One, two, three, one, two, three, drink {feat. Volkann}

Il n'était pas rare pour Volkann de sortir, autant pour aller boire un coup que pour aller manger un morceau, en plus ou moins bonne compagnie. Mais aucune compagnie n'était meilleure que celle des membres de sa famille. Le combo parfait étant lorsqu'ils se retrouvent tous ensemble mais à côté de ça, passer des moments privilégiés avec chacun d'eux, de façon séparés, était tout aussi bien. Même si c'était un peu plus compliqué avec Abigail mais il n'avait pas envie de se morfondre avec ça ce soir. Pas le bon moment pour se ronger les ongles d'inquiétudes alors qu'il a rendez-vous avec Lars. C'est plutôt rare qu'ils sortent tous les deux, les duos de la famille étant plutôt Elias/Kann et Abi/Lars mais il ne s'en plaignant pas vraiment, chacun y trouvait son compte sans se sentir lésé d'une quelconque façon.

Il avait quitté son appartement avec un petit peu d'avance, détestant arriver en retard et le Targy's était déjà pas mal rempli, même si l'ambiance était toujours plutôt calme, loin du brouhaha assourdissant qu'on peut retrouver en allant en boîte. Cela dit, les intentions sont bien souvent différentes selon l'endroit choisi, mais bref. Il pose son cul sur un tabouret, commandant une bière en attendant que le petit dernier débarque et c'est à peine quelques secondes plus tard qu'il voit sa tronche de petit con passer la porte. « Sympa, même pas t’attends le meilleur des Solberg, j’retiens… » Kann hausse les sourcils, grimaçant, faussement blessé par cette entrée fracassante et tout sauf chaleureuse. « Bonsoir mon grand frère d'amour, je suis content de te voir, t'as bonne mine, je suis désolé pour mon retard. » Il exagère, il n'est pas du tout en retard mais si il peut le faire culpabiliser un petit peu. Enfin, il y a peu de chance pour que Lars se sente réellement mal, même s'il avait eu du retard. Il se foutait de tout. « Je viens juste de me poser, tête de con. » Il pouffe en sentant sa main dans ses cheveux qu'il tente de replacer convenablement alors que son frère hèle quelqu'un pour commander à son tour. « J’vais vous prendre une bière brune et vous pouvez nous mettre une planche dégustative ? On va vous emprunter la zone fléchettes un p’tit moment… » Il sourit tout en se retournant pour faire face aux jeux de fléchettes libre - pour une fois. « Allez, viens voir qui est le patron… » « Le karma, Larsouille, le karma. » Volkann prend une gorgée de bière pour se donner du courage, zieutant la planche qui vient d'être déposé sur leur table et il s'enfile un morceau de saucisson. « A toi l'honneur, c'est toujours le plus jeune qui commence. » Et il se tient prêt à venir chatouiller le dessous de bras de Lars dès que ce dernier lancera sa première flèche, pour lui faire louper la cible.

« Bonsoir ô petit grand-frère. T’es pas moche mais par contre, j’suis juste à l’heure. » Le majeur de Volkann se lève dès qu'il entend le mot petit sortir de sa bouche. Pas qu'il n'ait pas l'habitude de ses boutades mais il parvient toujours à le provoquer d'une façon ou d'une autre et il aime bien appuyer sur cette différence de taille d'un centimètre à chaque fois, ce sale gamin. « Arriver à l'heure c'est déjà ne plus être à l'heure. » Culotté de sa part étant donné qu'il n'était pas arrivé avec une très grande avance... mais sans avance du tout, mais soit. Son côté radin ne lui a pas fait penser à commander de quoi grignoter mais il est ravi de voir que Lars s'en occupe, il lui paiera son prochain verre pour la peine. Oui, il est plein de générosité quand il le veut bien.

La zone de fléchettes étant une denrée difficilement atteignable dans ce bar, ce n'est pas étonnant de les voir sauter dessus et il réfléchit déjà à plusieurs stratagème à mettre en place pour pourrir le jeu de son petit frère, parce que ce n'est pas drôle si ça se déroule sans qu'il y ait le moindre obstacle. « Non, j’crois pas en ça moi. Sinon j’aurais eu plusieurs retour, déjà… » Pas faux. Lars étant loin d'être un ange, c'est surprenant qu'il n'ait pas encore eu de retour de bâton violent. Kann ignore pas mal de choses le concernant, parce qu'il n'a pas forcément envie de tout savoir mais il veille malgré tout. De loin, toujours, mais il garde un œil ouvert sur chacun de ses frères et sur sa sœur. Peut-être que c'est excessif, il en a bien conscience mais c'est plus fort que lui. Son côté protecteur n'est jamais éteint. « J’sais déjà ce que tu vas faire et ma vengeance sera terrible. » Ils se connaissent bien, même si ils passent pas mal de temps à se chamailler tous les deux. Et il effectue une petite danse de la joie lorsque Lars rate son lancé suite à ses chatouilles. « Soit pas si mauvais perdant. T'aurais peut-être dû te commander un peu d'allure plutôt qu'une planche de bouffe, ça t'aurais été plus utile. » Il ricane et boit une gorgée de sa bière avant de se mettre en position, fronçant les sourcils lorsque la fléchette lui échappe des mains d'un seul coup. « Bah alors, tu vois plus clair le vieux ? » Il vient passer un bras autour du cou de Lars, le faisant se courber et coinçant sa tête contre son flanc pour frotter son poing dans ses cheveux. « T'es un sale tricheur, normalement t'as pas le droit de toucher la flèche de l'autre. » Ca n'a jamais été établi de cette façon. Il n'y a même jamais eu de règle prédéfinie mais ça lui égal, lui aussi peut être de mauvaise foi. « Excuse-toi et dis que je suis le meilleur pour que je te libère. » Difficile de ne pas avoir de chahut quand il y a des Solberg dans les environs.

« Et toi, tu devrais surveiller ta fléchette plutôt que ton verre. » Plein de solutions s'offrent à lui à cet instant, pour qu'il puisse se venger comme il se doit. Il pourrait employer les mots, lui rendre la monnaie de sa pièce en le taclant de la même manière que lui le tacle - bien que ça ne vole pas très très haut, mais bon, c'est Lars - ou alors, utiliser la manière forte et lui faire regretter physiquement d'avoir osé lui piquer sa flèche. C'est cette seconde option qu'il choisi d'utiliser et si ça fait tourner quelques regards dans leur direction, lui, prend un malin plaisir à martyriser son petit frère. « Me prends pas pour un bleu, elle existe pas ta règle ! Et d’où tu touches à mes cheveux ?! » A sa remarque sur ses cheveux, il amplifie ses mouvements, ne perdant pas une occasion de venir défaire sa coiffure de pseudo Justin Bieber bouclé. « Qu'est-ce que t'as ? C'est pas comme si tu te coiffais vraiment. » Le maximum qu'il doit faire est de les mouiller le matin. Il peut pas les brosser sinon il va ressembler à un mouton ou pire, un caniche. Il geint à sa morsure et finalement, les chatouilles ont raison de lui. Sale gamin. « T’es un ouf toi. J’ai plus cinq ans, je vais pas rentrer dans ton jeu Kann. » « Alors arrête de te comporter comme si c'était le cas, petite bite. » Mais ça l'amuse alors aucun doute sur le fait qu'il continuera de l'emmerder, au moins jusqu'à ce que l'un d'eux décède. « Bon, allez, laisses-moi te montrer à quel point je gère. Et tu fais rien, sinon j’vise tes fesses. » Volkann lève les mains, signe qu'il ne fera rien du tout pour nuire à son lancer et il boit une gorgée de bière tout en observant la flèche terminer en plein milieu de la cible. « Dans tes dents ! » Il roule des yeux, amusé de voir sa danse ridicule. Plus cinq ans, hein... « Il t'en faut peu pour être heureux. » A son tour de se lever pour prendre la place de Lars, récupérant une flèche pour la lancer dans la cible à son tour. Elle ne finit par au milieu mais se place bien malgré tout. Faisant grimper son nombre de points doucement mais sûrement. « Bon, à part le fait que tu sois un tricheur né, quoi de neuf ? Tu m'as pas fait venir ici simplement pour qu'on se défie aux fléchettes autour d'une bière. » Ils ont beau se bouffer la gueule la plupart du temps, il n'en reste pas moins un lien très fort entre eux et Kann est loin d'être dupe. Il connait son frère, assez pour savoir qu'il a forcément une motivation particulière derrière l'envie de le voir.

« Jaloux hein ? Monsieur j’dois passer plus de vingt minutes à arranger ma coiffure pour plaire aux meufs. Enfin, pas comme si ces dernières te remarquait hein… » Volkann l'observe avec un petit sourire, on ne peut plus serein. « Aaah, non. Tu m'auras pas. Les batailles d'égos, tu les fais avec tes potes, pas avec moi. » Il se faisait suffisamment remarqué par les meufs et les mecs aussi, d'ailleurs. Et pas que grâce à sa coiffure mais Lars est encore jeune. Il comprendra tout ça plus tard. « Je prends exemple sur mes ainés, comme papa et maman me l’ont appris. Tu m’appelles petite bite, tu crois que c’est mieux pour un vieux de vingt-sept ans ? » Il pouffe contre son verre de bière à la mention de leurs parents. Ouais, aucun doute, c'est bien le dernier de la fratrie celui-là. Ce gros bébé. Il l'aime, hein. Mais ça reste un bébé.

Mais la soirée reprend son cours, restant bon enfant, encore plus avec un Lars dansant dès qu'il marque une bonne paire de points. Ce qui ne veut pas forcément dire qu'il gagne, cependant. « Que veux-tu, je sais me satisfaire du nécessaire… » C'est une mauvaise idée de se lancer dans cette chanson. Elle a résonné des tas de fois, à la maison, quand ils étaient gamins et de ce fait, c'est préférable de ne pas donner suite aux paroles pour que le bar reste dans son ambiance actuelle. Peu envie qu'ils se fassent foutre à la porte alors qu'ils passent une bonne soirée.

Mais Kann n'est pas con et il sait, que son frère ne l'a pas invité par hasard ou par envie seulement. « Aoutch. Tu crois que je t’invite seulement quand j’ai besoin ou quoi ? » Il hausse les épaules, sirotant son verre tout en grignotant. Attendant qu'il crache le morceau. « T’sais qu’avec Quincy ça c’est terminé hein ? Mais j’ai dit à personne pourquoi on étaient plus ensembles… » Il le connaît. Il savait qu'il allait parler à un moment. « Tu vois, Loïs, mon meilleur ami ? Bah on a été faire du camping, genre comme d’habitude quoi. On a volé la caisse de son père, on a fumé, on a bu un peu quand on est arrivé à destination et une fois qu’on a monté la tente, j’sais pas ce qu’il nous a pris mais on a couché ensembles. Et du coup, vu que j’ai fait le con, j’ai tout avoué à Quincy… » Il l'observe, attendant la suite mais elle ne vient pas. Il avale ce qu'il a en bouche et fronce les sourcils. « C'est tout ? » C'est déjà pas mal, il est d'accord, mais... « Enfin, je suis censé être choqué, là ? Parce que personnellement, je pensais que ça faisait longtemps que tu couchais avec Loïs, pas que c'était jamais arrivé jusqu'à votre soir de camping, là. » Et il est quasiment sûr que les autres pensent la même chose que lui. Ils sont tellement fusionnels que ça semblait évident. Lui il a bien couché avec Rafe, et le fait encore, alors... « Par contre, sortir l'excuse du je sais pas ce qu'il nous a prit, tu sais que c'est ultra facile et pas crédible du tout, hm ? Enfin, quand on sait qu'il est amoureux de toi, Lolo, c'est pas étonnant qu'il ait pas mis de stop, quoi. » Kann n'en a pas la certitude, Loïs n'a jamais dit qu'il était complètement amoureux de son frère mais certains regards ne trompe pas. Et les petits cœurs que ce gamin a dans les yeux quand il pose le regard sur son frère, il n'a pas mis longtemps à savoir ce qu'ils signifiaient.

Est-ce qu'il a fait une bourde en mentionnant le fait qu'il pensait qu'ils couchaient ensemble de façon régulière ? A en croire la tronche de son petit frère, il ne s'attendait pas à ce qu'il lui balance cette information, alors peut-être qu'il a tout faux. Quoi que ça s'est passé une fois alors ça pourrait se reproduire par la suite... « Loïs et moi ? Coucher ensemble occasionnellement ? Mais c’est mon meilleur ami, j’peux pas l’avoir en sexfriend aussi, ça serait bizarre ! » C'est à son tour de froncer les sourcils, parce qu'il ne voit pas bien pourquoi ça serait bizarre. « Pourquoi pas ? J'ai couché avec Rafe et ça nous a pas empêché de garder notre relation telle qu'elle l'a toujours été. » Mais la situation est différente, parce qu'ils ne sont pas amoureux l'un de l'autre, ça a toujours été très clair et évident pour chacun d'eux. Ce n'était que de l'amusement entre meilleurs amis, rien de plus. En revanche, en ce qui concerne les deux petits là, c'est autre chose.

Et encore une fois, peut-être qu'il commet une bourde mais il mettra ça sur le compte de la bière, tant pis. « Bah si c’est crédible ! J’ai jamais vu Loïs comme ça Kann. C’est mon meilleur ami, ma moitié, mon tout, j’l’ai jamais vu comme un potentiel plan cul ou j’sais quoi… » Les choses changent. Les gens changent. Constamment, même. « Il n’est pas amoureux de moi, arrête. » Le déni. Est-ce qu'il le sait ? Ou est-ce qu'il fait semblant de ne pas savoir ? De ne pas le voir, même ? Le fait qu'il s'enfile sa bière d'un coup est relativement parlant quant à son état d'esprit. « Bon, troisième round, on peut parler en même temps de toute façon… » Et le voilà qui lève les yeux au ciel. « C'est pas en jouant aux fléchettes que tu vas réussir à éviter cette conversation. On va la finir avant de repartir d'ici. » Surtout si ça peut l'aider à y voir plus clair sur toute cette situation.

Volkann boit une nouvelle gorgée et imite Lars en prenant un morceau de saucisson tout en le regardant tirer sa flèche. « Toute plaisanterie mise à part, Lars. Je pense sincèrement qu'il l'est. Même si je ne le côtoie pas comme toi, je le connais depuis presque autant de temps et j'ai un regard extérieur sur vous deux. La façon dont il te regarde lui est différente de la façon dont toi tu l'as regardé pendant toutes ces années. » Ca peut être un amour à sens unique, qu'il se rassure. C'est d'ailleurs comme ça que Kann l'a toujours vu. « Peut-être que je me trompe, j'en sais rien, mais je pense que ça serait peut-être quelque chose que vous devriez creuser entre vous. Que t'essaies d'aller à la pêche aux infos. Je sais que tu lui veux pas de mal mais le fait est que s'il t'aimes vraiment, peut-être que tu lui en fait inconsciemment et autant pour lui, que pour toi, faudrait pas que vous ne soyez pas sur la même longueur d'onde après votre coucherie. » Parce que ça peut partir en couilles de façon sévère. Ca peut tout faire foirer, peu importe le nombre d'années depuis lequel l'amitié tient. Le cas Elias/Marlon en est une triste preuve mais ils ne le savent malheureusement pas.