Retour à la réalité| feat. Jacob C. Sutton

Feat. @Jacob C. Sutton
Retour à la réalité

L'air frais de ce début de septembre frappe doucement ton visage qui surveille attentivement la merveille de ton monde, ta fille, Iris. Tu n'as plus l'habitude des températures aussi fraîches après une bonne partie de l'été passé sur les plages de Californie mais une partie de toi est heureuse de retrouver un thermomètre plus clément. Cela permet les sorties comme celle-ci, en pleine après midi, au parc. Ta première garde s'est terminée à 8h ce matin et malgré une fatigue bien présente, tu ne pouvais pas louper une occasion de sortir avec la petite brune qui rit aux éclats avec un copain trouvé quelques minutes plus tôt. Tu es impressionnée par cette capacité d'interaction qu'ont les enfants, basée sur le simple fait de se trouver en même temps au même endroit et d'avoir envie de jouer au même jeu. Si les relations humaines pouvaient toutes être basées sur ces principes, la vie serait tellement plus légère. Un soupir s'échappe de tes lèvres au souvenir douloureux que la vie n'a rien de léger et de simple, que se lier d'amitié, qu'aimer ne vient pas toujours avec des moments doux et heureux. Tu es comblée de savoir que ta fille reste ce petit être joyeux et sociable mais cette part de toi te manque également.

Tes yeux quittent un instant le jeu des enfants pour croiser celui de la maman du petit garçon qui te sourit et t'adresse un geste de la main. Tu ne la connais pas. A moins que si ? Tes souvenirs de ta vie à Seattle sont un peu confus après plusieurs mois passés loin de tes terres natales. Alors qui sait ? Ce petit garçon était peut être au daycare avec Iris et cette maman est peut être une ancienne connaissance. Alors tu agites la main avec un sourire poli à la jeune femme. Derrière elle, un peu plus loin, est garée une voiture de police ce qui te fait tourner les yeux à la seconde ou tu t'en rends compte et qui te provoque une pointe de douleur au cœur. Pourras-tu un jour regarder ces voitures sans ressentir tout ce qu'elles t'ont pris ? Tu n'en sais rien.
Tonton Jake !

Le cri excité de ta fille te fige sur place. Ton regard voit son petit corps sauter de la balançoire sur laquelle elle était installée et courir vers un duo de policier. Tu n'as pas le temps de réagir qu'elle a pratiquement sauté sur ce profil que tu ne connais que trop bien. Revenir a Seattle voulait dire revenir a tous ces souvenirs et tu le savais mais tu ne pensais pas les affronter si tôt. Mais comment en vouloir à ta progéniture, cela fait des mois qu'elle n'a pas vu une des personnes qui la faisait toujours rire et voler dans les airs. Son tonton Jake était une de ses personnes préférées et tu le lui as arraché sans sommation, ne pouvant supporter les souvenirs qui était associée à cette personne qui était l'une de tes préférées à toi aussi. Toujours figée sur ton banc, tu vois le sourire beat de ta fille et tu ne peux qu'imaginer celui que Jake lui offre en retour et que tu ne connais que trop bien.

Armée d'un courage que tu ne pensais pas avoir, tu pousses sur tes jambes et avance doucement, partiellement paralysée vers la scène. Pourquoi fallait-il qu'il soit en tenue lors de votre première rencontre après tout ça ? Pourquoi fallait-il qu'Iris le reconnaisse et aille vers lui comme s'ils s'étaient revus quelques jours auparavant ? Pourquoi fallait-il que ce soit lui et pas un autre policier avec Parker ce jour-là ?

Bonjour est le seul mot qui arrive à s'échapper de tes lèvres alors que vos regards se croisent.

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Feat. @Harper Strand
Retour à la réalité

5h du mat’... C’est l’heure à laquelle tu t’es levé ce matin pour aller courir avant ton service. Tu pourrais presque dire que tu as passé une bonne nuit. Après tout tu ne t’es réveillé que quatre fois cette nuit. Ce n’est pas si mal comparé aux nuits où tu te réveilles sept ou huit fois. Faire une nuit complète ne fait plus vraiment partie de tes habitudes. Tu as appris à compenser par le café, ta nouvelle drogue. C’est d’ailleurs avec deux gobelets de ce breuvage, achetés au coffee shop au coin de la rue, que tu rejoins ta coéquipière pour démarrer votre première patrouille de la journée. On peut clairement dire que tu es dans ton bon jour car ce n’est pas tous les jours que la demoiselle qui t’accompagne au quotidien à la chance de te voir lui porter ce genre de petites attentions. Mais c’était sans compter une journée remplie de petits délits ridicules et un contrôle routier qui avait mis tes nerfs à rudes épreuves. En effet, depuis l’accident… appelons ça comme ça… ton niveau de stress monte en flèche à chaque fois qu’il est question de contrôler un automobiliste. Bien entendu, c’est toi qui effectue toujours la vérification des papiers. Tu ne feras pas deux fois la même erreur. Ta collègue a bien essayé de te demander de la laisser faire à deux ou trois reprises, mais vu le regard noir que tu lui as lancé à chaque fois et l’engueulade qui en a suivi dans votre voiture de patrouille, elle a fini par renoncer de pouvoir un jour effectuer cette tâche par elle-même. Elle sait… et aimerait pouvoir faire changer les choses.
Votre journée de patrouille touche à sa fin. Vous avez été appelés à proximité du parc du quartier de Belltown pour une dispute entre voisins. Mais à votre arrivée, tout est déjà revenu à la normale. Ta coéquipière te propose alors d’aller faire un tour dans le parc avant de rentrer au commissariat. Tu acceptes. Après tout, ça ne peut pas te faire de mal. Alors que vous échangez des banalités, ton regard est attiré par un mouvement à l’ombre d’un arbre. Tous tes muscles se contractent. Ta partenaire remarque immédiatement que quelque chose à accaparer ton attention et se concentre elle aussi sur la zone où tes yeux sont posés. Tu vois soudain un homme sortir de derrière l’arbre… et un enfant courir vers lui en riant aux éclats. Toute la pression de la journée se relâche alors et tu pousses un souffle de soulagement. Il ne s’agit que d’un père qui joue avec sa fille. Alors que vous faites demi-tour, pour retourner à votre voiture, tu entends souvent une voix d’enfant crier ton nom. Surpris, tu te figes sur place, et tournes la tête en direction du bruit. Tu es déjà en train de penser que c’est une pure coïncidence, que tu n’es certainement pas le seul homme dans ce parc à l'appeler Jake, quand tu vois une petite silhouette courir vers toi. Non, tu n’as pas rêvé. Cette voix tu l’as bel et bien reconnue. Et elle n’a pas prononcé ton nom par hasard. Alors que tu t’accroupies pour cueillir l’enfant dans tes bras, un grand sourire s’étend sur ton visage. Un de ceux que personne n’a plus revu depuis longtemps. Tu soulèves du sol ta filleule et la fait tourner dans les airs comme tu as toujours aimé le faire. Tu es si heureux de la revoir. Tu ne pensais pas que cela arriverait de nouveau un jour. Alors que tu lui demandes comment elle va, tu la serres dans tes bras et lui fais un bisou sur le front. Elle a tant grandi en presque un an. Tu n’en reviens pas. Mais passé la joie intense de la revoir, ton cerveau se pose rapidement la question : si Iris est là, est-ce que cela signifie que… Tu n’as même pas le temps de formuler en totalité la question dans ta tête que tu vois une silhouette arrivée à ta hauteur. Tu lèves les yeux vers elle et te figes. Harper !
Voilà onze mois que vous ne vous êtes pas revus. Et le dernier réel contact que tu as eu avec elle a été la gifle qu’elle t’a infligée lorsque tu es venu lui annoncer en personne le décès de son mari, avant qu’elle ne te demande de partir. Tu ne t’es jamais senti aussi mal de ta vie. Tu venais de vivre l’horreur et ton coeur avait encore réussi à se briser un peu plus, quand ta meilleure amie a décidé de te rejeter pour ne pas avoir su protéger l’homme de sa vie. C’est d’ailleurs pour cette raison que tu considères ce moment comme votre dernier contact. Lors de l’enterrement, tu savais que ta présence était indésirable et tu étais resté en retrait autant que faire se peut.

« Salut… »

Tu ne sais pas vraiment comment réagir. Tu es soudain mal à l’aise. Ton regard se pose sur Iris qui se trouve encore dans tes bras et qui s’est tu, comme pour observer la scène entre les deux adultes. Tu prends la décision de la faire redescendre, au cas où Harper préférait s’en tenir là et partir avec sa fille, ce que tu comprendrais. Puis tu te rappelles que tu n’es pas venu seul dans ce parc. Tu tournes la tête vers ta coéquipière qui ne comprend pas trop ce qu’il se passe.

« Ca te dérange de m’attendre dans la voiture, s’il te plait »

Tu n’attends pas qu’elle te réponde. Tu ressens le besoin de reposer ton attention sur Harper, ayant trop peur qu’elle ait profité de ces quelques secondes d’inattention pour partir. Car si tu pourrais le comprendre, cela ne t’en ferait pas moins souffrir. Tu prends quelques secondes pour l’observer avant d’ouvrir la bouche pour finalement la refermer aussi vite. Tu ne sais pas quoi dire. Onze mois de silence… onze mois où vous avez tous les deux changé, certainement psychologiquement, mais cela se voit également sur votre physique. Tu te balances d’un pied à l’autre, démontrant ton malaise, et te jettes finalement à l’eau.

« Est-ce que… »

Ca va ? … Vraiment ? C’est ça la première phrase que tu veux lui dire après tout ce temps ? Est-ce qu’on pose réellement cette question à une femme qui a perdu son mari onze mois plus tôt ? Tu fais marche-arrière, tu bafouilles avant de finalement te contenter d’un :

« Je... je suis désolé Harper. »

Tu ne sais pas quoi ajouter et baisses honteusement la tête. Quelle entrée en matière Jake !  
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Feat. @Jacob C. Sutton
Retour à la réalité

Détaillant le profil de celui avec qui tu avais partagé tant de moment, tu remarquas rapidement les changements. La barbe de quelques jours qu’il n’aurait jamais laissé pousser auparavant, les cernes qui faisaient échos aux tiennes bien qu’une garde de 24h ne soit pas la seule raison des cratères noirs qui parsemaient ta peau, le regard dans le vide, perdu de savoir comment réagir. Il avait reposé ta princesse qui n’hésita pas à manifester son mécontentement alors qu’il posait son regard sur toi et bafouillait des excuses. Ton regard coincé dans le sien, tu ne vis pas ta fille se tourner vers la policière qui accompagnait son parrain. En revanche, tu entendis clairement les mots pronncés par ta progéniture. Tu es l’amoureuse de tonton Jake ? Iris n’était pas l’enfant le plus loquace de la cour de récréation mais elle n’en loupait pas une, il faut dire qu’à quatre ans, les filtres sociaux n’était pas toujours au point et qu’elle ne faisait pas exception à la règle. Le regard choqué de Jake et de sa partenaire ne laissait néanmoins aucun doute sur la nature platonique de leur relation professionnelle. Tu n’étais pas certaine que Jake ait un jour envisagé cette jeune femme comme autre chose que comme une flic et tu ne connaissais pas assez la demoiselle pour prétendre savoir ce qu’elle pensait du beau jeune homme un peu déconfit qui se tenait à ses côtés.

Offrant un sourire à la jeune flic qui quittait les lieux, tu interpellas Iris. Ma chérie, ton copain a l’air de t’attendre pour jouer à la balançoire. Est-ce que tu veux le rejoindre ? Ravie de pouvoir jouer plus longtemps, la petite ne se fit pas prier et après un câlin à Jake, elle courut vers les jeux. Tu espérais que la maman du petit garçon comprendrait la situation et garderait un œil sur ta fille car même si tes yeux étaient rivés sur cette dernière, ton cerveau ne fonctionnait plus correctement à côté de Jake. Tu as une mine affreuse. Une belle entrée en matière pour Harper Strand mais elle n’était pas plus merdique que celle qu’il t’avait bafouillé.

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Feat. @Harper Strand
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Tu n’aurais jamais pensé te sentir aussi mal à l’aise en présence de ta meilleure amie, si vous pouviez encore vous considérer comme tel après presque un an sans nouvelles et un dernier contact plutôt “violent”. Tu passes d’un pied à l’autre, triturant machinalement les peaux autour de tes ongles, signe d’un stress évident. Tu observes le visage d’Harper, espérant, bien malgré toi, voir quelque chose qui signifierait qu’elle ne t’en veux plus, que son absence était sa manière à elle de faire la paix avec le fait que tu sois étroitement lié à la mort de son mari. Tu sais que c’est utopique, et tu n’oses même plus te poser la question si un jour vous pourrez retrouver la relation que vous aviez avant tout ça. Le fait qu’elle se tienne là, devant toi, qu’elle ne soit pas encore partie, est pour toi déjà un petit miracle que tu n’osais espérer. Alors que tu te poses la question si tu devrais dire quelque chose de plus que ces piètres excuses que tu viens de lui servir, ta filleule pose une question à laquelle tu ne t’attendais absolument pas. Tu te décomposes littéralement et te tournes vers elle et ta collègue, qui était sur le point de partir comme tu le lui avais demandé. Elle est aussi surprise que toi. L’innocence des enfants est parfois déconcertante. A aucun moment il ne t’est venu l’idée de pouvoir avoir autre chose qu’une relation professionnelle avec ta coéquipière. Non pas qu’elle soit désagréable, aussi bien physiquement qu’au quotidien, mais c’est à peine si tu arrives à tisser ne serait-ce qu’un lien de confiance avec elle. Ne parlons alors même pas du fait que tu ne t’es plus intéressé à une femme depuis au moins bien un an. Ta partenaire te regarde, ne sachant trop que faire. Tu lui fais donc signe qu’elle peut partir et t’agenouilles pour te mettre à hauteur d’Iris qui te fait de nouveau face.

“Non Iris, cette dame est juste ma co… ma collègue. Je travaille avec, c’est tout. Tonton Jake n’a pas d’amoureuse.”

Tu lui fais un sourire avant que sa mère ne l’interpelle et lui propose d’aller jouer à la balançoire avec un autre enfant déjà présent dans le parc. Sûrement l’enfant avec lequel elle était avant qu’elle te remarque. Toute contente la petite s’approche de toi pour te faire un câlin et tu la serres dans tes bras avant de déposer un dernier bisou sur son front, comme tu en as toujours eu l’habitude. Un léger sourire subsiste sur tes lèvres quand tu te relèves, content d’avoir revu cette petite bouille qui t’avait tant manqué. Tu réalises également que si Harper a proposé à sa fille d’aller rejoindre un autre enfant, c’est qu’elle n’a pas l’intention de partir tout de suite. Et même si tu ne sais pas vraiment où pourrait vous mener cette conversation, ce simple espoir te réchauffe un peu le coeur. Mais c’est de courte durée, car tu ne t’attendais absolument pas à la remarque que te lança la jeune maman. Bien qu’elle n'ait pas tort, ce n’est pas vraiment le genre de première phrase que tu t’étais attendu à entendre de sa part lors de vos retrouvailles. En même temps, à quoi t’attendais-tu réellement ? Tu ne sais pas vraiment. Tu passes un de tes mains derrière ta tête pour secouer justement cette tignasse que tu n'as pas coupé depuis plusieurs semaines déjà, un air un peu gêné. Que répondre à ça ? Merci ?

“Je sais… Je… Ce n’est pas comme ça que je vais séduire ma co… llègue.”.

Le même bug, sur ce mot que tu n’oses plus prononcé. Parler de “coéquipier” te rappelle beaucoup trop Parker et tu n’as guère envie que cela en fasse de même pour Harper. Tu te mords la lèvre inférieure et lui offres un sourire gêné face à cette tentative de blague plutôt moisie. Allez-vous vraiment être capable de tenir une vraie conversation ou le malaise est-il trop grand pour ça. Tu changes de nouveau de pied et jettes un oeil derrière la jeune femme pour regarder Iris jouait.

“Tu veux qu’on aille se poser sur un banc afin que tu puisses garder un oeil sur Iris.”

Enfin des paroles censées Jake ! Enfin !! Tu espères que cette proposition l’aidera à mieux se sentir et puis vous aurez l’air moins bête que planter au milieu de ce chemin.
 
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Feat. @Jacob C. Sutton
Retour à la réalité

Alors que ton ancien meilleur ami se penchait vers ta fille pour lui expliquer la situation, ton regard se porta sur la jeune policière qui quittait les lieux. Même si Jake avait hésité sur sa formulation, tu n’avais aucun doute sur le fait qu’elle était sa nouvelle partenaire. D’après ce qu’il expliquait à Iris, elle n’était sa partenaire que professionnellement parlant et tu ne sus pas bien interpréter la vague de satisfaction qui passa dans ton estomac. Etais-ce que tu ne souhaitais pas voir Jake heureux avec quelqu’un ? Ou simplement que tu ne souhaitais pas le voir s’attacher à nouveau à quelqu’un comme il l’avait fait avec Parker pour qu’on lui arrache brutalement ? Sa ligne de métier était dangereuse, tout comme la tienne et s’attacher signifiait aussi risquer de perdre. Mais tu avais toujours été en paix avec cette donnée. Enfin, c’était le cas avant la fusillade. Maintenant, tu n'étais plus vraiment sûre de ce que tu ressentais et comment il te fallait interpréter les réactions de ton propre corps. Le départ de la petite brune fit passer un souffle froid sur votre conversation. Iris était un rayon de soleil et sans elle, tu ne savais pas très bien comment animer la conversation. Alors tu sortis la première chose qui te passa par la tête. La réponse de Jacob fit passer un sentiment étrange, pas agréable dans tes tripes. Voulait-il séduire cette jeune femme ? Après tout, elle était jeune et jolie de ce que tu en avais vu, elle était également courageuse et résiliente, tu n’avais aucun doute là-dessus compte tenu de son métier. Jake était célibataire et avait le droit d’être heureux. Alors pourquoi ce sentiment ? Etais-tu jalouse que le jeune homme envisage un bonheur que tu ne pouvais même pas imaginer ? Ou étais-ce la même jalousie qui t’avait parfois tenue les trippes quand Jake avait fait ses premières rencontres amoureuses ? Allait-il te remplacer ? Mais quelle place avais-tu dans sa vie désormais ? Tu n’étais plus qu’un fantôme qui avait décampé, une fugueuse qui lui avait assené une gifle alors qu’il avait vécu, tout comme toi, le pire jour de sa vie. Les relations entre coéquipiers ne sont pas interdites dans la police ? Quelle meilleure défense pour masquer ta jalousie que l’attaque n’est-ce pas ? Ta réaction était pathétique. Le jeune policier pourrait prendre ses jambes à son cou que tu ne lui en voudrais pas. Mais il s’agissait de Jacob, ton Jake, ton ami de toujours. Alors il resta.

Après quelques secondes bien gênantes, à croire que vos conversations interminables dont Parker se plaignait tout le temps étaient bel et bien révolues, le brun proposa de se poser sur un banc, tu le suivis sans protester. Tu ne voulais pas rompre le contact alors que c’était toi qui étais parti onze mois plus tôt sans un mot ni un regard en arrière et que c’était toi qui avais trainé des pieds pour traverser ce parc. Maintenant qu’il était près de toi, tu te sentais plus en sécurité, plus à ta place. Ce sentiment te rassura, c’était ce que tu avais toujours ressenti près de lui et malgré tout, cela n’avait pas changé. Pour toi en tout cas. Tu étais en revanche incapable de déchiffrer les prunelles de ton meilleur ami, ayant perdu le décodeur des mois auparavant. Une fois installée, tu posas ton regard sur le parc, là où Iris s’amusait comme une petite folle. Je suis désolée de t’avoir giflé ce soir-là… Parler de cette journée n’était peut-être pas la meilleure entrée en la matière, tu ne savais pas où en étais Jake dans son processus pour faire le deuil de celui qui avait été son ombre et son double pendant tant d’années mais tu savais que tu avais besoin de partager ces mots. Tu avais besoin de t’excuser pour tes réactions, pour ta disparition, pour tout ça.Je suis désolée d’être partie sans un mot… Je… J’avais besoin d’Hunter. C’était difficile à expliquer mais Hunter et toi partagiez un lien qui était ton ancrage depuis toujours. Tu avais également un lien fort avec Jake mais ce dernier étant trop proche de l’incident, trop proche de Parker, trop impliqué sans l’être, tu n’avais pas eu la force de t’accrocher à ce lien. Le jeune policier n’avait pas tous les éléments de votre relation, Hunter si. Je suis contente de te voir, et de voir que tu as réussi à continuer, à avancer. Partageas-tu en désignant son uniforme et en retournant ton regard sur le jeune homme. Décidant de changer de sujet du tout au tout, tu repris une inspiration avant de reprendre la parole. Comment va Henry ?


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Feat. @Harper Strand
Retour à la réalité

Quelque chose semble définitivement être rompu entre vous. Car tu ne t’étais pas imaginé qu’elle aurait pu prendre au sérieux ta tentative de blague pour rebondir à sa remarque sur ta mauvaise mine. Avant tout ça, Harper n’aurait eu aucun mal à comprendre qu’il s’agissait d’une boutade. En fait, il n’y avait pas grand chose que vous ayez besoin de vous expliquer pour vous comprendre par le passé. Mais c’était une époque, semble-t-il, révolue. D’autant plus gêné qu’elle ait pu prendre sérieusement cette blague, tu te précipites pour lui répondre.

“Techniquement non… mais… je disais juste ça pour blaguer. Je… Elle ne m’intéresse pas du tout.”

Tu ne sais pas vraiment pourquoi tu t’es senti obligé de préciser que ta collègue ne t’intéresse pas. Après tout, qu’est-ce que ça peut lui faire ? Après onze mois sans nouvelle, tu doutes que tes histoires de coeur puissent l’intéresser une seule seconde. De toute façon, il n’y aurait rien à raconter.

Préférant passer à autre chose, et espérant réussir à faire disparaître ce malaise grandissant entre vous, tu proposes à ton amie d’aller s'asseoir sur un banc un peu plus loin pour qu’elle puisse garder un oeil sur sa fille. Une fois installée, ton regard se perd sur le jardin d’enfants et sur ta filleule qui t’a tant manqué et qui semble bien s’amuser avec ce petit garçon qu’elle a probablement rencontré aujourd’hui même dans ce parc. Soudain Harper reprend la parole et tu es surpris par ce que tu entends. Non pas que tu ne la pensais pas capable de s’excuser, mais tu ne t’attendais pas à ce qu’elle revienne sur ce jour-là. Tu pensais que tout ceci serait tabou entre vous. Tu tournes la tête pour la regarder, pour scruter son expression. Tu sais que ces excuses sont sincères, elle n’a jamais fait semblant avec toi et, même si vous vous êtes éloignés, tu peux toujours lire dans son regard sa sincérité. Elle s’excuse pour la gifle mais également d’être partie du jour au lendemain sans rien te dire. Ton visage se mue d’une expression compatissante et triste à la fois. Tu ne doutes pas de l’effort que cela doit lui demander de revenir sur ces événements.

“Tu n’as pas à t’excuser, je comprends Harper.”

Bien sûr tu apprécies qu’elle te présente ses excuses, mais après tout, peux-tu vraiment lui en vouloir d’avoir agi ainsi ? Son monde venait de s’écrouler en une fraction de seconde et tu étais celui qui était venu le lui annoncer, celui qui en était partiellement responsable. Tu ne sais pas vraiment comment tu aurais réagi à sa place, mais certainement pas mieux. Ta gestion du deuil et de son départ en sont la preuve puisque tu as sombré dans l’alcool et la solitude. Alors comment lui tenir rigueur d’avoir eu besoin de se tourner vers la personne qui la connaisse et comprenne certainement le mieux, son jumeau, Hunter. Tu dois avouer que depuis les mésaventures que t’a fait vivre ce dernier à l’école, tu n’es pas son plus grand fan, mais tu es bien placé pour comprendre ce qu’est l’amour fraternel et encore, sans réellement savoir ce qu’ajoute la relation gémellaire, si ce n’est ce que tu as pu en lire.

“Tu as fait ce qui était le mieux pour toi, je ne peux t’en vouloir pour ça.”

Même si tout ceci n’a fait que rajouter à ta souffrance, tes paroles sont sincères. Et le simple fait qu’elle est tenue à s’excuser réchauffe un peu ton coeur. Ces prochains mots, encore un peu plus. Elle avoue être contente de te voir et tu n’oses lui exprimer à quel point c’est réciproque. Tu n’as jamais cessé d’espérer revoir ta meilleure amie, ne serait-ce que pour vous expliquer. Alors que vous soyez là, tout de suite, dans ce parc, assis ensemble, et qu’elle prononce ces mots, te décroche un sourire et provoque un picotement dans tes yeux. Tu portes l’une de tes mains à ton visage pour te frotter les yeux avant que tes émotions encore à fleur de peau te trahissent. Quand tu reposes ton regard sur la jeune femme, toujours le sourire aux lèvres, tu te contentes d’une phrase tout en simplicité.

“Moi aussi je suis content de te voir.”

Bien sûr tu as entendu la seconde partie de sa phrase, concernant le fait que tu aies continué à avancer. Tu as bien compris qu’elle faisait référence au fait que tu as réussi à reprendre le boulot. Et en effet, tu ne t’es pas résigné à renoncer à ta vocation, mais imagine-t-elle réellement à quel prix ? Mais avant que tu aies l’occasion d’en parler, elle change de sujet et te demande des nouvelles de ton grand-père. Rompant l’instant, tu reposes ton regard sur ta filleule pour ne pas trop penser à ce que tu aurais aimé lui dire.

“Il va bien. Je ne sais pas si un jour il se fera au fait qu’il est dorénavant à la retraite.”

Tu laisses échapper un petit rire à cette évocation.

“Il n’est pas rare de le voir traîner au commissariat, à vouloir se mêler d’une affaire en cours. Il m’est arrivé plus d’une fois de devoir le raccompagner chez lui pour qu’il arrête d’embêter mes collègues… En plus il fait ça sans prévenir ma grand-mère, alors forcément elle s’inquiète et m’appelle pour me demander si je sais où il se trouve. Parfois je me demande s’il n’est pas resté bloqué à l’époque où il était encore flic.”

Tu pousses un soupir, le corps en avant et les coudes sur les genoux, jouant avec tes mains alors que ton regard est perdu dans le vide. Ton grand-père vieillit mais c’est comme s’il n’avançait plus. Un peu comme toi depuis un an. Tu finis par te redresser et te tournes vers elle pour la regarder avec un sincérité grave sur le visage.

“Tu sais, j’ai peut-être réussi à remettre l'uniforme mais plus rien n'est pareil depuis… Parfois je me demande si je ne devrais pas tout laisser tomber…”

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Feat. @Jacob C. Sutton
Retour à la réalité

Une blague, c’était ce qu’avait tenté de faire Jake pour détendre l’atmosphère et plutôt que de l’interpréter comme tel, tu lui avais presque sauté à la gorge pour avoir envisagé de séduire sa coéquipière. Ce qui, de toute façon, n’était pas du tout de ton ressort ou de tes affaires. Sa réponse ne fit qu’accroitre le malaise ambiant. Il était évident que vous ne saviez plus comment vous tenir, comment agir en présence de l’autre. C’était fou de se dire qu’une amitié de plus de 25 ans pouvait être mise à mal de cette façon, que tout pouvait basculer du jour au lendemain, balayant toutes tes certitudes. Jake avait toujours été un élément important dans ta vie, si ce n’est le plus important après le départ d’Hunter pour San Francisco. Il était ton rock, celui qui te faisait sourire d’un regard et qui te faisait te sentir en sécurité et toi-même en permanence. Même Parker, avec qui tu avais été marié pendant 3 ans n’avait pas cet effet sur toi. Curieuse de nature, tu aurais pu creuser et lui demander pourquoi ce rejet si violent de la jolie policière. Mais tu ne te sentais pas légitime de demander au jeune Sutton des nouvelles sur ses histoires de cœur alors que l’ambiance était si bizarre, si tendue. Peut être avait-il rencontrer quelqu’un de particulier et même s’il avait affirmé à Iris qu’il n’avait pas d’amoureuse, cela ne signifiait pas que quelqu’un ne lui avait pas tapé dans l’œil. Mais tes questions resteraient sans réponse car le sujet changea une fois assis côte à côté sur le banc.

Alors que tu t’excuses à ton meilleur ami, tu vois passé dans ces yeux ce regard que tu détestes, ce regard que tu vois sur chaque personne quand tu annonces ton statut marital, quand on te relit à cette histoire sombre de policier tué en service par un gars sans permis mais porteur d’une arme, quand on comprend qu’à 33 ans, ta vie est terminée et que tu n’as plus rien à attendre de la suite si ce n’est la mort. Ne me regarde pas comme ça s’il te plait… Je n’en peux plus de lire de la pitié dans le regard des gens que je ne connais pas mais la voir dans celui de ceux que j’aime, c’est pire que tout. Ma mère n’a pas réussi à prononcer le nom de Parker en onze mois et elle me regarde encore comme si j’allais me briser à tout moment, comme si j’étais une poupée fragile. Quand j’ai annoncé que je reprenais le travail, j’ai cru qu’elle allait pleurer et crois-moi, ce n’était pas de joie… Tu ne voulais pas parler avec autant de dureté à Jake mais la frustration et la fatigue avait besoin de sortir. Tu avais effectué ta première garde la veille et tout le monde t’avait traité comme une chose fragile et cassable, tes nerfs avaient été en pelote toute la journée et une bonne partie de la nuit. Seule Iris et son sourire avait réussit à faire redescendre ta pression artérielle. Alors forcément, quand Jake t’avait sorti ce regard, tu étais parti au quart de tour. Mais tu savais, au fond de toi, que c’était une réaction normale, que si les rôles avaient été inversés, tu aurais sorti le même regard au jeune homme. Relâchant l’air coincé dans tes poumons, tu détendis l’atmosphère en partageant ta joie de voir le jeune homme, joie apparemment partagée. Les mots du jeune Sutton firent s’allumer une petite étincelle de bonheur dans ta poitrine, il était heureux de te voir. Malgré tout, malgré ce que tu avais fait, malgré ce que tu n'avais pas fait comme être là pour lui qui venait de perdre son ami et coéquipier, il était heureux de te voir et tu voyais dans son sourire et dans ses yeux, il était sincère. Ce sourire atteignit d’ailleurs tes lèvres, te surprenant toi-même. Cela faisait longtemps que sourire n’était plus un acte très naturel pour toi, tu souriais pour les autres, pour apaiser leur peine, leur pitié mais tu souriais rarement car tu étais réellement heureuse. Mais là en cet instant, tu étais avec Jake, projetée des mois en arrière, quand tout allait bien et tu étais réellement heureuse.

La suite de la conversation dériva sur la famille du brun et plus particulièrement sur son aieul, son grand père, Henry. Cet homme avait toujours été le héros de Jake et tu te souviens encore de l’adolescent qui n’aspirait qu’à une chose, devenir comme son héros, devenir policier. Jake avait accompli ce rêve et malgré tout, continuait à l’accomplir chaque jour où il revêtait l’uniforme. Le rire de Jake ne fit qu’accroitre ton sourire. Henry était la personne favorite de Jake et parler de lui rendait son bonheur communicatif. Les anecdotes d’Henry sur son temps dans les forces de l’ordre te manquait tout comme les moments avec les parents de Jake et sa sœur, tu t’étais toujours sentie accueillie et chez toi dans la demeure Sutton. Tu n’étais pas certaine que l’accueil serait toujours aussi chaleureux maintenant que tu avais tourné le dos à Jake, le laissant probablement dans un état pitoyable. La culpabilité fit s’éteindre ton sourire malgré l’anecdote sur Henry. Te forçant à reprendre contenance, tu affichas un sourire de façade, celui que tu avais perfectionné durant ces derniers mois. Je paris que tu seras pareil dans 40 ans, dans les pattes de ton commissariat malgré ton départ à la retraite et à coacher tes petits enfants qui considéreront leur Papy comme un héros, ils parleront de toi avec les mêmes étoiles dans les yeux que quand tu parles d’Henry. Malgré que ton sourire n’ait pas atteint tes yeux, tu étais sincère dans ce que tu partageais. Jake était un héros et toute sa famille, actuelle ou future s’accorderait là-dessus.

Comme souvent ces dernières semaines, la légèreté du moment s’évapora d’un coup alors que Jacob se retranchait sur lui-même physiquement. Ce n’était pas quelque chose qu’il faisait souvent avant mais le départ de Parker n’avait pas changé que tes habitudes et tes comportements. Il aurait été égoïste de penser que tout le monde était passé à autre chose facilement et que tu étais la seule à souffrir de ce départ. Les mots de ton meilleur ami firent échos à tes pensées. Rien n’était comme avant, rien ne serait jamais plus pareil… Tu secouas négativement la tête en entendant les questionnements et les doutes de celui qui avait partagé tant de choses avec toi. J… Tu as toujours rêvé de faire ce travail. Ne laisse pas un drame remettre en question tes rêves. Parker n’aurait jamais voulu que tu raccroches les menottes, au contraire, il voudrait que tu les brandisses haut et fort en sa mémoire, en son honneur.  Evoquer Parker et ce qu’il aurait voulu te fait monter les larmes aux yeux, c’est inévitable mais c’est aussi ce à quoi tu te raccroches pour avancer, pour continuer à te lever le matin. Seattle mérite des flics comme toi !  Affirmas-tu en croisant son regard. L’atmosphère était lourde et tu ne voulais pas faire durer cette situation étouffante. Et puis, qui je vais embêter sur les accidents de la route si tu n’es pas dans le coin ?   Tentas-tu dans un souci d’évacuation de la tension régnante. Le sourire que tu voulais ajouter à cette remarque ne vint néanmoins pas, il te coûtait trop de faire semblant à ce point.

Quelques secondes s’écoulèrent à moins que ce ne soit des minutes, ta notion du temps n’était jamais très bonne. Inspirant un grand coup, tu regardas de nouveau ton meilleur ami. Est-ce que ça te dirait de prendre Iris une après-midi ? Tu lui manques beaucoup et elle te demande souvent. Mais je ne veux pas te l’imposer, ça peut être une heure au parc avec moi aussi ou avec mon père, il adore l’emmener au parc. Tu ne voulais pas imposer la fillette au policier, leur relation était incroyable avant ton départ pour San Francisco et tu chérissais l’idée que cela redevienne ainsi plus tard. Mais Iris était un rappel permanent de Parker, elle avait son visage et ses yeux, elle était son portrait craché et regarder la fillette revenait parfois à regarder 1 an en arrière. Il aurait été cruel d’imposer cela à quiconque avait connu Parker.



(c) Niagara (fiche) ; @horrorwomensource & @inlovewithk (gifs)

Feat. @Harper Strand
Retour à la réalité

Alors que quelques minutes auparavant tu craignais de voir ta meilleure amie te tourner le dos après un simple bonjour échangé, vous voilà maintenant assis côte à côte sur un banc. Un moment inespéré, après onze mois d’absence. Mais le poids de ces mois sans nouvelle se fait sentir. L’ambiance entre vous est bizarre, comme si la connexion qui vous liait depuis toutes ces années était définitivement rompue. Peut-être pas ? Harper te présente ses excuses pour ce qu'il s’est passé après que tu sois venue lui annoncer la mort de son mari. La gifle, son départ précipité… des faits qui n’ont fait qu’ajouter à ta souffrance d'avoir vu ton coéquipier mourir dans tes bras. Malgré cela, le regard plein d’empathie, tu lui expliques ne pas lui en vouloir et comprendre qu’elle avait fait ce qui était bon pour elle. Un petit pas pour reconstruire ce lien perdu ?

Pas vraiment. Tu es surpris par la véhémence de la réponse de la brune à tes côtés. Un revirement inattendu. Tu en as même un mouvement de recul. Complètement perdu, tu la regardes, ahuri. Il te faut quelques secondes pour assimiler ce qu’elle vient de dire, ce qui explique ce changement brutal de ton. Cela fait des mois qu’elle vit avec des regards de pitié dès que quelqu’un apprend sa situation. Ce même regard qu’elle retrouve aussi dans les yeux de ses proches. Un regard qu’elle ne supporte plus. Un regard qu’elle vient de voir également sur ton visage.

“Désolée Harper, je… je ne voulais pas. Je… Tu le sais, j’ai toujours été plus empathique quand il s’agit de toi. Même ces mois d’absence n’y ont rien changé. Je… j’essayerais de faire attention dorénavant.”

Tu détournes le regard, honteux. Tu as comme l'impression de faire un pas en avant, trois pas en arrière depuis le début de cette conversation. De nouveau mal à l’aise, tu te mordilles la lèvre inférieure de nervosité, n’osant reposer ton regard sur ta meilleure amie.
C’est finalement votre échange suivant qui te permet de reprendre contenance. Voulant probablement casser le nouveau froid qui s’est installé entre vous, elle te partage sa joie de te revoir. Le froid, le chaud… tu ne sais plus vraiment sur quel pied danser avec elle. Pourtant tu ne peux t'empêcher de sourire. Tu te laisses même prendre par une vague d'émotions, qui vient picoter tes yeux, que tu frottes de tes doigts pour empêcher toute larme de s’en échapper. Une fois certain que ton corps ne te trahirait pas, tu tournes de nouveau la tête dans sa direction et dans un magnifique sourire, tu lui avoues ressentir la même chose. Décrochant à elle aussi un joli sourire.

La conversation vire finalement sur ton grand-père dont Harper souhaite prendre des nouvelles. Parler de lui te plonge dans un autre type d’émotion. Pour t’ancrer, tu préfères concentrer ton regard sur ta filleule en train de jouer. Car si évoquer le fait que tu te demandes si un jour Henry se fera à sa retraite te laisse échapper un petit rire, expliquer précisément ce qu’il se passe te laisse un sentiment mitigé. Si d’apparence l’anecdote semble te faire sourire, intérieurement tu es inquiet. Inquiet que cette insistance à vouloir rester dans le feu de l’action cache quelque chose de plus grave, mais aussi inquiet de ce que pourrait ressentir ton aïeul si un jour tu prenais la décision qui te trotte depuis un moment dans la tête, de quitter la police.
Toujours concentré sur Iris, un léger sourire étire le coin de tes lèvres à la vision de toi dans quarante ans que te partage ta meilleure amie. Mais ses paroles ne font qu’accentuer ta dernière pensée. Elle non plus ne semble pas imaginer que tu puisses un jour quitter les forces de l’ordre. Te refermant sur toi-même au sens littéral du terme, tu ressens le besoin de tout lui avouer. Tu doutes que ce soit le bon moment, alors que vous vous retrouvez à peine, mais cela pèse trop lourd sur tes épaules. Prenant une grande inspiration, tu te redresses et, la regardant droit dans les yeux, tu te lances.

Verbaliser ce qui tourne en boucle dans ta tête depuis des semaines te soulage mais maintenant tu as l’impression d’avoir lancé un boulet de canon à l’une des personnes les plus chères à ta vie. Tu te détournes. Auparavant, jamais tu n'aurais eu honte d’accabler ta meilleure amie en lui avouant ce qui pesait sur ton coeur. Mais tu ne sais plus vraiment comment agir avec elle, tu as perdu tous tes repères durant ces longs mois sans vous voir. Tu ne sais pas comment elle va réagir. Tu redoutes d’avoir commis l’erreur de trop dans cette conversation. Alors tu es soulagé quand tu l’entends prononcer ce surnom que tu n'as plus entendu depuis si longtemps.
Tu ne te retournes pas tout de suite, écoutant attentivement ses paroles. Ce qu’elle te dit te pince le coeur mais c'est l’admiration qui prend le dessus. Tu ne sais pas où elle va chercher cette force de te répondre tout ça. C'est donc un regard embué par l'émotion mais remplit également de fierté qu’elle croise lorsque tu tournes la tête, de nouveau les coudes appuyés sur tes genoux. Elle a elle aussi les larmes aux yeux. Pas pour les mêmes raisons, tu t’en doutes. Instinctivement, une de tes mains gantées vient chercher la sienne et la serre avec force, sans toutefois lui faire mal. Tu te forces à sourire, malgré les quelques larmes qui ont fini par quitter tes yeux, sa boutade aidant à le rendre plus sincère. Tu ne te serais jamais imaginé que vos retrouvailles soient aussi chargées en émotion. De ton autre main, tu essuies les quelques gouttes salées qui ont trouvé leur chemin jusqu’au bas de ton visage. Tu souffles pour relâcher le trop plein, te redresses et te tournes vers celle qui t'a tant manqué, ta seconde main rejoignant la première. Tu lui souris, d’un sourire timide mais tout à fait sincère, les yeux toujours légèrement humides.

“Fire… Même après tant d’années je ne sais toujours pas où tu vas chercher toute cette force qui te caractérise tant et qui me rend toujours aussi admiratif ! Merci pour tes paroles, vraiment… merci ! Je vais réfléchir à tout ce que tu viens de me dire.”

Après un petit moment, tu finis par lâcher sa main et te repositionnes face au parc, le regard au loin. Un silence s’installe, seulement troublé par le cri des enfants qui jouent. Et, une fois n'est pas coutume, c’est Harper qui finit par rompre le silence. Dès que tu l'entends prononcer sa première phrase, tu tournes la tête vers elle, n’en croyant pas tes oreilles. Ton coeur explose face à cette proposition qu’elle te fait. A mesure qu’elle parle, un nouveau sourire prend place sur ton visage. Voilà bien longtemps que tu n'as pas autant souri dans une seule et même journée. Prendre Iris avec toi ? Comment refuser ! Il n’était pas rare que tu passes du temps avec ta filleule avant tout ce drame. Alors retrouver ce genre de moments avec elle serait peut-être comme ramener un peu de normalité dans ta vie, en plus de te laisser contaminer par la joie communicative de cet enfant.

“Avec plaisir ! Que se soit pour une sortie au parc accompagné, ou pour la prendre une après-midi entière, ça sera avec grand plaisir !”

Si Harper t’a énormément manqué, ta filleule également. Alors partager de nouveau un peu de temps avec elle ne pourrait que te faire plaisir. Même si l’accueillir chez toi signifiait devoir nettoyer de fond en comble cet appartement que tu laisses à l'abandon depuis de longs mois. Même si cela signifiait se confronter à des souvenirs devenus douloureux avec la perte de Parker. Rien ne vaut le sourire de cette petite fille, le sourire de sa mère, l’un des rares aspects physique qu'elle tient d’elle.

(c) Niagara (fiche) ; ... (gifs)