Nice to meet you… ❦ Ft. Rylee

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@Rhea Sutherland & @Rylee Bartlett

Il n’est pas toujours aisé d’être la dernière recrue d’un commissariat de police et ceci qu’importe le grade auquel on accède. Exercice périlleux que la sociabilisation puisqu’elle n’est en rien un art que tu maîtrises. Loin de là. C’est plutôt même une compétence pour laquelle tu n’es pas douée le moins du monde, en dépit des efforts fournis parfois par les autres. « Alors, Bartlett, tu viens ce soir. » Tes yeux se redressent sur le Lieutenant Samantha Miller, appelée « Sam » par l’équipe entière ; une grande rousse aux cheveux courts et au regard noisette perçant qui était devenue ta partenaire. L’intonation de sa voix laisse présager que ce n’est nullement une interrogation. Plutôt un ordre déguisé sous forme de cordialité. Tu lui souris, espérant que ta politesse te sauverait les miches. « J’pense pas. » rétorques-tu, replaçant ton minois face à cet ordinateur sur lequel tu pianotes vigoureusement depuis quarante minutes, rédigeant moultes rapports sur les dernières affaires en cours. Esquive que tu pensais habile. Que nenni ! Tu n’aurais pas dû parier sur la capacité de Miller à lâcher l’affaire aussi aisément. « Ce n’était pas une suggestion. Tu viens ce soir, point à la ligne. » renchérit-elle avec un sourire angéliquement diabolique, accentuant les traits facétieux de son visage. Tu l’observes, sentant que le piège se refermait sur toi. Refuser serait clairement pris comme un affront irrévocable. Avais-tu envie de courir le risque d’être à jamais laissée de côté par tes coéquipiers ? A ce rythme, tu allais très certainement terminer ta carrière au fond du placard à balais. Peu enviable, n’est-ce pas ? Tu émets un profond soupire désapprobateur. « Très bien. » Oh, tu sentais déjà que tu allais le regretter ! Et à en juger par la tête victorieuse de Samantha, tu avais toutes les raisons d’en être convaincue. « Youhou ! » exhorte-t-elle, visiblement ravie, les bras en l’air. Une véritable enfant ! Honteuse, tu dissimules ta tête derrière l’écran d’ordinateur, espérant que personne ne remarquerait ta présence et que tous se concentreraient sur l’illuminée bruyante penchée vers toi. « Alors à ce soir, Bartlett ! » annonce-t-elle, triomphante, avant de s’éclipser vers son propre bureau. Quant à toi, tu te sens effroyablement mal à l’idée de te retrouver ainsi « obligée » de côtoyer autrui. Cela dit, tu n’avais pas promis non plus de rester jusqu’à tard. Juste un verre… et tu disparaitrais aussitôt. Dessein simple mais efficace que celui-ci !

**************
Ambiance plutôt cosy, tu dois l’admettre, alors que tu pénètres dans les lieux. Tu ne connaissais ce bar que de nom, n’ayant guère profité de découvrir la ville jusqu’à présent, puisqu’il était régulièrement assailli par tes collègues en uniforme. Parfois, il semblerait que les pompiers ou les membres du corps médical, tels que les ambulanciers et les infirmiers, venaient également ici pour les festivités. Cependant, trop absorbée par tes obligations professionnelles, tu n’avais pas eu le temps de rentrer chez toi pour te défaire de ton uniforme – comme la majorité de tes camarades de fortunes. Tu n’étais pas certaine que ce soit le meilleur moyen de te présenter aux civils. Entre ceux qui détestaient les flics et ceux qui les craignaient… autant dire que vous n’aviez pas forcément la côte. Sauf peut-être pour ceux qui adoraient se plaindre. Bien sûr, il y avait parfois de bonnes âmes qui vous traitaient avec courtoisie, respect ou admiration. Néanmoins, tu avais la sensation désagréable que vous inspiriez plus de méfiance que de sympathie. C’est sans doute la raison principale pour laquelle vous restiez ensemble, groupés comme des collégiens avec leur enseignant autoritaire. Quelques-uns osaient toutefois s’éloigner pour aller discuter avec des connaissances faites sur les années. Bien évidemment, tel que tu t’en doutais, il fut plus facile pour tes comparses sans uniforme de s’éclipser pour se mélanger à la foule. Les discussions allaient alors bon-train lorsque tu profitas d’un moment d’inattention de Samantha pour lui fausser compagnie. Le prétexte ? Il fut trouvé aisément. « J’reviens! » lances-tu en montrant ton verre de bière vide, te redressant prestement pour te diriger jusqu’au bar où tu espérais souffler un coup. Trop de monde ! Trop de papotages et de ragots sur des identités sans visage ! Tu avais mal au crâne.

A peine arrivée, le barman se dirigea vers toi. Avec politesse, tu lui offris ton plus beau sourire. « Une vodka pomme, s’il vous plaît. » Tu n’avais aucunement l’intention de te rendre ivre mais tu sentais que tu avais besoin de décompresser. Peut-être que de l’alcool « fort » t’y aiderait plus rapidement. Cependant, à peine eusses-tu commandé que tu entendis une conversation plutôt incongrue à tes côtés. Tu avais bien sûr remarqué la présence imposante de « Mickey » Standford, un officier peu subtil aux tendances misogynes qui appréciait un peu trop le son de sa propre voix. D’ailleurs, il ne semblait pas gêné de cela jusqu’à ce que sa compagne d’infortune – pauvre âme – ne lui décroche un sublissime : « T’as vraiment personne d’autre à aller emmerder ?! » Aïe. Touché, coulé ! Tu émets un rire que tu étouffes dans la paume de ta main, peu désireuse d’attirer l’attention de l’ours mal léché qu’il était. « Oh vas-y poupée, sors tes griffes! Ça m’excite! » Ton visage s’assombrit aussitôt. Non-seulement il rabaisse cette jeune femme, qui est très visiblement agacée étant donné sa réplique cinglante, mais en prime il ne comprend nullement son refus de poursuivre la soirée en sa compagnie. Tu le vois se pencher vers elle, accoudé au bar, comme s’il désirait rapprocher son visage du sien. Gifler un homme de loi devant cette foule serait perçu comme une agression physique et pourrait causer des troubles à la demoiselle. Cela te répugne. Tu interviens, te redressant sur tes jambes et posant une main sur l’épaule de l’individu, qui se retourne pour apercevoir ton visage fermé. « Je crois que cette jeune femme a été explicite, officier Standford. » Ses yeux te fusillent mais tu t’en moques. Tu resserres ta prise sur sa chair, démontrant que tu n’avais nullement l’intention de reculer. « Allez. Prenez une autre bière à mes frais et rejoignez vos collègues. » insistes-tu, lui intiment de s’en aller. Il pourrait te contredire en effectuant du forcing, sauf qu’il n’est pas dans la plus agréable des positions. D’autant que tu es sa supérieure hiérarchique – ce qui l’emmerde assez, tu en as conscience. Il fulmine, tu le vois. Tu le sens dans toutes tes cellules. Cependant, il abandonne la bataille, desserrant ses propres poings. Tu enlèves alors tes doigts de son uniforme. « On s’reverra bientôt… » grommelle-t-il à l’intention de l’inconnue, avant d’attraper sa boisson alcoolisée – servie en express par le barman qui avait écouté la conversation – et de s’extirper de cette situation stratosphérique. Dès que son aura puante s’évince du tableau, tu poses enfin tes yeux sur la jeune femme, que tu reconnais aussitôt comme étant ta colocataire – croisée récemment et rapidement dans la pénombre nocturne de votre appartement commun – et tu lui offres un sourire navré et compatissant. « Je suis désolée. Je crois que certains hommes sont restés bloqués dans le siècle passé et n’ont pas compris que nous sommes en deux mille vingt-quatre. » Entre autre chose, évidemment. Tu n’allais pas lui faire un récit de toutes les absurdités de son attitude déplorable. De plus, en étant particulièrement jolie, cela ne devait malheureusement pas être la première fois qu’elle était confrontée à cela, statiquement parlant. « Tu vas bien? » t’enquières-tu, espérant sincèrement que cet idiot n’avait pas contribué à traumatiser une énième femme ni à la rendre hostile aux uniformes de police.

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Décidément, certains hommes ne connaissaient absolument rien en matière de consentement, malgré qu’ils aient été formés à ce sujet. A croire que la testostérone rend parfois débile. Ok, tu y allais un peu fort sur tes pensées ! Cela dit, tu étais légitimement en colère d’avoir assisté à une telle scène. Y compris pour en avoir vécu des similaires à plusieurs reprises. « S’il ne portait pas un uniforme je lui aurais fait un petit update des cent dernières années de l’évolution de la Femme ! » Tu ne peux t’empêcher de rire gentiment de sa répartie cinglante, même si tu étais attristé. Mickey se pensait certainement invulnérable grâce à sa plaque d’officier. Pourtant, il ne l’était pas. Tu savais que personne n’échappait à la loi, pas même les imposteurs. S’il osait aller trop loin et qu’une courageuse victime l’attaquait, il ne serait pas protégé. Du moins, c’est ainsi que tu visualisais la Justice défaillante avec laquelle tu composais quotidiennement. Rien n’était parfait dans ce système. « Oui ! Je commençais presque à m’habituer à son parfum dégueulasse ! » Tu retrousses le nez, peu admirative des effluves dont il s’imprégnait avec légèrement trop de lourdeur. Vous étiez toutes les deux d’accord sur ce sujet ! Délicatement, tu prends ton verre entre tes doigts et en bois une gorgée rafraîchissante et sucrée. « S’il pouvait juste comprendre le sens du mot non… Et ne pas revenir encore une fois… Je pourrais déposer une mesure d’éloignement pour harcèlement ? » Tu l’observes, prudente. Bien qu’elle ait employé l’humour, tu n’es pas complètement dupe. Elle se renseigne peut-être « au cas où » et tu n’avais nullement l’intention de l’en dissuader, collègue ou pas. Tu lui souris, haussant les épaules avec indifférence. « Si tu as des preuves tangibles, comme des messages par exemple, ou encore des témoins qui accepteraient de confirmer tes propos, c’est complètement envisageable. » annonces-tu sans sourciller. Pourquoi protégerais-tu un individu qui se montre aussi misogyne et odieux, y compris envers toi-même ? Il n’était pas tendre, Mickey. Avec aucune femme. Tu plaindrais presque son épouse, sa mère ou ses filles – s’il en avait. Tu ne t’étais pas spécialement intéressée à la vie privée de tes pairs car cela impliquerait qu’ils te posent des questions sur la tienne. Sujet délicat que tu évitais précautionneusement !

« Merci en tout cas… Tu as adorablement fait honneur à ton uniforme ! » Tu penches la tête, prenant place sur le tabouret du bar, glissant ton verre entre tes doigts, un brin gênée. « J’essaie ! » lances-tu en souriant, tandis qu’elle titille ta plaque de ses doigts. Geste un brin tactile auquel tu ne t’attends pas et que tu excuses par les émotions vécues récemment. Ou peut-être était-elle simplement plus avenante que tu ne le serais jamais. « La prochaine tournée est pour moi c’est le moins que je puisse faire ! » Tu es étonnée et touchée par cet élan de gentillesse. Tu avais plutôt l’impression que c’était à toi de lui payer un verre pour déculpabiliser de l’attitude honteuse de Mickey. « Merci. » souffles-tu, intriguée et satisfaite que tu sois « récompensée » par ta droiture d’esprit, même si tu pensais avoir simplement fait ton travail pour ce qu’il était réellement. « J’en oublierais presque les bonnes manières… Rhea ! » Elle te tend la main et tu la saisis, lui offrant un sourire sympathique. Du moins le tentais-tu, peu à l’aise avec les élans sociaux. « Enchantée, Rhea. Moi, c’est Rylee ! » Ton nom de famille était inscrit sur ta plaque mais pas ton prénom, réduit à un simplissime « R. ». Sans doute pour éviter les stalkers et les incivilités. Tu t’accoudes alors contre le bar, toujours face à elle, déposant ton menton sur le haut de ta main. « En parlant de bonnes manières… Si ça ne te dérange pas, je préférerais te raccompagner quand tu voudras rentrer. Histoire d’être sûre qu’il n’ait pas la stupidité de vouloir te suivre. » suggères-tu avec bienveillance, peu envieuse qu’elle se retrouve dans une situation délicate. Bien sûr, tu espérais sincèrement qu’il n’aurait pas cette idiotie ! Cependant, tu te disais qu’il valait mieux prévenir que guérir. D’autant que tu n’avais aucunement l’envie que Mickey sache où elle habite, ainsi que toi par la même occasion.

Changement de sujet, tu as envie de détendre l’atmosphère. T’intéresser à ta colocataire te paraissait être une opportunité à saisir. Que lui demander ? Rien de trop intime. Tu optes pour une interrogation banale. « Alors dis-moi, Rhea… tu fais quoi, dans la vie? » la questionnes-tu, en prenant à nouveau une gorgée de ta boisson. Elle savait que tu étais dans la police, ce n’était donc pas un secret de polichinelle. Ça paraissait presque légitime que tu veuilles en savoir plus, de ce fait. Le barman vous observe alors discrètement, remarquant que vos verres se vidaient progressivement. Tu saisis le message subliminal et regarde ta compagne de soirée, ne désirant pas écourter votre échange – étrangement. « Shots ? » proposes-tu alors, histoire d’oublier un peu ce foutoir. Après tout, tu n’étais plus en service et tu avais le droit, pour une fois, de te libérer un peu l’esprit. Juste une fois.

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« Ça dépend… Est-ce tu as ta voiture de fonction ? Je pourrais jouer avec le gyrophare ? » Tu ris avec entrain, amusée de la douce innocence de l’ancienne demoiselle en détresse. Elle possède véritablement le charme des « femmes-enfants » qui continuent de s’émerveiller d’un « rien », tel le gyrophare d’une voiture de police. « Désolée, je n’ai que mon vieux carrosse à quatre roues pour te raccompagner ! » Loin d’être une poubelle pour autant, ta Toyota Yaris datant de plus d’une décennie effectuait très bien son job. Véhicule citadin par excellence, elle te suffisait amplement pour tes courts trajets lors des fois où tu ne prenais pas les transports en commun pour te déplacer. « Normalement je suis à sa place ! » Elle désigne l’homme derrière le bar et tu hausses un sourcil, ne comprenant pas immédiatement l’allusion. « Je suis barmaid. Je ne sais pas si tu connais le Witness ? Ça fait quoi… Un an à peu près que le club a ouvert… Je te conseille d’y aller ! Oui je suis payée au racolage de clients que je fais aussi ! » Finalement, cela paraissait presque « logique » qu’elle baigne dans le monde de la nuit. Elle semblait très à l’aise socialement. Toutefois, tu l’aurais plus imaginée en papillon de jour que papillon de nuit. « J’y passerai, alors. » réponds-tu avec sympathie, terminant ton verre de vodka-pomme à l’aide de ta paille de la même couleur. « Et pour la partie plus originale, je fais partie de la troupe du Aerial Circus. Je ne sais pas si tu connais ? » Ah ! Le fameux côté « artistique » que tu avais semblé déceler s’avérait donc existant. Toutefois, le nom évoqué ne t’était nullement inconnu. Pourquoi ? Tu l’ignorais. C’était comme un souvenir flou. Une information passée et retenue dont tu avais oublié la raison première. Ta mémoire défaillante, probablement provoquée par la focalisation sur les yeux de Rhea, ne paraissait guère vouloir se rappeler. « Je ne crois pas. Mais tu as piqué ma curiosité ! » avoues-tu sans détour, véritablement intéressée.

Pour détendre l’atmosphère, tu proposes alors des boissons plus fortes. Juste une fois. Règle de la prudence détournée au profit de l’exploration des interdits. Découvrant des nuances de couleurs dont tu n’avais plus le moindre souvenir. « I’m in ! En plus tu me raccompagnes ! » Tu ris avec amusement, enchantée qu’elle ait accepté cette proposition presque indécente pour deux quasi-inconnues. « Mais… T’as le droit de boire en service ? » Question légitime, formulée à la vue de ton uniforme bleu. Avec bienveillance, tu lui offres un sourire entendu. « J’ai fini mon service il y a bientôt une heure mais je n’ai pas eu le temps de me changer avant d’être prise en embuscade par mes collègues. » admets-tu avant de rire, en les pointant de ton pouce sur une tablée qui se chamaillait, plus loin, et buvait des bières. Ils semblaient s’entendre à merveilles et se railler avec des chamailleries. Tu t’étais exclue naturellement du groupe, préférant la quiétude de la solitude à des conversations futiles dont tu ne saisirais que peu le sens, oubliant parfois que tu n’étais à Seattle que depuis peu de temps. Ton envie d’évasion fut la plus forte. Sans doute que le charme de Rhea n’y était pas étranger. « Puisque tu t’y connais probablement mieux en boisson que moi, je te laisse choisir l’alcool pour mon shot? Mais attention, choisis bien parce que ce sera mon dernier verre de la soirée, puisque je te ramène. » Prendre un Uber était une éventuelle option, évidemment. Pourtant, tu avais l’impression qu’il serait plus judicieux de garder les idées claires face à la jeune femme. Son aura intrigante et solaire contrastait avec la tienne, t’offrant autant d’appréhensions que t’intérêts. Tu te sentais attirée par sa compagnie mais tu avais la sensation que c’était dangereux également. Pourquoi ? Ton esprit ne parvenait pas à poser le doigt là-dessus, continuant d’avancer dans cette brume nébuleuse d’une rencontre fortuite. Tes jambes balancent de gauche à droite, au rythme de la musique du bar, et tu lui souris avec douceur pendant que le barman s’affaire à la préparation de vos boissons. « Sinon… je suis curieuse… T’as une spécialité ? Dans la troupe, je veux dire. » Réel intérêt pour son monde que tu ne connaissais nullement. De ta mémoire, tu n’étais jamais allée voir un spectacle circassien. Alors pourquoi ce « Aerial Circus » tournait en boucle dans ta tête ? Aurais-tu simplement été frappée par une affiche colorée ? Non. Tu te doutais que c’était plus profond que cela. Cependant, l’heure n’était pas aux investigations. Tu désirais juste te laisser porter par la soirée, renouant avec ton ancienne « toi » que tu avais enterrée il y a fort longtemps. Exception d’une nuit d’insomnie, juste pour oublier les tortures de ton âme.

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« Mon âme ne se remettra jamais de cette occasion manquée ! » Tu ne réprimes nullement ton rire, à ton tour, trouvant cette légèreté enfantine plutôt rafraîchissante. Adorable moue de la déception candide, tu es toutefois persuadée qu’elle surjoue ce rôle à la perfection. Plus tu l’observes et plus Rhea t’apparaît comme un arc-en-ciel aux couleurs vives et chatoyantes. Ton instinct te murmure d’ailleurs que tu n’as point fini d’être éblouie par ses multiples éclats. « C’est une troupe de divertissement artistique spécialisée en cirque contemporain… Du moins c’est ce qui est noté sur les statuts de la société ! Pour faire simple c’est le Cirque 2.0 ! Pas de numéros avec les animaux, mais orienté sur l’acrobatie, la jonglerie par exemple. » Tu l’admets volontiers : tu n’y connais absolument rien à cet univers. Pour toi, les seules représentations observées fussent celles montrées à la télévision, probablement loin de la réalité des standards actuels. Tu n’émets donc aucune réserve à ce qu’elle t’annonce, plutôt charmée de l’éthique prônée vis-à-vis de vos amis à quatre pattes. « Cirque 2.0... Ça sonne bien ! » admets-tu sans détour, ravie. Bien que tu n’eusses évoqué le sujet qu’à sa surface, tu ressentais déjà la passion de la jeune femme pour son univers. Elle devait baigner dedans depuis sa naissance, si on en croit les statistiques à ce sujet. Rares étaient les « outsiders » qui parvenaient à être légitimes dans des milieux fermés. Cela dit, tu n’y mettrais pas ta main à couper non plus. L’évolution des mœurs était une réalité, désormais. Même s’il demeurait de parfaits exemples de modèles encore préhistoriques, tels que le fameux « Mickey » pour ne citer que lui. En parlant de tes collègues… « Tu avais refusé de te joindre à eux combien de fois avant qu’ils emploient les grands moyens ? » Tu ris, passant ta main sur ta chevelure attachée. Elle visait juste, Rhea, et cela démontrait sa capacité à analyser son environnement. Tout comme toi. « Suffisamment pour me menacer de me rétrograder à la circulation. » dis-tu en roulant les yeux vers le Ciel, vraisemblablement peu satisfaite de cette obligation sous fond de pression sociale. Depuis quand étais-tu astreinte à avoir une relation amicale avec l’ensemble de la troupe ? Du moment que tu appréciais ta partenaire, ou à peu près, était-ce si terrible d’être un élément discret ? Bien sûr, la cohésion d’équipe était importante sur le terrain. Néanmoins, laisser entrer les autres dans la sphère privée était également un risque tu ne souhaitais courir. A juste titre, tu savais que l’Homme n’était pas toujours doté des meilleures intentions.

Détournement de sujet, tu proposes qu’elle choisisse précautionneusement vos boissons. Après tout, puisqu’elle était barmaid, elle devait avoir de larges connaissances en la matière. « Challenge accepted ! » Elle y met un entrain qui te fascine et te provoque un rire douceâtre. « Pineapple upside-down cake s’il te plaît ! » Il s’exécute, vraisemblablement enthousiaste, alors que tu tentes de deviner de quoi sera composé cet intrigant intitulé. Heureusement, Rhea te sort rapidement de tes interrogations. « Vodka vanille, jus d’ananas et grenadine ! Sans oublier la cerise au marasquin accrochée sur le verre ! D’accord c’est mieux dans un verre plus grand que ceux à liqueurs mais ça te donnera un apéritif pour quand tu viendras au Witness ! » Tu étais loin d’imaginer la complexité de ce produit ! Tu es étonnée. Intriguée. « Intéressant ! » acquiesces-tu avec une réelle curiosité. Ceci dit, puisque le barman avait apparemment un temps de préparation plus important que d’ordinaire, tu te lanças sur un autre sujet qui grattait ton désir de connaissances : son second univers. Le cirque. [coloe=#00ffff]« J’ai été « formée » à plusieurs, mais la principale est… Comment expliquer… Peut-être as-tu déjà vu des numéros avec ces longs rubans blancs ou les gens s’enroulent et se laissent redescendre jusqu’au ras du sol ? C’est ça ! Enfin presque. C’est un numéro en duo, je le fais avec mon frère ce qui explique que les figures que l’on fait sont en un synchronisme parfait. On ajoute un peu de contorsion au sol et voilà ! »[/color] Tu entrouvres la bouche, stupéfaite de la complexité annoncée qu’elle prétendait presque « simplissime ». Comme tous les athlètes de haut niveau – et tu le savais également – cela devait paraître aisé. Ne pas démontrer l’effort le temps du show, tout en étant toutefois reconnue pour les innombrables heures d’entraînement. « Je fais aussi du trapèze, héritage familiale ! » Elle sollicite une nouvelle fois ton intérêt. Ainsi donc, elle était bien née dans ce milieu clos. Cela ne te surprenait pas réellement mais cela te permettait de mieux établir les contours de sa personnalité. « Ça a l’air vraiment exigeant comme travail Et magnifique à regarder ! » admets-tu avec un sourire franc et bienveillant. Peut-être serais-tu, un jour, au milieu de la foule qui viendrait admirer le spectacle. En tous cas, Rhea avait suffisamment suscité ta curiosité pour que tu y songes sérieusement.

Le barman revient avec vos verres qui sont particulièrement colorés. « Tu m’en donneras des nouvelles ! Cheers ! » Tu attrapes ta boisson, la levant devant toi pour claquer contre celle de ta partenaire de soirée. « Cheers ! » lances-tu avant de porter le liquide à tes lippes, oscillant entre méfiance de l’inconnu et excitation de la découverte. Lorsqu’il fut ingurgité, tu dus reconnaître que c’était délicieux. « Woah, c’est super bon ! » Un véritable nectar sucré aux arômes exotiques provoqués par l’ananas. Tu détaches la cerise, l’avalant aussi, tout en observant les traits de ta comparse. « Pourquoi ce choix spécifique? » l’interroges-tu en montrant ton verre vide, que tu reposes sur le comptoir. Ton besoin d’analyser était une déformation professionnelle tout autant qu’une quête plus profonde et intime. Tu aimais savoir comment les autres te percevaient et les travailleurs derrière les bars étaient particulièrement doués à ce jeu-là. Bien sûr, son choix pouvait être d’ordre purement personnel – ses propres goûts par exemple – et tu n’avais peut-être aucune incidence sur sa décision. Qui sait ? La vie était pleine de surprises. Tout comme celle, plutôt savoureuse, que tu dégustais ce soir.

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Deuxième rencontre que tu trouves plus agréable que la précédente. Tu te remémores avec difficulté votre échange nocturne, puisque la conversation fut brève tout autant que le visuel biaisé par le manque de luminosité. La faute à cette lampe que tu n’avais pas jugée acceptable d’allumer afin d’éviter de réveiller tes colocataires au beau milieu de leur sommeil alors que tu cherchais désespérément le tien. Les insomnies étaient une monnaie courante dans le milieu, tu l’avais rapidement compris. Aussi la curiosité était une seconde nature chez toi, tout comme la bienveillance. C’est pour cette raison majeure que tu t’intéressais réellement à ton prochain, n’hésitant nullement à formuler tes émois à l’égard d’autrui tout comme à manifester tes interrogations. Bien sûr, tu te gardais néanmoins de dévoiler tes « vrais » sentiments, préférant taire celle qui se dissimulait sous la surface de cette peau halée. La faute à la vie et tes mauvaises expériences. Ou peut-être ta capacité maladive à offrir ta confiance à ceux qui ne la méritaient nullement. Depuis, tu te méfiais du Monde autant que de toi-même. « Beaucoup d’entrainements… une discipline de fer…une confiance aveugle en son partenaire ! » Programme qui n’était pas si éloigné de ta condition professionnelle, en théorie. Des qualités que tu jugeais importantes pour bien effectuer ton job mais tu avouerais volontiers que la dernière partie n’était pas acquise. Bien que tu appréciasses Sam et son enthousiasme légendaire, tu n’étais pas encore capable de prétendre à lui confier ton dernier souffle. Tu estimais donc que Rhea était chanceuse de pouvoir bénéficier d’une telle synergie avec autrui. Cette compétence, qui s’apprivoisait sur des années, n’était pas donnée à tous. [color:a209= #00ffff]« La troupe recèle d’artistes géniaux… Tu passerais une bonne soirée ! » Tu souris, ravie qu’elle te le suggère à demi-mot. Aucune invitation franche même si le sous-entendu était propice. Tu hoches la tête, vraisemblablement joviale. « Je passerai peut-être vous admirer, à l’occasion, dans ce cas. » Aucune promesse. Ce n’était pas dans ta nature, d’autant que tu savais pertinemment que les aléas de la vie compliquaient parfois nos projets, quels qu’ils soient. Entre tes horaires irréguliers, ton errance sociale et ton manque d’envie de t’investir dans ce monde, tu n’étais pas capable de prédire de quoi ton avenir serait façonné.

La soirée prit une tournure différente dès lors que tu lui proposas, intriguée, de choisir la seule boisson alcoolisée supplémentaire que tu t’autoriserais ce soir. Quel délice ! Aussi alléchant que surprenant. « Défi réussi alors ! » Tu ris face à son espièglerie et cette confiance en elle débordante. Enthousiasme contagieux qui se glisse sur tes lippes étirées tandis que ton regard pétille de malice. « Haut la main ! » concèdes-tu sans détour, exprimant clairement qu’elle avait su ravir tes papilles gustatives. Pourtant, ton appétence pour la curiosité et les réponses murmurées revint au galop. Tu étais intriguée de découvrir par quel biais Rhea avait su où « tirer » pour viser en plein milieu de sa cible. « Quelle importance ? Le postulat était que je m’y connaissais mieux donc que je serais plus à même de te faire découvrir des saveurs intéressantes… Ce qui est visiblement le cas… » Était-ce simplement une question de chance ou était-elle réellement capable de lire entre les lignes comme si tu n’étais qu’un vulgaire livre ouvert ? Tu es à la fois fascinée et effrayée par sa justesse tout autant que son attrait à l’esquive. Elle cultivait le mystère et cela la rendait d’autant plus intéressante. Son corps se rapproche du tien, laissant entrevoir qu’elle savait clairement user de son langage corporel. « C’est un interrogatoire ? Si j’exerce mon droit de garder le silence qu’est-ce que je risque ? » Tu souris, amusée, déposant ton menton sur la paume de ta main, le coude posé sur le bar. Ta tête se penche légèrement sur le côté et tu prends un air légèrement attristé malgré tes yeux pétillants de finauderie. « Ce ne sera donc pas ce soir que je percerai le seret des super-pouvoirs psychiques des barmaid ! Zut ! » lances-tu en minaudant légèrement, avant de rire de ta propre légèreté d’esprit. Rhea n’était pas la seule à utiliser l’esquive comme moyen de défense. « Ceci dit, je te rassure : tu ne risques rien de particulier, si ce n’est de ne pas satisfaire ma curiosité. » admets-tu avec douceur, avant de te pencher à ton tour plus près de son minois à l’intense regard azuréen. « A moins que tu véritables but soit que je te menotte ? » souffles-tu, esquissant un sourire qui laissait libre-cours à son imagination. Elle ne serait pas la première à fantasmer sur une policière et des moyens de contention volontaire.

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