Don't tell me what i already know (i'm an asshole) (Elias&Marlon)

Les yeux rivés sur l'écran de son portable, sa mâchoire peine à se desserrer alors qu'il observe la mention vu sous le dernier texto qu'il a envoyé à Sven. Message qui, comme les précédents, est resté sans réponse ou réaction quelconque. Il n'est pas sans savoir qu'il a subi une opération chirurgicale importante il y a quelques jours et c'est précisément pour cette raison qu'il insiste. Parce qu'avoir des nouvelles est littéralement un besoin et que certains doigts commencent à lui faire la gueule à force de voir les ongles y être rongés. Avec une fiancé infirmière, il pourrait assez facilement lui demander de se renseigner mais ça paraîtrait sûrement étrange qu'il s'inquiète pour le jeune homme alors qu'il n'est pas censé en être plus proche que ça. Marlon tape un énième message avant de l'effacer, ayant pitié de lui-même en se rendant compte d'à quel point il peut se montrer insistant. Sans compter sur la photo de couple qui trône sur le mur qui se trouve face à lui, sur laquelle il sourit comme un abruti. Mais son regard ne se pose pas sur lui, mais sur elle. Serena. Femme superbe qu'il trompe sans vergogne, il lui manque de respect parce qu'il est incapable de se contrôler et de ne pas céder à ses envies. Aucun doute que tout ce qu'il mérite, là tout de suite, c'est une castration pour lui couper l'envie d'aller voir ailleurs. Ou d'une bonne bière, tout simplement.

Déroulant sa liste de contact, il envoie un simple : « T'es chez toi ? J'arrive boire une bière » à Elias avant de se lever du canapé pour vider le frigo de quelques bières qu'il entasse dans un sac, quittant ensuite la maison pour rejoindre l'appartement de son meilleur ami qui se trouve à seulement quelques rues de chez lui. L'avantage d'habiter le même quartier, c'est qu'il facilement débouler en quelques minutes. Et s'il n'est pas là, il est tout aussi rapidement rentré chez lui. Le reflet de sa mine déconfite lui revient en pleine face quand il tourne la tête pour s'observer dans la fenêtre d'une voiture et ouais, aucun doute, on peut déceler qu'il cogite beaucoup trop et que quelque chose ne va pas. Impossible donc que son ami passe à côté. Qu'il ne se questionne pas sur cette soudaine envie de boire une bière en sa compagnie. Enfin soit. Il s'empresse de rejoindre la porte du loft dans lequel habite Elias et sa main vient frapper tout contre, attendant patiemment qu'il lui ouvre et quand sa silhouette se matérialise devant ses yeux, il tente un sourire convaincant. « J'espère que t'as soif ! » Qu'il dit en brandissant le sac dans lequel sont entreposés les bouteilles. Oh, il a presque l'impression de revenir à leurs premières années, quand il l'incitait à le suivre dans des soirées étudiantes parce que c'était fun, qu'ils étaient jeunes et qu'ils devaient profiter.

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Chez qui d’autre aurait-il pu aller pour se détendre ? Il connaissait Elias depuis tellement d’années que la question ne se posait même plus et quand ce dernier ouvre la porte, il en vient presque à regretter quand il voit dans son regard qu’il capte direct que quelque chose ne va pas chez lui. « T’en tire une tronche Marlouche ! » Il ne peut sûrement pas avoir l’air plus blasé qu’en entendant la façon dont il l’appelle. Est-ce qu’il allait un jour oublier ce surnom ridicule ? « Et ben, quel accueil, je reviendrais ! » Qu’il dit en levant les yeux au ciel, pas crédible pour un sou dans son ironie. En même temps, ça n’avait jamais été leur genre de se dire bonjour en se sautant dans les bras et en s’embrassant sur toutes les parties du visage visible. Ce qui serait probablement un peu trop ambiguë pour être normal. Enfin soit. Le sac contenant les bières lui échappe sans même qu’il ait eu le temps de dire ouf et il l’attend, son petit commentaire. « T’as toujours le même goût de merde pour les bières mais bon je te pardonne. » « La ferme, c’est pas moi qui ait fait les courses, c’est pas de ma faute. » Mais en réalité, ça ne changeait rien, parce que Marlon n’avait effectivement pas beaucoup de goût pour choisir les bonnes bières. Il était plus branché vin et fromage, ça ça le connaissait mais ça aurait fait vachement grand cul de débarquer avec une bouteille de rouge et des fromages en tout genre, non ?

Marlon entre à l’intérieur après une rapide accolade et il abandonne sa veste sur le porte manteau, se débarrassant même de ses chaussures pour éviter de salir quoi que ce soit dans l’appartement. Ça semble calme en dehors de la série qui passe à la télé et son attention est, un instant, attiré par les images qui défilent sur l’écran avant qu’il ne rejoigne son meilleur ami au niveau de la cuisine, récupérant la bouteille qu’il lui tend. « Accouche. T’as perdu ton ballon fétiche ? » Il prend le temps de boire une gorgée. Une longue gorgée avant de réfléchir à sa réponse. « Honnêtement ? J’aurais préféré. » C’est dire la gravité de la chose. « T’es tout seul, elle est pas là Keziah ? » Déjà, parce qu’il n’avait pas envie qu’elle entende ce qu’il avait à dire et puis, Marlon n’était pas sans savoir le lien qui l’unissait avec Sven. Autant dire qu’il n’avait pas envie qu’elle fasse de sa bite un saucisson qu’ils allaient déguster avec les pintes.

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« Tu reviens toujours ! » Comme prévu, sa susceptibilité n'avait pas été crédible du tout et Elias n'avait pas été dupe. Quelque part, ce n'était pas difficile non plus. Il était son meilleur ami depuis trop d'années pour qu'il décide de ne plus venir simplement parce que sa première parole en le voyant est un sous-entendu pour lui dire qu'il a une sale gueule. D'autant plus que, pour le coup : c'est vrai. « Ouais, parce que t'assures pas trop mal dans le rôle que j'ai décidé de t'octroyer alors pas de raison que je change pour l'instant. » Pour l'instant... quinze ans... Bref. Il lui sourit, la taquinerie dans le regard et se décide à entrer à l'intérieur parce que l'entrée, c'est bien beau mais c'est pas ce qu'il y a de plus confortable pour causer. Et sérieusement, qui plus est.

Il aurait pu essayer de gagner du temps, faire genre que tout va bien, même lancer un sujet totalement random pour ne pas avoir à affronter sa connerie mais faut croire que ça a envie de sortir plus rapidement qu'il le pensait. « Na, elle est avec le groupe. Pourquoi, tu voulais lui parler ? » Le goulot de la bouteille à nouveau contre ses lèvres, il ouvre un peu plus grand les yeux alors qu'il secoue la tête négativement et rapidement en attendant de pouvoir réutiliser sa bouche. « Nan, justement, faut pas qu'elle sache, entende, peu importe. » Et dit comme ça, c'est clair que ça peut prêter à confusion. Laisser penser qu'elle est directement concerné alors que ce n'est finalement pas le cas mais quand ça touche l'un de nos proches, est-ce que ça ne nous concerne pas aussi un peu ? Parce qu'on est bien souvent incapable de ne pas venir foutre son grain de sel si notre ami souffre d'une situation qu'il n'a pas voulu ? Qu'il ne maitrise pas ? Qui lui échappe... C'est son cas, sauf que la situation, c'est lui qui l'a créée et qu'à la place de faire en sorte d'arranger les choses, il s'y enfonce toujours plus, toujours plus loin. « Je suis... Comment dire ça... » C'était pourtant très simple hein mais difficile de cracher les mots comme ça, surtout qu'Elias connaît et apprécie Serena alors ouais, il va lui en coller une, il peut déjà la sentir piquer sa joue. « J'ai été voir ailleurs. » Facile de mettre ça sur le dos d'une soirée trop alcoolisé quand il s'agit d'une seule et unique fois. Par contre... « Plusieurs fois. Et je continue, j'arrive pas à m'en empêcher. » Il ne pouvait pas être plus clair. La bombe était lancée. Putain, il avait toujours détesté sa mère d'avoir fait vivre des tromperies à son père et voilà qu'il devient exactement comme elle. Est-ce que l'infidélité est héréditaire ?

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« Tu déconnes ? » Franchement, il aurait préféré. Ca aurait totalement pu être son genre de vanne d'ailleurs, celles qu'on balance le premier avril pour faire mouche et que ça soit aussi surréaliste que plausible mais non, pas là. Cette fois, il est bel et bien sincère. Malheureusement. « T’arrive pas à t’en empêcher ? Je crois que c’est l’excuse la plus merdique du monde et je suis substitut du procureur. Des excuses à la con, j’en entends toute la journée. Mec… tu mériterais que je t’en colle une. » Un léger rire lui échappe. Enfin, pas un vrai rire mais un rire jaune. Un rire digne de quelqu'un d'un peu stressé, qui sait pas trop quoi dire, ni comment. Ca pourrait être simple face à quelqu'un d'autre mais c'est compliqué de prétendre face à l'une des personnes qui nous connaît le mieux. « Je suis déjà au courant, merci du soutien. Et quoi, tu vas pas me dire que tu t'es jamais retrouvé face à quelqu'un à qui tu peux pas résister ? Ou je sais pas moi, genre une pâtisserie qui te fait saliver et que tu peux pas faire sans manger ? » L'exemple est peut-être pas le meilleur mais y a rien de mieux qui lui vient là tout de suite. « T'aurais préféré que je te dise quoi ? Que je fourre des tartes aux pommes dans son dos, genre American Pie ? » Sa tentative pour désamorcer les choses peut être efficace, ou alors pas du tout. Est-ce que c'était le bon moment pour plaisanter, d'ailleurs ? Peu importe. « Si t’es plus amoureux de Serena, tu pourrais au moins la respecter assez pour lui dire, non ? Fais pas ça dans son dos, c’est crade. » C'est bien là le problème. Il porte sa bière à ses lèvres, attendant avant de reprendre. Il sait que c'est crade et qu'elle est loin de mériter ça, elle mérite même cent fois mieux. Cette femme est une perle. « J'ai pas dit que je ne l'aimais pas. Juste... j'aime les deux ? » C'est possible ça, pas vrai ? Le polyamour, que ça s'appelle. Ouais, il a fait ses recherches sur Google et alors, qui peut lui jeter la pierre ? Tout le monde zieute ce genre de choses sur internet. « Explique. » Il le fixe, pas sûr de ce qu'il veut qu'il lui explique. Le début ? Comment ça s'est déroulé ? Il hausse les épaules, s'appuyant contre le comptoir. « C'est Serena qui me l'a présenté - je sais, c'est encore pire -. Elle s'est occupé de lui à l'hôpital et vu qu'il pouvait plus faire de basket non plus à cause d'une blessure, elle a pensé ça sympa de nous présenter. Une chose en amenant une autre... Tu vas plus avoir envie de m'en coller une. Tu vas m'en coller une. » Il hésite mais fouille finalement dans son portable jusqu'à trouver une photo à peu près décente de Sven, au milieu de toutes les autres, plus aguicheuses, qu'il lui envoie. Il l'ouvre et balance son portable sur le comptoir, laissant tout le loisir à son meilleur ami de découvrir le visage de celui qui lui sert d'aman et qu'il connaît lui aussi très bien.

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« Franchement ? Je t’aurais même fait la cuisine. » Est-ce que le fait qu'il parvienne à avoir le dernier mot le surprend ne serait-ce qu'un peu ? Pas le moins du monde. Elias a toujours eu du répondant, ce qui peut être aussi drôle qu'énervant. Sachant que son meilleur ami est, au fil du temps, devenu un ami de Serena, c'était sûr et certain qu'il ne prendrait pas l'information avec un sourire ni qu'il allait l'applaudir mais à qui aurait-il pu venir se confier si ce n'est lui ? En premier lieu, en tout cas. Il n'a aucune idée de s'il sera de bons conseils, ni même s'il aura des conseils à lui donner (en dehors de celui de parler à sa fiancée) mais il n'avait pas prit la peine de réfléchir à ça. Puis il pouvait d'ici s'imaginer le caca mou que le blond lui aurait fait si il avait apprit que Marlon en avait causé à quelqu'un d'autre avant lui.

Et peut-être qu'avec l'explication, tout passera mieux ? Pas qu'il se cherche des excuses ou qu'il tente d'alléger la situation mais ça peut peut-être l'aider à comprendre ? Il n'en a aucune foutue idée et c'est encore pire quand il vient poser son portable sur le plan de travail, attendant qu'Elias baisse les yeux dessus. Parce que c'est probablement l'information qui aura le plus de mal à passer. Et pour cause, Sven c'est Sven, pas un inconnu, c'est même tout le contraire. « Tu te fous de ma gueule ? » Son cœur bat légèrement plus vite à sa question. Marlon est censé être hétéro depuis toujours, il n'a jamais eu un quelconque penchant pour la gente masculine alors ouais, il a peut-être une légère appréhension à l'idée d'annoncer ça à quelqu'un. « De tous les mecs que tu pouvais choisir, t’as opté pour SVEN ?! » Ses sourcils se froncent et il pose sa bière, posant les mains sur le bord du comptoir parce qu'il n'a aucune idée de quoi foutre avec. « Bah bien sûr, tu crois vraiment que je l'ai choisi ? Réfléchis un petit peu, ça se contrôle pas ces choses là ! » Comment aurait-il pu deviner qu'il en viendrait à crusher sur un gamin - parce que comparé à lui, il a dix ans de moins alors c'est bel et bien un gamin - ? Il soupire et se passe la main sur le visage, comme si ça allait lui permettre de voir les choses plus clairement. « Tu fais tout pour que je te fasse bouffer tes dents, comment tu veux du soutien dans des conditions pareilles ? Merde Marlon, c’est quoi ton problème ? » Ses yeux se posent sur lui à travers ses doigts avant que sa main ne quitte son propre visage. Marlon. Hé, peut-être qu'il passe pour un con mais ça lui fait un drôle de coup au cœur de l'entendre prononcer son prénom et non pas son stupide Marlouche qui ne semble jamais vouloir laisser place à autre chose quand ils sont ensemble. Ca fait mal. « A t'entendre, on dirait que je le fais exprès. Et t'as qu'à m'en mettre une si ça te démange autant mais m'appelle pas Marlon, tu te prends pour qui ? » Il s'en fout d'avoir l'air d'une midinette qui chouine parce que son mec a arrêté de l'appeler bébé. Y a des habitudes qu'il faut pas changer, c'est tout. « T’attends quoi de moi ? Que je te tape dessus avec ta bouteille de bière jusqu’à te refoutre les idées en place ? Ou que je te dise que c’est pas si grave ? Désolé mais ça l’est, si aucun des deux n’est ok pour l’existence de l’autre. T’en as parlé à Serena ? » Sa première réaction est d'hausser les épaules, parce qu'il ne sait pas vraiment ce qu'il attend de lui et il en viendrait presque à lever les yeux au ciel à sa dernière question. Bien sûr qu'il n'en a pas parlé mais il n'est pas con, il comprend bien le sens derrière ses mots. « J'en sais rien mais il fallait que j'en parle à quelqu'un parce que c'est en train de me bouffer de l'intérieur. T'aurais voulu que j'aille dire ça à quelqu'un d'autre ? » Il termine sa bière avant d'aller en chercher une seconde, il en a bien besoin ce soir. Il ne va pas se mettre une race (ou si) mais faut qu'il décompresse. Surtout que la réaction d'Elias n'aide pas à le mettre dans une position plus détendue. « Je sais que c'est grave et que je suis en train de foutre une merde pas possible mais j'ai aucune idée de la façon dont je dois gérer ça. D'un côté j'ai Serena qui pense que tout roule et qui est sûrement la femme parfaite que tout le monde rêve d'avoir mais est-ce que ça me suffit encore ? Et de l'autre, j'ai Sven qui... » Il se stoppe pour observer Elias, pas certain de s'il doit continuer ou pas. Il n'est pas certain qu'il ait envie de l'entendre déblatérer des trucs nian-nian sur le plus jeune mais soit, tant pis. « Qui a dix ans de moins que moi mais qui me donne parfois la sensation de redécouvrir tout ça. » Il a le cul entre deux chaises, le cœur qui bat pour les deux mais d'une façon différente, même s'il a du mal à se l'avouer pour le moment.

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Marlon connaît assez bien Elias pour savoir et voir que l'aveu de son infidélité lui en met un coup mais le fait de savoir que c'est avec Sven semble être la cerise pourrie sur le gâteau passé de date. Il s'attendait à ce que l'information soit difficile encaissable mais en même temps, il n'aurait pas pu lui parler de tout ça sans dire qui lui fait tourner la tête depuis plusieurs mois. Et non, il ne se contrôle pas, parce que le plus jeune à l'art de lui faire zapper sa raison juste en étant lui. « Je me demande si tu le fais pas exprès, ouais. » Aucun doute sur le fait qu'il doit le décevoir mais il ne peut malheureusement pas lui en vouloir et lui reprocher. Lui-même se déçoit la plupart du temps quand la réalité le rattrape. Et il se déçoit encore plus quand il envoie balader Sven après qu'ils aient fait leur petite affaire - ce qu'il va s'abstenir de lui dire, parce qu'il n'est pas certain d'être en mesure de l'empêcher de le frapper si il lui avoue. « Si tu te poses la question, c’est que la réponse est non. » Il connaît le dicton pourtant : quand il y a un doute, il n'y a plus de doute mais c'est toujours plus simple de le balancer à quelqu'un que de s'en persuader soi-même. Cela dit, est-ce que tous les couples ne passent pas par une phase de questionnement ? Les œillères sont bien en place, il s'en rend compte avec ce genre de réflexion interne à la con. « Serena est une femme extraordinaire et j’ai toujours dit que toi, tu la méritais pas et qu’elle, elle pouvait faire mieux. » Sa bière reste en suspend dans les airs, à quelques centimètres seulement de sa bouche alors qu'il ne lâche pas son meilleur ami du regard. « Tu le disais en déconnant, j'avais pas conscience qu'il y avait un fond de vérité derrière mais je t'en prie, te gêne pas si t'en a d'autres à me balancer dans la gueule. » L'ex-basketteur sait pourtant qu'il a raison : elle mérite tellement mieux que lui mais pour autant, avant que Sven entre dans l'équation, il n'a jamais été fait quoi que ce soit qui puisse lui causer du tord. Non, ils étaient heureux. Enfin, elle, elle l'est toujours mais lui... n'était-ce pas seulement une illusion ? « Je ne sais pas comment ça va évoluer avec Sven mais… bon tu sais quoi ? T’évite de me dire ce que vous foutez ensemble, parce que ça me donne envie de te faire bouffer tes dents. Sauf si tu me dis qu’il est content d’être ta maîtresse, mais j’ai comme un doute. Bref, on va se concentrer deux secondes sur Serena. Si t’as envie d’aller voir ailleurs, c’est que t’es pas heureux avec elle, pas vraiment. Et je doute qu’elle soit ravie de cette situation ou qu’elle ait envie de te partager avec un… petit jeune. Alors mon conseil, grand con, c’est d’aller vider ton sac et de lui laisser le choix, au lieu de choisir pour elle. Au passage, c’est pas parce qu’elle est la femme parfaite que tout le monde rêverait d’avoir qu’elle est ta femme parfaite. » Ca fait sens. Elias peut-être percutant quand il range son humour merdique et douteux au placard, il en oublie parfois qu'il bosse dans la justice et qu'il peut avoir un côté sérieux. Trop sérieux, même, comme aujourd'hui. Mais c'est compliqué de remettre en question son couple, une relation qui dure depuis autant d'années. Enfin, cinq peut paraître minuscule mais elle n'en reste pas moins sa plus grande relation, la plus sérieuse aussi, à tel point qu'il lui a demandé sa main, ce qui veut dire qu'à un moment donné, il s'est vu finir ses jours à ses côtés. Et maintenant, quand il visualise ce moment crucial dans la vie d'un couple, la personne à ses côtés à un visage à moitié masculin et l'autre à moitié féminin. Quelle merde... « Alors je te le dis pas. » Ce serait mentir que de dire que Sven se plaît dans cette relation secrète. Ce serait mentir que de dire qu'il ne lui a pas déjà demandé plus. Qu'il attend clairement que Marlon porte ses couilles et rompe avec Serena. « Tu m'apprends rien en me disant que je dois tout lui avouer, je sais déjà que c'est ce qu'il faut que je fasse mais j'ai les boules. J'ai les couilles qui me remontent dans la gorge à chaque fois que je m'imagine avoir cette discussion avec elle, et à l'après aussi. » Pas parce qu'il a peur de se retrouver sans rien. Il se fiche bien du matériel, il se retrouvera un logement, se remeublera, c'est du simple détail. « Je pensais être tout ce qu'il y a de plus hétéro et voilà que ça change ! Dans le basket, je doute que ça soit bien pris, on le voit bien dans le sport et même en règle générale, les gays ont jamais la paix. » Et c'est la réalité, ça lui fait peur. Il a beau avoir la trentaine passée, ça ne veut pas dire qu'il est dénué de toute crainte. « J'ai l'impression de faire une crise de la quarantaine avec presque six ans d'avance. » Et puis, dix ans le sépare de Sven. C'est pas énorme, c'est pas comme si ils avaient vingt ou trente ans de différence mais ce n'est pas non plus à prendre à la légère... ou peut-être que si ? Il n'en sait foutre rien.

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Est-ce qu'il avait réellement eu l'audace de penser que ça se passerait bien, s'il venait à en parler à Elias en premier lieu ? Un part de lui, oui. La partie naïve s'était imaginé qu'il reste à l'écouter comme un con pour finir par lui dire que ce n'était pas grave. Mais c'était mal connaître le loustic que de l'imaginer dans ce rôle là. Nan, lui, il lui disait les choses exactement comme elles devaient être dites, tant pis si son égo en prenait un coup, ce n'était rien d'insurmontable, juste quelques petits tacles par-ci, par-là. En revanche, pour Serena, ça serait un peu plus difficile à encaisser le jour où elle apprendrait tout mais il se doit de rétablir la vérité, si il peut l'appeler comme ça. Parce qu'il l'aurait probablement déjà dit à sa fiancée si la peur de beaucoup trop de choses ne le tiraillait pas de tous les côtés. Et un soupir de soulagement lui échappe quand il sent la main du blond sur son avant-bras, accompagné d'un léger, très léger, sourire. « T’es pas obligé d’en parler partout autour de toi. Tu peux commencer avec Serena. Un problème à la fois. C’est une fille censée, elle ne va pas t’outer contre ton gré, même si elle est blessée. » Marlon hoche la tête bien qu'il sache déjà tout ça. C'était peut-être ça le pire, qu'il sache très bien qu'elle ne se mettrait pas dans une colère monstre. En revanche, ses yeux seront remplis de déception, ça il le sait. Il en est même certain. « Puis tu n’es peut-être pas gay gay, tu es peut-être juste attiré par Sven, qui se trouve être un homme. C’est différent. Est-ce que tu as déjà eu envie de me sauter ? Je crois pas, et d’habitude, c’est ce que font les gays. Bon les hétéros aussi. Tout le monde. J’en étais où moi ? Ah, oui… » Le barbu l'observe, plissant les paupières avant de hocher la tête. « Ouais, tous les jours. J'ai la demi-molle dès que tu m'appelles Marlouche. » Il ne s'était jamais penché sur la question parce qu'avant Sven, il n'avait jamais imaginé pouvoir être attiré par les hommes mais peut-être qu'Elias avait raison, peut-être qu'il était uniquement attiré par le plus jeune sans avoir de désir pour d'autres. « Avant d’en parler au monde, apprends à te connaître un peu mieux. Mais pas avant d’en parler à Serena. Tu dois le faire sans attendre. Et pense bien à lui dire que tu n’as pas les réponses à tout. Tu veux qu’on prépare ensemble ? Comme si tu témoignais à la barre. » Son idée n'était pas mauvaise, elle pourrait même possiblement l'aider au moment opportun mais est-ce que ça ne ferait pas trop, justement ? « Hm, je sais pas, est-ce que ça fait pas con si je déboule avec un texte appris par cœur ? » Ca le ferait vraiment passé pour le type qui n'est même pas foutu de laisser parler son cœur sur l'instant. Il réfléchit sûrement trop mais il ne pourra pas être naturel s'il prépare ça avant, c'est sûr, il se connaît. Il remercie Elias d'un signe de tête quand il rempli à nouveau son verre et il le rejoint sans plus attendre dans le salon, ses yeux fixant son propre reflet dans la télévision. « Un plan d'action, peut-être ? Genre, première étape : parler à Serena. Deuxième étape... » Deuxième étape, quoi ? C'est quoi la suite ? Se reconstruire ? Se retourner ? Apprendre à se connaître comme son ami lui a dit ? Mais comment ? Putain, il a l'impression d'être de nouveau un ado incapable de trouver sa place dans un monde où tout le monde a déjà la sienne depuis longtemps.

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« Tu crois que je les prépare comment, mes témoins ? Personne n’aime le texte appris par cœur. La préparation, elle sert à se confronter aux questions inattendues, ou qui fâchent, pour mieux contrôler ses émotions, maitriser ses débordements. » Pas faux. Il n'était pas con, ce con. Mais il avait beaucoup de choses en tête - et ça ne s'était pas amélioré après ce soir et le fait qu'il ait tout avoué à Elias - alors on ne pouvait pas lui en vouloir d'être à côté de la plaque, si ? « T'as sûrement raison, même si je ne vois pas trop quelles questions inattendues elle pourrait me poser. » Mais il avait suffisamment d'expérience pour savoir qu'il ne fallait jamais sous-estimer une femme et ses fourberies. Elles pouvaient l'être au moment où on s'y attend le moins. Poser la seule question à laquelle on ne s'attend pas, au moment où on ne s'y attend pas. « Mais on peut faire un plan par étape, si tu préfères. Attends. » Commencer par ça lui semble pas mal. Ils verront pour préparer un peu mieux ses aveux après. Ses yeux suivent ses gestes, l'observant annoter sur un bloc-notes la première étant de ce plan d'action. « Deuxième étape, je dirais… Choisir un hôtel où vivre le temps que tu te trouves quelque chose ? Pas que je ne veuille pas te prêter mon canapé mais… » « Keziah. » Même s'ils n'ont pas tendance à se voir en dehors de cet appartement, Marlon s'entend plutôt bien avec la rouquine mais il n'y pas le moindre doute que cette entente risque de changer, de se déplorer, quand tout ce petit manège allait éclater au grand jour. Alors il hoche la tête, se mettant déjà à réfléchir à où il pourrait loger en attendant de pouvoir se retourner. L'hôtel était la meilleure des solutions, il ne devrait rien à personne comme ça, il n'allait pas déranger qui que ce soit et aurait tout le loisir de se mettre des baffes en paix. « D’un autre côté, une bonne deuxième étape ça pourrait être de parler à Sven pour voir… Ce qu’il veut ? Est-ce que c’est déjà fait ? » Ses lèvres se pincent alors qu'il fixe son meilleur ami, ses mains jouant l'une avec l'autre. Ce n'était pas utile de parler de ça avec Sven, parce que Marlon sait pertinemment ce que le plus jeune attend. Ce que le plus jeune veut. « A ton avis, qu'est-ce qu'il veut ? Il attend que ça que je la quitte pour lui, pour qu'il n'ait plus à être un secret. » Sauf que même si il la quitte, ça risque d'être un peu plus compliqué que ça pour qu'il puisse assumer totalement être attiré par un mec. Mais c'était encore quelque chose en plus à gérer, ça. Une chose à la fois.

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