I was here to heal one hand... Not to hurt the second. (Yuna)

Certains patients se sont fidélisés avec le temps. Quand tu as cessé de travailler dans ton ancien cabinet sous les ordres d’un patron qui te saoulait à chaque fois qu’il était dans la même pièce que toi, et que tu as ouvert cet endroit, certains patients t’ont suivi. Il faut dire que les patients n’aimaient pas beaucoup ton supérieur. Trop bourrin, pas très sympathique, bref, un homme qu’on a pas envie d’avoir pour prendre soin de son corps. Les lieux n’étaient pas très accueillants non plus. Au moins ici les grandes vitres opaques offrent tout de même une belle luminosité. Et les tons verts pastels rendent le cabinet un peu moins terne et plus agréable. Tu es de l’école à favoriser la manière douce quand c’est possible, même si tu sais que pour débloquer certaines zones il faut savoir y aller avec force. Tu es avec la vieille dame qui te parle de son mari alors que tu l’aide à effectuer quelques mouvements pour sa jambe douloureuse quand tu entends que ça s’agite à l’entrée. Tu fronces les sourcils. Qui se permet de s'énerver comme ça dans un cabinet médical? Tu finis avec la patiente et tu l’aide à se relever. Tu l’invite à se rhabiller et tu vas voir ce qu’il se passe. Ta secrétaire semble secouée, elle te dis simplement qu’un des patients à pris les choses en main et a viré le trouble fête qui l’a agressée. Les incivilités sont de plus en plus fréquentes. Tu vas jeter un oeil dehors et tu vois un type à terre avec la face ensanglanté, tu suppose que c’est lui qui s’en ai pris à ta secrétaire… et un autre au-dessus de lui qui le menace.

“Non pas que ce ne serait pas mérité pour quiconque manquerait de respect à mon personnel… mais en pleine rue comme ça… ça en choquerait plus d’un.”

Et puis, en termes de légalité, c’est pas parce que la victime est un connard qu’on a un passe droit. Même si de ton côté, tu serais pour. En terme de justice, tu vois les choses à ta manière. Le nombre de mecs à qui tu voudrais arracher les couilles est très grand, mais bon… la loi, l’accessibilité aux personnes en questions… que d’obstacles!

“Et puis… en général je ne préconise pas le combat comme remède pour mes patients… j’ai cru entendre dire que ça faisait plus de mal que de bien.”

Après… tu n’es “que” kiné… Peut-être que tu te trompes, mais c’est rare. Tu ne sais pas si l’homme à terre est un de tes patients, mais lui en revanche tu te fiche de son état. Qu’il aille se chercher un autre spécialiste. S’il aime quand on utilise la force à outrance, t’as bien un nom en tête à lui conseiller.

Oui, tu le sais bien, la violence n’est pas une solution… Du moins c’est ce qu’on dit. Le problème, c’est que les services de justice sont trop lent et parfois ne servent à rien... Ca dépend beaucoup du compte en banque du criminel et de sa couleur de peau, et pour certains, tu estimes que les transformer en punching ball est une punition parfaitement correcte. C’est que ton patient a un langage fleuri, dites donc!

“Encore une fois, le problème c’est pas le voisin c’est plutôt les flics, ce serait dommage que ce soit vous qu’ils arrêtent.”

Bon, quand tu vois l’état du deuxième gars, tu te dis qu’il y est quand même allé un peu fort. Un peu beaucoup même. Tu fais une grimace en regardant l’état de son visage. Il va douiller.

“Hmm… J’préfère quand même le sexe… Frapper les gens c’est différent…”

Tu ne peux pas dire que tu n’aimes pas ça, mais dans le respect d’un sport de combat. Ou frapper tes frères, mais ça, c’est une évidence! Tu le regardes rentrer et tu retournes ton regard sur le blessé. Tu soupire et tu sors un paquet de mouchoirs que tu lui donnes pour éponger un peu le sang. “Appelez un uber, allez vous faire soigner et j’veux plus vous revoir ici…Portez plainte et on fera de même.” Qu’il revienne ici, qu’il s’en prenne à nouveau à ta secrétaire, et ce n’est pas qu’un nez cassé qu’il aura mais une paralysie complète. Tu retournes à l'intérieur.

“Je finis avec ma patiente et ce sera à vous… En espérant qu’il n’y ait pas trop de dégâts.”

Tu passes à côté de ton employée pour lui demander comment elle va, et si elle a besoin d’un moment elle peut aller dans la salle de pause pour souffler un peu. Et puis tu retournes avec ta patiente pour finaliser le rendez-vous et tu en prévois un nouveau avant de la laisser s’en aller.

“Monsieur Rocky Balboa, c’est à nous!” Tu l’invite à entrer dans la salle de consultation et tu lis brièvement son dossier. “C’était pour votre main c’est ça?”

Tu soupire, il est blessé à la main et qu’est-ce que monsieur s’amuse à faire??? Non mais sérieusement les hommes… C’est pour ça que ces créatures ne t’attirent pas le moins du monde… Entre autres.

“Le médecin ne vous a-t-il pas dit de faire attention? On soigne pas une blessure en l’empirant.”

Ce serait dommage qu’un tendon lâche, et qu’il faille passer sur la table d’opération. Et là, la rééducation, c’est pas la même chose.

Franchement, si le mec se fiche de se faire arrêter grand bien lui fasse. C’est son problème, pas le tient, mais entre une agression physique et une agression verbale, l’une est davantage punie par la loi que l’autre. Et si les agressions verbales envers les femmes étaient vraiment répréhensibles, ça se saurait. Il rentre et tu le suit pas très longtemps après. Tu finalise avec ta cliente précédente et c’est à son tour. Il n’est pas en bonne voie pour devenir ton client favoris…

“Disons que si vos deux mains sont blessées, ça vous demandera plus de temps pour les soigner.”

Monsieur semble vexé de tes commentaires. Pauvre petit chou à la crème, est-ce qu’il a besoin d’une sucette comme les enfants pour se tenir calme? Tu reviens vers lui pour lui prendre sa main gauche et commencer à l'inspecter un peu.

“Désolée, les miracles ne sont, de toute façon, pas de mon ressort… pour ça vous pouvez tenter l’église à côté si c’est votre truc… et je ne fais que ce pourquoi je suis payée…”

Surtout avec ce genre de client. Tu pousses un peu plus pour les clients sympathique, forcément… ceux qui violentent des abrutis sur ton parvis ne font pas partis de tes clients préférés.

“Et si ma façon d’être et de faire ne vous plaît pas, vous pouvez tout à fait aller voir un autre professionnel.”

Tu ne te vexeras pas. Très honnêtement tu t’en fichais pas mal. Tu as suffisamment de clients pour ne pas t’inquiéter d’en perdre un. Surtout pas lui. Tu rejoins l’armoire pour récupérer un outil que tu lui ramène.

“On passe au fun! Vous voyez comment on utilise une trompette? La c’est presque pareil. Vous mettez le grip dans votre paume et vous appuyez un a un sur les boutons avec le doigt correspondant. Pour une série de dix!”

Ça va permettre aux tendons et aux muscles de travailler gentiment, sans s'abîmer. Ce n'est pas un exercice particulièrement amusant et très redondant, mais ça marche. S’il ne se barre pas d'ennui et d’irritation avant… ça te feras ni chaud, ni froid et ça ne t'empêcheras pas de dormir.