Ne t'inquiète pas, ça va mal se passer ft. Justin

Tu piques une crise sans véritable raison.
Tu jettes à ton téléphone un regard mauvais, comme si Justin allait le percevoir à travers son écran. Vous aviez un échange un peu houleux, ni le premier, ni le dernier depuis le début de votre relation. Sauf qu’il a eu le culot d’arrêter de répondre avant toi.
T’as vu les trois petits points danser, danser, danser… sans jamais dégueuler le message.
Puis rien.
Le vide.
Le vide.
Il ose !

Ah, l’enfoiré !

Tu sombres dans une paranoïa incontrôlable. Tu le vois avec un autre pour t’oublier (tu sais que t’es pas le seul à squatter son lit mais t’es pas obligé d’aimer la perspective, surtout que ça blesse ton petit ego). Tu commences à paniquer, à l’idée d’avoir écrit le mot de trop. Tu relis l’échange (stupide au demeurant), t’as du mal à respirer, et tu commences à t’énerver tout seul d’avoir cette réaction.

Donc tu décides de t’en foutre, d’appeler River (de le convoquer) sauf qu’il ne répond pas non plus. Quelle honte ! Il va voir quand tu lui mettras la main dessus.

T’es là, tout seul face à ton miroir, des images qui te collent la nausée en tournant dans ton imagination dérangée. Tu reprends ton portable, regarde la liste de tes contacts, envisage d’allumer Tinder parce que tu n’as pas envie d’avoir envie de lui, tu n’as pas envie de te contenter de ce qu’il veut bien te donner, pas plus que, paradoxalement, t’as envie d’une relation monogame (que tu n’as jamais eue de ta vie, au passage).

T’es paumé.
T’es en colère.

Donc tu t’habilles pour aller lui dire que ce coup-ci, c’est fini (tu parles) et au passage, lui casser son coup gratuitement. Tu vas commencer par frapper poliment à la porte, puis t’énerver un peu plus, il sera bien obligé d’ouvrir. De donner des explications. Tu vas faire fuir son amant et l'empêcher de conclure. Tu vas le laisser là, frustré.  

Excellent plan.

Même si t’es furieux, tu prends le temps de bien t’habiller, te coiffer, te parfumer, bref tu prends soin de toi pour lui rappeler ce qu’il perdra, d’ici quelques minutes. T’es décidé ! T’y arriveras, tu ne cèderas pas ! T'es pas faible, il n'a aucun pouvoir sur toi. Aucun.

Aucun.

Tu passes la porte d’en bas en même temps qu’une femme avec ses courses. Tu l’as déjà croisée, elle te sourit et tu l’ignores, grimpant les escaliers jusqu’à arriver devant cette porte que tu connais si bien. Et quand ton poing s’écrase sur le battant, il manque un peu de cette subtilité que tu t’étais promis… En plus, tu entends des voix.
Plusieurs voix.

Il a le culot d’organiser une partouze sans toi ?
Bon, t’aurais pas accepté, mais c’est pas une raison.

— Justin, je te jure que si t’ouvre pas tout de suite je…

Heureusement t’as pas besoin de terminer ta phrase, parce que t’as aucune idée de ce que tu aurais fait, le cas échéant…

@Justin Wilson

La porte s’ouvre et tu restes muet, la bouche entrouverte par la surprise. Pendant une seconde t'es sur le point de hurler. Il envoie son amant t'ouvrir, il est sérieux ?! Mais quel connard ! Dans ton genre, t'es pas mal non plus mais là, ça atteint des sommets. Tu vas te le faire, ce sale petit...

Puis tu reconnais James Bradshaw.

Tu ne l'as jamais rencontré auparavant mais après que Justin t’ait parlé de ses parents, tu as fait des recherches parce que le mot “Vogue” a titillé ton ego. T'as déjà été dans celui de la Corée mais en Europe c’est quand même autre chose. Bref… Tu as donc vu des photographies de l'homme qui se tient devant toi, et de celui qui est derrière lui, à l'intérieur. Tu sais qui ils sont et tu sais qu'ils ne sont pas les amants de Justin. Ou alors, t'es tombé dans une sacrée famille dysfonctionnelle. Mais bon, vu la tienne... Tu ne pourrais même pas juger.

Tu clignes des paupières, penses à refermer ta bouche. Tu te glisses naturellement dans ton rôle habituel. T’es à nouveau une super star, t’as confiance en toi, t'es pas du tout en train de vriller parce que tu imaginais Justin avec quelqu’un d’autre, ni à cause de votre relation au sens large. Tout va bien.

— Je ne lui ferai pas de bisous.

Tu te rattrapes avec élégance, un sourire charmant sur les lèvres, un accent chantant dans la bouche que tu n'essaies même pas d'atténuer. Tu tends la main.

— Je suis Shin. Justin n’est pas là ? Je voulais… Juste le voir.

Tu laisses tes joues rosirent doucement, comme si tu avouais quelque chose d’un peu honteux, pour laisser planer le doute. Tu ne mens pas, tu voulais le voir.

— J'aurais dû appeler avant, c’est.. vous savez… On se laisse porter par l'impulsion du moment. Parfois je ne réfléchis pas. Je vais vous laisser.

Une feinte pour être invité à rester, justement.
Espérons pour toi que ça fonctionne.

@Justin Wilson

Il est parti faire des courses. Bon… Ceci explique qu’il ait cessé de répondre, il avait peut-être oublié son téléphone dans son appartement ou tout simplement, ses parents avaient débarqué et il n’avait plus pu s’en occuper. Tu trouves quand même qu’il exagère, t’es plus important, non ? Non, bien sûr que non, mais tu ne réponds pas à cette question rhétorique désagréable. Tu préfères serrer la main tendue en essayant de t’incruster sans en avoir l’air. Tu remarques que James s’apprête à te congédier mais heureusement, le deuxième parent arrive à la rescousse.

Tu serres une seconde main, avec un sourire tout aussi large. T’es aux États-Unis depuis suffisamment longtemps pour que ça ne soit pas le premier couple ouvertement gay que tu croises mais c’est bien le premier qui soit aussi parent et pour toi… pas que ça soit bizarre, non, juste… incongru ? En Corée, ça ne viendrait à l’idée de personne. Mais tu t’en moques bien, toi, t’aimes juste le spectacle de deux hommes résolument beaux et heureux même si l’un a l’air plus heureux que l’autre. Une fois vos mains jointes, Danny te tire presque à l’intérieur et tu te laisses faire.

— Oh mais je ne voudrais pas déranger…

Bien sûr que si, tu veux déranger. Tu étais même venu précisément dans l’optique de foutre la merde, quoi que tu aies été persuadé de tomber sur un amant, pas sur un couple de parents. T’as même droit à ton verre de vin.

— Oui, Justin est très sociable et s’intéresse à beaucoup de gens différents.

Tu dis cela comme si ce n’était pas grand-chose, un ton badin, alors que, précisément, c’est un point de friction entre vous-même si aucun de vous ne cherche une relation monogame. T’es tout en paradoxe. Tu n’arrêtes pas de sourire, surtout parce que t’as perçu le compliment subtil derrière. Bien joué, Danny.

— Mais rassurez-vous, il continue de fuir la mode autant que possible. Sa garde-robe est une catastrophe. Un jour, j’ai quand même réussi à lui faire porter une chemise. Une belle.

Et t’en es encore tout fier, t’as l’image gravé dans la rétine. Justin est presque devenu ta cause humanitaire. En matière de mode.

— Je l’ai rencontré il y a… deux mois, je crois ? Peach était venue dans mon immeuble, j’habite à côté. Je l’ai aidé à la récupérer et nous avons sympathisé. Il m’a offert une BD.

Tout en chamboulant tes certitudes sur tes goûts sexuels au passage, entre autres. Mais t'annonces le coup de la BD comme si c'était un truc incroyable. Bon, c'était mignon et ta première BD, en plus, donc ce n'est pas rien en soi. Juste que t'as quand même plutôt retenu tout ce qui est lié au sexe. Sens des priorités...

— Et vous alors, vous venez en vacances à Seattle ?

Quelle drôle d’idée, quand on a des origines européennes, mais tu ne vas pas juger. T’es bien là, toi…

@Justin Wilson

— Hélas, non.

Et t’en es le premier navré quand tu comprends à quel point l’évènement est exceptionnel. T’essaies d’imaginer Justin, plus jeune, se battre et se débattre pour ne pas être correctement habillé, contre cet homme qui est la quintessence du bon goût. Tu trouves ça incongru, puis pas tant que ça car tu apprends petit à petit à le connaître et il n’agit jamais comme on s’y attendrait.

Un joli visage, c’est tout ce que tu es ? Danny reprend pour toi et tu le trouves encore plus sympathique. La manière dont ils échangent, leur dynamique, tout ressemble à un spectacle bien huilé mais un spectacle… auquel on croit. Peut-être qu’ils ne jouent pas ? Peut-être qu’ils n’ont pas besoin d’être en représentation, eux, pour que leur vie ressemble à quelque chose de beau ? Tu ne sais pas quoi faire de cette information.

Alors tu poses des questions, une en particulier : pourquoi sont-ils là ? À ce stade, tu n’as pas idée d’à quel point Justin a pu souffrir. Tu sais juste qu’il a eu des soucis avec l’alcool et qu’il n’en boit plus, ce qui te semble presque anecdotique. Si t’avais un peu d’empathie et deux sous de bon sens, tu aurais poussé plus loin… Quant à la stabilité, et bien Justin est une star donc il part en tournée, pour toi c’est évident. Tu n’as pas encore franchi l’étape suivante, pourtant logique, qui signifie qu’il ne va pas rester à Seattle toute sa vie. T’es fort pour te voiler la face.

— C’est très gentil, vous êtes de bons parents.

Et t’en connais un rayon sur les parents merdiques. Tu vas éviter de parler de ton grand-père, ça casserait l’ambiance. À la place, tu réponds :

— J’étais à New-York mais j’ai eu envie de changer, de découvrir. En Corée, je regardais beaucoup de séries américaines, c’est pour ça que j’ai ensuite choisi Seattle. Je fais du tourisme pour chercher l’inspiration.

Ce qui n’est pas totalement faux, seulement une partie de la vérité. Mais même si t’es une catastrophe sociale à cause de ton égocentrisme, tu tiens trop à peaufiner ton image de perfection pour balancer comme ça que tu souffres d’une dépression sévère, que t’as vraiment envisagé de te suicider à New York et que Grey’s Anatomy t’as plus ou moins sauvé la vie en te laissant croire qu’il y aurait un espoir ici. Ce qui se confirme pour le moment, mais tu ne vois jamais beaucoup plus loin que le jour suivant…

— Vous habitez à New York ? J'y serais resté plus longtemps si j'avais su !

Tu ris, toujours charmant, un peu charmeur. Ils ont le contact facile. Danny en tout cas. Toi, t'es à l'aise comme si tu les connaissais depuis toujours.

@Justin Wilson

Vivre à Paris. Tu essaies de te projeter, avec ces fantasmes qu’ont tous les gens qui ne vivent pas dans cette capitale et son quotidien qui est loin du glamour qu’on imagine. Tu te vois déjà sur place avec Justin, le trainer dans des boutiques pour faire du shopping, réitérer ton exploit de la dernière fois. Tu te demandes si tu dois le pousser à te faire beaucoup de mal pour qu’il culpabilise assez et accepte ou s’il y a peut-être un moyen un peu moins tordu d’arriver à tes fins. T’en es là dans des réflexions (et à te demander à quoi tu ressemblerais en costume de marié, tu ne vas pas porter du noir quand même ?) quand Justin revient, précédé par Peach.

Tu salues l’oiseau avec enthousiasme et un sourire sincère, spontané. Cette petite bestiole apporte toujours une forme de joie, sans que tu ne comprennes pourquoi. Puis Justin arrive et il semble aussi surpris de te voir que toi quand la porte s’est ouverte sur James. Tu décides de faire comme si de rien n’était, comme si ta présence ici, en cette compagnie, relevait de la normalité. Est-ce que ses autres amants ont rencontré ses parents ? Tu décides que non, que ça te rend donc spécial et c’est très bien, car tu l’es, spécial. Unique.

— C’est pas toi qui dois cuisiner ?

Tu n’as pas encore toutes les subtilités de langage. Tu arques un sourcil. T’as envie de l’embrasser. Quand t’es dans la même pièce que lui, t’as toujours envie de le toucher, et c’est la première fois que tu le ferais devant quelqu’un d’autre. Toi qui n’est pas du genre pudique, t’es pourtant figé. T’as beau être tout ce que tu es, t’as une éducation profondément ancrée et ça ne se fait pas.

— Tes parents sont gentils, ils m’ont servi du vin et on a discuté. Tu savais qu’ils restent à New-York quelque temps ? Ils nous ont invité !

Toi, t’as déjà la tête dans le New-York pailleté, avec la belle société, les stars, bref à ta juste place. T’es un peu trop enthousiaste pour une pièce rapportée.

@Justin Wilson

Oh. D’accord. Tu comprends mieux et tu souris d’un air faussement gêné. T’es content d’avoir droit à un bisou, même si ce n’est que sur la joue.

— Les questions n’étaient pas embarrassantes.

C’est vrai, du moins tu n’en as pas eu l’impression. James s’occupe de résumer votre échange et toi, tu es qualifié de messie. Tu ne connais pas cette expression-là non plus mais tu demanderas plus tard, parce que Justin n’a pas l’air très enthousiaste pour l’histoire de New-York. Tu commences à te demander s’il est fâché à cause de votre dispute un peu plus tôt (alors que, franchement, des deux, c’est toi qui devrais l’être) mais comme James t’interpelle, tu volètes jusqu’à lui avec ton verre de vin, abandonnant la cuisine. Tu ne cuisines toujours pas et ta seule contribution, en général, consiste à le distraire pendant que ça cuit.

— Ah, c’est une règle aux États-Unis ? Je pensais que c’était une sorte d’œuvre d’art.

Tu observes le sapin d’un air concentré, la tête légèrement penchée sur le côté. Chez toi, on ne fête pas vraiment Noël et tu n’as jamais eu de sapin donc ça ne t’a pas choqué, cet arbre décoré. Surtout dans l’appartement d’un artiste. T’as mis ça sur le compte d’une excentricité.

— À quoi ressemble la vie en France ?

Tu finis par demander parce que oui, tu débordes de curiosité sur le sujet et t’as la tête farcie de tout un tas de fantasmes. D’un autre côté, t’aimerais bien te rapprocher de Justin mais ça implique d’aller dans la cuisine et s’il te demande de l’aider, tu vas t’humilier devant James Bradshaw -ce que tu préfères éviter. Si tu avais su, d’ailleurs, tu te serais habillé autrement. Moins… conventionnel ? Tu ne l’es pas du tout, en réalité, mais t’as des tenues bien plus intéressantes dans ta garde-robe, dont celles de ton cousin. Ç’aurait été le moment ! Voilà que tu commences à en vouloir à Justin de ne pas avoir anticipé l’occasion. Il exagère ! Heureusement qu’il est canon.

@Justin Wilson

L’histoire du sapin te passe complètement au-dessus. Tu ne remarques même pas le fait que James tourne la tête vers Justin, trop occupé à regarder l’arbre d’intérieur pour y trouver des réponses à des questions sans le moindre sens. D’ailleurs, tu relances la conversation, comme si de rien n’était (et pour toi, rien n’est) en interrogeant James sur sa vie à Paris. Tu t’apprêtes à approfondir le sujet quand December vient sur le tapis. Tu es surpris mais tu souris largement en acquiesçant. Tu t’apprêtes à approfondir mais Justin est maladroit, il fait tomber un verre. En tournant la tête pour regarder la scène, tu te souviens de votre dispute à ce sujet. T’es toujours blond, un peu plus de dix jours plus tard, et ça risque de durer encore quelques temps parce que si vous avez déjà pris des photos ensemble, tu as prévu d’en refaire sous peu.

— Un complexe d’infériorité ?

Tu sais qu’il ne l’aime pas ou du moins, tu es resté là-dessus. Tu n’as pas posé davantage de questions parce que vous avez noyé le sujet dans d’autres considérations plus personnelles, puis vous avez terminé la dispute au lit, sans jamais y revenir. Tu t’humectes les lèvres. Ce serait impoli de ne pas répondre mais en même temps, ça contrarie Justin…

Mais comme vous vous disputiez avant que tu débarques, justement…

Abruti.

— Ember est mon cousin ! Je viens bien de Corée ! Normalement je suis brun mais je vais vous montrer pourquoi je me suis teins en blond, c’est récent.

Tu sors ton téléphone portable et tu vas dans ta galerie qui contient une quantité hallucinante de photos de toi. Quelques-unes avec Justin, pas du genre que tu aimerais mais quand même, tu aimes les regarder quoi que tu ne te l’expliques pas. Le plus intéressant, c’est le dossier « Ember » où tu as téléchargé les photos de votre premier shooting ensemble. Elles sont toutes fraiches et variées. T’as enfilé plusieurs tenues à lui, tu t’es amusé à l’habiller pendant que lui t’habillais, bref c’était un chouette moment, presque autant que de dormir contre lui.

— Elles sont un peu brutes, on doit en refaire et on a encore des tenues à essayer, mais le rendu est extra ! Quand je vais les poster, ça va lui attirer beaucoup de visibilité !

T’es tout excité à cette perspective, on dirait un gosse dans un magasin de bonbons. Tu ne dis pas que ça va t’en attirer, à toi aussi, parce que ça te permettra de relancer ton compte avec des photos de qualité. Tu laisses James regarder et tu évites soigneusement le regard de Justin, à qui tu n’as pas pu montrer les photos justement parce que tu savais qu’il n’aimerait pas les voir, et ce même si t’en mourais d’envie. Bon, les montrer à son père, ce n’est pas mieux mais t’es faible quand il s’agit de ton ego…

Photo 1 – Photo 2 – Photo 3 – Photo 4 – Photos 5 – (et plein d’autres).

— J'aimerais bien en faire avec Justin aussi, des comme ça.

Tu ajoutes en le regardant, cette fois. T'es tout mignon et c'est même pas une déclaration calculée. C'est plus... une vérité. Qui vise certes à l'apaiser au cas où il prendrait mal ces photos-là, mais n'empêche. Tu ne mens pas. T'aimerais vraiment. Beaucoup. Et pas une seconde tu ne te rends compte qu'il pourrait le prendre comme un piège, que tu déballes ça devant ses pères. Pour une fois, t'es juste spontané.

@Justin Wilson

C’est bien pour ça que tu vas en refaire. Tout à ton enthousiasme, t’as plutôt cadré sur vos visages, sur votre alchimie, tu t’es fait ton délire et t’as oublié la vraie raison (excuse) de ce shooting. T’en as d’autres où on voit mieux les fringues d’Ember, quand même, mais là tu avais surtout envie de montrer votre ressemblance et à quel point vous allez bien ensemble. Tu ranges ton téléphone et tu suis le regard de Danny quand il interpelle Justin.

— Je ferais de mon mieux !

Tu fais toujours de ton mieux, surtout pour exaucer tes propres caprices. Tu souris largement au père de ton… plan cul ? Quel que soit l’adjectif, puis celui-ci fait remarquer qu’il n’y a pas de dessert. Tu te demandes pourquoi tu devrais t’occuper de ce problème puis tu comprends que ça te permettra d’être un peu seul avec Justin, alors tu acceptes. Comme tu es sorti sans veste autre que celle que tu portes, tu le suis tout guilleret dans les escaliers, la dispute comme… volatilisée. Tu glisses même ta main dans la sienne, spontanément. Tu ne faisais pas ça, avant, mais t’as vite pris ce genre d’habitude avec lui. Ça te grise.

— Ils sont sympas, tes parents ! T’as de la chance ! Si ça avait été les miens… Enfin, ça ne sera jamais les miens, alors peu importe. Tu vas cuisiner quoi ? C’était gentil de m’inviter. Enfin tu ne m’as pas invité, mais Danny l’a fait, alors c’est tout comme, non ? Il est gentil, Danny. Je crois que ton autre père m’aime bien aussi, il est plus réservé…

Et tu pépies, sans te rendre compte des énormités que tu sors. Pas une seconde tu te dis que ta présence n’est pas souhaitée. Pas un instant tu ne penses qu’il pourrait être encore contrarié et pour de nouvelles raisons, en plus. T’es complètement aveugle à tes propres énormités…

@Justin Wilson