A bird in the hand is worth two in the bush. ft. Rome

@Rome G. Griffin & @Olympia Hendricks

Ces dix derniers jours avaient clairement été mouvementés. L’arrivée surprise de Cricket à Seattle, ça avait été quelque chose. Comment passer d’un simple message qui semblait prendre des nouvelles à une récupération à l’aéroport. Bien évidemment, en sachant que ma partenaire de longue date débarquait pour quelques semaines dans ma ville, je n’avais pas pu m’empêcher de lui proposer de vivre sous le même toit que moi. Mais j’avais clairement sous-estimé l’impact que ça pouvait avoir sur ma vie. C’était un petit gabarit, Cricket, mais avec un vrai caractère de feu. Pour me tenir tête, elle était toujours en première ligne. Ça m’amusait et d’une certaine façon, ça me tendait un peu aussi. J’étais à cran.

A cran parce qu’elle n’hésitait clairement pas à me remettre régulièrement le nez dans mes choix parfois assez hasardeux de conquêtes à plus ou moins long terme ou à me prendre la tête par SMS parce que j’avais eu le malheur de sourire à une fille sur mon lieu de travail. Et encore, impossible de me rappeler d’autres détails de cette nana que ses cheveux blonds peroxydés et son sourire aguicheur qui ne m’avait pas fait le moindre effet. Pas quand un petit bout de femme au caractère de feu se trouvait à quelques pas. Il y avait des années qu’elle retenait mon attention, mais il y avait toujours eu une excuse. D’abord nous étions collègues, donc elle ne voulait pas de ce genre de relation. Puis j’avais retrouvé la vie civile et nous nous étions moins vus. Maintenant, c’était comme si aucune barrière ne demeurait.

Le meilleur moyen de garder les idées claires, c’était de vivre le plus normalement possible. Alors, même si une jolie brune squattait mon canapé devant des séries quasiment toute la journée, j’avais opté pour maintenir ma vie la plus normale possible. J’aurais pu envisager de m’échouer avec elle dans le canapé, mais j’allais finir par devenir complètement barge et faire quelque chose de regrettable, donc j’avais opté pour confirmer à Olympia que j’étais bien disponible ce soir pour la rejoindre au restaurant. En plus, on ne s’était pas vus depuis des lustres, voilà qui serait une parfaite distraction. Il y avait certainement tout un tas de choses à dire. Des choses qui ne concerneraient ni l’Air Force ni un certain regard vert. Parfait pour me changer les idées.

J’avais mis un peu de temps pour trouver une place où me garer. Le restaurant n’était pas proche de mon logement, et je n’avais aucune envie de passer des heures à pieds en rentrant en pleine nuit. Je n’avais tout simplement pas envie de faire une rencontre désagréable, ce qui ne manquait parfois pas passé un certain horaire dans une grande ville comme Seattle. Puis j’avais rejoint le restaurant à pieds, marchant quelques minutes jusqu’à me retrouver face au bâtiment. Difficile de rater Oly, avec sa crinière flamboyante. Un sourire étira mes lèvres. En une année, la demoiselle avait plutôt bien évolué, par rapport à ce jour où je l’avais trouvée, tremblante et en pleurs, dans une ruelle. Je passais un bras autour de ses épaules, l’attirant vers moi pour un rapide câlin. À Seattle, elle était l’une des premières à avoir réveillé mon instinct de protection, et j’étais toujours ravi de la retrouver.

« Salut, Oly. Ouais, ça faisait un  bail. Comment tu vas depuis le temps ? »

Deux vies chargées, voilà qui ne facilitait pas le fait de se voir, et j’avais clairement passé tout mon temps libre chez moi avec une certaine militaire depuis dix jours, ce qui n’avait assurément pas aidé à trouver du temps pour autrui. Mais aujourd’hui, j’avais décidé de donner toute mon attention à la jeune femme que j’avais rejoint pour passer la soirée. D’ailleurs, d’un signe de tête, je l’invitais à me suivre dans le restaurant, lui tenant la porte pour lui permettre d’entrer. J’étais assez loin de l’archétype de l’homme galant, on n’allait pas se mentir là-dessus, mais n’empêche que j’avais quand même quelques bases d’éducation. Un serveur nous amena jusqu’à notre table réservée, et je m’installais avant de poser à nouveau mon regard bleu sur la jeune femme face à moi.

« Raconte-moi un peu toutes ces nouvelles ? »

Pour le moment, je préférais clairement entendre parler d’elle et de sa vie que de me lancer à parler de moi. Il ne faudrait pas qu’une demoiselle curieuse sente une faille pour s’engouffrer dedans et trouver des questions à poser …