Ne t'inquiète pas, ça va mal se passer ft. Justin

Finalement, c’est une bonne journée. D’accord, vous vous êtes disputés plus tôt mais pour une fois, vous vous êtes réconciliés autrement que dans une chambre et, en plus, tu vas avoir droit à des pâtisseries. Peut-être même que tu les paieras, tiens, t’as envie de faire plaisir à Justin qui t’attire un peu plus à lui et embrasse ta tempe. Tu aurais préféré tes lèvres mais vous êtes dehors, alors c’est sans doute mieux comme ça.

— Honey, je ne peux pas arrêter de parler de tes vêtements. Tu es… Tu es une catastrophe vestimentaire, ça me fait mal aux yeux parfois. Je dois t’imaginer sans pour réussir à passer outre.

T’exagères… un peu. Le plus important dans cette déclaration, c’est finalement qu’il est souvent nu dans ta tête, dans ton imagination, et… dans ta vie, en fait. Ça, c’est très bien.

— Mais on peut arrêter de parler du reste, tu ajoutes gentiment. Même si c’est pas moi qui en ai parlé.

T’essaies de faire des efforts, là-dessus. Tu n’as plus abordé le sujet depuis votre dispute suite au jour où il l’a vu sortir de chez toi et où il a fait sa crise de jalousie. Tu ne lui as pas précisé que vous aviez dormi à moitié nu dans ton lit, et tu n’as pas parlé du shooting non plus quand vous étiez en train de le faire. Et même si t’en crevais d’envie, tu ne l’as pas obligé à regarder les photos. Des attitudes très attentionnées de ta part, qui a toujours tendance à chercher la petite bête. On pourrait croire que tu progresses mais en réalité, tu attendais certainement le bon moment pour lui reclaquer tout ça en pleine figure.

Ou peut-être que non.
Difficile à dire.

Tu tournes la tête pour effleurer sa joue, et tu laisses tes lèvres assez longtemps pour qu’il comprenne que tu attends qu’il tourne la sienne. T’as profité qu’il n’y avait personne autour de vous.

— Tu aimes quel genre de pâtisserie ? Hormis moi, mais on ne m’achète pas en boulangerie.

Tu pouffes, tout fier. Une chance pour le monde que personne ne possède la recette pour te multiplier…

@Justin Wilson

Si t’étais un peu moins centré sur toi-même, tu avouerais que ce n’est pas très gentil de traiter son…quoi que soit Justin, de catastrophe vestimentaire, même si c’est vrai et même si tu ne le dis pas avec méchanceté. T’espères vraiment lui faire prendre conscience de tout son potentiel gâché. Il devait bien avoir un défaut, après tout… Deux perfections ensemble, ce serait injuste pour le monde.

Puis en plus, tu es pardonné, donc tout va bien.

Tu le questionnes alors sur le sujet brûlant de leur sortie, à savoir les pâtisseries. Il t’avoue aimer le citron et la framboise. Tu le notes dans un coin de ta tête, et tu t’étonnes d’avoir spontanément envie de retenir l’information. Tu t’intéresses beaucoup plus à Justin qu’à la plupart des autres humains.

— J’aime bien les yakwas et les kkultteok, quand je commence à en manger… J’ai du mal à m’arrêter.

Tu ris doucement puis, comprenant qu’il n’a pas compris, tu précises :

— Ce sont des pâtisseries coréennes, à base de miel.

Tu glisses l’information, l’air de rien. Tu n’as pas choisi « honey » comme surnom pour lui par hasard. Il est aussi addictif, doux et sucré que cet aliment face auquel tu n’as plus aucune volonté. C’est amusant, ça s’accorde aussi avec ses cheveux, maintenant que tu y penses… Tu lui souris d’un air angélique comme si tu ne venais pas de lâcher une petite bombe adorable et tu pointes un gâteau du doigt, avec un coulis de chocolat et des framboises.

— Il y a des framboises sur celui-là, on le prend ? Il a l’air bon !

T’as eu un coup de chance pour le chocolat, tu cherchais surtout les framboises. Si Justin donne son aval, tu sors ta carte de banque pour le payer et tu demandes aussi quelque chose au citron. Tu n’y connais pas grand-chose en pâtisserie américaine alors tu vas goûter. Vous le goûterez peut-être ensemble, après, qui sait.

@Justin Wilson

Tes joues rosissent quand Justin t’embrasse dans la boulangerie mais tu ne te défiles pas, tu ne protestes même pas. T’es juste… un peu heureux, un peu euphorique. Tu le regardes avec une pointe de tendresse qui t’interpelle parce que tu n’as aucune idée de ce dont il s’agit. T'as pas les mots à poser sur ces émotions multiples qui naissent dans ta poitrine (et parfois plus bas) en compagnie du blond. Tu mets tout dans le même sac : désir et excitation sexuelle.

De toute façon, t’as pas le temps de t’en inquiéter parce que le voilà déjà qui s'éloigne pour checker le gâteau, le déclarer apte au service et donc à être emmené. Tu paies et tu fais rajouter une tartelette au citron pour ton propre plaisir, enfin le vôtre, peut-être plus tard ou peut-être pas, mystère. C’est bien sûr pas toi qui porte le sac. Une main dans celle de Justin, l'autre se balance au bout de ton bras guilleret. Encore plus après que Justin lui demande de dormir chez lui.

— Tu ne peux pas, honey. Tu dois.

Tu ponctues ta phrase d’un clin d’œil aguicheur. Oui, il doit. Il doit rester avec toi, te serrer dans ses bras, te laisser dormir contre son corps chaud, t’apaiser après t’avoir fait l’amour, avec passion de préférence. Les images s'impriment dans ta rétine, t'essaies de ne pas trop te concentrer dessus. Tu presses sa main dans la tienne.

— Ça ne va pas déranger tes parents ?

T’es vaguement inquiet, parce que t’as envie que James t'apprécie et pas uniquement pour approuver votre relation. Danny aussi, mais ça semble déjà gagné pour lui. Il n’y a rien à approuver en soi, vous couchez juste ensemble… non ? Oui ? Trop compliqué. En plus, tas une idée derrière la tête, en lien avec Vogue, puis t’as de vieilles habitudes. Chez toi, tu n’aurais jamais pu agir de cette façon. T’as toujours un peu de mal à croire que des parents puissent être aussi… géniaux ?

@Justin Wilson

Tu hoches brièvement la tête pour signifier que tu as entendu. Un brunch ? T’en as jamais fait mais en général, tu dors toujours à l’heure du brunch. Tu vis complètement en décalage et de toute façon, tu préfères d’autres activités que de manger, en compagnie de Justin. Raison pour laquelle tu n’as jamais relevé son absence de table. Pour toi, le comptoir suffit, ou le canapé, comme quand il t’a préparé une quiche la première fois. Une table, ça engorgerait l’espace, que tu te dis en parcourant la pièce d’un regard.

Puis James te pose une question et tu ne réponds pas tout de suite. Tu as trois secondes de battement durant lesquelles un souvenir te percute ; celui d’un repas « de famille » formel autour d’une table, le désintérêt de ta mère qui ne fait qu'exister, le regard dur de ton père dont l'aura t'écrase, la tension chez Pin-ye qui déteste manger et souffre de troubles alimentaires. Le silence de plomb uniquement rompu par le bruit très discret de la mastication. Et encore, même ce bruit n’était qu’à peine toléré. Il suffisait d'un décibel de trop pour que ton géniteur te regarde de travers, te cloue sur ta chaise sans un mot. Il avait... a... sur toi un immense pouvoir. Surtout après que tu sois retourné vivre chez eux, après DARE, la suite d'un cauchemar uniquement suspendu.

T’avais appris à manger peu et surtout, en silence, pour ne déranger personne. Tu clignes des paupières pour revenir à la réalité. Tu réponds comme si de rien n'était :

— On mange à table. Mais ça ne me dérange pas qu’il n’y en ait pas. J’aime bien manger dans le canapé.

T’aimes surtout la proximité avec Justin. T’aimerais bien te coller dans ses bras, là, tout de suite, mais tu te retiens parce que t’as pas envie que quiconque remarque ton trouble. T’as déjà été faible devant lui, quand il a découvert pour la fiole. Pas question que ça se reproduise.

— Vous devriez essayer.

Tu rajoutes avec un sourire presque candide. Ça n’a rien d’une provocation, tu te dis que peut-être, un homme de son standing ne s’y est jamais abaissé et qu’il y a une expérience à faire. Après, t’as aucune idée du menu, ce n’est peut-être pas possible, ou simplement James refusera. Tu ne sais pas quoi faire de toi, encore moins depuis cette image qui s’est imposée dans ton esprit. T’appartiens pas à cette famille-ci, t’as rien à y faire, mais… t’as pas envie de partir pour autant. N’empêche que le malaise est bien là, qu’il te retourne l’estomac.

@Justin Wilson

Tu écoutes l’échange, attentif. C’est vrai que Justin t’a parlé de ses voyages, tu te rappelles avec horreur le fameux van dont il t’a montré la photo, puis cette femme qu’il a aidée à accoucher dans un pays que tu n’es pas capable de placer sur une carte. Bon, tu peux à peine y placer la Corée mais c’est un autre problème… Tu pouffes quand tu entends l’histoire de l’Espagne. Tu imagines bien la scène, même si tu n’as jamais posé un pied dans ce pays. L’Espagne… L’Europe… Tu rêvasses un peu sur le sujet, ce qui t’évite de trop t’attarder sur la façon dont ces parents plaisantent avec leur enfant, dont tout semble naturel, où les choix de vie ne donnent lieu qu’à des taquineries sans malveillance. Où rien n’est imposé.

De l’extérieur, tu contemples un tableau idyllique de famille américaine, du genre qu’on voit dans les séries que tu consommes sans modération. Ça te serre le cœur, parce que tu sais que tu n’y appartiens pas. T’es même pas une pièce rapportée, tu n’es personne. Justin n’est pas ton petit ami, c’est… c’est… Justin. Et même s’il t’embrasse sur la joue, même si t’as les yeux qui picotent un peu, tu ne te sens pas plus légitime d’être là. Sauf que, d’une part, tu ignores comment partir sans que ça ne pose un problème (t'es le premier surpris de t'en inquiéter) et, d’autre part… t’en as pas vraiment envie non plus. Pourquoi ne pas faire semblant au moins pendant un repas ? Une autre expérience américaine.

— Ça ne m’ennuie pas, je trouve ça amusant. Je n’ai jamais voyagé ni exploré le monde. Je commence seulement, tu te corriges parce que t’as quitté la Corée mais on t’a un peu obligé même si tu ne l’avoues pas. Justin m’a montré un van avec lequel il voyage, c’est… terrifiant.

Tu l’as déjà dit à l’intéressé, tu ris à nouveau, ce qui soulage la pression de ta gorge et derrière tes yeux.

— Je suppose que tu vas dire que voyager dans de beaux hôtels confortables avec un grand lit, ce n’est pas pareil ?

Tu glisses un regard à Justin. Tu taquines un peu, t’as bien compris que ce n’est pas pareil et qu’il y a des régions du monde où avoir un lit, c’est déjà le comble du luxe. Tu n’en vois pas l’intérêt, là, avec ton petit confort de citadin centré sur son nombril. Mais qui sait si un jour, la pièce ne finira pas par tomber ?

@Justin Wilson

L’histoire de la douche portable te catastrophe complètement. T’essaies de ne rien laisser paraître mais tu n’en penses pas moins. Quant aux histoires humanitaires, ça reste un sujet qui te passe au dessus. T’es plutôt du genre à aider les autres quand on te voit le faire et si tu dois aller sur le terrain, à rentrer à l'hôtel après avoir fait ta bonne action. Socialement, tu sais que tu es privilégié et que c'est inscrit dans le contrat que de provoquer un peu de rêves chez les gens en partageant ce que tu as. C’est ta seule motivation. Pas certain que ça change un jour…

Mais qui sait, il y a plein de choses que tu n'aurais pas crues possibles avant de rencontrer Justin Wilson.

Tu goûtes le gratin dauphinois, délicieux comme il se doit et tu écoutes la conversation en y participant si on t’y invites. Ça ne te ressemble pas vraiment de ne pas la monopoliser mais t’es curieux de ces interactions inédites pour toi. Elles déclenchent de drôle de sentiments que tu essaies de comprendre sans en être capable. Et ça te tourmente un peu plus à chaque minute.

Après un bon repas et un excellent dessert, Justin et toi finissez par repartir. T’es un peu gêné de ce que vont imaginer ses parents sur vos activités, toi qui est pourtant un exhibitionniste dans l'âme. Et maître des paradoxes...

Tu lui as de nouveau pris la main sur le chemin, sans y penser. Tu soupires en passant la porte de ton appartement.

— C'était… inattendu, tout ça. Je ne sais même plus pourquoi je venais au départ.

Tu pouffes et te glisses dans ses bras, te presse contre son corps en lui faisant les yeux doux.

— J’ai mangé beaucoup de gâteau, tu m’aides à me dépenser ?

Au moins, le sexe t'évite de trop réfléchir et ça t'aide à te sentir moins mal.

@Justin Wilson