Locked out | Ft December

Ember apprenait à apprécier les jours de congé. Il vivait actuellement son tout premier “PTO” - personnel time off, à savoir, il avait posé une journée, rien que pour lui, pour aucune raison. Alors bon, il n’en avait pas beaucoup de disponible sur son contrat donc ça n’arriverait pas tous les jours, mais il avait eu envie de voir ce que ça faisait. Les weekends, il connaissait déjà car il avait fait des études, donc, l’idée d’une pause de deux jours ne lui était pas étrangère. Mais pouvoir juste demander un jour, comme ça, au hasard. Il se demande ce que c’est, de devoir gérer une entreprise. Gérer des personnes, une équipe, un calendrier… Ouais, il ne sait pas si il pourrait faire ça un jour, en fait. BREF, tout ça pour dire qu’il profitait de ce premier jour de congé payé. Au chaud, dans son appartement vide pour la journée. Il avait prit ce temps pour pouvoir terminer les broderies sur sa dernière création.  Il était dans une période de broderie, oui, et avait très mal choisi son moment en se faisant une entorse au poignet deux semaines plus tôt, prenant du retard dans toutes les dernières créations qu’il avait eu en tête. Heureusement, il se remettait bien et donc, avait prévu de dédier sa journée à terminer ce projet devant Friends, qu’il avait déjà vu, revu et re-regardé avec Minho, ainsi n’avait-il pas tellement besoin  de se concentrer sur l’écran.
Il finit par être déconcentré, cependant, quand on sonne à sa porte. Par réflexe, il se lève en laissant son travail sur le canapé pour aller vérifier l’état de la chambre de Minho - peur d’avoir à nouveau inondé l’immeuble. Mais, non, tout allait bien, il va donc ouvrir la porte et est curieux de voir une demoiselle l’air clairement frigorifiée. “Bonjour?” il aura donc dit avant que les explications ne viennent d’elles-même. Voisine du dessus, s’était enfermée en dehors de son appartement.  Il se demande un instant si ça pourrait être une arnaque pour essayer de lui voler des trucs, mais si c’était ça, elle était pas très douée, et en plus, pas bien tombée, donc il décide de jouer la confiance sur ce coup là. “Je serai très capable de faire la même chose… Pas de soucis, entres, en plus il fait froid dehors.” Il dit en lui indiquant l’intérieur de l’appartement. Il referme derrière elle et va chercher son téléphone pour lui tendre. “Thé? Café? Un énorme pull pour se remettre du glacier qu’est le couloir?” Il sourit doucement à sa boutade.

“Du thé et un pull en Alpaga, ce sont deux choses dont je dispose, étonnement.” Il rit un peu en allant d’abord vers la cuisine pour lancer l’eau chaude. De là, il entend aussi la suite des questions. “Allez-y, mon ordinateur est sur la table, pas de code.” Pour quoi faire un code? Y’avait rien à cacher sur son ordinateur. Juste des design de vêtements et une page pinterest très développée avec un nombre de tissu différent par catégorie. Il passe ensuite à sa chambre pour chercher le fameux pull. Gris et simple, c’était un modèle qu’il avait reçu de ses parents quelques années plus tôt. Il revient donc de la chambre avec le vêtement entre les bras.   “Voilà, il sera un peu grand mais ça vous réchauffera un peu.” Il dit en lui donnant avant de retourner vers la cuisine pour le thé.   “Je travaille dans la mode. Et en effet, je ne connais absolument aucun serrurier… On vient d’emménager, je suis de New York.” Il explique, et il trouve d’ailleurs qu’il parle un peu beaucoup, mais il est nerveux. Ouvrir la porte à une inconnue et la laisser vivre chez lui - même quelques minutes, c’est loin de ce dont il a l’habitude.
Il revient en tout cas avec une tasse, un peu de lait et du sucre sur un plateau qu’il pose sur la table.
“J’accepterai la tasse avec plaisir. C’est vraiment si difficile de trouver de bons voisins? J’avoue que c’est un tout nouveau monde pour moi tout ça… J’étais dans l’opposé exacte d’un appartement.” Une mansion, un manoir, un château qui sait. La chambre d’Ember chez ses parents faisait sans doute la taille de l’appartement qu’il avait ici à Seattle. Il n’avait jamais eu à demander à des voisins pour des ustensiles ou un aliment manquant. Ça lui arriverait sans doute ici, un jour. Déjà, ses voisins du dessous n’étaient pas des grands fans depuis l’incident de l'inondation. Oups.  

Il ne se rend pas compte en effet, parce qui’il lui semble normal d’aider quelqu’un dans le besoin, surtout qui le demande et en plus qui vit dans le même immeuble. Peut-être que pas tout le monde est éduqué pareil, cela dit. Il se pose la question, se demande si c’est un truc insufflé par sa famille, ou par son milieu? Après, il lui semblait que dans les films ou les séries, s’entendre avec les voisins c’était plutôt commun. Leonard et Penny en étant l’extrême exemple. Tiens, il demanderait à Minho s’il n’avait pas envie de recommencer Big Bang Theory au passage.
“C’est loin mais c’était l’idée…” Il avoue en hochant un peu la tête. Lui ici pour essayer de s’échapper de sa famille et elle n’en partant pas car elle ne pourrait pas les quitter. Comme quoi, chaque âme est vraiment différente et December est curieux d'en apprendre plus sur celle qu’il venait de rencontrer. Pour le moment, il la laisse gérer avec le serrurier, se demandant comment lui aurait réagi dans la situation opposée. La réponse est simple, avec panique et en allant chercher Minho pour qu’il sauve la situation, sans doute. Il note concernant “la petite vieille du premier” qu’en tout cas, il n’irait pas vers elle en cas de besoin. Un sourire amusé sur les lèvres, il récupère son téléphone.   “De rien vraiment, merci du conseil, je saurai qu’elle est à éviter.”   Il dit en s'asseyant à la table avec Yuna, donc, s’étant préparé une tasse de thé aussi au passage.   “Oui, je vis ici avec des amis. Oh, au fait, je m’appelle December, enchanté.” Il dit en tendant la main parce qu’il réalise que dans toute cette agitation, il ne connaît pas le prénom de sa voisine et nouvelle colocataire en attendant l'arrivée du serrurier sauveur.  

  “Enchanté Yuna.” Il sourit et oui, ils ont tous les deux oublié de se présenter. Il fallait dire que la situation ne s’y était pas prêtée, y’avait plus urgent qu’un prénom quand on avait perdu l’accès à son domicile. Il souffle un peu du nez à la remarque sur la cuisine.   “Je note, dommage, j’avoue que j’apprends encore moi-même.” Il aimait bien cuisiner, jusqu’ici, mais il avait commencé pour la première fois en Décembre donc disons qu’il était vraiment au tout début. Il avait appris l’omelette et fait des pâtes, et il essayait de faire des soupes en ce moment, surtout avec l’hiver. Cela dit, il avait aussi à faire des crêpes avec Félix. En gros, il apprenait et ça ne se passait pas trop mal, sans doute parce qu’il est méticuleux. Alors il était lent mais jusqu’ici il n’avait rien fait brûler.
Il  joue un peu avec sa tasse et sourit à la question sur la mode. Heureusement pour lui et pour Yuna, il ne peut pas entendre les pensées de cette dernière parce que la Mode, c’est tout ce qui fait vibrer December et probablement tout ce qui l’a tenu en vie pendant des années. Il rêve de pouvoir un jour aller à la Fashion Week.   “Je ne serai pas ici si c’était le cas… Et puis je veux avoir ma propre collection, pas travailler pour quelqu’un d’autre.” Il explique en se redressant un peu. Il en avait du Gucci, du LV, du Prada - sa marque préférée, mais il ne voulait pas travailler pour ces gens là.   “Pour l’instant je suis vendeur en friperie, mais je créé mes propres pièces, je les vend à la boutique ou via mon Instagram. J’espère que ça va prendre.” En réalité ça prenait déjà plutôt bien, il vendait au moins une ou deux pièce par semaine, si il arrivait à augmenter ses prix il pourrait peut-être le faire à plein temps un jour. Le rêve.   “J’ai mon atelier de couture dans ma chambre si vous voulez voir!” Toujours content si le sujet part dans sa passion, c’est une conversation qu’il peut tenir facilement.  

  “Au moins il y a des options qui te permettent de manger quand même.”  Entre les plats à emporter et le surgelé, December découvrait ce nouveau monde aussi. Il n’était pas très impressionné par la qualité des plats surgelés cependant. Il avait donc dû apprendre à gérer son budget entre les plats qu’il essaie de cuisiner et le petit cadeau de temps en temps à coup de Deliveroo et Uber Eats. Il avait été élevé avec des cuisiniers à domicile et des plats de haute qualité, on ne pouvait donc pas trop en vouloir à son palais à ne pas apprécier une pizza surgelée.
“Je pense que tu as du talent et de la patience aussi avec ton métier, c’est juste d’une autre façon.” Il dit, et ça pourrait sonner comme de la politesse mais il le pense vraiment. Chacun à sa propre manière d’exprimer du talent, et du moment qu’on ne dénigrait pas l’art de l’autre alors Ember restait plutôt positif sur la question. Une des raisons pour lesquelles il ne s’entendait pas avec Justin, un ami de ses colocataires, qui dénigrer la mode juste par provocation, de quoi l’énerver. Facilement. Pas le cas de Yuna ici présente qu’il trouve agréable et surtout qu’elle semble intéressée à l’idée de voir ses créations.   “Bien sur! Viens je vais te montrer.” Il dit en prenant le chemin de sa chambre, avec au fond une porte.   “C’était un dressing mais je les réaménagé.” Il explique en entrant donc dans la petite pièce. Des armoires à vêtements, des pendants avec ses créations et au fond un petit bureau avec sa machine à coudre et des tas de tissus. December était particulièrement maniaque donc malgré le petit espace, tout s’emménageait plutôt bien. Il avance vers un des portants.   “Tout ça c’est de l’upcycling, donc des vêtements vintages qui existaient déjà et que j’ai modifié.” Il explique en la laissant venir regarder.

“Il n’est jamais trop tard… Peut-être de la poterie ou de la sculpture?” Après tout son métier semblait se faire avec les mains, la manipulation, peut-être qu’elle saurait l’appliquer sur de l’argyle et que ça donnerait de jolies choses. December ayant vécu les 18 premières années de sa vie enfermé, il avait testé de nombreux hobby. La potterie lui avait plu mais il n’arrivait pas à tout exprimer dedans, le dessin et la peinture lui rappelait trop son frère, la sculpture ne lui avait pas tellement accroché non plus. Les jeux vidéos, un peu, les films et séries beaucoup. Le piano ça, il avait adoré mais c’est quand il avait commencé à tricoter que la mode s’était infiltrée. Ensuite il avait fini avec une aiguille entre les doigts et là, on ne l’arrêtait plus. Et ça se voyait, alors qu’il montrait ses créations upcycling à Yuna, qu’on était en plein dans ce qui l’animait vraiment. C’était ici qu’il s’ouvrait, et qu’il exprimait aussi son ambition. Sa famille était puissante et n’attendait pas moins de ses héritiers de toucher les étoiles, le milieu importait peu. Et si le milieu d’Ember c’était le tissu, alors pourquoi pas, mais il faudrait qu’il devienne le meilleur.
“Oui c’est vraiment à la mode l’Upcycling, je ne connaissais pas forcément tellement avant de commencer moi-même.” Il avance vers un autre portant, les pièces accrochées là sont beaucoup plus modernes, droites, on y reconnaît les traits de grandes marques comme Vuitton ou Prada, qui sont ses préférées.   “Je fais aussi mes propres créations, de A à Z, le but c’est ça…” Pas de reprendre ce qui existe déjà, quoi qu’il le fasse particulièrement bien, mais d’exister dans ce milieu pour qui il est, lui. Et il a le caractère pour s’imposer, étrangement. Lui qui est un flocon tout doux la plupart du temps, quand il est question de sa carrière là, le Jones en lui ressort.
“Je vends l’upcycling dans la boutique où je travaille, “Upcycle Me”, et le reste sur mon compte instagram… Si quelque chose te plais, n’hésite pas, je te ferai un prix de voisin.” Il dit avec un petit sourire et un clin d’oeil.