lors du nouvel an que ça se faisait ou dans des endroits spéciaux comme Disneyland par exemple. Ça ne lui manquait pas non plus ceci dit.

- Hum...Ça va faire 7 ans que je vis là

Déjà, que le temps passait vite. Mais c'était tout de même incroyable de n'avoir jamais croisé Chad ou alors aucun des deux n'avait fait attention. Même si Kleve avait passé plus de temps à enquêter que dans son appartement, il y avait tout de même passé son temps libre un peu, notamment lors de ses congés. Maintenant qu'il était au chômage, le jeune homme ne manquait pas de temps libre pour profiter de sa demeure. Un grondement se faisait entendre dehors, faisant lever le regard de Kleve vers la fenêtre du salon. On pouvait voir le ciel s'illuminer au loin à cause des éclairs. L'orage approchait à grand pas.

- Tu n'as pas pris tes bouchons ?

Il ne savait pas pourquoi il avait répété bêtement ce que venait de dire Chad. Surement parce qu'il était surpris que son invité ait pu omettre de les prendre alors que sa présence ici était en quelque sorte lié à son problème avec les grands bruits. Même s'il n'était plus un agent du FBI, son expérience acquise était toujours présente. Analyser et agir, c'était ce qu'on lui avait appris, même s’il avait souvent fait l'inverse plutôt. Toutefois, il ne pouvait pas rester planté là à regarder Chad souffrir sans rien faire. Kleve appuya sur le bouton pour faire baisser les volets électriques et alluma une petite lampe posée sur un meuble avant de s'approcher doucement de Chad qui avait les mains plaquées sur ses oreilles.

- Chad, regarde-moi...

Ordonna-t-il d'un ton doux mais ferme, posant ses mains doucement sur celle de Chad pour ne pas l'effrayer. Le jeune homme devait se focaliser sur autre chose que l'orage qui s'agitait férocement dehors. Ça n'allait pas durer très longtemps mais suffisamment pour lui faire du mal. Un léger sourire rassurant s'était affiché sur le visage de Kleve lorsque les deux orbes noirs avaient enfin décidé de le regarder. Ses yeux émeraudes ne quittant pas le plus jeune.

"- Exact... Même ceux pour enfant. Je dois dire que la beauté des feux d'artifice peut être spectaculaire. J'aime observer ce genre de chose, la nature aussi. C'est vraiment pour moi de l'art qui mérite qu'on s'y attarde. On peut tellement aimer de choses différentes dans ce domaine qu'on se rejoint tous d'une façon ou d'une autre." Tu souris, parce que l'art est un sujet de prédilection pour toi, mais tu comprends que ce n'est pas pour tout le monde. Tout comme le fait que tu es un vrai ver de bouquins, tu aimes fourrer le nez un peu partout dans les bouquins et suivre des aventures rocambolesques, dramatiques, romantiques ! Tu aimes te laisser transporter dans diverses univers. Sept ans. Toi, ça fait depuis que tu as quitté les Saunders, donc plus d'une dizaine d'années. Tu connais très bien le quartier et tu as tes habitudes depuis le temps. Les endroits où tu aimes davantage te promener que les autres. Vous vous êtes peut-être croisés, Kleve et toi, mais ne pas faire attention à l'autre quand on est dans notre propre bulle et passer rapidement en une fraction de seconde est fort possible. Tu ne crois pas que tu ne las jamais croisé, mais si rapidement et n'y prêtant aucune attention, oui, c'est possible.

Les choses changent rapidement. L'ambiance devient plus anxyogène lorsque l'orage prend plus de place. L'éclair émet le signal d'alarme pour que tes mains se plaquent sur tes oreilles. Te traitant d'idiot face à ton manque de jugement, tu entends la question de Kleve qui ne t'aide pas. Tu étais si anxieux de votre rencontre comme pour l'orage que tu as oublié quelque chose d'important : les bouchons. Cela arrivait à tout le monde d'oublier quelque chose d'essentiel comme les clés de sa voiture dans la voiture, non ? On venait à peine d'éteindre la voiture et on les laissait à l'intérieur. Ça arrive à tout le monde. Tu serres les mains contre tes oreilles et ton corps se met même à trembler. La peur te dévore le ventre, le mal te martèle la tête. La migraine va assurément te frapper après une épreuve comme celle-là. T'en es certain. Tu en fait trop souvent pour ne pas reconnaître les signes. Ta nuque devient très tendue tout comme les muscles trapéziques. Tu ne voulais pas montrer cette triste vision à Kleve aussi rapidement, mais il t'avait invité pour t'aider, non...? L'anxiété grimpe, sur ce côté. De gâcher un moment qui pouvait être plus beau. Le plus vieux s'était mis à fermer les volets et dieu sait que si la migraine se pointe, ce sera un point très positif de plonger l'appartement dans le noir le plus sombre possible. Malgré tes mains contre tes oreilles, tu l'entends te demander de le regarder et tu n'hésites pas à le faire. La fermeté t'oblige à obéir. Il y a un côté soumis de toi que tu n'as jamais battu. Les ordres, même faibles ou fermes sont souvent ceux qui te font obéir, parce que tu n'as pas la résistance d'y faire face. Tes orbes inquiètes s'élèvent donc vers les émeraudes de Kleve. L'homme avait posé ses mains contre tes poignets, jusqu'aux paumes qui prennent place sur les tiennes.

Si le contact physique avant été plus avancé, tu te serais mis à faire quelque chose de plus, mais tu ne peux pas. Soudain, un autre coup de tonnerre te fait sursauter et grimacer de douleur. Ne réfléchissant plus autant, tu fais un pas en avant et immédiatement, ton visage vient se cacher dans le cou du plus vieux, tes mains toujours sur tes oreilles. Comme si le coin de son cou pouvait te permettre de moins entendre, que son corps fasse office de barrage et tu trembles un peu contre lui. Ce n'est pas du tonnerre que tu as peur en soit. Ce n'est pas du phénomène météorologique, mais du bruit sourd que ça provoque, que ça fait vibrer tes tympans douloureusement. Tu t'es un peu pressé, sans te rendre compte que tu as peut-être percé sa bulle personnelle, mais tu n'y peux rien dans la peur qui te ronge, dans le mal qui te tambourine le corps, la tête. Tu as même une larme qui coule sur ta joue même s'il ne peut pas le voir. Ce sont dans ces genres de moments que tu te maudit intérieurement d'avoir ce problème, même s'il n'y a rien à faire. Il te suit depuis que tu es né. C'est congénital.

Le feux d'artifices pouvaient en effet être comparé à de l'art avec toutes les couleurs qui explosaient dans le ciel et se mélangeaient parfois. Sans compter la musique qui pouvait accompagner ce bel de lumières. Il était évident à présent que Chad ne pouvait qu'apprécier ce genre de choses. Il aimait l'art après tout, c'était bien pour cette raison que son esprit s'était dirigé vers lui lorsque Kleve avait trouvé un bouquin traitant de ce sujet. Le sms enthousiaste du barista l'avait d'ailleurs fait légèrement sourire. Il ne faudrait pas qu'il oublie de lui donner avant de se quitter.

- Il y a effectivement tellement de différentes forme d'art c'est vrai

Chad se serait probablement bien entendu avec Calvin, les imaginant sans peine à discuter d'art pendant des heures. Après peut-être qu'eux deux s'étaient déjà vu mais Kleve ne souvenait pas que son compagnon ait mentionné un jeune homme vivant juste à côté de leur immeuble. La vie était tellement étrange, faites de coïncidence sans qu'on s'y attende. Alors que les deux hommes discutaient tranquillement, l'orage s'était fait soudainement plus fort, les dieux faisant éclater leur colère. Kleve n'avait pas imaginé que Chad serait capable d'oublier ses bouchons d'oreilles, que c'était genre toujours sur lui, dans sa poche. Ce n'était manifestement pas le cas. Heureusement, l'ancien agent était formé pour agir dans n'importe quelle situation afin de ne pas envenimer les choses. Dialoguer, rassurer, calmer, c'était les 3 mots d'ordres pour tenter de raisonner quelqu'un. Ce n'était pas vraiment ce qui se passait actuellement, Chad était effrayé et replié sur lui-même à cause de son hypersensibilité aux bruits. Kleve ne pouvait pas le laisser ainsi et chercher à le rassurer, faire savoir qu'il n'était pas seul ici et que tout ira bien. Après avoir fermé les volets en se disant que cela ferait du bien d'être encore un peu dans l'obscurité lorsque l'orage se sera éloigné, le jeune homme s'était approché de son invité doucement, posant ses mains avec la même douceur pour ne pas lui faire peur mais pour faire savoir qu'il était là, près de lui. Kleve l'avait ensuite invité à le regarder plutôt que de se focaliser sur la météo. Gentiment, Chad avait suivi les ordres, ses yeux remplis d'inquiétudes croisant ceux calme de son hôte. Un autre coup de tonnerre éclata, le faisant légèrement sursauter aussi mais moins que le barista. Il ne s'était pas attendu à ce que ce dernier vienne contre lui. Kleve resta un instant les bras ballants, son cœur se mettant à battre frénétiquement dans sa poitrine.

- Ca va aller Chad...Ca va aller

Kleve avait l'habitude pour consoler, il l'avait fait de nombreuses fois avec sa petite sœur. Que cela soit à cause de ses peines de coeurs, de leurs parents ou d'autres choses. Il avait posé sa main à la base de la nuque du plus jeune, la caressant avec son pouce. Il se mit à chantonner l'air d'une chanson de Harry Styles, Sign of the times.

L'art, c'est subjectif pour tout le monde. Il y a en a tellement de formes différentes que tout le monde peut trouver son compote d'une façon ou d'une autre ! Quelqu'un qui dit ne pas aimer l'art tu n'y a jamais cru parce que la musique en est une forme. La danse, les films, les séries, la peinture le dessin et bien plus encore ! Il y a toujours une préférence quelque part, mais on ne peut pas tout détester. Tu souris parce que Kleve est d'accord avec toi, ce qui ravi bien tes oreilles. Tu aimes, lorsque quelqu'un respecte les passions de chacun, sans nécessairement être obligé de s'y intéresser. Kleve n'était pas obligé de te poser des questions sur ce sujet, ni même te demander quoi que ce soit concernant tes oreilles ou autre chose, au fond. Il a choisi de te poser ces questions et tu as choisi d'y répondre. Bien sûr que tu n'avais pas prévu d'oublier tes bouchons, ni même de te retrouver contre l'homme quand tu t'es senti paniqué si fort, intérieurement, que tu t'es pressé contre lui, les mains toujours bloquées sur tes oreilles. Tu tentes de couper le plus possible le son et chaque coup de tonnerre provoque un tremblement tout aussi fort que le précédent. Ton coeur commence à tambouriner dans ta tête qui menace aussi de te faire aml et donc de déclencher la migraine potentielle. Alors que tu es pressé contre lui, sa main se pose contre ta nuque et tu ne réagis pas à mal. Kleve n'est pas un total inconnu, ce qui aide forcément à ce que tu ne réagisses pas mal, puisque sinon tu n'aimes pas qu'on te touche. Tu as une forte réticence lorsqu'il s'agit d'inconnus. Puis, les choses semblent s'améliorer puisque tu tends aisément l'oreille, malgré tes mains et l'orage lorsqu'il se met à chanter et tu sembles reconnaître la chanson. Même si tu as les yeux fermés, ceux-ci semblent chercher à vouloir se tourner vers la source de la voix afin d'écouter. Tu sembles lentement te détendre un peu plus dans ses bras grâce à son contact, mais aussi grâce à la chanson qu'il fredonne. Tu n'es pas sûr de combien de temps l'orage est supposé perduré, mais tu espères qu'il sera bientôt terminé. Un autre coup s'espace avec le précédent, ce qui veut potentiellement dire qu'il s'éloigne, même si cela ne veut pas dire qu'il est terminé. Plus les coups se succèdent en intervalles reculées, plus tu sais que tu risques de moins en moins d'agression pour tes oreilles jusqu'au moment où tu finis par complètement te détendre dans les bras de Kleve. Les larmes ont cessées de couler, les tremblements ont arrêtés et tu te retrouves à souffler un peu. Tu as les jambes qui te soutiennent un peu difficilement, mais tu te tiens encore debout et tu finis par réaliser. Ton visage devient immédiatement rouge et tu te recules pour baisser les yeux. Tu viens doucement passer la paume contre son haut pour le replacer. "- Pardon..." Que tu souffles, honteux de n'avoir pu contrôler ta peur. "- Tu ne voulais sûrement pas que je te touche, surtout que tu n'étais pas préparé... Je... Je suis désolé..." Que tu émets en pinçant un peu tes lèvres. "- M...Mais merci... Pour la chanson... Elle m'a aidée.." Pour penser à autre chose, mais aussi parce qu'elle était beaucoup plus agréable qu'un coup de tonnerre ! Tu espères donc que ton propre comportement n'ait pas mis à mal ce que vous commenciez à bâtir. Enfin bâtir... Disons que vous avez une petite base de connaissance et tu l'apprécies assez pour lui permettre de te toucher afin de ne pas prendre les jambes à ton cou, donc... C'est assez pour toi. Pour te faire dire que tu peux l'approcher. Mais tu espères n'avoir rien gâché de tout ça.

Kleve espérait que l'orage n'allait pas s'attarder durant des heures par ici, ou tout du moins aussi proche. Voir Chad réagir ainsi n'était pas plaisant du tout même s'il n'avait rien contre le fait qu'il soit actuellement contre lui. Il ne s'était juste pas préparé à ce que son invitation prenne un tournant aussi intime, parce que le jeune homme avait oublié ses bouchons d'oreilles. L'ancien agent était tout de même un peu gêné, se demandant si ça ne dérangeait pas non plus son invité mais ce dernier n'avait pas eu de mauvaise réaction lorsqu'il l'avait doucement touché au niveau de la nuque pour l'apaiser. Ayant eu besoin de réconforter sa petite sœur, il avait appris pas mal de choses sur les endroits sensibles et aussi que la musique pouvait avoir un effet positif voir relaxant. Kleve n'avait pas trop une voix de casserole ça allait mais il avait préféré simplement chantonner. Dehors l'orage s'éloignait petit à petit, les coups de tonnerre s'espaçant de plus en plus. Il pouvait aussi sentir Chad moins crispé contre lui et finir par être complètement détendu. Il n'y avait plus de tremblements non plus. Rassuré de voir que le Barista allait mieux, il le laissa mettre fin à leur étreinte.

- Oh ne t'excuses pas. C'est vrai que je ne m'attendais pas à ce que tu te colles contre moi mais il n'y a pas de problème si ça a permis d'atténuer la douleur.

Kleve n'allait pas s'offenser pour un tel contact, après tout il avait des relations intimes avec des inconnus alors ce n'était pas une étreinte qui allait le mettre en colère. D'autant plus que Chad avait plus eu l'air d'être un enfant qu'un adulte à ce moment-là. C'était peut-être pour cette raison qu'il avait ressenti le besoin de le protéger.

- Je t'en prie ! Je ne suis pas un chanteur pro mais je m'en sors

Assura-t-il avec un léger sourire avant d'aider son interlocuteur à s'asseoir sur le canapé et d'aller dans la cuisine ouverte lui chercher un verre d'eau. Il n'y avait pas grand-chose dans son frigo en terme de boissons.

- Est-ce que tu as mal à la tête ? J'ai du paracétamol si besoin

Demanda-t-il en prenant place sur le canapé à son tour mais en gardant tout de même une distance entre eux deux. Si Chad s'était excusé pour son comportement tactile ça devait être parce que son côté il n'aimait pas forcément qu'on soit trop proche de lui.

Tu as trouvé réconfort dans les bras de l'aîné parce que tu te sens mieux ainsi, mais aussi parce qu'il te coupe un peu les sons, jusqu'à se mettre à chanter pour toi une chanson que tu connais. Il n'a pas besoin d'être Harry Styles lui-même pour que tu apprécies ce qu'il chante jusqu'aux dernières notes qui chatouillent ton oreille, alors que tu sais très bien que l'orage commence à se dissiper. C'est d'ailleurs lisible dans ton corps dès qu'il commence à s'estomper puisque tu t'arrêtes lentement quant à tes tremblements. Tu n'es pas un enfant qui a peur du noir. Les phobies sont propres à chacun et tu ne contrôles pas du tout la douleur dans tes oreilles, même si tu as oublié tes bouchons. Cela aurait eu le même résultat avec eux : tu te serais plié en deux de douleur en tenant tes oreilles. Tu es entraîné avec Kleve au canapé afin d'être assis et en fait tu ne résistes pas à l'attraction pour finalement te retrouver les fesses posées contre le canapé. Tu lèves les yeux vers lui pour voir qu'il te tend un verre d'eau et tu le portes tout de suite à tes lèvres afin d'en boire plusieurs gorgées. Tu soupires. Ça te fait vraiment du bien, jusqu'au moment où il te demande pour la migraine. Tu hoches lentement de la tête. "- C'est vrai que j'ai mal à la tête... Mais ce n'est pas encore catastrophique. Ça risque d'empirer au cours de la soirée.. Mais je veux bien du paracétamol, s'il te plaît...? Et le fait que tu aies plongé le plus possible l'appartement dans le noir aide déjà concernant la douleur à la tête." Tu souris doucement avant d'attendre qu'il revienne avec les cachets afin de les prendre sans demander ton reste. Tu tournes les yeux vers lui. "- Tu sais... J'étais gêné de m'approcher, parce que je ne voulais pas te brusquer en quoi que ce soit et je préférais te demander la permission avant quoi que ce soit... Mais le tonnerre m'a enlevé toute la notion.." Tu baisses un peu les yeux en affichant une légère teinte sur tes joues. "- Je n'aurai pas de problème pour te prendre contre moi à nouveau, sans le côté anxieux ou de peur. Je suis assez tactile avec les gens qui me sont proches. Moins avec ceux que je ne connais pas beaucoup parce que j'ai peur que ça ne leur plaise pas ou tout simplement que ce soit trop pour eux... Et je ne touche pas aux inconnus parce que là, c'est moi qui n'y parvient pas." Tu révèles sans le vouloir que toi, tu es incapable de coucher avec des inconnus, car si tu es incapable de les toucher alors clairement tu ne peux pas avoir plus que ça avec eux. Et puis, tu as peur de brusquer Kleve avec sa vie personnelle, de t'avancer sur un terrain glissant et qu'il te retourne pour te dire de ne plus jamais revenir. Tu n'en a pas envie. Tu veux respecter sa distance, si c'est ce qu'il veut. Tu as eu de mauvaises expériences, autrefois. Même qu'un homme que tu pensais connaître avait décidé de te forcer un peu la main, mais lorsque tu lui avais dit un non clair, tu avais reçu un coup ce qui t'avait surpris, mais aussi apeuré. Tu t'es réfugié à la course chez ton meilleur ami parce que tu étais dans le même quartier à ce moment là. Tu as peur de faire confiance aux gens et qu'ils révèlent un autre visage que tu as connu. Le contact physique vient avec la connexion, ce que tu ressens et tu sais qu'avec Kleve, tu n'aurais pas peur de lui donner au moins un câlin et même plus comme un baiser s'il le voulait. Le reste... Tu ne sais pas, parce que tu écoutes ton corps. S'il devient rigide, tu sais que c'est un non. S'il se détend, si tu commences à avoir chaud... Alors tu sais que c'est un oui.

Heureux de savoir que fermer les volets avaient été une bonne initiative pour empêcher Chad d’avoir une migraine encore plus atroce, un sourire plus large s’était affiché sur les lèvres de Kleve. Ce dernier ne savait pas vraiment à 100% le contre-coup du handicap de son invité même s’il avait regardé rapidement sur le net après avoir appris pourquoi il avait des bouchons dans ses oreilles durant son travail. Il y avait des jours où le café où il bossait était bien rempli et donc bruyant par extension. Pas étonnant que Chad se protège alors pour éviter de souffrir.

- Je vais te chercher ça

Laissant Chad se reposer tranquillement dans le canapé, il alla dans la salle de bain fouiller dans le placard sous le lavabo, poussant les antidépresseurs et les somnifères avant de trouver ce qu’il cherchait. Paracétamol en main, il retourna dans la pièce à vivre et donna un cachet au jeune homme. Il se demanda s’il avait toujours eu ce problème ou si c’était venu plus tard à cause d’un accident par exemple. C’était la première fois qu’il rencontrait une personne avec ce handicap. Chad avait ensuite expliqué la raison pour laquelle il s’était senti gêné. L’ancien agent ne voyait pas pourquoi il devait fournir une explication surtout que ça ne l’avait pas dérangé. Au contraire même, si cela avait permis à son invité de se sentir mieux ou en sécurité. Il comprenait cependant son interrogation, ils ne se connaissaient pas tant que cela en vérité et Kleve aurait pu ne pas se sentir à l’aise avec autant de proximité.

- Je comprends ta gêne, mais vraiment tu n’as pas à t’en faire.

Assura-t-il avec un léger sourire, s’autorisant à poser une main sur l’épaule de son interlocuteur. Ce dernier avait déclaré qu’il ne serait pas contre de le serrer contre lui mais Kleve ne savait pas vraiment comment il devait interpréter cela. Le fait étant que Chad avait plus de mal avec les inconnus ce qui était une bonne chose en soit, on ne savait pas vraiment sur qui on pouvait tomber.

- Tu peux me faire autant de câlins que tu le souhaites. Je n’en ai pas l’air comme ça mais j’aime bien ce genre de choses.

Rajouta-t-il en secouant légèrement la tête à la fin. Calvin s’était souvent moqué de lui à ce sujet, pas parce qu’il était câlin mais parce qu’il avait plus l’apparence d’un chien de garde qu’un ours en peluche. Mais le fait était que Kleve appréciait les gestes romantiques que cela soit un dîner en tête à tête ou se promener main dans la main dans un parc. Des choses qu’il n’avait plus fait depuis la disparition de son compagnon.

- Pour le reste, je pense qu’il est important de s’écouter et de ne pas se forcer. Si tu ne veux pas, tu ne veux pas. J’ai toujours trouvé ça dégueulasse de forcer quelqu’un.

Déclara-t-il en se rappelant le nombre de poings qu’il avait mit pour protéger sa petite sœur justement des sales types qui avaient visiblement un problème avec le mot « non » et sans oublier ses amis aussi lorsqu’à l’époque ils sortaient avec eux en boîte ou dans un bar pour un s’amuser. Cela lui semblait bien loin maintenant.

- Ah oui c’est vrai le livre !

S’exclama-t-il soudainement avant de se lever du canapé pour aller chercher le bouquin qu’il avait gardé pour Chad. Sachant que ce dernier appréciait l’art surement que ce livre lui parlerait plus. Revenant s’asseoir près de son invité, il regarda quelques secondes l’objet qui avait tout de même appartenu à Calvin. Un léger soupir s’échappa de ses lèvres et il lui tendit le bouquin.

- Tiens, ça sera peut-être moins du chinois pour toi...J’en ai peut-être d’autres mais je n’ai pas encore fini de faire le tri

Pas besoin de t'en faire...? Tu n'es pas certain de ne pas pouvoir t'en faire. C'est dans nature, après tout. Tu es d'une nature anxieuse et tu t'inquiète toujours plus pour les autres que pour toi-même. C'est un fait. Une habitude. Même dans ton état actuel après la crise pour tes oreilles, malgré le mal de tête qui a commencé, tu penses davantage à Kleve qu'à toi. Ton état est secondaire. Même que tu t'en fiche un peu. Il n'y a que lorsque la douleur devient vraiment insupportable que tu deviens très nerveux, que tout le reste autour de toi commence à s'effacer pour que tu puisses te concentrer sur ta personne. - Tu peux me faire autant de câlins que tu le souhaites. Je n’en ai pas l’air comme ça mais j’aime bien ce genre de choses. Tu affiches une petite rougeur sur tes pommettes sans pouvoir contrôler ce phénomène et tu baisses un peu les yeux. "- Je dois t'avouer que si tu me dis quelque chose comme ça je pourrais vraiment le faire... Je suis quelqu'un qui est assez tactile, en  temps normal une fois que la gêne a disparue... Je suis quelqu'un qui a un certain besoin de contact, sans que ce ne soit exagéré." Parce que tu as aussi des moments où tu as clairement besoin d'espace et de solitude. Tu aimes les gens avec qui tu as forgé de belles amitié, mais cela s'arrête là. Tu n'as jamais eu de chance au côté amoureux de la chose. Jamais. La dernière personne dont tu es tombé amoureux, c'était il y a 15 ans de ça et il t'a humilié, rejeté devant tout le monde qui était présent au lycée. Tu savais qu'il t'aimait comme toi tu l'aimais. C'était évident, mais jamais vous n'avez pu vivre quoi que ce soit. C'est à partir de ce jour là que tu es devenu méfiant envers l'être humain, les sentiments... Surtout ceux amoureux. Tu as peur qu'on te brise le coeur encore une fois. "- Parfois j'ai l'impression d'être un alien parmi les êtres humains. À préférer un mode isolé et inhumain remplit de dessins, comme de rêver de vieux romantisme perdu au travers des âges modernes..." Tu affiches un petit sourire triste avant de le regarder se soustraire à sa position assise pour aller chercher les cachets que tu prends sans discuter pour aider à calmer ton mal de tête. "- Ça m'est malheureusement arrivé, il n'y a pas si longtemps... Mais ce n'est pas une joyeuse discussion..." Que tu révèles en soupirant discrètement. - Ah oui c’est vrai le livre ! Tu l'observes se lever avec un petit sourire avant de réceptionner de tes doigts le livre qu'il vient te tendre afin de le parcourir des doigts de ton autre main, la couverture jusqu'à ouvrir lentement le bouquin pour visualiser. Tes yeux semblent alors scintiller légèrement. L'histoire de l'art. L'art... Ça t'a toujours bien fasciné. Tu as toujours adoré. "- Oh pour moi je peux t'assurer que ce n'est pas du chinois..." Surtout que tu planifies un jour - peut-être - d'aller à l'Université en Arts. Tu souris doucement en parcourant encore quelques lignes, deux autres images jusqu'à refermer gentiment pour le poser sur la table du salon devant avant de commettre une bêtise qui peut l'abimer. Tu te retournes vers Kleve et... Tu réfléchis. Tes orbes onyx le fixe, mais pas avec intensité. Tu n'es pas intrusif dans ton regard, mais doucement, tu finis par abandonner la résistance de tes pensées pour venir t'approcher. Tu oses, au risque qu'il te repousse et tu glisses tes bras autour de ses épaules cette fois. Tu te rapproches, déposant ta joue contre son épaule et tu fermes les yeux. Tu pourrais te coller davantage, mais tu as peur d'en faire trop. "- Merci..." Que tu murmures près de son oreille.

Kleve avait simplement haussé les épaules, réitérant le fait que ça ne le dérangeait pas. Ce n'était pas comme si un inconnu venait se frotter contre lui soudainement dans la rue. Certes il ne savait pas tout de Chad mais il espérait qu'ils avaient dépassés le stade de simples connaissances depuis le temps qu'ils se croisaient au travail du barista et dans le bar de Kai. Pas non plus au point d'être amis, pour l'instant, mais à ses yeux cela allait dans le bon sens. Puis après cette soirée où il n'y avait plus eu de limites de contact, une nouvelle étape avait été franchie en quelque sorte.

- Pas de souci, ne le fait juste pas quand je suis de dos je pourrais avoir de mauvais réflexe

Déclara-t-il avec un léger sourire. En tant qu'ancian angent du FBI, il avait gardé certains mécanismes de défense alors si Chad venait lui faire un câlin aussi discrètement qu'un chat il risquerait de se prendre un pain ou une clé de bras. Kleve ne souhaitait évidemment pas que cela arrive à son protégé du jour. Ce dernier souffrait déjà bien assez comme cela avec son propre problème.

- Si toi tu es un alien, je me demande bien ce que je pourrais être

Que Chad se rassure, il n'avait rien d'étrange. Kleve en avait vu des choses tout au long de sa carrière, du plus étrange au plus glauque et vraiment, à côté le barista c'était un ours en peluche. Si vivre dans les dessins le rendait plus heureux que de côtoyer l'espèce humaine, tant mieux pour lui. Le jeune homme ne faisait pas mieux de son côté en croisant des mecs pour leur taper dessus ensuite. Pas tous évidemment, certains passaient juste dans sa vie pour salir des draps.

Le jeune homme était ensuite allé chercher l'anti-douleur dans la salle de bain avant de revenir afin que son invité soit un peu soulagé. Il tenta de rassurer son interlocuteur sur son envie ou non de se rapprocher de quelqu'un. C'était son corps, il faisait ce qu'il voulait avec mais certaines personnes avaient tendance à oublier ça. Kleve avait froncé les sourcils en apprenant que Chad avait vécu cette expérience il n'y avait pas longtemps.

- Si tu veux en parler je suis là

Il ne pouvait pas y faire grand-chose à part aller péter la gueule à la personne qui avait osé lui faire du mal. En attendant, un sujet plus joyeux était à trouver et Kleve se rappela justement qu'il avait quelque chose à donner. Il s'était levé pour aller chercher le fameux bouquin. Les yeux de Chad s'était mis à briller en regardant les pages du livre, une preuve que c'était un domaine qui lui parlait. Kleve ne pouvait pas s'empêcher de le trouver vraiment trop mignon actuellement ainsi. Comme si une bulle s'était formée autour du barista, il n'avait pas envie de la briser même si une question lui brûlait les lèvres. Alors l'ancien agent s'était contenté de rester silencieux, attendant patiemment que son invité ait terminé. Ce dernier avait fini par reposer le livre sur la table, regardant ensuite Kleve comme si il réfléchissait à quelque chose. Puis le jeune homme s'était rapproché du plus vieux pour le serrer doucement dans ses bras. Cela faisait bien longtemps qu'on ne l'avait pas tenu de cette manière, à part sa petite sœur. Tout n'était brutalité ou sexualité dans sa vie dernièrement sinon. Et étrangement, cela faisait du bien de sentir un simple corps chaud contre lui en toute simplicité. Il avait senti sa gorge se serrer et ses yeux devenir larmoyants.

- Euh de rien...je suis content qu'il te plaise

Il ne savait pas vraiment quoi dire plus alors Kleve entoura à son tour son interlocuteur de ses bras après avoir essuyé les quelques larmes qui avait réussi à s'échapper.

- Pas de souci, ne le fait juste pas quand je suis de dos je pourrais avoir de mauvais réflexe. Tu hoches lentement la tête. Tu comprends donc que Kleve doit avoir de mauvaises expériences avec les surprises. Les gestes qui peuvent le surprendre. Tu notes intérieurement qu'il doit te voir directement si tu veux te rapprocher. Juste l'enserrer de tes bras. Toi, tu avoues intérieurement que tu serais du genre à te figer directement. - Si toi tu es un alien, je me demande bien ce que je pourrais être. Un petit rire discret s'échappe, sonnant un peu comme un soupire. Tu sens la tension dans ta tête, la pression que le mal de tête occasionne et tu remercies encore, intérieurement, Kleve d'avoir pensé à fermer les rideaux afin de permettre à la noirceur d'être maîtresse dans la pièce. Plus que la lumière. Que les sons soient plus bas, eux aussi. Cela te permet de retrouver le semblant de bien-être que ta tête veut bien te donner. L'antidouceur en mains, tu le prends avec l'eau. Ça fera effet d'ici une trentaine de minutes, maximum une heure. Cela ne réduira pas à néant le mal, tu le sais, mais ça va fortement t'aider à éviter de développer une migraine. La conversation a déviée sur quelque chose d'un peu moins glorieux, moins joyeux et Kleve t'assure que tu peux en parler si tu en ressens le besoin, mais tu secoues un peu la tête. Ce n'est pas une belle conversation à avoir en ce moment, n'est-ce pas...? Parler d'un homme qui t'a fait un oeil au beurre noir pour une semaine après lui avoir dit non... Ce n'est pas le genre de conversation qu'on s'attend à avoir dans une soirée comme celle-là. Non ? Peut-être autour d'un verre où le coeur désire s'ouvrir un peu plus et s'exprimer, retirer un poids de ses épaules et même encore. Se faire forcer la main n'est jamais une belle discussion. Tu t'en es sorti sans trop de dommages et heureusement tu étais dans le même quartier que ton meilleur ami donc tu t'étais réfugié chez lui. Tu ne sais pas trop ce que tu ferais sans Kai dans ta vie. Depuis la fin de ton adolescence jusqu'à aujourd'hui. Le livre fait scintillr ton regard. La beauté de l'Art te rend toujours heureux et admiratif. Tu es devenu prendre l'aîné contre toi avec douceur. Tu avais fait attention, procédant avec lenteur afin de lui permettre de reculer s'il ne le voulait pas. Heureusement, Kleve vient resserrer gentiment ses bras autour de toi et ta joue se pose contre son épaule, te laissant un peu bercer par sa chaleur. La chaleur humaine a toujours été quelque chose qui t'intéresse. T'interpelle. D'un côté très grand romantique, tu l'enfouis souvent très loin parce que tu ne trouves pas vraiment de gens de l'époque moderne pour accepter. Recevoir. Tout est souvent trop précipité. Les larmes coulent, chez Kleve. Tu ne le remarque pas, parce que tu n'es pas de face. Tu restes dans ses bras un petit moment avant de finir par oser te reculer et que tu les vois. Tu te souviens de ses mots et tu redresses la main pour qu'il puisse la voir et tu la rapproche de son visage avec lenteur. Ta paume s'y pose et ton pouce vient décrire le demi cercle sous sa paupière avec gentillesse. Chasse l'humidité restante tout comme tu recommences de l'autre côté. "- Pardonne moi si j'ai fais quelque chose qui t'a rendu mal, Kleve... Ce n'était vraiment pas dans mes intentions." Tu affiches un doux sourire avant de retirer ta main, de peur d'envahir de trop son espace personnel. "- Pour ce que ça vaut... Le contact me manque d'un sens, mais ton odeur aussi est agréable.. Mais si je suis trop entré dans ta bulle pour cette fois j'en suis vraiment désolé..." Tu as peur de le brusquer, de faire en sorte qu'il te montre la porte, même si c'est tout à fait dans ses droits de le faire. "- Est...Est-ce que tu voulais que je reste encore...?"

Entendre le rire, même discret, de Chad était en soi une petite victoire. Signe qu'il était plus détendu maintenant depuis la fin de l'orage même si, si en tendant l'oreille il était possible de l'entendre encore gronder au loin mais mieux valait ne pas le dire au phobique. En attendant, la priorité était de laisser son mal de crâne s'effacer. Kleve espérait que le médicament allait être efficace, il en avait d'autres plus forts bien sûr mais il ne voulait pas non plus assommer son invité. Puis ce dernier avait l'air d'aller plutôt bien en consultant le livre que l'ancien agent lui avait donné. Il ressemblait à un enfant découvrant son cadeau de Noël, une image touchante en quelque sorte. Kleve ne s'était pas attendu à recevoir un remerciement aussi chaleureux. Ce n'était pas déplaisant mais cela faisait ressortir en lui quelque chose qu'il n'avait pas ressenti depuis plusieurs mois, c'était si soudain et si étrange en même temps. Comme une caresse retrouvée. Impossible de contenir ses larmes, certaines avaient réussi à couler sur ses joues, heureusement Chad ne les voyaient pas. Il se serait senti gêné. Il ne savait même pas pourquoi lui-même il pleurait à vrai dire. C'était stupide. Lorsque le jeune homme s'était éloigné, il n'avait pas eu le temps de baisser la tête pour camoufler son visage, alors il ne pouvait que laisser faire son vis à vis lui toucher son visage, essuyant le reste de ses larmes. Kleve avait secoué la tête à ses paroles, vraiment ce n'était aucunement sa faute.

- Tu n'as rien fait de mal...

Avait-il déclaré d'une voix basse mais Chad continuait tout de même de s'excuser. Ce dernier évoquait son besoin de contact et qu'il appréciait l'odeur de l'ancien agent. Celui-ci ne savait pas vraiment quoi répondre à cela, la surprise avait d'ailleurs légèrement fait son apparition sur son visage.

- Oh et bien euh...ravi de sentir bon...haha

Cela faisait bien longtemps qu'il s'était senti gêné, c'était surtout la première fois qu'on disait un tel compliment. Enfin, c'était déjà arrivé évidemment après avoir pris une douche par exemple.

- Tu n'es pas allé trop loin c'est juste que...et bien...ça fait longtemps qu'on ne m'a pas serré ainsi dans ses bras...A part ma petite sœur mais c'est différent...

Expliqua-t-il avec un léger sourire, jouant nerveusement avec ses doigts à mesure qu'il se livrait un petit peu à son invité. Ce n'était pas dans ses habitudes, d'ordinaire avec les autres personnes qui n'étaient pas ses amis il ne faisait que coucher ensemble et c'était réglé. Pas de discussion personnelle, ce n'était pas l'objet de la rencontre.

- Pourquoi est-ce que je ne le voudrais pas...?

Demanda-t-il en réponse, sous entendant qu'il n'avait aucunement l'intention de chasse Chad de chez lui malgré l'orage terminé. Le jeune homme avait en quelque sorte un effet apaisant sur lui et ça faisait longtemps qu'il n'avait pas ressenti cela non plus, en dehors évidemment de ses combats clandestins qui le défoulaient à merveilles pendant un temps limité toutefois.

- Tu peux rester autant que tu veux...

Rajouta-t-il en posant sa main sur son avant-bras avant de se lever du canapé.

- Est-ce que tu as faim ? Je suis le roi des pâtes...du moins si j'ai pas perdu la main...

Il ne cuisinait plus vraiment depuis la disparition de Calvin, se nourrissant principalement de plat commandé ou dans un fastfood. La plupart du temps il n'avait même pas faim d'ailleurs mais il n'allait pas laisser son invité le ventre vide.
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Kleve tente de te rassurer en te disant que tu n'as rien fait de mal. Tu as peur de faire quelque chose de travers. Un rapprochement qu'il ne désire pas. Est-ce qu'il veut seulement quelque chose de plus qu'une simple amitié possible ? Tu n'en sais rien. Même toi, tu ne le sais pas. Ton esprit est tellement compliqué quant aux sentiments. Tu as peur de t'impliquer dans une nouvelle histoire alors qu'au fond, tu n'en a jamais vraiment eu une. Tu n'as jamais été en couple. Oh, tu as déjà été amoureux, mais ça s'est terminé en véritable catastrophe il y a une dizaine d'années, dans ta dernière année du lycée. Tu avais touché Kleve, surtout pour un câlin, mais aussi son visage afin de chasser avec douceur ses larmes. Tu ne pose aucune question afin de ne pas être indiscret et surtout... Par-dessus tout, tu ne le juge point. Tu n'as aucune question dans tes prunelles onyx. - Oh et bien euh...ravi de sentir bon...haha Tu affiches un air un peu gêné. "- Pardon, si ça sonne un peu drôle aux oreilles... Je suis sensible aux odeurs, donc je dois t'avouer que le parfum peut changer une perspective pour moi. Je voulais juste te faire un compliment qui est tout... Simple.. Mais je comprends que ça peut être étrange." Tu baisses un peu les yeux en jouant sur le bout de tes doigts ensemble. Tu es d'une nature gênée et tu peux comprendre que tu es bizarre. Surtout que tu es d'une nature introvertie d'abord. Tu comprends aisément qu'il n'est pas habitué. Tu es plutôt tactile comme personne, donc tu as du mal à ne pas toucher, même d'un câlin bien chaste quand tu es avec quelqu'un. Plus ton lien s'approfondit, plus tu te rapproches. Comme un aimant qui se rapproche de son opposé. - Pourquoi est-ce que je ne le voudrais pas...? Il y a ce léger haussement d'épaules. Parce qu'il a le droit de ne pas vouloir ? tu ne sais pas comment formuler tes mots alors que tu te redresses. - Tu peux rester autant que tu veux... Hm. Cette phrase te rends sceptique de longues secondes parce que tu ne veux pas empiéter sur son temps, surtout s'il a d'autres choses de prévues. Tu sens sa main se refermer gentiment sur ton bras et tu tentes un sourire dans sa direction, le regardant se lever. - Est-ce que tu as faim ? Je suis le roi des pâtes...du moins si j'ai pas perdu la main... Tu rigoles gentiment avant de te lever et tu te rapproches de quelques pas. "- Je serais ravi de goûter aux pâtes du Roi des pâtes. Je suis assez doué en cuisine, mais sans me prétendre au rang de chef. Si jamais tu as besoin d'aide n'hésite pas je serais ravi de pouvoir t'aider." Tu vas dans la cuisine afin de te laver les mains, juste au cas. D'une manière ou d'une autre, ce n'est jamais mauvais d'avoir les mains propres. "- Est-ce que ce ne sont que des pâtes ou tu comptes mettre de la viande ou des morceaux de protéines quelconques à l'intérieur ?" Tu es curieux, mais aussi pour savoir si tu dois déclarer ton allergie. S'il choisi une sorte de viande, ça ira.