Want some fire ? - Wolf

Want some fire ?

@Wolf W. Vogt  & Dorian Westbrook

Cela avait beau faire des années maintenant que Dorian voyait une psy ( et jadis un, mais qu'importe ), encore aujourd'hui il n'y allait pas de bon cœur. Forcément, des sujets moins plaisants étaient abordés pendant les séances, que ce soit en rapport avec son passé on ne peut plus merdique, ou bien avec ses tracas actuels. Normal. On n'y allait pas pour parler de toutes les choses qui allaient bien dans la vie ! Ce serait trop beau. Ça arrivait dans leurs discussions bien sûr aussi, puisque c'était des sujets importants dans sa vie. Tout le bonheur que lui apportait son histoire d'amour avec Kelsey, tout ce qui s'était passé en si peu de temps, tous les changements qu'il y eut dans sa vie si rapidement … Au final, il y avait beaucoup à dire, beaucoup plus que Dorian ne le pensait. Même s'il taisait un peu cet aspect-la, le fait que les aînés de son compagnon ne soient pas tous branchés à l'idée de leur relation qui allait très vite le travaillait tout de même un peu. Ça, et la question de comment gérer au quotidien à l'école ou ils travaillaient tous les deux. Quoique pour ce dernier point, ça n'était pas un secret entre Kelsey et lui.

Il ressorti du cabinet pour retrouver les rues plus fraîches de Seattle, non sans un petit soulagement. Une bonne chose de faite. Qui l'avait tendu, comme à chaque fois, grand anxieux devant l'éternel qu'il était. C'est la raison pour laquelle, à la sortie, il s'accorda son petit rituel, sa petite pause. A savoir sortir un paquet de cigarette de sa poche, un briquet, prendre une clope entre ses lèvres et l'allumer, avant d'en prendre une bouffée. Geste fait, et refait des milliers de fois, et qui comme à chaque fois, eut l'effet escompté.

Jadis, il fumait comme un pompier, comme on dit. Gamin stressé, angoissé pour rien, ce fut un moyen comme un autre de décompresser. Ça n'était pas aussi efficace qu'il aurait aimé, mais c'était mieux que rien. Cependant, avec le temps, et tout simplement à la naissance de ses jumeaux, il avait prit la décision de réduire. Petit à petit. Doucement. Dans le but un jour d'arrêter totalement. Ce fut long, compliqué, il eut des moments de rechute et de faiblesse parfois, mais à force de volonté, avait drastiquement réduit. A présent Dorian ne s'autorisait qu'une seule cigarette à la sortie de chez sa psy. Et le jour ou il arrêtera de consulter, arrêtera totalement. Mais pour le moment, il ne se sentait pas encore prêt à arrêter les consultations. Sans doute que ça viendra. Dorian ne perdait pas espoir, puisque maintenant, les séances étaient relativement espacées. C'est bon signe, non ? En attendant, il profita de ce petit moment, petit plaisir coupable il fallait le dire.

Du coin de l'oeil, Dorian capta que quelqu'un s'était approché de lui, le regard posé sur la clope qu'il avait en bouche. Il fronça un peu les sourcils, rabaissant la cigarette entre ses doigts avant de souffler la fumée devant lui, non sans quitter l'inconnu au look étrange des yeux. Quoique pour ce détail, il avait vu bien pire avec au moins son frère cadet … Il le désigna d'un geste du menton, se demandant ce qu'il lui voulait.

- C'est pour quoi ?

Il voulait sa photo le gus ? Du feu ? Un autographe ?

Want some fire ?

@Wolf W. Vogt  & Dorian Westbrook

Le soleil est pâle, voilé par un ciel nuageux, et tu sors du chalet en silence, prenant une grande bouffée d’air frais. La lumière du jour te heurte presque – après des jours passés à t’enfermer, cet éclat extérieur paraît irréel. Tu avances, les mains enfoncées dans les poches, cherchant tes cigarettes, mais rien. Juste un vide familier. Tout autour de toi est calme, tranquille, comme si le monde ne savait rien de ton propre chaos. C’est ironique, non ? Que la vie continue, qu’elle te paraisse si sereine, alors que ton univers à toi semble s’être effondré.

Klaus. Ce simple nom suffit à raviver la colère, une douleur que tu t’efforces d’enterrer depuis des jours. Tu pensais avoir tout donné pour lui, pour ton frère, pour Rhys, pour ce groupe. Le rêve qui vous portait tous, le projet de musique qui vous avait unis. Et puis, il y a eu elle. Celle que tu avais osé considérer comme de la famille, une partie essentielle de ce que tu avais construit. Et qui, d’un seul geste, d’un choix brutal, a failli te voler ton frère. Tu revois encore Klaus, pâle, sa vie suspendue par un fil à cause de cette mauvaise came. Et toi, sans réfléchir, tu t’es attaqué à elle, la rage éclatant comme un orage. Un acte que tu ne regrettes pas, même aujourd’hui. Pourtant, c’était le début de la fin, car elle est partie. Elle a emporté avec elle un fragment de ce qui faisait votre équilibre, et tu n’as plus jamais reparlé d’elle.

Mais voilà, tu viens d’apprendre que Klaus la revoit. Qu’il lui a pardonné.Comme si rien ne s’était passé, comme si cette trahison n’était qu’une anecdote dans vos vies. Pis encore, il a traîné Rhys avec lui, replongeant tête baissée dans ce passé brisé, dans ce chaos que tu t’efforçais d’oublier. Tu as explosé. Ton rêve commun, ta raison d’être, s’est effondré. Alors tu as décidé de mettre tout ça sur pause, de prendre du recul. De redéfinir qui tu es, qui vous êtes, et si cette vision vaut encore quelque chose. Depuis ce jour, tu t’es retiré. La musique est devenue une blessure ouverte, un idéal que tu n’oses plus approcher sans ressentir une amertume insupportable. Et puis, le reste a suivi. Les médicaments que tu as arrêtés, cette spirale de colère et de dégoût de toi-même, l’overdose… qui t’a ramené ici, dans le chalet de Marshall. Ce dernier refuge, une distance imposée entre toi et tes propres ténèbres. Tu marches, errant presque, les pensées tourbillonnant en toi. Et là, devant toi, un homme fume. C’est comme un signe, une façon de faire taire ce vide un instant. Tu t’approches, hésitant, et il tourne la tête, te regardant. Il faut êtreun imbécile pour ne pas voir qu'il est prudent. Après tout tu n’as pas une apparence typique. "- T’aurais une clope ? Et du feu... J'ai oublié les miennes comme un con."

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@Wolf W. Vogt  & Dorian Westbrook

Dorian regarda le type de haut en bas. Un drôle de gus lui aussi visiblement. Et ça n'était pas que pour son style, mais aussi sa tête. Il avait l'air malade ou en tout cas pas bien dans ses baskets. C'était quoi, le clochard du quartier qui sortait des bas-fonds pour se mêler un peu aux vivants ? Etrange personnage, mais bon, qui était-il pour juger ! Et le type voulait bel et bien quelque chose. Soit une clope, et du feu. Dorian haussa un peu les sourcils à son histoire d'avoir oublié les siennes, l'air de dire « ah ouais c'est con hein, triste monde! »

- Une clope, du feu, et quoi d'autre ?

Demanda t-il un peu platement. Pas spécialement perturbé par le tutoiement utilisé par l'inconnu. Ça va il ne l'avait pas non plus agressé. Enfin il disait ça, mais il n'avait pas rencontré beaucoup de fumeur qui laisserait un camarade dans la mouise de la sorte. Du moins ça n'était pas son cas. C'est pourquoi, malgré ce que ses mots pouvaient laisser penser, il ne réfléchit pas à la question de savoir s'il allait dépanner ce pauvre type ou pas. Dorian releva sa cigarette et la cala entre ses lèvres pour avoir libre accès à ses poches, cherchant le paquet qu'il avait en main il y a peu encore. L'ouvrit et en sorti une à moitié et tendit le paquet vers l'inconnu pour qu'il puisse piocher la clope qu'il lui proposait. Quand il l'eut, Dorian rangea le paquet et sorti ensuite son briquet, qu'il présenta à son tour.

- Tiens. Pas besoin que je te l'allume non plus je pense.

C'était une petite blague, calmez-vous. Ceci fait, il retourna à son activité principale, soit se griller la sienne. Tout de même, pour le peu à présent qu'il fumait, laissez-le en profiter. Ça ne l'empêcha pas de jeter un autre coup d'oeil au type qui allumait à son tour sa propre cigarette.

- Est ce que ça va ? Je veux dire, tu as une drôle de tête …

Fit Dorian en désignant la tête du type d'un geste de sa propre tête. Il est sûr que Dorian ne connaissait pas ce mec, ni même sa tronche habituelle. Mais n'allez pas lui dire que l'expression qu'il se tirait et son teint était celui d'un type normal, saint de corps et d'esprit ! A d'autres ! Ceci étant, il n'allait pas non plus prendre en pitié l'autre homme. Pas son genre.

Want some fire ?

@Wolf W. Vogt  & Dorian Westbrook

Tu attrapes la clope que Dorian te tend, notant l'air désinvolte avec lequel il te jauge. Sa petite pique à propos de l'allumage ne t'arrache qu'un sourire en coin ; au moins, il a de l'humour. Tu t’allumes la cigarette en silence, le premier souffle de nicotine brûlant un peu ta gorge, réveillant quelque chose d'enfoui, comme un écho de tous ces jours passés à lutter contre toi-même.

Puis, à sa question, tu lèves un sourcil. ''- Si ça va ? '' Tu hausses les épaules, rejetant la fumée en un long soupir. La réponse est trop complexe, même pour toi, et tu n’as pas l’énergie de tout déballer à un inconnu, aussi bienveillant soit-il. ''- Disons que j’ai connu des jours meilleurs. Et toi ? Tu sembles aussi pas mal sur les nerfs pour un mec qui fume en pleine nature. '' Un sourire, léger, traverse ton visage, comme pour alléger l'atmosphère. Après tout, Dorian t’a aidé, même sans te connaître. Ça t’étonne de te sentir reconnaissant, mais c’est là, juste au bord de tes pensées.

L’inconnu continue de te fixer, une lueur d’interrogation dans le regard, comme s’il essayait de te déchiffrer sans vouloir trop en montrer. Peut-être est-ce ta silhouette fatiguée, tes traits un peu tirés, ou cette aura d’homme qui a traversé quelques tempêtes récemment. Peut-être est-ce aussi ce style qui détonne, entre ombre et rébellion, qui intrigue sans vraiment rassurer. En silence, il t'observe, jauge la situation, sans doute pour déterminer s'il y a du danger ou simplement de la mélancolie. Ce silence pourrait être pesant, mais tu le romps, laissant quelques mots franchir tes lèvres avant même d’avoir pris le temps d’y penser. ''- J’essaie juste de me changer les idées, de… reprendre un peu de contrôle, tu vois. Y’a des jours où c’est plus facile de tout lâcher, de tout oublier. Et d’autres où même la clope ne fait rien. '' Les mots tombent entre vous comme une confession discrète, portée par la fumée que tu exhalais, éphémère et insaisissable.

Tu ressens soudain la morsure de l'air glacé en inspirant, mélangé à cette pointe amère de nicotine qui s’insinue jusque dans tes poumons. Un frisson te parcourt, te ramenant à l'instant présent, à ce point d’équilibre fragile où tu te tiens. Ta voix se fait plus basse, presque un murmure, comme si tu t’adressais autant à toi-même qu’à lui : ''- Je pensais pas avoir besoin d’aide aujourd’hui, mais merci pour ça. '' Les mots sont sincères, et même si l’inconnu ne semble pas totalement comprendre la profondeur de cette gratitude, tu t'en fiche. Ce simple geste - une cigarette tendue - a suffi à écarter les ombres, même si ce n’est que pour un bref instant.