La journée, je suis le docteur Bradshaw, médecin, chirurgien cardiaque. Le soir, la nuit, je suis un homme, comme un autre. Un peu solitaire sur les bords, mais ça, c’est un peu de ma faute. Lorsque j’ai perdu ma femme et mon fils, j’ai eu une phase un peu difficile, que l’on peut comprendre facilement, mais c’est du passé. Cela fait maintenant deux ans que je vis seul, à Seattle, dans un appartement deux fois trop grand, mais plus pour très longtemps. Quoique, je suis en cours pour acheter un autre appartement, mais il sera un peu plus petit, mais pas beaucoup moins. J’aime les grands espaces, même si je suis voué à être définitivement seul. Je sais que je veux changer. Changer d’appartement, et faire des changements dans ma vie privée. Depuis quelque temps, j’ai réalisé que ce que j’aimais, n'étais pas forcément ce que je croyais. Je parle de ma sexualité. J’ai toujours cru que seul le corps des femmes serait ce qui me plaisait, et même si j'avais laissé un homme, posé ses lèvres sur moi, et que j’ai aimé, j’ai toujours fermé les yeux sur certains de mes désirs. Après tout, en attendant de moi, que je me marie avec Phoebe, la femme qui m’étais destiné, choisit par mon grand-père, et que j’ai des enfants. Je ne vais pas mentir, j’ai aimé Phoebe, je l’aime encore, mais mes sentiments ne sont plus les mêmes désormais. Sa disparition, celle de mon fils, m'ont affecté, m’ont changé. Peut-être que s’ils étaient encore là, je ne serais pas dans ce bar, à la recherche d’un homme pour la soirée. Il y a de fortes chances que mon désir soit encore caché, que j’aurais freiné mes vrais désirs. Car depuis quelque temps, j’ai réalisé que ce n’est plus le corps de femme qui me plaît, mais celui des hommes. Ça a peut-être toujours été plus ou moins ainsi, mais je n’ai pas envie de me poser des questions.

Par contre, désormais, je m’en pose. J’ai passé la nuit avec un jeune homme, et même si l’alcool était là, cela m’a ouvert les yeux. J’ai même récidivé avec cet homme et je ne peux pas le nier, j’aime les hommes. Mais le vivre aux grands jours, passés du mec hétéro à l’homosexuel, suis-je prêt ? Je n’ai pas envie de vivre caché, mais tant que je n’ai personne dans ma vie, je ne vois pas pourquoi je devrais en parler. Et puis, à qui devrais je le dire ? Mon grand-père ? Ce dernier me fiche la paix, j’ai fait mon devoir envers lui, malheureusement la vie n’a pas était avec moi, donc je ne lui ai pas donné de descendance. Et s’il espère en avoir à nouveau, je ne suis pas prêt pour ça. De toute façon, j’ai l’impression d’être un adolescent qui vit sa période de rébellion avec de nombreuses années de retard.

Je dis ça, car jamais je n’ai été dans ce genre de discothèque. J’ai fréquenté quelques discothèques avec mes frères quand j’étais à peine majeur, mais j’étais le genre d’homme à me consacrer à mes études plutôt qu'à aller m’amuser. Mais maintenant, je passe mes week-ends à sortir. Parfois, je ne peux pas, à cause du boulot, des interventions chirurgicales non prévues, mais nous sommes ce soir, je ne suis pas de garde. Ce qui veut dire, que je peux sortir m’amuser et passer la nuit comme je veux et avec qui je veux.

Nous sommes samedi soir, à la discothèque The Witness. Je ne sais pas si je dois me dire bisexuel, homosexuel ou pansexuel… Mais peu importe, j’appartiens à la communauté LGBGQIA+ et ce soir, je franchis une étape. Venir dans ce genre d’endroit ne me choque pas, au contraire. Quelque part, je me dis que l’on ne me jugera pas si j’approche un homme. Pas comme au travail, car l’homme avec qui j’ai eu une aventure, qui m’a ouvert les yeux, il travail à l'hôpital et j’avoue que j’aime le regarder quand on se croise, il est le genre d’homme qui me plaît, mais je me dois d’être discret. Je ne suis pas encore à l’aise à l’idée qu’on me colle une étiquette. Peut-être que je pourrais en discuter avec mon frère, qui a fait son coming out il y a bien longtemps. Mais je ne sais pas comment il pourrait réagir.

En-tout-cas, ce soir, je suis là, seul, pour m’amuser. Je laisse toutes mes questions, mes doutes en suspens. Je suis venu pour me changer les idées et je compte bien en profiter. Bon ok, je ne suis pas le “pro” de la drague et je me demande si réellement, je suis fait pour ça. Mais je le saurais qu’en essayant. Vêtu assez simplement, je porte un jean noir assez moulant, assortis d’un T-shirt à manche cours, gris chiné dont un occasion rock'n'roll trône sur le milieu, quelque peu cacher par ma veste en cuir. Converse aux pieds, j’ai laissé la tenue du docteur coincé au placard.

Ma voiture, une Chevrolet Camaro noir, garé à quelques pas de la discothèque, j’arrive à pied à l’entrée de la discothèque. Les clés, portefeuille et portable en poche, je remarque quelque regard qui se pose sur moi. Ai-je l’air idiot ou trop vieux pour ce genre de lieux ? Où est-ce que je leur plais ? J’ai encore du mal à définir ce que signifient ses regards, mais je ne cherche pas à comprendre, et j’entre. Je dépose ma veste au vestiaire en échange d’un ticket, et je me faufile assez vite à l’intérieur de la discothèque. La musique est excellente, j’observe quelques instants autour de moi. Il y a du monde, ça danse et j’avoue que ce type de danse me donne vite chaud. Ici, les gens ne semblent pas se prendre la tête et c’est agréable. Homme, femme ou autres, il n’y a pas de jugement, tous s’amusent, se tortille aux sons de la musique. Je ne cherche pas spécialement quelqu’un dans l'immédiat, mais mon regard ne loupe pas de regarder ce qui se trémousse autour de moi.

Je ne vais quand même pas rester là, planté proche de l’entrée, à regarder ? Non, je veux moi aussi m’amuser, danser, boire un verre sans me prendre la tête. C’est pourquoi, la première chose que je fais, c’est me diriger vers le bar. Après tout, une bière pourrait m’aider à me détendre un peu plus. Je ne suis pas un mec coincé, mais j’ai besoin d’un peu d’aide pour me mettre totalement dans l’ambiance.

Pas parce que l’amour manquait, pas parce que vous aviez cessé de vous aimer, mais parce que tu n’avais plus le choix. La maladie a tout changé. Elle a grignoté doucement ta vie, ton corps, et petit à petit, elle a envahi l’espace entre vous. Il y a eu un moment où tu as su, où c’était devenu clair : tu ne pouvais pas le laisser rester. Tu ne pouvais pas être celui qui l’empêcherait de vivre, d’avancer, de saisir toutes les opportunités qui s’offraient à lui.Alors tu as pris cette décision. La plus difficile de ta vie. Rompre, pour lui donner la liberté. Le laisser partir pour qu’il puisse vivre pleinement, sans la lourdeur de ton fardeau. Ça t’a déchiré, plus que tu ne l’avais imaginé. Mais c’était nécessaire. Du moins, c’est ce que tu t’es répété, encore et encore, jusqu’à ce que la douleur devienne plus supportable.

Ce soir de fin septembre, tu es là, derrière le comptoir du bar, les mains occupées à essuyer des verres, à ranger des bouteilles, à effectuer des gestes machinalement. Le travail te garde ancré, il te maintient à flot, mais au fond, tu sais que c’est une distraction temporaire. Tout ce que tu fais en ce moment, c’est pour ne pas te laisser submerger. Parce que la rupture est encore fraîche. Un mois à peine. Un mois à essayer de recoller les morceaux de ton cœur en silence, sans faire de bruit, comme si tu pouvais éviter de déranger le monde avec ta douleur.

Il n’était pas le premier avec qui tu avais été en couple, mais il était le premier que tu avais vraiment aimé. Tu ne pensais pas que ça te frapperait aussi fort. Avec lui, c’était différent. Il t’avait offert quelque chose que tu n’avais jamais connu avant : de l’amour sincère, sans jeux de pouvoir, sans violence déguisée sous les traits d’une passion destructrice. Avant lui, tu avais déjà vécu une relation abusive, quelque chose qui t’avait marqué au fer rouge. Tu t'étais juré de ne jamais retomber dans ce piège, de ne jamais laisser quelqu'un te manipuler à ce point. Alors, quand il est arrivé, avec sa douceur et sa bienveillance, tu t’es laissé aller. Tu as ouvert ton cœur sans retenue, convaincu que cette fois-ci, c’était différent.

Mais, même les plus belles histoires ont une fin. Et maintenant, tout ce que tu as, c’est ce vide immense qui te hante. Il te manque. Chaque jour, chaque heure. Mais tu sais aussi qu’il y a une partie de toi qui ne veut pas l’oublier. Tu refuses de le gommer de ton esprit, parce que malgré la douleur de la rupture, tu veux chérir ces souvenirs. Il a été important, il a compté, et il comptera toujours. Tu le sais. Tu ne l’oublieras jamais, et peut-être qu’au fond, tu ne le veux pas vraiment.

Ce soir, le bar est calme. Tu travailles jusqu’à minuit, mais ce n’est pas toi qui feras la fermeture. Tu es reconnaissant de pouvoir rentrer un peu plus tôt, de ne pas devoir affronter la solitude des rues désertes une fois tout le monde parti. Pas ce soir. Tu as besoin de calme, de répit. Ton esprit s’échappe souvent, malgré tes efforts pour le garder ancré au présent. Parfois, tu vrilles. La douleur remonte sans prévenir, un souvenir surgit, un moment heureux qui se retourne contre toi et devient une lame tranchante. Mais tu restes humain, malgré tout. Avec tes faiblesses, tes doutes, ta tristesse. Tu fais de ton mieux pour tenir.

Tu lèves les yeux, et là, devant toi, un homme. Ses yeux d’un bleu vif t'accrochent immédiatement. Il est charmant, plutôt bien habillé, le genre de mec qui attire les regards sans même s’en rendre compte. Pendant une seconde, tu te sens un peu désorienté. Tu te surprends à lui sourire, un réflexe que tu n’as même pas contrôlé. Peut-être que, sans t’en rendre compte, tu as besoin de ce petit contact humain, aussi minime soit-il.

" Qu’est-ce que je peux te servir ? " lui demandes-tu, la voix posée, mais avec une légère curiosité dans le ton.

Quand j’ai franchi la porte de ce bar, je me suis demandé si j’allais être à l’aise, ou si j’aurais peur du regard des autres. En général, je ne suis pas inquiet pour mon image et je suis en accord avec mes sentiments, mes émotions. Mais depuis peu, tout se bouscule dans ma tête. Mais j’ai bien compris en entrant dans ce bar, que j’assume complètement ce qui me fait vibrer. Je n’irais pas crier sur les toits que j’ai des désirs pour le genre masculin, car j’aime qu’on respecte ma vie privée, mais je sais que je n’aurais pas de mal à en parler si cela venait d'être abordé. Si c’était un membre de ma famille qui venait de me poser la question, effectivement, j’aurais besoin de fournir des explications, car on m’a connu qu’avec des femmes, et même si mon mariage était arrangé, le fait qu’un enfant était prévu, prouve que je n’avais pas de difficulté avec le corps féminin. Et en même temps, jamais dans la famille, on ne m’a pas parlé de sexualité, même entre frères, le sujet n’a jamais été abordé. Si on a parlé de mariage, la vie intime a toujours été tabou, du moins, on peut parler de tabou, mais ce n’est pas vraiment le cas. On respecte juste la vie de chacun, sans chercher vraiment d’explication. Et je pense que c’est aussi le cas pour moi.
 
Mais si on me croise ce soir, je pense qu’on viendrait de comprendre bien des choses. Et pourtant, je n’en ai pas honte. J’ai passé l’âge de me rendre gênée et de me prendre la tête pour si peu. J’aime les hommes et il n’y a rien de mal. Donc peu importe l’avis des autres, tant que moi, je sais ce que je veux, c’est le principal.

Et ce soir, je crois avoir rencontré un homme qui me plaît. Physiquement, il est ultra sexy, et je passe quelques secondes, minute à le regarder travailler. Car c’est le serveur de ce bar, et même si c’est peut-être un peu cliché de draguer le serveur, je n’ai aucun souci avec ça. Il capte mon regard, je le vois venir vers moi avec un magnifique sourire. Sans doute un sourire qu’il a pour n’importe quel client de ce bar, mais je ne me vexe pas, car il ne sait pas que j’étais en train de le maté et je n’ai pas fini. Je ne vais pas me priver, je ne fais rien de mal, sauf si cela le dérange. Je pense que si c’est le cas, il va vite me faire comprendre que ça pose un problème, du moins, j’imagine que les clients dans mon genre, un peu dragueur, au regard insistant, ça doit être courant.

À sa question, je n’hésite pas pour sourire et répondre. J’avoue que je ne suis pas difficile en boisson, il y a peu de chose que je n’aime pas, même si certain alcool ne fait pas partie de mes habitudes, je m’adapte à tous les lieux et selon les choix possibles. Cependant, j’ai une petite idée en tête...

- “Un cocktail, c’est possible ? Sex and the Beach, c’est possible ?”

J’avoue que j’ai choisi celui-là juste parce que le nom est assez évocateur, mais il faut y comprendre sa subtilité.

- “Je ne suis sans doute pas le premier et dernier à te le proposer, mais si ça te dit de te joindre à moi, c’est avec plaisir !”

Bon ok, j’y vais direct, mais je n’ai pas besoin de regarder autour de moi, quand on a une perle devant soi, c’est idiot de fermer les yeux.

- “Moi, c’est Harry !”

Je sais que ce n’est peut-être pas courant ou à l’inverse, trop banal, mais je n’ai pas l’habitude de draguer et je suis peut-être trop maladroit, ou je fais dans le cliché sans le savoir. En-tout-cas, je lui tends la main, pour me présenter.

Mon regard azur ne le quitte pas, de toute façon, il a captivé mon attention et je n’ai pas envie de regarder ailleurs. Je me doute qu’il ait souvent des clients dragueurs qui ont fait le même genre de proposition, mais je ne cherche pas à me fondre dans la norme. J’agis naturellement et à vrai dire, et je ne compte pas laisser filer l’éventuelle opportunité de passé un moment avec lui. Après, je n’ai pas forcément d’attente, mais disons que je ne suis fermé à aucune objection. D’ailleurs, quand il prend la parole et me pose directement la question, je ne peux m’empêcher de sourire. Il n’a pas peur de ma réponse et ça me plaît. Après tout, je suis resté vague et je comprends qu’il veut savoir exactement ce qu’on veut de lui. Mais suis-je en droit de vouloir plus qu’un verre avec lui ? Je ne suis peut-être pas son genre. Il ne cherche peut-être rien et je passe pour un client un peu lourd. Mais franchement, je n’ai pas honte de moi et je réponds rapidement.

- “Tout est possible, c’est selon tes envies. Mais pourquoi ne pas commencer avec un verre ? Le reste, n’est pas impossible pour ma part.”

Je n’ai aucune difficulté à retenir son prénom et surnom que je trouve jolie et qui lui vont bien.

- “Enchanté Cassie. Oui, c’est la première fois que je viens ici, mais je ne regrette pas d’être venu. Même si ma soirée ne fait que commencer. Si l’envie te dit, je peux attendre la fin de ton service.”

Il ne faut pas croire, mais si je propose cela, c’est que je n’ai pas l’intention de partir d’ici sans avoir potentiellement passé un moment avec lui. Et je n’ai pas envie d’attendre quelqu’un d’autre. Je suis quelqu’un d’assez têtu et quand je veux quelque chose, je sais me montrer têtu. Bien sûr, je suis quelqu’un de respectueux et si Cassie ne veut que prendre un verre, il n’y aura pas d’ambiguïté, je n’ai pas l’intention de le forcer à quoi que ce soit. Je préfère largement qu’on vienne à moi que de forcer quelqu’un. Je n’ai jamais aimé ce genre de chose et je ne vais pas commencer maintenant. Même si je suis attiré par les hommes que depuis un court moment, j’ai reçus une éducation qui fait partie de moi et je ne changerais pas, même si on le voulait.

- “Tu finis dans combien de temps ?”

Je crois que même s’il me dit qu’il termine dans 5 heures, j’ai envie de l’attendre. Peut-être que ça pourrait décourager plus d’un, d’attendre ainsi quelqu’un, mais pas moi. Je suis quelqu’un de patient et c’est important dans mon métier. Mais là, l’attirance que je ressens envers ce jeune homme me donne envie de voir ce que ça donne. Je n’ai jamais ressenti ce genre de chose, surtout aussi vite et aussi intensément, alors que je ne connais que son prénom.  

Que ce soit la musique diffusée dans le bar, ou la présence d’autre client, il n’y en a qu’un qui a su captiver mon attention. Je cumule peut-être les aventures d’un soir depuis quelque temps et je ne cherche pas forcément plus, car je suis quelqu’un d’instinctif et je ne me projette pas aussi vite. Depuis la perte de ma femme, j’ai appris à aimer cette liberté même si parfois la solitude me pèse bien plus que ce que j’aurais cru. Mais ce soir, je ne suis pas là pour faire de grands projets, je ne ferme pas les possibilités d’une rencontre plus importante, qui pourrait avoir un impact dans ma vie, qui bouleverserait mon quotidien. Cependant espérer ce genre de chose, pourrait faire peur, car le peu d’homme que j’ai fréquenté, aucun n’avait l’envie de plus qu’un instant avec moi. Donc j’ignore s’il m'est possible un jour de tomber amoureux, mais je ne ferme pas mon cœur, même si je semble difficile à capturer.

Et pourtant, à chaque fois que je porte mon regard sur lui, je sens bien qu’il y a un truc. Je n’ai jamais ressenti quelque chose d’aussi puissant, c’est à la fois inattendu et envoûtant. Mon cœur s’emballe, et je sens bien qu’il n’y a pas que cela. Mon corps entier semble répondre à son regard, je suis totalement accroché à ses lèvres, en attente de chaque mot qu’il peut dire, il a quelque chose qui m’attire et me fascine.  

Je ne regrette pas d’être venu ce soir, car je serais passé à côté de quelqu’un d’aussi charmant et je ne sais pas pourquoi je suis si réceptif à son charme, mais je ne vais pas le nier, il me plaît et j’ai totalement envie d’en apprendre plus sur lui.

Je connais déjà son prénom et son lieu de travail, mais ce n’est pas suffisant. Si pour certains les informations sont déjà nombreuses et peuvent suffire pour passer une agréable soirée, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai envie d’en apprendre plus. Je veux tout savoir de lui, mais est-il prêt à s’ouvrir à moi ?  

Je ne peux m’empêcher de lui sourire, quand j’entends sa réponse sur le temps qu’il lui reste à travailler. Réellement, j’étais prêt à patienter toute la nuit s’il le fallait, je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j’ai réellement envie de l’attendre.  

Quand il me répond qu’il termine dans quarante-cinq minutes, je sens bien son hésitation dans sa voix, mais même s’il ne le sait pas, je ne serais pas le genre d’homme à le forcer. S’il change d’avis, j’accepterai son choix, et je n’irais pas le forcer à boire un verre avec moi. Après tout, il est jeune et je ne doute pas qu’il puisse faire d’autre rencontre plus plaisante, même si je trouverais ça dommage de ne pas m’avoir donné ma chance.

Lorsqu’il s’éloigne pour chercher ma commande, mon regard ne peut s’empêcher d’admirer la vue. Après tout, rien ne m’interdis de l’observer et d’apprécier ce popotin bien dessiné qui se dandine entre les clients et qui disparaît un instant pour revenir vers moi. Physiquement, il est magnifique et je mentirais si je disais que je n’aimerais pas glisser mes doigts dans ses magnifiques cheveux, que j’ai envie de l’attirer contre moi et que j’aimerais goûter à ses lèvres. Je sais que je ne peux me permettre cela, que je passerais pour un gros pervers en rut, mais j’ai envie d’apprendre à le connaître de bien des manières.

Voilà qu’il retourne travailler et je ne peux pas m’empêcher de le suivre du regard. Parfois, j’en viens à observer autour de moi, voir le bar se remplir, voir d’autres clients discuter entre eux, s’amuser, mais mon intérêt et diriger vers le serveur et uniquement lui.  

Quand soudainement voilà Cassie qui s’assoit face à moi, et pose un verre face à moi. Je sais que c’est cliché, mais je lui offre mon plus beau sourire en répondant à sa question.  

- “Oh merci. Mais ce n’était pas censé être moi qui t’invite à boire un verre ? En-tout-cas, c’est gentil, merci. J’aurais pu attendre toute la nuit s’il avait fallu. Je sais me montrer patient quand c'est nécessaire. Pas trop fatigué ?”

Cassie en vaut la peine, je le ressens au fond de moi, j’aurais pu attendre toute la soirée rien que pour ce verre.  

- “Tu travails ici depuis longtemps ?”

Je me montre curieux mais c’est que j’ai envie d’apprendre à le connaitre mais je comprendrais s’il ne veut pas en dévoiler plus sur lui.